Title: Troisime partie
1Troisième partie Modalités de la
phrase -------------------- généralités
2- Quappelle-t-on modalité?
- Toute phrase est prononcée en vue de renseigner
ou dêtre renseigné, de communiquer un sentiment
ou une volonté nous pouvons donc adopter à
légard du fait que nous énonçons divers
attitudes, dont lexpression fait ce quon
appelle la modalité de la phrase. On peut grouper
ces attitudes en quatre modalités - Affirmation tu sais ta leçon.
- Interrogation sais-tu ta leçon?
- Exclamation toi, savoir ta leçon!
- Volonté sache ta leçon.
- Comme on le voit par ces exemples, la modalité de
la phrase est exprimée par divers procédés de
langue mode du verbe, place, forme ou absence du
sujet. Nous étudierons ces procédés dans le
présent chapitre. - Modalité est un mot dérivé de mode en
effet ces nuances sont souvent exprimées par les
modes, dont le choix résulte avant tout de leurs
sens fondamentaux exposés dans la 2 partie mais
la valeur que prennent les modes dépend des
circonstances et de lintonation ainsi
linfinitif peut exprimer -
Lexclamation Avoir osé me dire ça! - Lordre
Ralentir. - Le désir
Voir Paris! - Le subjonctif (infinitif personnel) se prêtera
aux mêmes emplois. Lintonation se double
toujours dune mimique expressive, cest-à-dire
de gestes et de jeux de physionomie qui sont un
véritable langage muet. - Lintonation est traduit, très imparfaitement,
dans lécriture, par la ponctuation. - Remarque
- La modalité dune phrase complexe est marquée
dans la proposition principale, quel que soit le
sens de la subordonnée ainsi la phrase suivante - Je demande si tu sais ta leçon
- Est une phrase affirmative, bien que la
subordonnée soit interrogative cette phrase ne
peut se terminer par un point dinterrogation. - Deux modalités différentes ne peuvent être
exprimées à la fois, ni même étroitement
coordonnées ainsi une coordination comme Es-tu
prêt et viens - Est incorrecte la première proposition
réclamerai un point dinterrogation, lequel ne
convient pas à la seconde.
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3- Phrases affirmatives
- Phrases de linterrogation
- Phrases exclamatives
- Phrases de volonté
- Interjections et adverbes modaux
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4Phrases affirmatives
- Affirmation catégorique
- Affirmation à linfinitif
- Affirmation atténuée dun désir ou dun ordre
- Affirmation sans garantie
- Affirmation dun fait probable
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5Affirmation catégorique Laffirmation
catégorique consiste à donner un fait pour réel,
sans aucune nuance de sentiment elle engage la
parole de celui qui parle, ou qui écrit il peut
avoir à en répondre devant les tribunaux.
Lindicatif est le mode de laffirmation
catégorique, puisquil est le seul mode qui
affirme la réalité de laction. Je sais ma
leçon. Vous avez menti. Je vous paierai, lui
dit-elle, Avant laoût, foi danimal.
(La Fontaine.) Remarque laffirmation
est faite au conditionnel quand elle dépend dune
condition donnée comme irréelle Si la guerre
avait éclaté, je me serais (ou fusse) engagé.
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6Affirmation à linfinitif Parfois, au cours
dun récit, lindicatif fait place, pour exprimer
un fait parfaitement réel, à un infinitif précédé
de la préposition de Ainsi dit le renard _ et
flatteurs dapplaudir. (La Fontaine.) Cest
linfinitif de narration, quil ne faut pas
confondre avec un infinitif sujet, attribut ou
complément linfinitif de narration a la
fonction de verbe et peut être remplacé par un
verbe à lindicatif Ainsi dit le renard _ et
les flatteurs applaudirent. Linfinitif de
narration exprime généralement (comme dans
lexemple ci-dessus) une action qui est la
conséquence logique et immédiate dun autre, une
action à laquelle on sattend et qui ne se fait
pas attendre.
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7Affirmation atténuée dun désir ou dun
ordre On peut atténuer par politesse
laffirmation dun désir ou dun ordre en
employant _ Soit lindicatif futur je vous
prierai de me rapporter ce livre _ Soit le
conditionnel Je voudrais que vous fermiez la
porte. La volonté que lon affirme est bien
réelle seul le fait voulu est à venir ou
imaginaire, mais par anticipation lidée
dincertitude est marquée dans le verbe de
volonté, qui devient ainsi moins brutal, plus
déférent.
