Title: Les modalits dune interaction langagire adapte lcole maternelle
1Les modalités dune interaction langagière
adaptée à lécole maternelle
ENSEIGNANTE-CHERCHEURE EN LUTTE
- CANUT EMMANUELLE
- Nancy Université
- CNRS-ATILF (Analyse et Traitement Informatique de
la Langue Française) - Emmanuelle.Canut_at_univ-nancy2.fr
-
- AsFoReL
- (Association de Formation et de Recherche sur le
Langage)
2Une démarche linguistique de lacquisition du
langage
- Allier/confronter réflexion théorique et
pratiques sur le terrain - Questions de recherche sur les processus
dapprentissage du langage - 1- Que signifie apprendre à parler ? Que signifie
maîtriser une langue (avant laccès à lécrit) ? - 2- Quel est le rôle de ladulte dans cet
apprentissage du langage ? - Adéquation/efficacité des pratiques à la lumière
des résultats de ces recherches - Quelles situations et quels supports favorisent
des interactions langagières efficaces pour
l'apprentissage du langage ?
3Le langage
- La fonction langage
- Le langage une fonction biologique et sociale.
Correspond à la capacité initiale de parler - Lactualisation de la fonction langage mène à
labstraction (conceptualisation du monde) - Lenfant apprend à penser-parler (fonctionnement
cognitivo-langagier) Sans le soutien du
langage la pensée est incapable de se
développer (H. Wallon, 1945). - La mise en fonctionnement du langage
- Le langage de lenfant sactualise dans une
langue, celle parlée par son entourage (nimporte
laquelle Bambara, Arabe dialectal, Tchétchène,
Anglais, Français)
4Apprendre à parler-penser
- ce nest pas apprendre des mots isolés
- Apprendre des listes de mots ne permet pas
dapprendre une langue la langue nest pas un
dictionnaire, un catalogue de mots (F. de
Saussure). - Dénommer des objets et des images permet de
travailler la mémoire et dacquérir du
vocabulaire, mais pas de mettre en fonctionnement
le langage. - ce nest pas répéter des phrases toutes
faites ou apprendre des formulations par cur - ce nest pas faire des monologues ou des phrases
hors contexte - Lenfant napprend pas à parler juste pour dire
des mots ou faire des phrases
5Apprendre à parler-penser
- cest produire des énoncés que lon na jamais
entendus auparavant (principe de créativité). - cest utiliser le plus grand nombre possible de
combinaisons de sa langue, créer de multiples
combinaisons déléments verbaux dans des
constructions de phrases ayant un sens pour
pouvoir exprimer pleinement sa pensée. - cest inscrire son discours dans une situation
particulière, dans un échange avec lautre, pour
sinsérer dans sa communauté. - cest donc
- A- organiser des mots dans des phrases qui ont du
sens (la syntaxe) - B- organiser des phrases dans un discours qui
sinscrit dans une relation dialogique
(linteraction)
6A- La syntaxe le socle de lapprendre à
penser-parler
- Cest le fonctionnement syntaxique qui permet
l'organisation du discours et étaye le
fonctionnement de la pensée - Lexique et morphologie non suffisant
- Syntaxe lieu de lexpression des relations
logiques - Syntaxe évocation dévénements passés ou
futurs, plus haut degré de décontextualisation
(Guillaume 1927, Jakobson 1922, Lentin 1975,
Bruner 1983...) - Les enfants acquièrent de plus en plus de mots
quand ils sont capables de construire de plus en
plus de phrases (principe dinclusion). - Lenfant apprend progressivement à utiliser les
constructions pour situer des événements dans le
temps et dans lespace.
