Title: Troubles de lattention et hmingligence
1Troubles de lattention et héminégligence
2Geschwind (1982) l'hémisphère droit serait
dominant pour l'attention, c'est-à-dire pour un
groupe de fonctions en rapport avec la
surveillance de l'environnement et la prise de
décision sur changements de l'attention tenant
compte de l'importance des stimuli pour la
survie attention, émotion, traitement des
configurations spatiales -toutes liées à cette
fonction vitale de surveillance de
l'environnement, et toutes montrant une dominance
de l'hémisphère droit. Cf. expériences
Denenberg (1981) sur les rats avec lésions
droites montrant des troubles des apprentissages
spatiaux. Dominance avec des origines anciennes.
3Dans la neuropsychologie de l'attention, un
phénomène dramatique et marquant est celui de
l'héminégligence. Certaines lésions dans un
hémisphère déterminent la "perte" d'un hémichamp.
Cette observation est relativement paradoxale
si on tient compte du fait que chaque hémisphère
semble construire une représentation complète du
monde.
4Des lésions hémisphériques unilatérales peuvent
provoquer des phénomènes d'héminégligence. la
destruction unilatérale du colliculus supérieur
chez le chien provoque une négligence visuelle
controlatérale (Sprague Merkle, 1965) la
destruction du colliculus inférieur chez le singe
provoque une négligence auditive contralatérale
(Denny-Brown, 1962).
5Horenstein (1969) remarque "une prédilection
constante pour les événements qui ont lieu à la
périphérie du champ ipsilatéral à la lésion
cérébrale". Chez l'homme aussi, la négligence
de la stimulation controlatérale à l'hémisphère
lésé est fréquente. Son importance est très
variable. Dans les cas extrêmes et aigus, le
patient peut négliger tout un côté du stimulus ou
de son corps, et dans les formes mineures il peut
y avoir, par exemple, "inattention" à l'un des
côtés seulement lorsque les deux côtés sont
stimulés simultanément.
6Les patients avec héminégligence peuvent ne pas
reconnaître les membres d'un côté de leur corps
comme étant les leurs. Ils peuvent remarquer
seulement les événements qui se passent d'un côté
et ne répondre qu'aux personnes qui s'adressent à
eux de ce même côté. Quand ils dessinent une
figure, ils peuvent omettre, déformer ou placer
incorrectement des parties d'un bras, ou un il
ou une oreille.
7Ils peuvent ne remarquer qu'un côté d'un livre
ouvert ou ne pas manger systématiquement ce qui
se trouve d'un côté de leur assiette. Ils
peuvent dévier la tête et les yeux constamment
d'un côté, et ne pas regarder de l'autre même sur
demande ou en poursuivant un objet. Quand on
leur demande de lever les bras, ils en lèvent un
seul. Ils peuvent oublier de porter un gant, de
placer un pied sur le fauteuil roulant, ou de se
raser la moitié du visage. Un malade joueur
d'échecs ignorait les pièces qui se trouvaient
d'un côté de l'échiquier et un chef d'orchestre
ignorait les musiciens qui se trouvaient d'un
côté de l'estrade (Friedland Weinstein, 1977)
8Ces phénomènes ne sont pas explicables seulement
en termes d'un déficit sensoriel ou moteur. Des
patients qui ont des déficits hémisensoriels ou
une hémiparésie sévères peuvent ne pas montrer
d'héminégligence (ex hémianopsie sans
négligence). D'autre part, l'héminégligence peut
se manifester en l'absence d'une expérience
sensorielle immédiat. En effet, des patients
étudiés par Bisiach, Capitani, Luzzatti Perani
(1981), qui avaient bien connu la Place de la
Cathédrale de Milan avant leur maladie, ne
décrivaient correctement qu'un côté quand on leur
demandait d'imaginer la place vue de la
cathédrale et que l'autre côté quand on leur
demandait d'imaginer la place face à la
cathédrale.
9Les patients héminégligents sont souvent
inconscients de leurs déficits. Ils les nient,
les minimisent ou confabulent à leur propos. Un
patient interrogé sur son bras plégique dit qu'il
souffre juste d'un peu d'arthrite et qu'il ira
bientôt mieux. Un autre dit qu'il était dans une
voiture ouverte en hiver et que son côté droit
gelait il a essayé d'appeler le chauffeur pour
qu'il s'arrête mais le chauffeur ne l'a pas
entendu à cause du bruit du moteur. Le côté
affecté du corps peut aussi être représenté
symboliquement dans des figures de style, comme
la métaphore ou l'argot ("un morceau de chair
morte", "bête Jimmy") un patient appelle le
"Veterans Administration Hospital" "Veterans
Armless Hospital" et persiste dans son erreur.
10Une autre caractéristique importante de
l'héminégligence est qu'elle est souvent
sélective.Le patient peut oublier de mettre un
gant à une main alors qu'il vient de l'utiliser
pour mettre lautre gant à l'autre main.
L'héminégligence n'est pas totale non plus. Les
patients peuvent marcher sans heurter les objets
ou les gens. En lisant un mot, ils omettent une
partie de telle sorte que le résultat reste
significatif par exemple, devant "clever" ils
peuvent lire "lever" ou "ever" mais jamais
"ver".L'héminégligence est plus fréquemment
associée à des lésions d'apparition rapide et
elle est souvent transitoire ses manifestations
les plus apparentes ne subsistent que quelques
semaines.
11Deux types de théories sur les origines de
lhéminégligenceLe premier groupe de théories
envisage l'héminégligence comme un résultat de
l'altération de systèmes attentionnels.Le
second suppose que la négligence est un déficit
impliquant une représentation mutilée de l'espace.
12Pour Kinsbourne, les processus cérébraux sont
organisés dans des systèmes opposables, et une
atteinte unilatérale provoque un déséquilibre.
Ce déséquilibre n'a pas lieu lorsque les deux
systèmes sont atteints dans les mêmes composantes
et à peu près au même degré, ou lorsque -c'est le
cas de l'hémisphérectomie- des mécanismes
compensatoires se seraient développés dans le
cortex restant. Ces mécanismes compensatoires
auraient moins de chance de se manifester lorsque
les régions cérébrales qui les assuraient
précédemment restent présentes.
