LES VIOLENCES SEXUELLES DANS LES PROVINCES DE LEST DE LA RDC

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Title: LES VIOLENCES SEXUELLES DANS LES PROVINCES DE LEST DE LA RDC


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LES VIOLENCES SEXUELLES DANS LES PROVINCES DE
LEST DE LA RDC
  • Par Marie Noël Cikuru
  • Archidiocèse de Bukavu
  • Centre OLAME
  • Service dEcoute et dAccompagnement
  • des Femmes Traumatisées (SEAFET)

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1. Un mot sur le contexte
  • Les guerres en R.D.C, avec leur série de
    bouleversements, ont ravagé lEst et ébranlé les
    structures sociales, économiques, familiales et
    même les personnes. Les violences sexuelles ont
    été une des armes utilisées, très puissantes et à
    large portée.

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Un mot sur le contexte (suite)
  • Des femmes ont été violées en silence, des années
    durant, depuis 1998, prisonnières des tabous qui
    entourent, dans nos cultures, tout ce qui a trait
    à la sphère sexuelle. La systématicité de ce
    crime et ses horribles conséquences qui ne
    pouvaient trop tarder, créant un malaise dans les
    communautés et les individus, ont poussé les
    personnes à se dévoiler  ce  dévoilement 
    était un cri au secours motivé par un besoin
    désespéré daide.

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Un mot sur le contexte (suite)
  • Je me souviendrai toujours de cette femme dans la
    trentaine, en provenance de Katana dans le Sud
    Kivu qui, au cours dun entretien en 2002, me
    confia, en passant, quune de ses belles surs
    venait de mourir suite au viol. Cette dernière
    aurait été plongée dans une grande douleur intime
    qui la détériorée jusquà la mort. La belle sur
    survivante, en y faisant allusion avec moi,
    voulait se référer à des milliers dautres
    femmes qui nosaient pas encore se montrer,
    ficelées quelles étaient par la honte, les
    coutumes, la culture.

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Un mot sur le contexte (suite)
  • Nul ne parlera ni ne connaîtra jamais le précis
    nombre précis de vies achevées lâchement par
    leurs agresseurs après capture et viol ou
    laissées mourir dans leur sang et la douleur
  • Des femmes qui, après le viol pluriel, se sont
    retrouvées avec des prolapsus du col de lutérus
    ou à perdre des urines sans arrêt  cest tout
    simplement une mort sociale qui leur a été
    infligée car, bien quelles respirent encore, il
    leur est refusé laccès à la vie des vivants, la
    vie sociale et familiale à cause de lodeur
    quelles dégagent, désagréable pour elles mêmes
    et pour leur entourage   mes enfants et mon
    mari sont dégoûtés de moi , a confié un jour une
    femme en entretien.

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Dans lattente et lespoir dune intervention
chirurgicale qui pourrait changer leur vie dans
un hôpital au S.Kivu
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Un mot sur le contexte (suite)
  • Il faut dire que le viol a cette capacité de
    détruire, de réduire lauto-estime de la personne
    et ternir la perception même quelle a de soi.

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2. Que sest il passéen RD Congo ?
  • Il est désormais hors de doute que les guerres
    qui frappent la RDC depuis 10 ans sont des
    guerres dagression, venues de lextérieur, même
    si elles ont connu le soutien et la complicité de
    certains congolais.

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Que sest il passéen RD Congo ? (suite)
  • Lentrée de Laurent Désiré Kabila1 par lEst,
    en octobre 1996 sest opéré en pleine présence
    des réfugiés Rwandais qui avaient fuit eux-mêmes
    depuis 1994 les hostilités dans leur pays. Les
    camps des réfugiés ont été détruits, faisant des
    milliers des victimes parmi la population
    Zaïroise ainsi que parmi les réfugiés eux mêmes.
    Les survivants ont trouvé refuge dans les forêts
    épaisses de lEst.
  • 1 Laurent Désiré Kabila, Président de la
    République Démocratique du Congo 1997-2001, a
    succédé au Président Mobutu, déjà affaibli et
    quil a chassé par les armes, à la tête dun
    mouvement rebelle dénommé   Alliance des Forces
    Démocratiques pour la Libération  A.F.D.L.

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Que sest il passéen RD Congo ? (suite)
  • Loccupation de lEst par le Rwanda en 1998 à
    travers le mouvement rebelle RCD  Rassemblement
    Congolais pour la Démocratie  visait, entre
    autres choses, lanéantissement des réfugiés
    survivants et dont la présence, semble t-il,
    était une menace pour la stabilité du Rwanda.
    Dans les villages, les formations sanitaires sont
    la cible privilégiée des assaillants. Ils pillent
    tout à leur passage, matériel comme produits
    médicaux.