7Structuration syntaxique du langage de lenfant
- La maîtrise de la syntaxe permet une évolution du
langage de lenfant de lextension à la
complexification des énoncés - Augmentation du nombre de mots
- lo gt vélo gt veux vélo gt pas là vélo gt je veux
pas le vélo - Association de phrases simples
- i(l) prend le panier (et) il va se p(r)omener
- Elaboration de constructions complexes
- j(e) peux pas pa(r)ce que elle est cassée
- Je veux le vélo qui a quatre roues pour rouler
8Structuration syntaxique du langage de lenfant
étape 1
- Les enfants
- tentent et produisent des phrases simples de 2 à
5 mots - sujet verbe i(l) mange le chat il
dort - verbe à limpératif complément viens
ici ! - sujet verbe complément moi je mange pas à
la cantine - Ces phrases peuvent être juxtaposées ou
coordonnées par des mots comme et, puis, alors
il shoote dans le ballon et i(l) va loin . - disposent dun vocabulaire courant dont le
contenu est variable selon les enfants (dépendant
de leur expérience du monde)
9Structuration syntaxique du langage de lenfant
étape 2
- Les enfants
- tentent et produisent des phrases simples plus
longues - il souffle mais il est trop fatigué il est
épuisé alors il a une autre idée il va passer par
la cheminée - tentent et produisent des phrases avec une
complexité syntaxique - Constructions infinitives extraction avec
c'est, voilà, il y a ... qui, que , parce que,
quand, si (supposition et condition), que
conjonction, qui (relatif simple). - Augmentent leur répertoire lexical
10Structuration syntaxique du langage de lenfant
étape 3
- Les enfants
- diversifient et enrichissent leur répertoire des
complexités syntaxiques - Comme ( étant donné que) tandis que, alors
que, tellement que, sans que, surtout que, déjà
que, sinon gérondif interrogative indirecte,
que relatif introducteurs temporels (dès que,
après que, chaque fois que, pendant que, avant
que, etc.) où relatif pour que puisque
comparatif plus/moins/autant que discours
indirect (paroles rapportées) - juxtaposent ou enchâssent plusieurs complexités
syntaxiques dans une même phrase - ils veulent rester sur le trottoir y a plein
de voitures qui passent ils restent sur le
trottoir parce que y a plein de voitures qui
passent
11Structuration syntaxique du langage de lenfant
étape 4
- Diversification des complexités syntaxiques
contextes dutilisation de plus en plus variés,
enchâssements de plus en plus nombreux, avec au
moins trois complexités. - Acquisition dautres complexités comme certaines
formes de relatives ou le discours indirect (pas
avant lâge de 9-10 ans). - Dautres éléments sont acquis progressivement
le subjonctif (le mode et les constructions
subordonnées avec le subjonctif), la voix
passive, les temps composés, le conditionnel, la
pronominalisation, les adverbes de quantité
12Structuration syntaxique du langage de lenfant
avant laccès à lécrit
- Chevauchement entre les étapes
- La durée de chacune de ces étapes est propre à
chaque enfant - Pas de progression régulière et hiérarchisée
- Pour une entrée facilitée dans lécrit
- se situer au CP dans létape 3 possibilité de
produire des énoncés avec plusieurs complexités
syntaxiques en combinatoire - maîtriser des variantes implicites (variantes
ordinaires de communication peu structurées) ET
explicites (variantes écrivables ), des plus
contextualisées aux plus décontextualisées
13Du langage implicite au langage explicite et
structuré
B- Variantes fonctionnant à lécrit
A- Variantes fonctionnant à loral
C- Variantes pouvant fonctionner à loral et à
lécrit ( écrivables )
- Représentation du langage comme ensemble de
variantes énonciatives (Lentin, 1998) - A- Catherine sa voisine des pommes elle lui en a
donné plein - C- La voisine de Catherine lui a donné un panier
plein de pommes / Catherine a une voisine qui lui
a donné un panier plein de pommes - B- Catherine compte au sein de son voisinage une
fort obligeante personne dont elle a reçu présent
un panier empli de pommes
14Du langage implicite au langage explicite et
structuré exemple 1
- Ladulte demande à M. (3 ans 5 mois) de se
moucher. M. montre sa poche vide et se dirige
vers la boîte de mouchoirs en criant mouchoi(r)
mouchoi(r) - Compréhension en situation
- Ladulte demande un mouchoir à M. (3 ans 1 mois).