13Supposons qu'un animal a une lésion cérébrale
unilatérale. La balance d'activation
hémisphérique est déséquilibrée et favorise
l'orientation vers le côté controlatéral à
l'hémisphère intact. Confronté, par exemple, à
une bande de stimulation, l'animal va s'orienter
vers un côté de cette bande et non vers son
centre. Et si, au lieu d'être confronté à une
bande de stimulation, l'animal est entouré de
stimulation de tous les côtés, l'orientation
systématique et continue vers un côté va produire
un mouvement circulaire. Ce comportement-ci, dit
de "mouvement circulaire", a été effectivement
observé en cas de lésion unilatérale chez
beaucoup d'espèces, depuis l'escargot jusqu'à des
vertébrés supérieurs.
14Chez l'individu qui a une lésion unilatérale
produisant une négligence, l'orientation qui est
sous le contrôle de l'hémisphère lésé se trouve
diminuée, affaiblie, et la résultante est une
orientation déviée dans le sens controlatéral au
côté intact. Exemple la direction du regard
résulte d'influences opposées programmées par les
hémisphèresOn peut le voir par l'anesthésie
temporaire d'un hémisphère à travers l'injection
intracarotidienne d'amytal de sodium (Wada
Rasmussen, 1960). L'inactivation aiguë d'un
hémisphère provoque une déviation soudaine et
extrême du regard vers le côté de l'anesthésie.
Chacun des hémisphères exerçant normalement une
influence opposée, lorsque l'un est rendu
inactif, l'autre se manifeste complètement.
15L'existence dans les hémisphères de centres qui
contrôlent des orientations opposées permet de
comprendre pourquoi une lésion ou une ablation
bilatérale peut être moins perturbatrice qu'une
lésion ou une ablation unilatérale, en
particulier quand il s'agit d'habiletés
impliquant les deux côtés du corps. Bard (1937)
un singe peut perdre l'habileté de sautiller
après une ablation unilatérale mais la récupérer
après l'ablation du territoire controlatéral
Denny-Brown Butterell (1948) on peut, après
une hémiplégie provoquée par une ablation dans le
cortex précentral, obtenir un meilleur usage des
membres si on refait l'ablation de l'autre côté.
16Dans l'héminégligence, ce qui est supprimé n'est
pas une partie de l'espace dans l'absolu mais,
par exemple, celui de deux stimuli qui se trouve
le plus du mauvais côté, même si tous les deux
sont présentés dans la partie de l'espace
ipsilatérale à la lésion. Par exemple, lors de
la reconnaissance d'une série de quatre lettres
présentées autour du point de fixation, les
patients qui avaient des lésions gauches
reproduisaient mieux les items les plus à gauche,
comme les sujets normaux, et les patients qui
avaient des lésions droites reproduisaient mieux
les items les plus à droite. Ce patron de
résultats était aussi observé lorsque la série de
lettres était présentée entièrement dans
l'hémichamp ipsilatéral à la lésion. C'est donc
la position relative dans l'espace qui détermine
ce qui est ignoré et ce qui ne l'est pas, plutôt
que la localisation absolue.
17Chez des patients avec une extinction du côté
gauche, en cas de stimulation simultanée à
droite, on a montré que l'information présentée
dans l'hémichamp gauche n'est pas perdue mais
peut être retrouvée dans certaines conditions de
réponse et de stimulation. En effet, lorsque le
sujet est forcé de deviner quel était le stimulus
présenté à gauche parmi plusieurs choix, il le
fait très au-dessus du niveau du hasard, bien
qu'il puisse déclarer ne pas l'avoir vu (Volpe et
al., 1979). Ce type de patients peut réussir une
identification correcte du dessin d'un objet
présenté à travers le point de fixation même
lorsque ce dessin est tel que l'identification
est pratiquement impossible sur la base
uniquement de l'information de l'hémichamp droit
(Deutsch et al., 1980).
18Au niveau anatomique, l'héminégligence est
généralement associée à une atteinte assez
étendue de la région pariétale ou
pariéto-occipitale. Une autre caractéristique
anatomique, qui est vraisemblablement essentielle
pour la compréhension de beaucoup de
manifestations d'héminégligence, est que
l'héminégligence est plus fréquente, plus sévère
et plus durable à la suite d'une atteinte de
l'hémisphère droit que d'une atteinte de
l'hémisphère gauche.
19Posner a cherché à relier le syndrome
dhéminégligence aux théories cognitives de
lattention. Il a proposé que les difficultés
des patients ne concernent pas tant les
déplacements attentionnels en direction du côté
lésé de lespace que ceux qui séloignent du côté
intact. Les patients de Posner et al. pouvaient
surmonter leur difficulté lorsquon leur
fournissait un indice (valide) qui leur indiquait
de déplacer leur attention vers le côté lésé.
20Kartsounis Warrington (1989) vont dans le même
sens.Ils ont décrit un patient dont
lhéminégligence était déterminée par la
configuration de stimuli visuels bien que
présentant une héminégligence sévère, par exemple
en description dimages, celle-ci disparaissait
lorsquon lui montrait une image impliquant une
interaction entre plusieurs éléments (par
exemple, deux femmes en train de discuter), même
si les éléments étaient distants les uns des
autres. Les auteurs ont proposé que certains
stimuli, lorsquils étaient présentés du côté
intact de lespace, pouvaient diriger lattention
du sujet et la guider vers le côté gauche,
normalement négligé.
21Lhéminégligence comme trouble de la
représentation spatialeLes approches
représentationnelles de lhéminégligence
postulent la reconstruction mentale dune carte
centrale de lespace, directement analogue à
lexpérience sensible.Le phénomène de
lhéminégligence traduirait une distorsion de
cette carte centrale des informations spatiales.
22De Renzi, Faglioni Scotti (1970)
lhéminégligence consisterait en un trouble de la
représentation des choses dun côté de lespace.
Ils ont utilisé un labyrinthe tactile dans
lequel une bille est placée dans lune de quatre
positions, le sujet disposant en tout de huit
essais. Le labyrinthe était placé derrière un
rideau et le sujet devait chercher la bille en
bougeant un index le long des allées du
labyrinthe.
23Les sujets atteints de lésion postérieure,
cherchant toujours avec la main ipsilatérale à la
lésion, trouvaient la bille aussi vite que les
sujets contrôles si celle-ci se trouvait du côté
ipsilatéral par contre, si elle se trouvait du
côté controlatéral à la lésion, ils étaient
significativement plus lents. Dans cette tâche
de labyrinthe tactile, le sujet doit compter sur
son souvenir de la conformation du labyrinthe et
des zones déjà explorées pour parvenir à une
bonne stratégie dinspection, ce qui signifie que
laptitude spatiale demandée pour la tâche
tactile est une représentation et non une
perception de lespace.