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8Affirmation de garantie On recourt encore au
conditionnel quand on veut énoncer un fait sans
engager sa parole ce tour est fréquemment
employé dans les journaux, il permet de faire
état dinformations peu sûres Après cette date
(25 février 1948) quelques adoucissements
seraient enregistrés (Bulletin météorologique). L
armée dAbdullah aurait occupé Jéricho (Journal
du 27 avril 1948 affirmation démentie le
lendemain).
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9Affirmation dun fait probable La probabilité
est exprimée au moyen dauxiliaires tels que les
verbes pouvoir, devoir, sembler Il peut être
dix heures. Il doit être dix heures. Pierre
semble avoir grandi. De là vient ladverbe
peut-être, qui signifie autrefois cela peut
être. On exprime quelquefois la probabilité par
lindicatif futur ce temps présente un fait
comme la conséquence logique des circonstances ou
dun fait précédemment exprimé Dabord elle se
dit Voilà quelquun qui lui ressemble, ce sera
son frère aîné.
(Stendhal.) Sil sagit dun fait
passé, on emploi le futur antérieur ainsi dans
le Barbier de Séville, le comte Almaviva dit
pour expliquer la prétendue indisposition de
Basile Le grand air laura saisi.
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10Phrases interrogatives
- Portée de linterrogation
- Linterrogation totale
- Linterrogation partielle
- Le pronom interrogatif sans antécédent
- Ladjectif interrogatif
- Le pronom interrogatif avec antécédent
- Mode de la proposition interrogative
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11précédent
12- Linterrogation totale
- Pour exprimer linterrogation totale, la syntaxe
offre deux procédés - 1linversion du sujet
- Si le sujet est un pronom personnel ou le pronom
ce, il se place simplement après le verbe - Viens-tu?
- Vient-on?
- Est-ce exact?
- Si le sujet est un nom ou un pronom autre que
ceux désignés ci-dessus, il reste devant le
verbe, mais est rappelé après le verbe par un
pronom personnel - Ton frère vient-il?
- Les autres viennent-ils?
- 2 la locution est-ce que
- Est-ce que tu viens?
- Est-ce que ton frère vient?
- Remarque
- Il est impossible demployer ces deux procédés à
la fois on ne peut dire Est-ce que ton frère
vient-il? - Souvent, dans la langue parlée, lintonation
seule marque linterrogation totale tu viens?
(une note basse suivie dune note plus haute). - Linterrogation totale appelle une réponse
positive quand le verbe est accompagné dune
négation ne viendrez-vous pas? _ si.
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13- Linterrogation partielle
- Linterrogation partielle est marquée par des
mots interrogatifs pronoms (qui, lequel?),
adjectif (quel?), ou adverbes (où, quand,
pourquoi, comment?) qui se placent en tête de la
phrase. - Lemploi de ces mots interrogatifs ne dispense
pas de pratiquer en même temps lun des deux
procédés étudiés au paragraphe précédent - 1 Soit linversion du sujet (quand
linterrogation ne porte pas sur le sujet
lui-même) - Quand viens-tu?
- Que veux-tu?
- Mais Qui est venu?
- 2 Soit lemploi de la locution est-ce que (sauf
après quel attribut) - Quand est-ce que tu viens?
- Quest-ce que tu veux?
- Remarque
- linversion dans linterrogation partielle obéit
à dautres lois que dans linterrogation totale
on doit dire que fait ton frère? Et non pas
Que ton frère fait-il? On peur dire quand
viendra ton frère? Ou quand ton frère
viendra-t-il? - La langue populaire omet à la fois linversion du
sujet et la locution est-ce que après un mot
interrogatif où tu vas? A quoi tu penses? Ou
bien elle transforme est-ce que en cest que, que
cest que, est-ce que cest que ou que tout
court Où cest que tu vas? - Où que tu vas?
-
- Ces façons de parler sont toutes incorrectes et
certaines très vulgaires.