M. répond zai tout pris dans le paquet pour
me moucher pa(rce) que zai le nez qui coule - Explication et justification au moyen du seul
langage (pas besoin de recours à une gestuelle ou
un déplacement).
15Du langage implicite au langage explicite et
structuré exemple 2
- Comparaison entre 2 enfants de CP
16Du langage implicite au langage explicite et
structuré exemple 2 (suite)
- Victor récit autonome, sans sappuyer sur ce
que dit ladulte (A) verbalisation de phrases
complètes et syntaxiquement complexes - V 4 - Lucie caresse son chien euh en lui disant
euh tu t'es pas trop ennuyé mon toutou ? - A 3 - Oui, c'est bien. Quand tu as fini tu
tournes la page. - V 5 - Lucie voit le pain au chocolat que son
papa a acheté pour le goûter
17Du langage implicite au langage explicite et
structuré exemple 2 (suite)
- Julien emploi de phrases simples, sans relier
les événements entre eux besoin de laide de
ladulte pour faire avancer le récit - J 15 - il descend
- A 17 - Il descend de son lit pour aller jouer à
Zorro. D'accord. (pause) Ensuite, qu'est-ce que
fait maman ? - J 16 - attache la cape
- A 18 - Alors, la maman de Christophe attache la
cape de Zorro. D'accord ? - J 17 oui
- Constat au cours préparatoire Victor apprend à
lire et à écrire sans difficulté, Julien est en
échec
18B- Le rôle des interactions adulte-enfant dans
lapprentissage du langage
- Apprendre à parler... ce nest pas inné
- Le langage nest pas quelque chose qui sacquiert
de façon spontanée (maturation) - Les enfants ont tous laptitude dapprendre à
parler (sauf cas particuliers) - mais encore faut-il quils aient à leur
disposition assez de nourriture langagière et
quils bénéficient de conditions qui vont
favoriser lapprentissage - Pour quun enfant apprenne à parler, il faut des
adultes qui lui parlent - Trivial mais encore faut-il que le langage qui
leur est adressé soit adapté aux besoins de chacun
19Parler(-penser) une activité intelligente et
créatrice
- qui demande lintervention dun locuteur expert
- Non pas des répétitions de modèles de structures
déjà entendues (des leçons de langage ) mais
un travail non conscient dhypothèses sur le
fonctionnement de la langue (cf Wallon
imitation créatrice ). - Non pas une imprégnation , un bain de
langage , mais un fonctionnement cognitif
complexe sinscrivant dans une interaction
langagière adaptée - Lenfant apprend à parler avec ladulte et non
avec les enfants de son âge avec eux il
apprend des mots de vocabulaire (les plus
grossiers) mais ce ne sont pas ses camarades qui
lui donnent la structure syntaxique de la langue.