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Que sest il passéen RD Congo ? (suite)
  • Le plus dur des souffrances endurées par
    populations rurales à lEst, en termes
    dinsécurité physique et psychologique et leurs
    conséquences remontent à cette époque. Le
    découragement a gagné certains, jusquà les
    porter à fuir le milieu, les hommes comme les
    femmes. Jusquà présent, dans plusieurs villages
    les gens passent la nuit dans la brousse où ils
    espèrent être à labri des attaques nocturnes.
    Exposés aux intempéries, les femmes et les
    enfants sont les plus affectés par les maladies
    de toute sorte.

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Que sest il passéen RD Congo ? (suite)
  • Lexercice des activités commerciales tout comme
    les travaux des champs, exposent aussi les
    habitants des villages à des innombrables
    risques, allant même jusquà la mort. Des
    barrières des militaires sont érigées presque à
    chaque km parcouru, rançonnant les gens et
    nhésitant pas, par moment à violer les femmes et
    jeunes filles qui passent. Plusieurs victimes ont
    reporté davoir été violées aux barrières des
    militaires et dans leurs champs.

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Que sest il passéen RD Congo ? (suite)
  • Ces propos sembleraient paradoxaux au moment où
    la RDC vit une période qui, de lextérieur, est
    définie  post-conflits  après la transition et
    lorganisation des élections libres et
    transparentes!
  • Oui, la paix nest pas lapanage de tous,
    malheureusement !

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3. Quelques chiffres
  • Des rapports estiment aujourdhui le nombre de
    femmes et petites filles violées depuis le début
    de la crise entre 30.000 et 40.000.
  • Des chiffres qui parlent par eux-mêmes,
    dirait-on, mais auxquels le monde semble
    tellement shabituer.
  • Parmi les survivants, 90 de la population
    croupissent dans une misère sans nom et ne sont
    pas à mesure de se payer un seul repas par jour

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Quelques chiffres (suite)
  • Dans les zones encore à conflit, à lEst, il
    demeure difficile dévaluer les dégâts à cause de
    linaccessibilité des milieux laissant ainsi des
    populations enclavées avec des conséquences sur
    des personnes nécessitant des soins de santé et
    autres formes dassistance.
  • En RDC chaque jour laisse mourir 1200 personnes 
    victimes de faim, de maladies comme le paludisme,
    le cholera, le VIH/Sida, des traumatismes
    physiques et psychologiques, etc. que de mal,
    pourtant évitable

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4. Les faits
  • Les actes de barbarie sont commis indistinctement
    sur des femmes dont lâge va de 4 à 80 ans. Cet
    indicatif nest cependant absolu car dans
    certains cas, des nourrissons de moins dun an
    ont été sauvagement violés. Ce cas sest vérifié
    aussi dans la guerre de Bukavu en 2004 avec les
    militaires dits de Nkundabatware et Mutebusi

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Les faits (suite)
  • Ils prennent différentes formes selon quil
    sagit de
  • Viol systématique
  • Viol quotidien
  • Viol de punition
  • Viol accidentel

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Les faits (suite)
  • Viols systématiques où les femmes sont toutes
    systématiquement violées, avant ou après le
    pillage des villages. Par exemple, lors de
    lattaque de leur village de Kabona à Ninja dans
    le territoire de Kabare, toutes les femmes qui
    sétaient réfugiées dans la brousse en fuyant les
    hostilités ont été systématiquement violées,
    chacune par 2 hommes ou plus, au mois daoût
    2003.

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Les faits (suite)
  • Un village du territoire de Walungu, a connu le
    viol de ses femmes au mois de juin 2003 lors de
    laffrontement entre les éléments du RCD et ceux
    de Mudundu 40. Dans certains villages on pourrait
    même avancer lhypothèse que toutes les femmes y
    ont été violées, avec des conséquences très
    graves qui se font déjà sentir, au niveau
    psychophysiologique, au niveau familial et
    communautaire.

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Les faits (suite)
  • Viols quotidiens où les femmes sont exposées à
    tout moment. Dans plusieurs villages, en effet,
    les femmes côtoient leurs violeurs presque
    quotidiennement. Il se passe alors comme un jeu
    de chance où elles peuvent ou non tomber entre
    les mains des bourreaux. Elles sont violées sur
    le chemin des champs, de la rivière, dans leurs
    maisons, au marché Cette situation plonge les
    populations dans un état dinsécurité et de
    psychose permanente.