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14précédent
15précédent
16Le pronom interrogatif avec antécédent Les
formes simples et contactées de larticle défini
sunissent aux formes de ladjectif interrogatif
pour constituer le pronom interrogatif composé
lequel, laquelle, duquel, etc. .qui semploie
toujours avec antécédent, cest-à-dire quand on
veut interroger sur des personnes ou sur des
choses déjà nommées ou qui vont lêtre, et dont
on a dans lesprit le genre et le
nombre Donnez-moi un livre. _ lequel
voulez-vous? Lesquelles de ces pommes
préférez-vous?
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17Mode de la proposition interrogative Dans
linterrogation partielle, laction elle-même est
généralement donnée pour réelle aussi
emploie-t-on ordinairement lindicatif Où est-ce
que tu as mis la clef? Cependant on emploie
linfinitif, dit délibératif , quand la
réalisation de laction est incertaine, dépendant
de la réponse qui sera donnée à la question. Où
trouver la clef? Est-ce que tu viendras? Dans les
deux sortes dinterrogation, on exprime la
probabilité et lincertitude par les mêmes
procédés que dans les phrases affirmatives Quelle
heure peut-il être? Serait-il malade? On exprime
au conditionnel laction imaginaire Si la guerre
éclatait, tengagerais-tu?
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18Phrases exclamatives
- Réaction devant un fait réel
- Réaction à lidée dun fait imaginé
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19Réaction devant un fait réel Lexclamation
quand elle est une forte surprise devant un fait
réel, sexprime par les mêmes procédés que
linterrogation, dont il nest pas toujours
facile de la distinguer Est-ce possible! Que
dis-tu là! Où sommes-nous tombés! Ladjectif quel
est très souvent employé Dans lOrient désert
quel devint mon ennui! (
Racine.) Cependant lexclamation peut se
distinguer de linterrogation de trois
manières 1 Quand lexclamation est partielle,
la langue aujourdhui ne fait pas normalement
linversion du sujet Quelle audace il
montre! Avec quel sang-froid il nous a
conduits! 2 Lexclamation dispose de deux
adverbes qui lui sont propres comme et
que Comme tu as maigri! Grand-mère, que vous
avez de grandes dents! 3 Lexclamation, comme
linterjection est moins faite pour communiquer
une idée que pour exprimer spontanément le
sentiment de celui qui parle aussi use-t-elle
souvent de mots sans fonction Quelle sotte! Quel
sang-froid! La belle robe! Et dellipse Et
comment! Il est dune politesse.! Remarque souve
nt, dans la langue parlée, lintonation seule
marque lexclamation totale Tu as fait du joli!
précédent
20Réaction à lidée dun fait imaginé Lexclamatio
n peut être une réaction de joie, dadmiration,
ou de douleur, dindignation à lidée dun fait
envisagé, mais non pas forcément réel. Elle ne
peut en ce cas sexprimer à linfinitif on
rencontre 1 Soit le conditionnel Jouvrirais
pour si peu le bec! Aux dieux ne plaise!
(La Fontaine.) 2
Soit le subjonctif Moi, des tanches! Dit-il
moi, Héron, que je fasse Un si pauvre chère?
(La
Fontaine.) 3 Soit linfinitif Mais moi vivre à
Paris! En! Quy voudrais-je faire!
(Boileau.) De là vient la
locution exclamative Dire que,qui introduit un
fait réel Dire que je lui faisais confiance!
précédent
21Phrases de volonté
- Diverses nuances de la volonté
- Fait dépendant de notre volonté lordre et la
défense - Fait indépendant de notre volonté le désir, la
crainte, le regret
précédent
22Diverses nuances de la volonté Il nest pas de
modalité comportant plus de nuances que la
volonté un acte peut être ordonné ou défendu,
un fait peut être désiré ou redouté.
Lintonation, dans la parole, peut exprimer mille
nuances de prière, dimploration, de
commandement, de vu, de souhait, despoir, de
crainte, de défense. Les ressources de la syntaxe
sont plus limitées, et nous pourrons répartir
létude de ces moyens dexpression sous deux
chefs seulement, selon que lacte ou le fait
considéré dépend ou ne dépend pas de notre
volonté.
précédent
23- Mode de lordre
- Le mode propre à lexpression de lordre est
limpératif. - Comme en principe un ordre ne peut être donné
quà la personne ou aux personnes à qui lon
sadresse, limpératif nexiste quà la 2
personne du singulier, à la 1er du pluriel
(noustoi et moi, ou vous et moi) et à la 2 du
pluriel - Entre.
- Entrons.