20Processus interactionnel dapprentissage du
langage schématisation
Autonomie Maîtrise des constructions
ADULTE reprises et reformulations
Immédiates Différées
REPRISES de lenfant
Incomplètes
Complètes
Essais
21Processus interactionnel dapprentissage
reprendre pour apprendre
- Une évolution générale des essais aux formes
linguistiques stabilisées et maîtrisées
(autonomes) - Les essais zone dans laquelle lenfant est
potentiellement capable de sapproprier une
construction. Besoin du retour de ladulte pour
valider ses hypothèses. - Rôle fondamental des reprises dans
lapprentissage - Lappropriation dun élément ne se fait pas dans
des reprises immédiates long cheminement des
reprises immédiates vers les reprises différées - Il ny a reprises que si ladulte a proposé des
reformulations des tâtonnements de lenfant
22Processus interactionnel dapprentissage
élaboration de schèmes sémantico-syntaxiques-cré
ateurs
- Appui sur les éléments linguistiques proposés par
ladulte pour lélaboration de schèmes
sémantico-syntaxiques-créateurs - Schèmes représentations mentales de
raisonnements verbalisés en situation par
ladulte que lenfant peut exploiter de façon
autonome dans dautres circonstances (Lentin dès
1971) - Effet catalyseur uniquement si les offres de
ladulte comportent des fonctionnements
langagiers adaptés - cest-à-dire proches des capacités de lenfant
ladulte sappuie sur ce que lenfant maîtrise
déjà niveau actuel, mais les excédant
légèrement niveau potentiel (cf Vygotski et
Bruner Zone Proximale de Développement, étayage)
23Elaboration de schèmes sémantico-syntaxiques-cré
ateurs exemple
- Apprentissage des relatives que/qui chez Marie
- Essais dans des reprises immédiates
- Corpus 11 (4 ans, 2 mois)
- A10- Oui, ils attendent le car. Ils attendent le
car qui va les emmener au grand magasin. - S11- il attend le car que i(l) va ramener au
grand magasin - Corpus 16 (4 ans 6 mois)
- A8- Oui, y a des gouttes deau qui viennent sur
le visage de Julien et il aime bien ça - S10- il aime bien ça () et ,, il est/ i(l)/
i(l)/ il aime bien marcher sous les gouttes
qui(l) (ou qui ?) pleut/ qui(l) (ou qui ?)
pleut - Occurrences dans des reprises différées
(construction incomplète) - Corpus 17 (4 ans 8 mois)
- A29- Oui, il mange/
- S29- sa/ la tartine qui(l)/ qua (p)réparée
maman
24Elaboration de schèmes sémantico-syntaxiques-cré
ateurs exemple (suite)
- Occurrences attestées en reprise immédiate
- Corpus 23 (5 ans et 5 mois)
- A44- Non, il sort du camion un canapé qui est
très lourd. - S46- il sort du camion un canapé qui est très
lourd - Première autonomie des verbalisations
- Corpus 24 (5 ans 5 mois)
- A17- () sur le trottoir den face elle
rencontre un petit copain qui lui fait/ - S17- qui court !
- A18- Oui, qui va à la boulang(e)rie en lui
faisant un signe de la main. () - A60- Oui oui. La maman avait donné un
porte-monnaie à Anissa avec de largent dedans
pour quelle achète du pain. - S63- oui après elle voit un p(e)tit garçon qui
lui fait coucou à elle
25Des apports théoriques aux implications
didactiques et pédagogiques
- Aider lenfant à apprendre à parler
- Recherche des modalités dinteractions efficaces
(ou non) pour la mise en uvre dun langage
maximal - Favoriser des interactions langagières adaptées
lactivité d entraînement au langage - Cadre dune recherche-action-formation pour la
mise en oeuvre dinteractions langagières
adaptées Canut, E. (sous la direction de),
2006, Apprentissage du langage oral et accès à
lécrit. Travailler avec un chercheur dans
lécole. Amiens CRDP / Scéren. - Mise en uvre des coup de pouce langage
(AsFoReL)
26Modalités dune interaction langagière peu
adaptée (1)
- Un langage en-deçà ou au-delà de ce que lenfant
est potentiellement capable dapprendre - La non reprise des occurrences de lenfant
entraîne une stagnation - Exemple de Nicole (5 ans 8 mois)
- N2- i(l) regarde sa chaussette qu(i) est sur la
tête - A3- Sa chaussette, oui, il a mis une chaussette
sur sa tête, hein. - 15 jours plus tard
- N3- eh ben la petite fille e(lle) / e(lle) /
e(lle) va refaire tomber le petit ber/ le petit
gars qui passait - A3- Elle va le pousser
- Aucune occurrence dans les enregistrements
suivants lenfant na pas été entraînée à aller
au-delà de son niveau actuel, elle ne peut pas
faire lexpérience dautres fonctionnements, elle
sarrête.