24Bisiach, Luzzatti Perani (1979) les
patients, atteints de lésions droites et
manifestant une héminégligence clinique, devaient
regarder des formes, ressemblant à des nuages,
qui passaient rapidement derrière une fente
étroite et décider si elles étaient identiques ou
différentes. Les formes mettaient deux secondes
pour passer derrière la fente et il y avait entre
elles un intervalle dune seconde.Les taux de
réussite nétaient pas très élevés, même pour les
sujets contrôles (environ 47.5 de détection des
différences).
25Contrairement aux sujets contrôles, les
cérébro-lésés détectaient les différences
significativement moins bien lorsque celles-ci
étaient du côté gauche (34) que du côté droit
(44). Comme les stimuli passent continuellement
derrière une fente verticale, une explication en
termes de troubles attentionnels peut être
exclue. Bisiach et al. ont soutenu que pour voir
un nuage bouger dans ces circonstances, il faut
réaliser une conversion dune dimension
temporelle en une représentation spatiale. Ils
suggéraient que le côté gauche de cette
représentation peut jusquà un certain point
sestomper dans lhéminégligence.
26Par ailleurs, Bisiach et ses collaborateurs ont
montré que lhéminégligence nest pas limitée aux
représentations perceptives (Bisiach Luzzatti,
1978 Bisiach, Capitani, Luzzatti Perani
1981). Cf. lobservation de patients qui
avaient bien connu la place de la cathédrale de
Milan avant leur maladie et qui nen décrivaient
correctement quun côté quand on leur demandait
dimaginer la place vue dos à la cathédrale, et
ne décrivaient que lautre côté quand on leur
demandait dimaginer la place vue face à la
cathédrale!Lhéminégligence observée ici est
donc une héminégligence de lespace imaginé,
récupéré de la mémoire, et non seulement de
lespace immédiat.
27Cependant, lorsquon demandait explicitement aux
patients de décrire le côté gauche de la place
quand on la regardait dun point particulier et
ensuite de décrire le côté droit (situation de
rappel indicé), la négligence ne se produisait
pas. Ceci pourrait montrer que la négligence se
produit à cause dun défaut dans le mécanisme qui
explore la partie gauche dun écran intérieur
pour retrouver linformation et non à cause de
laltération de la représentation en elle-même
(Baddeley Lieberman, 1980 Sunderland, 1984).
28Les théories attentionnelles et
représentationnelles de lhéminégligence ne sont
pas nécessairement en conflit. Plusieurs
théories de limagerie visuelle font intervenir
un système de contrôle attentionnel visuo-spatial
qui aurait un effet non seulement sur limagerie
mais aussi sur la perception elle-même. Par
ailleurs, il nest pas certain que ces théories
cherchent à expliquer les déficits du même groupe
de patients. En réalité, lhéminégligence ne
doit plus être considérée comme un syndrome
unitaire mais doit être fractionné, comme cela a
été fait pour les syndromes cliniques tels que
laphasie et la dyslexie.
29Gainotti et al. (1986) les troubles de la
recherche visuelle peuvent avoir au moins deux
origines. Les patients peuvent négliger une
partie du stimulus présenté en vision centrale,
ou bien présenter un biais de la recherche
elle-même. Examen des patients dans des tâches
qui exigent soit une recherche visuelle
(détection dun animal-cible dans un ensemble
désordonné danimaux) soit la sélection ditems
dun stimulus complexe présenté en vision
centrale (détection de diverses cibles dans un
ensemble de figures superposées).
30Les patients avec lésion gauche, ausii bien que
ceux avec lésion droite, ont montré une
négligence des stimuli controlatéraux dans la
tâche de recherche (tous les sujets
héminégligents ratent plus souvent la cible que
les normaux lorsque celle-ci doit être cherchée
du côté controlatéral à la lésion, alors quils
ne diffèrent pas des normaux lorsque la cible est
présentée au côté ipsilatéral),mais seuls les
patients avec lésion droite ont omis les stimuli
controlatéraux dans la tâche de sélection.
31Les processus attentionnels ne sont donc pas les
mêmes suivant que lon doive détecter les
stimuli en vision centrale ou à travers tout le
champ visuel. Les déficits dans la tâche de
recherche reflètent probablement latteinte des
mécanismes attentionnels exogènes qui
permettent de détecter les cibles dans les
régions périphériques et de réorienter
lattention. Par contre, les déficits dans la
tâche de sélection centrale reflèteraient
latteinte des mécanismes endogènes qui
sélectionnent les stimuli qui se trouvent dun
côté de lespace.
32(No Transcript)
33(No Transcript)
34Enfin, lhéminégligence peut aussi être observée
dans dautres modalités que la modalité
visuelle.Il reste à déterminer si le système
attentionnel spatial est spécifique pour chaque
modalité du stimulus, ou si, au contraire, il
s'agit d'un système attentionnel multimodal dont
l'atteinte au travers du lobe pariétal, affecte
l'attention au travers des différentes modalités.
35Quel est le niveau de traitement atteint par
l'information présentée dans lhémichamp négligé
même si celle-ci n'est pas consciemment
disponible?Audet, Bub Lecours (1991)
montrèrent que le sujet héminégligent répondait
beaucoup plus rapidement à une lettre-cible
présentée en vision centrale si la même lettre
était présentée dans l'hémichamp négligé. Ce
fait suggère qu'une certaine information sur
l'identité physique du stimulus présenté du côté
négligé est traitée et peut même influencer
implicitement la performance.
36Volpe, Le Doux Gazzaniga (1979) sujets
atteints d'une tumeur pariétale droite et
présentant une extinction du côté gauche Ils
étaient capables de juger si deux stimuli
visuels présentés simultanément, lun à gauche et
l'autre à droite, étaient identiques ou
différents, alors qu'ils n'étaient pas capables
de rapporter l'identité du stimulus présenté dans
l'hémichamp gauche. Le jugement même/différent
serait basé sur une connaissance implicite du
stimulus présenté du côté négligé. Le niveau de
traitement qui permet d'effectuer le jugement
même/différent n'est apparemment pas suffisant
pour permettre une description verbale
consciente.
