Title: HPE ET DEBATS CONTEMPORAINS
1HPE ET DEBATS CONTEMPORAINS
- Cours de première année IEP
- semestre 1
2PLAN du cours
- Voir le plan-syllabus qui vous a été distribué
- Quelques commentaires
3I. INTRODUCTION
- HPE, épistémologie et méthodologie de la science
économique
4I.1. Quest-ce que lHPE? Quest-ce que la
science économique?
- Comment situer lHPE comme discipline par rapport
à lensemble des domaines des sciences
économiques? - Y a-t-il un intérêt autre qu esthétique à
pratiquer lHPE? - Comment allons-nous lenseigner?
5Définitions Economie, économie politique,
sciences économiques
- Economie OIKOS (maison) et NOMOS (loi)
- Chrématistique dAristote (Khréma richesse)
- Economie politique . A partir de
Montchrestien, 1615 - Politique commence à avoir le sens de
cité (société dans son ensemble) plutôt que
gestion des affaires publiques - Sciences économiques une discipline
universitaire relativement jeune - 1817 JB Say fonde lESCP et y développe le
premier vrai enseignement déconomie politique en
France - Décret du 26 mars 1877 introduit léconomie
politique en deuxième année des études
juridiques. 1896 création dune agréation
déconomie politique - Autonomisation vis-à-vis du droit ne samorce que
dans les années 1930
6Définitions (suite)
- (1) La science qui étudie le comportement
humain comme une relation entre des fins et des
moyens rares qui ont des usages alternatifs (L.
Robbins, 1932, An Essay on the Nature and
Significance of Economic Science). - (2) Léconomie est létude de la façon dont
lhomme et la société choisissent, avec ou sans
recours à la monnaie, demployer des ressources
productives rares qui sont susceptibles demplois
alternatifs, pour produire divers biens de la
consommation présente ou future des différents
individus et groupes qui constituent la
société. , Paul Samuelson - (3) Étude des mécanismes de production, de
consommation et d'échange dans une structure
sociale donnée et des interdépendances entre
cette structure et ces mécanismes , Jacques
Attali
7(1) et (2) des définitions à la fois trop
restrictives et trop impérialistes?
- Trop restrictives
- Exemple les célèbres définitions de Robbins et
Samuelson renvoie à un paradigme particulier des
sciences économiques lécole néo-classique - Trop impérialistes
- Une tendance à vouloir tout expliquer avec les
hypothèses de léconomie?cf. la définition de
Robbins.
8Comment en sortir?
- Vouloir donner une définition particulière de la
science économique cest vouloir imposer une
école de pensée - Si je définis mon objet comme l'étude de
l'affectation par un individu de son revenu aux
différents biens qui lui sont proposés, j'aboutis
à l'équilibre du consommateur de la théorie
marginaliste. De même, si je le définis comme
l'étude des conditions dans lesquelles s'effectue
la répartition salaires/profits dans une économie
capitaliste, j'aboutis à une théorie des prix de
production, néoricardienne ou marxiste selon les
hypothèses supplémentaires faites. Claude
Mouchot, Pour une éthique de lenseignement de
léconomie , p. 3. - http//www.btinternet.com/pae_news/Mouchot1fr.htm
- LHPE intervient comme discipline nécessaire à la
connaissance de cette diversité et son ambition
est de donner aux économistes ouverts la
capacité de tirer partie de cette diversité pour
mieux appréhender les phénomènes économiques.
9LHPE marginalisée?
- Une discipline de moins en moins enseignée dans
les formations anglo-saxonnes et même françaises - Une branche de la recherche universitaire en
sciences économiques assez peu en vogue
aujourdhui - Pourquoi?
10Une réponse fréquente
- A quoi bon connaître et enseigner des théories
obsolètes, voire fausses? - Conception 1 Progrès vers une unité et unicité
des sciences économiques
Une réponse moins fréquente
- La science économique reste politique les
courants dominants tendent à vouloir faire
oublier les courants hétérodoxes - Conception 2 Economie politique
11Conception 1 gt une vision restrictive de lHPE
- HPE utile seulement pour
- Faire la part de lhéritage
- Éviter de tourner en rond en faisant de fausses
découvertes - En conséquence
- Se limiter à lHPE contemporaine et aux très
grands auteurs classiques
12Nous allons maintenant tenter de justifier une
vision plus large de lHPE, comme enseignement et
comme domaine de recherche
13I.2. Orthodoxie, hétérodoxie et HPE
- La science économique progresse, ne nous
retournons pas - Une vision qui arrange le paradigme dominant
(néo-classique) où lon considère - Que le problème de la valeur est résolu
- Que lindividualisme méthodologique est la seule
méthode possible en économie - Que (donc) la distinction macro/micro na plus de
sens - Que lhypothèse de rationalité est la seule
admissible
14I.2. (Suite)
- Il existe pourtant des hétérodoxies fécondes et
dynamiques - Les post-keynésiens
- Les néo-ricardiens (sraffaiens)
- Les marxistes
- Lécole de la régulation
- Les institutionalismes
- etc.