27Modalités dune interaction langagière peu
adaptée (2)
- Les ordres invitent plus à laction viens ici
, montre-moi comment tu fais (réponse comme
ça) - les injonctions sont des phrases minimalistes
viens là , tais-toi , tes mignon ,
hop hop hop , vite vite vite , on sen
va , etc. - Les phrases avec ton suspensif engendre
lincomplétude - A toi tu es mon cousin et moi je suis quoi ? je
suis ta cou/ - E pine
28Modalités dune interaction langagière peu
adaptée (3)
- Les questions réponses minimales (oui/non) ou
production de syntagmes isolés et de phrases
incomplètes. - Exemple
- A1- vous allez pas à la piscine vous ? non !
- S1- non pas encore
- A2- et vous faites du patin à roulettes ?
- S2- ouais
- A3- tu tombes pas ?
- S3- non
- La correction explicite ce nest pas comme ça
que lon dit mais comme ça, répète après moi . - la répétition-mémorisation peu efficace à un réel
apprentissage. - Lattention portée à la forme grammaticale des
énoncés doit se faire à partir de ce que dit
lenfant (dans des échanges qui correspondent à
son vécu) et non pas hors contexte (pas sous
forme dexercice répète après moi ).
29Modalités dune interaction langagière adaptée (1)
- Modalité la plus efficace les reformulations
- A condition quelles correspondent aux hypothèses
de lenfant à ce moment-là - Quelques exemples
- Reformulations dénoncés de lenfant peu élaborés
(au niveau syntaxique et lexical) - Guillaume (2 ans 6 mois) et son institutrice (MB)
- G - lélon lali lali lélon
- MB - ton blouson est parti oh ! il est pas
là ton blouson ! - G - pas là lélon
- MB - Il faut chercher ton blouson Guillaume
30Modalités dune interaction langagière adaptée (2)
- Reformulations de phrases approximatives
permettant lallongement des énoncés - Pierrette, 3 ans 6 mois, joue à leau avec une
bouteille - P 2 - a pas mouille
- A 2 - Tu ne te mouilles pas, cest bien !
- P 3 - a mouille pas
- A 3 - La bouteille est pleine.
- P 4 - a bouteille
- A 4 - La bouteille est pleine.
- P 5 - a bouteille a p(l)eine
- Reformulations de tentatives sur des
constructions complexes - Yacine, 5 ans 8 mois
- Y 29 - je l'attrape ma(gné)tophone je
l'attrape i(l) va tomber je l'attrape
(indistinct) - A 30 - Tu vas l'attraper si il tombe ?
- Y 30 - ouais
31Modalités dune interaction langagière adaptée (3)
- Maïssa, 3 ans
- A- qu'est-ce que tu fais avec ma ch(e)mise de
nuit ? - M- ze fais le dos
- A- tu la mets sur mon dos
- M- pa(rce) que pou(r) pour (e)ssuyer
- A- parce que tu veux m'essuyer, tu mets la
serviette sur mon dos pour m'essuyer - Les reformulations adaptées de ladulte
entraînent des reprises spontanées chez lenfant - Shanon
- Sh- dans la classe i(l) fait tchu tchu et
- A- qu'est-ce qu'i(l) fait ?