37L'étude de Volpe et al. ne précise pas le niveau
de représentation atteint. Berti, Allport,
Driver, Dienes Oxbury (1992) un de leur
patients était capable de réaliser une tâche
dappariement même/différent de noms dobjets
dans laquelle les photographies dobjets, aux
essais même, pouvaient soit être physiquement
identiques, soit représenter le même objet mais
vu sous un autre angle, soit des objets
physiquement différents portant le même nom. On
peut dès lors supposer que les stimuli de
lhémiespace éteint ont atteint un niveau de
représentation catégoriel.
38Autre explication il est possible que les
stimuli contralésionnels aient été partiellement
activés. En dautres termes, le stimulus
ipsilatéral pourrait amorcer le stimulus
controlatéral, suffisamment pour générer de
bonnes performances dappariement même/différent
même si lamorçage nest pas suffisant pour
permettre leur identification. Le traitement du
stimulus sur lequel la tâche doit être effectuée
sera dès lors plus rapide puisque le premier
stimulus aura déjà activé une part de sa
représentation.
39Dans le cas de l'expérience de Berti et al.,
quand deux stimuli sont les mêmes, l'objet
présenté du côté intact va entraîner un bénéfice
dû à l'amorçage sur le stimulus présenté du côté
éteint. Par contre, quand les deux stimuli sont
différents, ils n'ont aucun lien permettant
l'amorçage et les sujets effectueraient dès lors
une décision par défaut.
40Une manière déviter lamorçage entre stimuli
ipsi- et contro-latéraux est dutiliser des
présentations successives des stimuli plutôt que
simultanées. Fuentes Humphreys (1996) tâche
dans laquelle les patients devaient apparier des
stimuli successifs présentés au point de
fixation, sur base de lidentité de lettre. Ces
lettres-cibles pouvaient être accompagnées soit
par deux signes , soit par un signe et une
lettre (le distracteur), apparaissant à droite ou
à gauche de la cible. Le premier ensemble de
chaque essai était lamorce, le second la sonde
(probe). Dans les conditions critiques, le
distracteur de lensemble-amorce devenait la
cible de lensemble-sonde. Ceci permettait de
mesurer les effets dun distracteur-amorce
présenté soit du côté ipsi- soit du côté
contro-lésionnel, aux réponses à une cible
subséquente.
41Essais même(1) même neutre A -gt A
(2) distracteur différent, gauche M A -gt T A
(3) distracteur différent, droit A M -gt A
T Le contraste entre chaque condition de
distracteur et la condition neutre permet
d'examiner linterférence éventuelle dun
distracteur gauche ou droit en réponse à la cible
centrale.
42Essais différent (1) différent neutre
A -gt M (2) répétition ignorée, gauche M A
-gt T M (3) répétition ignorée, droite A M
-gt M T(4) distracteur différent, gauche M A
-gt L T (5) distracteur différent, droite A M
-gt T L Le contraste entre les conditions
répétition ignorée et les conditions
distrateurs différents permet dexaminer sil y
a de lamorçage négatif (cf. Tipper, 1985).
43Les sujets normaux montrent à la fois de
linterférence des lettres distractrices
présentées simultanément (aux essais même) et
des effets damorçage négatifs (aux essais
différent). Chez le patient présentant une
extinction gauche, un priming négatif normal
était observé dans la condition répétition
ignorée lorsque les distracteurs de droite
devenaient les cibles, mais on observait un
amorçage positif des distracteurs de gauche. En
dautres termes, par rapport à la situation où un
distracteur différent était dans son champ
gauche, les temps de réaction étaient plus courts
lorsque les distracteurs gauche de lamorce
devenaient les cibles.
44Il semble donc que ce patient traite
inconsciemment les distracteurs de gauche, mais
ne peut pas leur appliquer un processus
dinhibition, car linhibition dépendrait de
lattention visuelle consciente. Ces données
suggèrent quil pourrait y avoir un traitement
relativement poussé des stimuli en cas
dextinction (ou dhéminégligence) visuelle, dans
ce cas-ci jusquau niveau didentité abstraite
des lettres.
45Lamorçage est fort utilisé dans les études sur
le traitement inconscient des stimuli, que ce
soit chez les sujets tout-venant ou chez les
cérébro-lésés. Traitement abstrait, catégoriel,
des stimuli négligés Berti Rizzolati (1992)
ont demandé à des patients de catégoriser en
fruit ou animal des stimuli présentés à
droite, qui avaient été précédés par une amorce
présentée dans lhémichamp gauche
(controlésionnel), qui soit était identique soit
appartenait à la même catégorie sémantique
(animal ou fruit ex poule-canard). Dans les
deux cas de congruence, temps de réaction plus
courts que dans la situation non-congruente.
46McGlinchey et al.(1992) tâche d'amorçage dans
laquelle les sujets devaient effectuer une
décision lexicale sur une suite de lettres
présentées en vision centrale (ex NEZ). La
cible était précédée d'une amorce présentée en
vision périphérique. Cette amorce avait (ex
YEUX) ou non (ex ANCRE) un lien sémantique avec
la cible.Il y a eu un effet de facilitation
quand l'amorce et la cible étaient liées
sémantiquement (les temps de réponse sur la cible
étaient significativement diminués), de taille
comparable pour les amorces gauche et droite.
47 Il y avait aussi une tâche contrôle consistant
en une discrimination des stimuli présentés.
Cette tâche nécessite une prise de conscience du
stimulus et permet dès lors de s'assurer que
l'amorce n'a pas été consciemment identifiée et
que si un effet sémantique apparaît, il n'est pas
dû à un traitement explicite de l'amorce. Or,
les amorces nont pas été rapportées dans la
tâche de discrimination. Il semble donc que
l'information présentée dans l'hémichamp négligé
puisse être traitée à un niveau sémantique sans
prise de conscience.
48 Troubles du langage
49Classification de Wernicke-Lichteim (1885)
Parole Répétition Compréhension
DénominationAphasieGlobale
Non-flu
Broca idem
Transc.motrice idem
Wernicke Flu
Transc.sensorielle idem
Conduction idem
Anomique
idem
50 Fluence de la parole
spontanée
Aphasie non fluente Aphasie fluenteDébit
réduit (-50 mots/m) normal
(100-200) Effort
important
normalArticulation
disarthrie normal Longueur
des phrases courtes (1-2 mots)
normal (5-8)Prosodie
dysprosodie normalCaractéristiques
du lexique excès de
substantifs réduction Paraphasies
rares (phonologiques) fréquentes
(tous types)
51Brocadébit lent peu de parole, produite avec
effort et de manière dysprosodique et
agrammatique (mots fonctionnels et morphèmes liés
- flexionnels et dérivationnels - manquent dans
des contextes obligatoires. Paraphasies
phonétiques, phonémiques et "verbales" dans la
parole spontanée et dans la répétition.