- Chacune de ces écoles alternatives peut-être
reliée à des pensées antérieures au
néo-classicisme tel quil sest développé dans
les années 50
15I.3. Lambiguïté de la notion de progrès des
sciences économiques
- LHPE perd beaucoup de son utilité sil existe un
progrès quasi-linéaire des sciences économiques. - En effet, il sagit alors seulement de connaître
les errements du passé pour éviter de les
reproduire - Il y a bien eut des progrès décisifs au 20ème
siècle sur - Lanalyse du rôle des anticipations/La
compréhension des interactions stratégiques/Lanal
yse de lémergence et de linfluence des
institutions/etc. - Mais
16I.3. (Suite)
- Des pans entiers du savoir économique sont encore
incertains et soumis à des débats déjà anciens - La théorie monétaire
- La mesure du capital, de la productivité et des
richesses produites - Main invisible versus effets de composition
- Question de la coordination des actions
économiques - Nature de lhomo economicus
- Etc.
17I.4. Recherche, politique économique et HPE
Peut-on produire des connaissances dans
lignorance des savoirs passés?
- Un exemple linterrogation, à la mode, sur la
Nouvelle économie - On y retrouve un problème récurrent de lanalyse
économique la mesure du capital - La diffusion des TIC a-t-elle généré des gains de
productivité? Si oui, quel impact peut-on en
attendre sur la croissance, sur lemploi? - Pour répondre à cette question, on se heurte à un
sérieux problème de mesure
18I.4. (Suite)
- Productivité définie à partir de la vision
néo-classique de la production - Production YF(K,L) et productivité du travail
yY/L y est une fonction croissante de K - Lorsque lon remplace les hommes par des
ordinateurs, la productivité du travail augmente,
jusquà ce que cette forme de substitution
capital/travail prenne fin - Donc phénomène pas durable sil ny a pas
dautres sources de croissance de la productivité - Définition Gains de productivité globale des
facteurs (PGF) ou résidu de Solow toute
augmentation de Y non due à une ? de K ou L
19I.4. (Suite)
- Débat les TIC ont-elles engendré des gains de
PGF et donc une modification durable du rythme de
la croissance (potentielle)? - Pour répondre il faut être capable de mesurer
correctement la contribution du capital TIC à
la croissance de la production et retrancher
cette contribution pour obtenir le résidu de
Solow . - Or la mesure dun stock de capital (TIC) agrégé
est très problématique à cause de ce que lon
appelle les PARADOXES DU CAPITAL
20Les paradoxes du capital
- Peut-on définir un volume K de capital physique
agrégé? NON - Wicksell (1901, Lectures on Political Economy)
- Chaque bien capital particulier est mesuré en
une unité étrangère à elle-même - 1950-1960 on reconnaît que lhétérogénéité des
biens de capital interdit dutiliser une fonction
de production agrégée du type YF(K,L)
CONTROVERSE DES DEUX CAMBRIDGE - Pourtant une telle fonction fut largement
employée dans les années 50 par les théoriciens
de la croissance et encore aujourdhui dans le
débat sur TIC et croissance .
21- Le débat récent sur la nouvelle économie a été
complètement pollué par ce problème de mesure du
capital - Mesure du capital TIC au coût des facteurs
ou au service rendu ? - Expl. Si la qualité des ordinateurs saméliore,
la mesure au service rendu saccroît mais pas
celle au coût des facteurs - La contribution du capital informatique va
dépendre de la mesure choisie et donc la mesure
de la PGF aussi - ? On aurait gagné beaucoup de temps si les
économistes du début du 21ème siècle avait eu
connaissance des analyses de Wicksell et de la
controverse des deux Cambridge .