- Sh- i(l) fait le i(l) fait le fou
- A- oui Ludovic fait des grimaces devant la glace
- Sh- oui Ludovic i(l) fait une grimace dans la
glace
32Mise en uvre dune interaction langagière adaptée
- Difficultés
- Lapprentissage du langage est fondamentalement
individuel (propre à chaque enfant) les
interactions ne sont efficaces/adaptées que dans
une relation duelle - Observations dans le cadre scolaire
- soit une adaptation intuitive (reformulations non
consciente de la forme linguistique des énoncés) - soit une faible adaptation au langage de lenfant
(ajustement normatif ponctuel peu pertinent, qui
ne sinscrit pas dans la durée, qui nengendre
pas dévolution) - Pour avoir des pratiques dinteraction efficaces,
il faut conscientiser sa démarche - Cadre de l entraînement au langage
33Quest-ce que l entraînement au langage ?
- Cest une façon spécifique dinteragir avec un
enfant - Cest avoir des interactions langagières adaptées
- Qui sont individualisées
- Qui ne sont pas intuitives mais conscientisées
- Qui se focalisent sur la forme syntaxique du
discours - Qui permettent à lenfant de passer dun niveau
actuel de développement langagier à un niveau
potentiel - Cest avoir une écoute particulière, non
naturelle - notre oreille nest pas formée à détecter la
forme grammaticale des énoncés
34Faire des reprises/reformulations non intuitives
exemple
- Ladulte propose consciemment des constructions
que lenfant peut reprendre (A1/E1 A3/E3) - Ladulte reformule ce que dit lenfant avec une
construction un peu plus complexe (E1/A2
E2/A3). - A1 - elle écoute les gouttes
- E1 - ouais elle acoute ( écoute) les gouttes et
i(l) met son sapeau ( chapeau) i(l) met son
manteau et ap(r)ès elle a dit i(l) va dehors i(l)
va jouer dehors - A2 - elle veut aller jouer dehors elle se dit
qu'elle voudrait aller jouer dehors () - E2 - ils jouent
- A3 - ils jouent à se mouiller
- E3 - ouais ils jouent à se mouiller
35Où faire de l entraînement au langage ?
- Dans quel cadre ?
- Dans la classe, pendant le temps des aides
personnalisées, en périscolaire - Dans quelles situations ?
- Situations de la vie quotidienne (habillage,
rangement, etc.) - Situations dapprentissage (graphisme,
mathématique, etc.) - Situations de (co-)narration dhistoires connues
de lenfant - Du moment que les propositions de ladulte
correspondent aux hypothèses de lenfant à ce
moment-là - Du moment que le langage de ladulte est
strictement adapté, toutes les situations peuvent
théoriquement être efficaces à une verbalisation
syntaxique élaborée et maximale de lenfant, mais
36Des supports plus favorables que dautres pour un
entraînement au langage
- Des situations de dialogues moins favorables que
dautres à la production de verbalisations
maximales - Lenfant en action (motricité ou jeu ou dessin).
- Lévocation du vécu de lenfant non partagé par
ladulte. - La description dimages représentant des objets
et des personnages non impliqués dans des actions
(esthétique, abstraction). - Linvention dune histoire à partir dimages
nouvelles, inconnues. - En revanche, la (co-)narration dhistoires
connues de lenfant peut être un support efficace
de verbalisations syntaxiquement élaborées (Cf
Bruner, Chiland, Diatkine, Dombey, Giasson et
Boisclair, Lentin, Vertalier, Wells,)
37Rôle particulier du livre illustré dans
l entraînement au langage
- Apports cognitif et langagier du livre rôle
décisif des histoires racontées ou lues aux
enfants pour apprendre à parler avant laccès à
lécrit - Texte lu par ladulte
- Du langage explicite et structuré
- Une expérience du fonctionnement de lécrit
(intuition de ce quest un texte/une histoire
cohérente avec des événements qui senchaînent) - Narration de lenfant
- Appropriation et réutilisation de lexique et de
constructions syntaxiques - Nécessite de faire un choix de livres adaptés au
langage de lenfant (cf les Histoires à
Parler )
38Quévaluer dans l entraînement au langage ?