Compréhension du langage adéquate à des fins
conversationnelles courantes, bien qu'un testing
plus fouillé révèle des déficits.
52WernickeParole spontanée sans effort mais
contaminée, ainsi que la répétition, par des
paraphasies phonémiques et sémantiques. Variété
de constructions grammaticales, bien que les
structures soient souvent combinées d'une manière
chaotique et quil y ait de mauvais choix dans
l'usage des mots fonctionnels et des morphèmes
liés (paragrammatismes). Dans les cas extrêmes,
la combinaison du paragrammatisme et de la
paraphasie résulte en un jargon inintelligible.
53Beaucoup de patients semblent inconscients de
leurs troubles (anosognosie) au moins à l'état
aigu. A l'état aigu aussi, beaucoup de patients
montrent un désordre de compréhension sévère.
Chez certains, la compréhension est récupérée
plus rapidement que le déficit de production, ce
qui fait que beaucoup d'auteurs ne considèrent
pas le déficit sévère de compréhension comme une
caractéristique du syndrome.
54Aphasie transcorticale sensorielle lésion entre
le traitement phonologique et le traitement
conceptuel gt mauvaise compréhension mais
(contrairement à Wernicke) capacité de
répétitionAphasie transcorticale
motricelésion entre le système conceptuel et
laire de Broca gt bonne compréhension mais
(contrairement à Broca) bonne répétition
55RépétitionUne mauvaise répétition est
généralement associée à une lésion de la région
périsylvienne gauche. La répétition est
affectée dans laphasie de conduction mais
préservée dans les aphasies transcorticales.L'ap
hasie de conduction est classiquement associée à
une lésion des fibres arquées qui transmettent
l'analyse de la parole de l'aire de Wernicke à
l'aire de Broca (où se trouvent les
représentations motrices).
56Le déficit de la répétition dans laphasie de
conduction résulterait de l'absence de
transmission de l'information auditive ou
phonologique décodée dans l'analyseur de la
parole situé dans la région postérieure vers la
région antérieure où se fait l'encodage (Albert,
Goodglass, Helm, Rubens Alexander, 1981).
L'information transmise serait donc
phonologique. Effectivement, les paraphasies
phonologiques sont fréquentes (p. ex. "Nelson
Rockefeller gt Nelson Nockenfellen, I mean Relso
Rickenfollow. I mean, Felso Knockerfelson , cf.
Albert et al). Mais il y a aussi des
paraphasies sémantiques, par exemple dans la
répétition de mots isolés (buffet gt divan
chaussure gt soulier neveu gt père, ...,
mère collège gt ah, oui, ... apprendre).
57La répétition est préservée dans le syndrome
d'isolation, où la région périsylvienne est
déconnectée de toutes les aires corticales qui
servent des fonctions conceptuelles et
sémantiques (perte totale de la compréhension
verbale et de l'expression spontanée). Whitaker
(1976) le patient avait une répétition
excellente, il répétait aussi bien les phrases
bien formées que les phrases sémantiquement
anormales. Cependant, il corrigeait la phrase
lorsqu'elle contenait des erreurs morphologiques
mineures (Can you told me your name ? gt
tell), ou des changements de l'ordre des mots
(I have hair grey gt grey hair). Autre
exemple le cas de Davis, Foldi, Gardner Zurif
(1978) (The boy gave she a present gt gave
her). Donc, la mémoire acoustique n'est pas le
seul élément impliqué dans les capacités de
rétention de tels patients.
58Les batteries de tests d'aphasie ne peuvent pas
fournir les données nécessaires à une
interprétation complète de la performance
linguistique de chaque patient. Par exemple, la
vaste majorité des patients aphasiques ont un
déficit de nomination. Les tests, comme le
Boston Naming Test, présentent une série de
dessins dont les noms varient en fréquence le
nombre d'erreurs et la latence de la réponse
donnent une mesure de la difficulté anomique par
rapport à différents groupes contrôles.
Cependant, un simple score ne nous dit pas tout
ce que nous devrions savoir sur l'anomie du
patient. L'atteinte peut être sémantique,
lexicale, morphologique ou phonologique.
59On peut, par exemple, tester la compréhension
violon gt c'est un instrument musical
(circonlocution) ou soulier gt indique son pied
(pantomime). On peut faire des interrogations
plus détaillées par exemple, lesquels sont plus
similaires un violon et un violoncelle, ou un
violon et une trompette ? On peut faire des
tâches de classification de dessins d'objets. On
peut vérifier si le patient peut apparier un
dessin avec son nom prononcé oralement, parmi une
liste qui contient à la fois des distracteurs
phonologiques et sémantiques. On peut aussi
tester des effets d'amorçage sémantique et
phonologique.
60La déficience anomique ne peut être décrite
seulement en calculant un score de
dénominationAnomie spécifique de
catégorieYamadori Albert (1973) cas où la
nomination d'objets d'extérieur (église, voiture)
était préservée comparée avec celle d'objets
d'intérieur (porte lampe). Dans cette catégorie,
il y avait plus de difficultés avec les items
communs à beaucoup de pièces (chaise, table)
qu'avec des objets spécifiques à une pièce (par
exemple à la salle de bains).Dennis (1976) cas
de déficit sélectif pour la nomination de parties
du corps. Mais McKenna Warrington (1978) cas
de préservation sélective
61Un autre cas décrit par McKenna Warrington
présentait une perturbation sélective de la
nomination de personnalités connues par rapport à
la nomination d'édifices célèbres qui ont des
noms propres (Tour Eiffel, Parthenon). Ce
déficit n'était pas secondaire à une
prosopagnosie (photo d'Edward Heath
"conservateur, était 1er Ministre, vient de la
Côte Sud, organiste").Warrington McCarthy
(1983) et Warrington Shallice (1984) des cas
de patients meilleurs pour nommer des objets
inanimés que des êtres vivants ou des
aliments.Hart, Berndt Caramazza (1985) cas
de déficit sélectif pour nommer les fruits et les
légumes pouvait nommer abacus et sphinx,
mais pas pêche et orange.
