Fronts, frontires

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Fronts, frontières

• La transgression dune frontière délimitée autour
  dun handicap aux Pays Bas aura des répercussions
  ailleurs dans le monde. Que lon autorise ici le
  droit à un pilote de ligne aveugle de piloter,
  cest lorganisation mondiale de laviation
  civile (OAC) qui devra réagir, la seule
  organisation au monde à pouvoir, en dernière
  instance, valider cette compétence inédite.

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Masses et faits divers

• Lorsque le monde comptait 1,5 milliard
  dindividus en 1900, il en comptait 6 milliards
  en 2000, qui vivent plus longtemps quavant
• Lon sait que la prévalence du handicap augmente
  dans le monde du fait des progrès médicaux ou des
  grossesses plus tardives dans les pays
  industrialisés, de laccroissement des accidents
  de circulation ou du travail dangereux dans les
  pays en développement. Lon sait également que
  cest essentiellement dans les pays de lOCDE que
  se dépense largent pour la santé
• Ce sont bien souvent les faits divers qui
  révèlent les fissures des sociétés. Ces
  anfractuosités infimes, un jour, emportent des
  nations dans des enthousiasmes ou des fureurs
  quon ne soupçonnait pas la veille

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Luttes et parti pris sélectifs

• Lon est en droit de sinterroger sur le
  particularisme de ces luttes, sur le choix
  peut-être des  bonnes injustices , dignes de
  soulever lindignation mais au rang desquelles
  figurent rarement les injustices liées au
  handicap.
• Quelle part ont pris les intellectuels en France
  et ailleurs, à l'une des questions les plus
  radicales qui soit donnée, qui va de la
  dénonciation de l'aliénisme aux images qui
  hantent nos imaginaires aujourd'hui sur les corps
  baveux, les esprits démantelés et la raison qui
  semble dépecée de tous les attributs de
  l'humanité.
• Esprit de pacifisme  Vive la paix, vive ma
  paix, quon me fiche la paix 
•  le siècle naissant est déjà, affirme Régis
  Debray, le siècle des minorités. Les minorités
  chercheront pour leur reconnaissance des
  justifications dans lamont. Elles seront, ces
  minorités, habitées par le feu identitaire qui
  les opposera à la standardisation du village
  global.

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• Retour des identités symboliques, rappel des
  imaginaires collectifs  voilà certains des
  innombrables fronts que connaîtra notre siècle.
  Innombrables en effet, car qui du religieux, de
  lethnicisme, dans les clivages entre groupes
  humains arrivera à tirer de ses propres luttes
  une juste reconnaissance ?
• Le handicap entre sans armée dans cette lutte.

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Bonnes frontières

•  Un mythe contemporain, le dialogue des
  civilisations  souligne Régis Debray  une
  menace daujourdhui, et non une théorie, le choc
  des civilisations clament les Huntingtoniens.
  Parfois, lopinion considère les murs et les
  frontières comme les derniers avatars de la
  barbarie. Iran, Irak, Etats-Unis, Israël,
  Espagne, Irlande ont érigé des murs de
  séparation.
• Toutes les frontières sont des instances
  didentité rigide. Avez-vous vu, dailleurs, des
  frontières joyeuses ?
• La frontière ne saurait être gaie. Il ny aurait
  de bonheur à lévoquer quà loccasion de sa
  chute ou de son franchissement.

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• Le sans frontiérisme des années 1970, quon
  prétendit volontiers universaliste et
  transgressif, affichant ce slogan sur les
  affiches du métro parisien  Dans notre salle
  dattente, un milliard dhommes  , fut un pied
  de nez à la géopolitique napoléonienne. Il
  concernait les peuples des confins comme si nous
  devions renoncer dabord à la sécurité de lentre
  soi des peuples protégés.
• Nous assistons pourtant, dans la tentative de
  percement des frontières édifiées autour du
  handicap, à la naissance dun sans frontièrisme
  du proche. Mais les assauts sont timides, car
  nous savons implicitement que la compagnie des
  personnes qui parlent avec difficulté, qui se
  déplacent en trébuchant, est contenue dans une
  frontière. Leur mode dêtre hoqueteux imprime,
  que nous le voulions ou non, sur notre carte, une
  frontière souterraine. Et nous voudrions pourtant
  la rendre acceptable et tendre vers lidéal de la
  bonne frontière, celle qui serait, comme
  lindique Michel Foucher   naturelle mais
  effacée, ouverte mais protectrice .