- Evaluation à partir denregistrements (avant
davoir une oreille exercée) - Une grille daide à lévaluation du langage
- Evolution du langage de lenfant observations
dans le temps (période minimale de 3 mois) - Repérage des constructions syntaxiques et des
essais - Repérage des constructions en reprises immédiates
et différées - Impact des verbalisations de ladulte dans cette
évolution (démarche danalyse de sa pratique
langagière repérage des productions adaptées ou
non)
39Le coup de pouce langage
- Des ateliers Coup de Pouce LANGAGE Mieux
parler pour ensuite apprendre à lire animés par
des facilitateurs de langage - expérimentés par soit des professionnels de
lenfance, généralement des enseignants, soit des
bénévoles, dans la classe, pendant le soutien
(APE) ou en périscolaire (majoritairement dans
le cadre PRE/DRE) - De quoi sagit-il ?
- Dune démarche séances dentraînement au
langage avec le livre illustré - Donner loccasion aux enfants qui ne bénéficient
pas chez eux dune stimulation suffisante au
niveau de lexpression orale (enfants petits
parleurs ou enfants difficilement
compréhensibles) de dialoguer efficacement avec
un adulte
40Procédure du coup de pouce langage
- Une procédure proche de ce qui se passe dans les
familles où le livre est présent ( lectures
partagées ) - 1- Choix dun livre sélectionné spécifiquement
par ladulte pour un enfant - 2- Lecture intégrale et continue de ladulte
- 3- Récit de lenfant en interaction avec ladulte
- Ladulte propose à l'enfant de raconter à son
tour l'histoire, à sa manière, en retrouvant le
fil des événements grâce aux illustrations du
livre quil a sous les yeux. - Ladulte interagit avec lenfant pour l'aider à
élaborer son récit et à expliciter (et pas
seulement décrire les illustrations) - Lobjectif est de solliciter lenfant pour quil
soit le plus explicite possible en reformulant ce
quil dit (ou tente de dire).
41En guise de conclusion
- Centrer sa pédagogie sur lapprentissage du
langage nest pas simple et nécessite - une véritable réflexion sur soi-même (que fait-on
exactement quand on parle aux enfants ?) - et sur lorganisation de sa classe
- Lenseignant est souvent face au groupe
classe , ou, à certains moments, des groupes
plus restreints il sadresse au groupe en
général et partage son attention entre les
enfants. Pour faire un travail dentraînement au
langage efficace, il faut mettre en place une
démarche/ logistique particulière. Possible
maintenant dans le cadre des APE (mais difficile
sans formation initiale). - Illustration Vidéo Ministère de lEducation
Nationale Parole, Langage et apprentissage à
lécole maternelle séquence 7 ( Des histoires
à parler ).
42Poursuivre la réflexion...
- À loccasion de la parution de
- LAPPRENTISSAGE DU LANGAGE
- UNE APPROCHE INTERACTIONNELLE
- Réflexions théoriques et pratiques de terrain
- Mélanges offerts par ses collègues, ses élèves et
ses amis en hommage à Laurence Lentin - Textes réunis par Emmanuelle Canut et Martine
Vertalier - L'Harmattan et LAsFoReL vous invitent à une
présentation de louvrage - le samedi 13 juin 2009 à 14h
- à l'Institut de Linguistique et de Phonétique
Générales et Appliquées (ILPGA) - 19 rue des Bernardins 75005 Paris
- Métro Maubert-Mutualité
43CONTACTS
- Formations
- Emmanuelle.Canut_at_univ-nancy2.fr
- 06 15 40 93 12
- Coordination Coup de pouce LANGAGE
Magali.Husianycia_at_atilf.fr - Personne référente pour la région ouest Antoine
Bosseau - MERCI !
- Tous les enfants aiment apprendre, veulent
apprendre, à la seule condition qu'on n'entrave
pas leurs efforts en ne les reconnaissant pas
tels qu'ils sont et en leur imposant une
pédagogie collective, unifiée et figée (Lentin,
1998/2009)