62 Atteintes de la connaissance
sémantique JC, cas de démence dégénérative
(Hodges et al., 1995), naming
9/91 3/92
9/92 3/93horse
dog
catcow
animalpig
on
farms horse horsedeer
horse
cow vehiclerabbit
cat
cat catmouse
cat cat
cat
animalmonkey pig
cat boy
animalbear dog
big animal dog
doglion dog
dog dog
animal
63Détérioration progressive du système sémantique
tendance à perdre linformation spécifique, et à
la fin aussi la connaissance de baseWLP,
Schwartz et al. (1979) appariement de dessins
avec des mots écrits Mois Total
derreurs () Choix du distracteur sémantique
(E)3 39
8515
44 9024
55
7427 65
61
64 Cas de préservation relative des concepts
abstraits AB, démence (Warrington, 1975)
Supplication Making a serios request for
helpGeese An anmal but Ive
forgotten preciselySBY, amnésie et trouble
sémantique dues à lésion temporale par
encéphalite (Warrington Shallice, 1984)Caution
To be careful how you do
somethingInk Food - you put on
top of food you are earing - a liquidDM,
hipométabolisme infero-temporal antérieure,
bilatéral, plus prononcé à gauche (Breedin et
al., 1994)Opinion Your concept or
perspectiveCheese Something sweet
to eat
65FB, amnésie et trouble sémantique dues à lésion
temporale par encéphalite (Sirigu et al.,
1991)Culture A way to learn lifes
customs, it varies from country to countryDuck
A small animal with four legsDRN,
atrophie temporale plus importante à gauche
(Cipolotti Warrington, 1995)Free Not
restricted by anythingLeopard Some sort of
animal it is small like an insect I think it
flies
66Illustrations de lapproche cognitive de la
neuropsychologie du langage
67Production de mots parlésLa tâche de
dénomination d'objet implique qu'on reconnaisse
l'objet, donc laccès à des représentations
sémantiques, et ensuite au système qui emmagasine
les prononciations des mots "lexique de sortie
pour la parole" (speech output lexicon). A
partir de ce lexique, il faut activer les
représentations de phonèmes qui interviennent
dans la programmation de la réponse.
68Si ces trois composantes (représentations
sémantiques, lexique de sortie pour la parole, et
représentations phonémiques) existent
effectivement, on peut sattendre à trouver
différents types de déficit dus à des atteintes
sélectives de ces composantes. C'est ce qui
semble ressortir de l'examen des différents types
d'anomie.
69Anomies dues au niveau sémantiqueAnomies
limitées à certaines catégories
sémantiquesWarrington Shallice (1984) J.B.R.
dénommait beaucoup mieux des dessins d'objets
inanimés qu'animés, et le trouble s'étendait à la
compréhension des noms parlés correspondants. Il
y aurait donc une dégradation des représentations
sémantiques de certaines catégories d'objets ou
concepts. M.D. (Hart et al, 1985) présentait
aussi des troubles limités à certaines catégories
mais pouvait comprendre les noms des choses qu'il
était incapable de dénommer. Les représentations
sémantiques ne seraient pas affectées, mais bien
l'accès à ces représentations.
70Chez d'autres patients, les difficultés de
dénomination atteignent l'ensemble des
catégories. Howard Orchard-Lisle (1984)
J.C.U. faisait beaucoup d'erreurs sémantiques
dans la dénomination sous incitation (si on lui
présentait le dessin d'un tigre et qu'on lui
disait "l" comme phonème initial, elle répondait
lion). L'information sémantique dont elle
disposait était insuffisante pour spécifier le
nom exact de la cible, de telle sorte que les
noms des associés sémantiques dans le lexique de
sortie étaient aussi activés.
71Anomies sans trouble sémantiqueKay Ellis
(1987) La parole de E.S.T. était très limitée
pour les noms d'objets et d'actions. Utilisait
des circonlocutions. Grandes difficultés de
dénomination mais une bonne compréhension des
mots parlés. Parfait dans les tâches de
classement sémantique. La source de son anomie
n'est donc pas dans le système sémantique. Dans
les tâches de dénomination, faisait surtout des
approximations phonologiques, et sa performance
peut être prédite par la fréquence d'usage des
mots. Donc, déficit dans l'activation des unités
dans le lexique de sortie pour la parole.
72Le fait qu'il puisse à certaines séances
retrouver des mots qu'il ne retrouve pas à
d'autre séances suggère que ce ne sont pas les
unités elles-mêmes qui sont atteintes. La
quantité d'information provenant du système
sémantique serait suffisante pour activer les
unités des mots dont le seuil d'activation est
habituellement bas (mots à haute fréquence) mais
pas les autres. Une activation à la limite de
l'identification peut conduire à l'activation de
certains phonèmes mais pas de tous, provoquant
ainsi l'occurrence d'approximations phonologiques.
73La jargonaphasie neologistiqueDans ce type
d'aphasie de Wernicke, approximations
phonologiques très fréquentes et net effet de
fréquence dans la parole spontanée.Ellis et al.
(1983) chez R.D., bonne compréhension des mots
écrits et des dessins, ce qui permet d'écarter
lidée d'un trouble sémantique. Chez certains,
la proportion de néologismes est telle que la
parole devient inintelligible. Le fait que les
approximations phonologiques s'étendent à la
parole spontanée peut être lié à leurs
difficultés de compréhension de la parole. Ils
seraient incapables de surveiller la précision
phonologique de leurs productions verbales.
L'anosognosie souvent constatée pourrait y jouer
également un rôle.
74Le jargonaphasique respecte généralement les
règles de dérivation morphologique. Le morphème
de base peut être déviant mais l'affixation est
correcte. De même, la prononciation des mots
affixés est adaptée de manière à correspondre à
la nouvelle racine. L'examen des formes affixées
produites par le jargonaphasique permet donc de
penser que ce qui est récupéré du lexique de
sortie ce sont les racines, et qu'ensuite les
affixes sont ajoutés et adaptés.La recherche
dans le lexique de sortie est perturbée, mais les
processus de l'affixation restent intacts. gt A
un certain niveau du processus de planification
de la parole, les racines et les affixes sont
représentés séparément.
75Les différents types d'erreurs de dénomination
des aphasiques peuvent se retrouver chez les
normaux, d'une manière occasionnelle et sous
l'influence de fatigue, stress et autres facteurs
(cf. observations de Freud, dans "Sur l'Aphasie",
1891). Il peut y avoir des perturbations
fonctionnelles de l'activation de l'information
dans ou entre les différents systèmes, sans
atteinte organique.