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conflit

• Isthme contre  isme , la frontière la plus
  forte est, ironie des allitérations, celle des
   ismes . Elle est celle des fanatismes et,
  symétriquement, des pacifismes aveugles.
• Emmanuel Todd et Youssef Courbage (le rendez-vous
  des civilisations)
• Le métissage nest pas, rappellent François
  Laplantine et Alexis Nouss, la dilution. Cest,
  au contraire, de la dissonance. Cest le
  froissement et la contradiction de fragments
  porteurs de leur intégrité respective. Par
  essence, le métissage étant conflictuel, le
  compagnonnage des personnes handicapées avec la
  société tout entière est facteur de collisions et
  entraîne des tiraillements. Lexpression assumée
  de ces divergences est, peut-être, le signe de
  lexistence dune civilisation.
• we must agree to disagree. Georg Steiner
• Mais le front et le conflit sont socialisateurs.
  Sil finit par être socialisateur, cest que le
  conflit est toujours annonciateur de paix lorsque
  la lutte nest pas animée par un quelconque
  bellicisme.
• Plusieurs exemples, Nadjat Eyraud vont dans le
  sens de lutilité socialisatrice du conflit.
• Une société qui ninterprète pas, dit François
  Laplantine, est une société qui meurt. Et il
  nexiste pas dinterprétation sans conflit

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Souffle des batailles

• Dans le domaine du handicap, les métaphores de la
  lutte y sont fréquentes  parcours du
  combattant, ras le bol des parents,
  exaspération, lassitude et verdeur parfois du
  discours, harangue du politique, procédures, et à
  nouveau lassitude et fatigue. Plainte des
  vétérans du Vietnam, agent orange, minage, etc
• Cest le souffle des batailles. Elles sont à
  fronts multiples, souvent domestiques et
  quotidiennes, administratives, sociales,
  politiques Elles ont un rythme et un atlas.
• Mille lieux de combats peuvent être identifiés A
  chacun ses mouvements, ses lignes de démarcation,
  ses retraits et percées. Victoires, défaites et
  déroutes, tout semble se régler sur le diapason
  du conflit. Cest ainsi que se dessine un lieu
  mobile, sans territoire défini. Poste, position,
  tels sont les repères de la langue du combat,
  mais elle est moins la langue du statique que du
  dynamique.
• le front a un lieu. Son topos est là, devant
  ladversaire.

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Luttes pour le droit commun et contre le sens
commun

• Quel est lobjet des luttes, en général, des
  personnes handicapées ?
• toutes font inlassablement référence au droit
  commun  léducation, la santé, les transports,
  le logement.
• Ne nous y trompons pas. Le droit commun nest pas
  cette sorte de SMIC social, une sorte minimum
  vital au-delà duquel les dimensions de
  lexistence seraient en quelque sorte
  superfétatoires.
• On pense commodément à citer le nécessaire et à
  sy tenir comme norme minimale et suffisante.
• Il sagit aussi de la revendication à une
  intimité protégée, au déploiement des talents.
  C'est-à-dire à ce qui ne tombe pas sous le sens
  commun, mais qui devrait être intégré dans le
  droit commun.
• Lon pensait les personnes sourdes incapables de
  conduire, cest à la faveur dun vol de voitures
  à Lyon et Marseille par de jeunes sourds, sans
  permis, et qui ne provoquèrent aucun accident,
  que lon sinterrogera à partir de 1956 en France
  sur léventualité de la conduite, qui fut
  accordée trois ans plus tard.

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ruses

• Mais ladversaire nest pas inerte. Il désamorce
  les conflits. Pour cela, il relativise les causes
  défendues, justes ou injustes. Ladversaire
  caricature laffront. Il transforme laudacieux
  en effronté, le front en fronde et le frondeur
   qui rêve de limpossible  aura du toupet.
• . Effrontés de surcroît de penser piloter un
  avion en étant aveugle. Et pourquoi pas
  photographe ? Obscène cette demande daide
  sexuelle ! Tapageuse cette procédure ! Ridicule
  ce parti politique de personnes handicapées !

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conclusion

• Les lieux de luttes les prétoires
• Le corridor, vestibulum, le lobby
• La preuve scientifique
• Mais cela ne suffit pas.