- Entrez
- Il arrive aussi quon ait à exprimer à la 3
personne un ordre donné par intermédiaire on
recourt au subjonctif, puisque ce mode naffirme
pas la réalité de laction - Un client désire vous voir. _ Quil entre.
- Si lordre sadresse à une personne indéterminée,
on peut employer linfinitif - Entrer sans frapper. Ralentir.
- La défense sexprime comme lordre, mais en
employant les mots négatifs - Ne viens pas.
- Quil nentre pas.
- Ne pas fumer.
- Remarque
- La brutalité de limpératif peut être atténuée
par lemploi de lauxiliaire de politesse
veuillez, ou de la locution sil vous plaît
veuillez vous retirer. Retirez-vous, sil vous
plaît. - On peut exprimer à lindicatif futur un ordre
dont la réalisation ne fait pas de doute ou qui
ne doit pas être immédiatement réalisé
(instructions à un subordonné, à un domestique, à
un élève, règle de morale) - Quand vous aurez passé la paille de fer, vous
balaierez. - Tu ne tueras pas.
précédent
24Faits indépendant de notre volonté
- Désir, crainte et regret
- Procédés communs au désir, à la crainte et au
regret - Procédés propres au désir et à la crainte
- Procédé propre au regret
précédent
25Désir, crainte et regret A légard dun fait
indépendant de notre volonté, nous pouvons
éprouver un sentiment de désir si la réaction est
possible (il sagit le plus souvent dun fait à
venir) et un sentiment de regret si tout espoir
de réalisation est interdit (fait présent ou
passé qui ne sest pas produit). La
crainte nest quun désir négatif
comparez Pourvu quil vienne! Désir. Pourvu
quil ne vienne pas! Crainte Le regret
peut être positif ou négatif Ah ! Sil était
ici! Regret positif. Ah! Sil nétait pas ici!
Regret négatif. Tous ces sentiments sont voisins
et sexpriment souvent par les mêmes procédés.
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26Procédés communs au désir, à la crainte et au
regret 1 Si, ah si, si seulement suivis de
lindicatif imparfait ou plus-que-parfait (mode
de lirréel) Si je pouvais remplir mes coffres
de ducats!
(La Fontaine.) Si
seulement tu mavais prévenu! 2 Subjonctif de
pouvoir suivi de linfinitif présent ou
passé Puisse-t-il venir! Puisse-t-il être
venu! 3Infinitif présent ou passé Oh! Pouvoir
exprimer les choses avec grâce!
(Edmond Rostand.) O navoir pas suivi
les leçons de Rollin, Nêtre pas né dans le grand
siècle à son déclin.
(Verlaine.)
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27Procédés propres au désir et à la crainte Le
désir et la crainte peuvent encore sexprimer par
le subjonctif précédé de que, pourvu que Que le
ciel vous protège! Pourvu quil vienne! Lemploi
du subjonctif sans que dans lancienne langue a
laissé quelques souvenirs Dieu vous bénisse! Le
diable memporte! Vive est un ancien subjonctif
qui autrefois saccordait toujours avec son
sujet Vivent les rats!
(La
Fontaine.) Aujourdhui laccord est facultatif
Vive les alliés! Ou Vivent les alliés!
précédent
28Procédé propre au regret Le regret peut encore
sexprimer par lindicatif précédé de que ne
Que nest-il ici! Que nest-il venu!
précédent
29Interjections et adverbes modaux Les
interjections, qui expriment des sentiments
variés, ont un sens purement modal elle sont
souvent employées pour souligner la modalité
dune phrase. La plupart sont exclamatives
Sapristi, jai oublié ma cravate! Quelques-unes
accompagnent Une question Tu viendras, hein? Un
ordre Allons, viens. Un désir Ah, pourvu quil
vienne! Certains adverbes sont employés de la
même façon leur sens porte non pas sur le verbe,
mais sur toutes la phrase, dont ils soulignent la
modalité. Nombreux sont les adverbes exprimant
les diverses nuances de laffirmation certes,
certainement pas, pas du tout, en aucune
manière. il a parfaitement répondu peut
signifier, selon les circonstances IL a répondu
dune manière parfaite ou Réellement, il a
répondu. De même malheureusement est adverbe de
manière quand on dit la journée sest terminée
malheureusement, et adverbe modal quand on dit
il était malheureusement trop jeune.
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