76L'articulation elle-même peut être perturbée,
dans certaines formes d'aphasie, comme par
exemple dans le syndrome de désintégration
phonétique (Alajouanine, Ombredane
Durand,1939).
77La reconnaissance des mots parlésImplique un
traitement initial par un système d'analyse
auditive (ou phonétique) et l'appariement avec
l'unité correspondante dans un lexique auditif
(ou phonologique) d'entrée. L'activation de
cette unité entraîne l'activation de la
représentation de la signification du mot dans le
système sémantique. Entre le lexique d'entrée et
le système sémantique les influences ont lieu
dans les deux sens. Ceci permet au contexte
sémantique d'affecter l'identification des mots.
78La répétition d'un mot peut avoir lieu de trois
manières soit en passant par le lexique
d'entrée, par le système sémantique, et de là
retrouvant le système de production (lexique de
sortie et représentations phonémiques)soit en
court-circuitant le système sémantique,
c'est-à-dire en passant directement du lexique
d'entrée au lexique de sortiesoit encore en
court-circuitant les deux lexiques (ce qui doit
être le cas pour les non-mots et les mots
inconnus) et en passant directement du système
d'analyse auditive au niveau phonémique.
79McCarthy Warrington (1984) O.R.F. illustre la
séparation de ces voies. Répétait beaucoup mieux
les mots que les non-mots la connexion directe
entre le système d'analyse auditive et le niveau
phonémique devait donc être atteinte. Les deux
autres routes n'étaient pas tout à fait intactes
non plus, puisque la répétition des mots était
loin d'être parfaite. Le fait que la répétition
était facilitée par le contexte sémantique
suggère que la route sémantique était utilisée.
80Surdité verbale pureHemphill Stengel (1940)
patient qui ne pouvait plus comprendre ni répéter
la parole d'autrui, alors que l'audiométrie était
bonne. Parlait, lisait et écrivait correctement,
mais se plaignait que ce que les autres disaient
n'avait plus de sens. Klein Harper (1956)
ont décrit un patient du même type. Disait qu'il
pouvait entendre tout, même la chute d'une
feuille, mais que les sons de la parole se
mélangeaient les uns avec les autres et
semblaient venir de loin. Pouvait discriminer des
accents et répéter correctement des voyelles
isolées mais pas les autres sons de la parole.
81Ces patients parfois comprennent les questions si
on les leur répète très lentement plusieurs fois,
et ont une plus grande facilité à répéter des
voyelles isolées.La capacité à faire des
discriminations temporelles fines serait-elle en
cause? Ces discriminations sont nécessaires
lorsque la parole est présentée à un taux normal
ou pour les sons caractérisés par des variations
rapides telles que les consonnes. Certaines
études ont révélé des déficits pour des sons
non-verbaux lorsque les tâches impliquaient
également des discriminations temporelles très
fines. Ainsi, le seuil de fusion de deux clics
était anormalement élevé chez les patients
étudiés par Albert Bear (1974) et par Auerbach
et al (1982).
82L'information extraite à partir des mouvements de
la bouche et des lèvres permet d'améliorer la
compréhension chez ces patients. L'atteinte ne
semble donc pas se situer au niveau du processus
de perception qui intègre normalement ces
informations. De même, la présentation de mots en
contexte facilite largement leur
identification.En résumé Il semble que ces
patients essaient d'extraire de l'information à
partir d'un signal auditif dégradé. Le site de
leur déficit est très clairement le système
d'analyse auditive.
83Surdité de significationBramwell (1897)
patiente présentant grande difficulté à
comprendre ce qu'on lui disait il ne s'agissait
pas d'une surdité verbale puisqu'elle était
capable de répéter correctement. Aucun problème
au niveau de la parole spontanée, lisait et
écrivait bien. C'est en écrivant ce qu'on lui
disait qu'elle pouvait arriver à comprendre les
messages verbaux d'autrui.
84Dans la surdité de signification,la répétition
est correcte gt le système d'analyse auditive est
intact la compréhension des mots présentés par
écrit est bonne gt les représentations
sémantiques sont intactes, la parole spontanée
est préservée gt le lexique de sortie n'est pas
atteint. Est-ce que le déficit se situe au
niveau du lexique d'entrée? Non, puisque
l'écriture sous dictée, qui implique des
représentations auditives ou phonologiques des
mots, est également bonne. La surdité de
signification résulterait d'une disconnexion
partielle ou complète entre le lexique d'entrée
et le système sémantique.
85Agnosie phonologique auditiveBeauvois et al.
(1980) patiente avait des difficultés à
comprendre le langage parlé lorsqu'il s'agissait
de nouveaux termes scientifiques ou techniques,
ou les noms nouveaux de personnes et de villes.
Elle n'avait aucun problème pour les noms
familiers. La répétition et l'écriture de
non-mots étaient aussi pauvres. Son déficit
doit donc être localisé au niveau de la route
directe entre l'analyse auditive et le niveau
phonémique de sortie.
86LécritureLa conception traditionnelle de
l'écriture, dite de "médiation phonologique",
prétend que le mot est mentalement coupé en sons
individuels, représentés par des lettres,
lesquelles sont ensuite intégrées dans le patron
écrit du mot. Les données de la
neuropsychologie, entre autres, montrent qu'on
peut écrire des mots sans passer par leur forme
parlée.
87Levine et al. (1982) E.B. est devenu
complètement muet après un accident cérébral mais
a conservé de bonnes capacités de lecture et de
compréhension de la parole. Incapable de faire
des jugements de rime ou d'apparier des mots
parlés et écrits. Pourtant, il était très bon en
écriture. Bub et Kertesz (1982) M.H., elle
aussi, écrivait correctement les noms des objets
sans pouvoir les nommer. Pouvait répéter des
non-mots mais ne pouvait pas les
écrire.L'écriture de non-mots implique une
décomposition en sons constituants. Donc, il faut
rendre compte autrement de sa capacité à écrire
des mots.
88Enfin, Shallice (1981) un cas de dysgraphie
phonologique P.R. avait une compréhension et une
production de la parole normales, et une lecture
rapide et de très bon niveauil écrivait
laborieusement, étant surtout affecté pour les
mots plus rares, pour lesquels il atteignait tout
de même environ 80 d'orthographes correctes.