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Les faits (suite)
  • Viols de punition où le sujet est violé par les
    agresseurs en réaction contre une situation
    donnée cest vous qui avez appelé contre nous
    vos militaires pour nous attaquer Cest vous
    qui avez fait fuir vos jeunes filles, Vous
    remplacerez les chèvres (ou vaches) que vous avez
    caché etc sentendent dire les victimes
    parfois, traduisant une situation de contrariété
    de la part des agresseurs.

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Les faits (suite)
  • Viol accidentel ici, le but premier nest pas
    celui de violer, de détruire la femme, mais
    en marge dautres violences perpétrées par les
    agresseurs cela se passe par exemple lorsque, le
    sujet est trouvé sur le passage dun groupe
    emportant le butin après le pillage, ou en fuite,
    etc. et cest souvent en dans lempressement.

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Les faits (suite)
  • Selon les témoignages des victimes, nous
    constatons que chaque groupe armé se distingue
    par certaines habitudes qui lui sont propres,
    selon les milieux où il opère. Cest ainsi que
    lon constate la fréquence des cas de viol commis
    par les milices Hutu surtout la nuit, dans les
    zones avec la présence des militaires de lex
    mouvement rebelle du RCD. Dans dautres zones
    comme Ninja, ils opèrent même le jour, agressant
    les femmes dans leurs champs. Les mêmes
    caractéristiques sont endossées par les éléments
    du groupe Mai-mai. Les éléments du RCD, quant à
    eux, opèrent à tout moment de la journée et de la
    nuit dans les zones quils  contrôlent .

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Les faits (suite)
  • Les déclarations des femmes victimes des
    territoires dUvira et Fizi font mention des
    éléments du FDD, FDLR, RCD, FARDC, et Mai-mai.
    Les femmes sont pour la plupart violées au cours
    de la journée, dans les champs ou sur le chemin.
    Cela se passe aussi souvent dans un contexte de
    pillage dans les villages.

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Les faits (suite)
  • Les jeunes filles et femmes sont enlevées et
    emportées dans la forêt où elles séjournent de 2
    semaines à 4 ans. Elles sont contraintes à
    lesclavage sexuel et aux travaux forcés.
    Quelques fois elles doivent endurer la brutalité
    de plusieurs hommes. Plusieurs tombent enceintes
    durant cette période. Certaines dentre elles
    sont même tuées.
  • 90 des filles enceintes ou accouchées ont subi
    lenlèvement.
  • Il se pose un problème réel de réinsertion de ces
    victimes et de leurs enfants qui naissent du
    viol. La misère extrême que vivent ces femmes les
    expose à la stigmatisation.

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5. Quelques conséquences
  • En 2005 au SEAFET/Centre OLAME, sur un total de
    1251 FT reçues,
  • 50 sont venues en étant enceintes de viol,
  • 111 avec leur bébé issu du viol,
  • 151 dont les maris avaient été tués le jour du
    viol,
  • 146 couples séparés suite au viol,
  • 15 cas dinfection au VIH / Sida et 45 autres
    référés pour soins spécialisés.

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Des auteurs
  • Restant sur les données relatives au nombre des
    victimes reçues au SEAFET pour lannée 2005 et
    nous référant à leurs déclarations, au total 3149
    hommes ont violé un nombre de 1251 victimes. Ces
    agresseurs sont répartis de la manière suivante
    avec des pourcentages
  • Rwandais de la forêt 2752?87.3
  • FARDC 294?9.3
  • Hommes de Nkundabatware 71?2.2
  • Mai-mai_8?0.2
  • Autres (y compris civils) 24?0.7

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Quelques conséquences (suite)
  • Rien que ce coup dil rapide, nous pouvons nous
    rendre compte de lénormité des dégâts et
    réaliser combien les violences sexuelles
    perpétrées à lEst de la RDC sont vraiment une
    arme de destruction massive (Coalition Contre
    les Violences Sexuelles en RDC, 2002)

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6. Voies des sorties
  • Lors du premier tour des élections en RDC, le 31
    juillet 2006, nous avons découvert, à lEst de la
    RDC, un peuple mûr et conscient de son choix.
  • Formé à lécole de la souffrance, ce peuple dit
    non à la guerre sous toutes ses formes et appelle
    de tous ses vux lavènement de la paix.

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Voies de sortie (suite)
  • Cette paix est conditionnée par la maturité des
    dirigeants qui soient humains et interprètes des
    aspirations du peuple.
  • La Communauté internationale a un rôle important
    dans laccompagnement et laboutissement heureux
    du processus électoral ainsi que de la mise en
    place des institutions démocratiques.

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Je vous remercie!
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