22I.5. HPE et rôle de l histoire dans les théories
économiques
- Pas de modèle universel et atemporel du
fonctionnement économique - Si la connaissance économique peut être
a-historique, alors il y aura une fin à l HPE - Si ce nest pas le cas, alors lHPE vivra tant
que vit la discipline
23Exemples de théories économiques historiquement
situées
- Quesnay et les physiocrates
- Marx plus-value et exploitation
- Liée à une époque où la croissance a lieu
principalement dans le secteur secondaire, dans
un contexte dextension du salariat - Aujourdhui tertiarisation de léconomie
extension de lactionnariat - TQM de Say et Ricardo à I. Fisher toujours
liée à un certain mode de fonctionnement de
lémission monétaire et dépendante de
lajustement de loffre et de la demande de BS - Keynes théorie de la demande effective on l a
crue morte dans les 70 et elle revient en force
au début du 21ème siècle
24I.6. HPE et épistémologie de la science économique
- Les théories des sciences physiques des
théories changeantes dune réalité permanente
? exemple de lastronomie - Les théories économiques des théories à la fois
changeantes et récurrentes dune réalité
changeant avec lhistoire des sociétés - Donc lhistoire de la pensée économique est aussi
une histoire de lobjet de la science économique
qui se redéfinit avec lévolution des pensées
économiques
25- Lhistoire de léconomie politique nest
pas discontinue, et pourtant elle nest pas non
plus continue elle nest jamais refondée, et
pourtant les théories qui la jalonnent
redéfinissent toujours leur objet et leurs
méthodes. elle laisse apparaître une lutte
sempiternelle de théories contradictoires ces
théories ne meurent jamais, patientant, enfouies,
pour ressurgir dominantes et renforcées R. Di
Ruzza, p. 14
26I.6. (Suite Epistémologie? Petit rappel)
- J. Piaget En première approximation, létude
de la constitution des connaissances valables - J.-L. Lemoigne 3 questions dans lépistémologie
- Question gnoséologique quest-ce que la
connaissance? Quest-ce qui est à connaître? - Question méthodologique comment la constituer?
- Question éthique comment apprécier sa valeur?
27Ce qui est à connaître
- La réponse de la science économique depuis A.
Smith - Expliquer loccurrence dun ordre dans
léconomie alors quelle est motivée par
lintérêt personnel et contrôlée par un très
grand nombre dagents différents , Arrow Hahn,
General Competitive Analysis - i.e. problème de la coordination des actions
économiques dans les économies individualistes - NB1 sans doute pas de définition absolue de
lobjet de la connaissance économique (ici
économies capitalistes/individualistes) - NB2 il existe un conflit ontologique sur la
nature de cet objet de connaissance
positivisme-réalisme versus constructivisme. Ce
conflit implique un conflit des méthodes
28(Néo-)positivisme versus constructivisme
- Comte des énoncés qui doivent porter sur des
faits (et non sur des jugements de valeur) et
partir des faits - Dabord une méthode inductive (Comte,
néo-positivistes du cercle de Vienne) - Mais critiquée par Popper gt néo-positivisme
rapport à lexpérience ne doit plus être inductif
(confirmation) mais déductif (réfutation)
29Comment le connaître? Le conflit des méthodes en
sciences économiques
- Une méthode inductive et constructiviste (Piaget,
Duhem, Bachelard, etc.). Un exposé en est donné
par Clower et Howitt - Partir des faits stylisés pour déterminer des
problèmes empiriques - Construire des modèles qui sauvent ces
phénomènes (Duhem) - Si léconomie doit se contenter dêtre une
subdivision des mathématiques qui utilise une
terminologie particulière, alors elle ne mérite
pas dexister Clower Howitt
- Méthode néo-positiviste une méthode
hypothético-déductive - Procéder par construction abstraite (monde
virtuel) puis par réfutation empirique - Inspirée du positivisme comtien et du
néo-positivisme poppérien - Suppose quil existe une réalité indépendante de
la théorie à laquelle celle-ci peut être
confrontée - Popper Friedman ( tout se passe comme si )
30Comment apprécier la valeur des connaissances
produites par les sciences économiques?
- Valeur
- rigueur de la démonstration mathématique
-
- résistance à la falsification empirique
- Valeur
- réalisme des hypothèses
-
- Résistance à la falsification
-
- Caractère opératoire des connaissances
31Un représentant célèbre du positivisme en
économie M. Friedman
- 1953, Essays on Positive Economics, University of
Chicago Press - Les hypothèses (rationalité maximisatrice, etc.)
nont pas besoin dêtre réalistes le seul test
pertinent de la validité dune hypothèse est la
confrontation de ses prévisions avec
lexpérience - Tout se passe comme si exemple de la
densité des feuilles sur un arbre ou du joueur de
billard. Tout se passe comme si les managers
étaient rationnels même si ça nest pas vrai
argument de la sélection naturelle
32Positivisme de M. Friedman (Suite)
- Problème si le tout se passe comme si est
falsifiable en sciences physiques, il nen est
rien en économie - Exemple on peut toujours arguer quil y a du
chômage non pas parce que la théorie
néo-classique est fausse, mais parce que des
frictions empêchent les prévisions du modèle de
se réaliser - Glissement permanent dune prétention positive à
une posture normative sur les hypothèses
33CONCLUSION DE LINTRODUCTION
- Intérêt de lHPE comme enseignement
- Intérêt de lHPE comme domaine de recherche
- Ne plus parler de la science économique mais
des sciences économiques - Ce nest pas parce que lon prévoit mal que lon
nest pas scientifique - Contre-exemple les charlatans prévoient très
bien - Il existe aussi des énigmes et erreurs de
prévision dans les sciences dites dures - L abstraction mathématique nest pas suffisante
et peut-être pas non plus nécessaire pour
garantir la scientificité de l analyse économique