C 'est pour les non-mots qu'il était
manifestement déficient, et il ne savait pas non
plus écrire des lettres quand on lui en donnait
les sons correspondants. Etant donné qu'il
pouvait répéter des non-mots, il sagit d'un
trouble spécifique de l'écriture des non-mots.
89Faut-il distinguer deux lexiques de sortie, un
phonologique et un graphémique? Il y a des
patients qui sont clairement anomiques au niveau
de la parole et qui ont beaucoup moins de
problèmes de recherche du mot dans l'écriture.
Cela n'est pas compatible avec l'idée d'un seul
lexique de sortie.Il est probable que chaque
unité dans le lexique de sortie graphémique
reçoive de l'activation provenant des unités
correspondantes dans le lexique de sortie pour la
parole. Ceci est suggéré par l'occurrence
d'erreurs qui sont des homophones.
90D'autre part, il y a des patients qui peuvent
écrire des mots dont ils ne connaissent pas le
son. Donc, l'activation des unités du lexique
graphémique peut avoir lieu aussi directement à
partir du système sémantique. Enfin, on peut
assembler l'écriture de mots non familiers ou de
non-mots en utilisant des procédures de
transcodage des formes phonémiques en formes
graphémiques. L'utilisation des règles de
conversion phonème-graphème est aussi utilisable
pour des mots connus mais mène à des erreurs
lorsque l'orthographe est irrégulière.
91Interprétation des troublesE.B. a probablement
perdu l'utilisation de son lexique de sortie pour
la parole et des représentations phonémiques de
sortie mais a maintenu toutes les autres
composantes.M.H. a probablement un trouble dans
l'activation du lexique de sortie pour la parole
à partir du système sémantique, mais l'activation
des unités du lexique graphémique à partir du
système sémantique est relativement intacte. Il
faut supposer en outre que la conversion
phonème-graphème est atteinte.P.R. a une
atteinte pure du système de conversion
phonème-graphème.
92 Dysgraphiques profonds beaucoup
d'erreurs sémantiques gt à la fois trouble entre
le système sémantique et le lexique de sortie
graphémique, et trouble dans la conversion
phonème-graphème.Dysgraphiques de surface (cf.
cas R.G., décrit par Beauvois Dérouesné, 1981)
la conversion graphème-phonème reste intacte,
ce qui permet d'écrire des non-mots ainsi que des
mots particuliers, mais la récupération de
l'orthographe à partir du lexique graphémique de
sortie est largement atteinte, ce qui entraîne
des performances très pauvres pour les mots
irréguliers.
93 Principaux troubles de la lecture
Dyslexie de surface Dyslexie phonologique
Dyslexie profonde
94The neural basis of written word identification
95Some brain areas respond more to letters than to
digits or faces (Allison et al., 1994 Polk et
al., 2002). Discrimination between letters and
pseudo-letters is associated to the activity of
Brodmann area 37 in the left hemisphere (Garrett
et al., 2000).
96This area of the extrastriate cortex is lateral
to an area called visual word form area
(Warrington Shallice, 1980), which is activated
by orthographic sequences. Dehaene and Cohen
proposed that visual lexical forms and more
generally orthographic forms are represented in a
region of the left fusiform gyrus defined by the
Talairach coordinates x-43, y-54 and z-12.
97(No Transcript)
98The activation of the visual word form area takes
place from 150 to 200 milliseconds after the
onset of the letter sequence exposure (e.g.,
Tarkianene et al., 1999).
991. The visual word form area is activated by both
words and pseudo-words, but not by strings of
consonants like xjpqt (Dehaene et al., 2002
Petersen et al., 1990). Thus, it is concerned
by the processing of letters as such, but only by
legal, phonotactically acceptable structures of
letters.
1002. The VWFA area is not activated by the auditory
presentation of words and pseudo-words (Dehaene
et al., 2002), Thus, it seems that it is not
part of a purely phonological system.
1013. Physical modifications such as case (AGE
age - aGe) or font (age) do not affect the
amplitude of its activation (Polk Farah, 2002
Dehaene et al., 2001).This suggests that the
knowledge represented in this area is not the
knowledge of a physical form but of an abstract
linguistic structure.
1024. Its activation occurs even when, using masking
techniques, the subject is unable to recognize
the word presented (Dehaene et al., 2001). This
suggests that the processing carried out in this
area is not, or not necessarily, conscious.
103Our word identification system has to compute an
invariant representation from the visual input.
It has to discard irrelevant variations such as
differences in case or font or size (eight
EIGHT), and maintain very small details (eight
sight) that support different pronunciations and
meanings.
104This functional specialization of the reading
system results implies that some visual neurons
respond to A and a in the same way, but
differently to a and e.
105These neurons tend to be grouped together in some
fixed regions of the visual cortex.This is
reproducible localization. Thus, whenever
subjects read a word, a reproducible portion of
the left occipito-temporal sulcus is activated
and hosts functionally specialized circuits for
letter and word recognition (Cohen and Dehaene,
2004).
106The regional selectivity for word recognition is
probably more relative than absolute, with some
intermixing of selective groups of neurons, or
with groups of neurons showing different degrees
of responsiveness to different classes of stimuli.
107Dehaene et al. (2004) at least three
functionally different subareas. In the
posterior subpart of the the mid-fusiform cortex,
bilateral priming (reduction of activity) in the
response to repetition of letters at the same
absolute location, regardless of whether they
were presented in the same word (reflet
REFLET) or in an anagram (r e f l e t
TREFLE). This seems to be a subarea of
letter detection.
108In a somewhat more anterior subarea of the left
hemisphere, priming was similar when the same
word was repeated, even when shifted by one
letter location (r e f l e t REFLET),
and when a word was followed by its anagram
(reflet TREFLE). Thus, letters, or fragments
of words, are represented in this area
independently of location.
109Finally, in an even more anterior subarea,
priming tended to be larger for same words than
for anagrams. This subarea may be involved in
word coding.
110Polk and Farah (1998) functional specialization
can be altered by late experience, at adult age.
The categorization effect (detecting a letter
faster when presented among digits than when
presented among letters) was absent in Canadian
postal workers who are constantly exposed to
mixtures of letters and digits.
111(No Transcript)
112Shaywitz et al. (2002) positive correlation
between amplitude of activation of left
mid-fusiform and level of performance in tests of
phonological decoding in individuals aged 7 to 18
years, even when age was taken into account.
Temple et al. (2003) a phonological remediation
program led to increased activity in regions
including visual word form area in a group of
children who presented dyslexia.