Douleur morale

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Douleur morale

• Dr Bélaïd Herbane

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• Et de longs corbillards, sans tambours ni
  musique, Défilent lentement dans mon âme
  l'Espoir, Vaincu, pleure, et l'Angoisse atroce,
  despotique, Sur mon crâne incliné plante son
  drapeau noir
• C. Baudelaire

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• Décrite par T. Lemperière comme une perte de goût
  de la vie une tristesse foncière faite tout à la
  fois d'ennui de regrets et de désespoir. Rien ne
  peut réconforter le malade muré dans son malheur
• Pour H. Ey c'est un symptôme de la mélancolie
  fait dautodépréciation dauto-accusation
  dautopunition de culpabilité secondaire à la
  dépression.
• Pour les psychanalystes il y a libération de
  l'agressivité et de l'hostilité par perte de
  pulsion d'amour. L'agressivité est retournée
  contre soi dans une attitude d'anéantissement du
  moi.
• A. Porot fait une description physique du sujet
  atteint de douleur morale et le décrit ainsi 
  Attitude prostrée, gestes rares, indécis,
  empreint de lassitude, faciès douloureux,
  commissures labiales tombante, regard morne,
  front creusé, oméga frontal, voix pale monocorde
  à peine audible

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• C'est une sensation de souffrance psychologique
  pénible et désagréable liée ou non à un événement
  traumatisant. C'est une expérience émotionnelle
  dont chacun réagit avec son histoire, son passé,
  ses possibilités relationnelles, ses liens
  familiaux, sociaux, son sens de la vie, sa
  spiritualité et sa culture.
• La douleur morale est l'élément essentiel de la
  mélancolie mais ne fait pas à elle seule la
  mélancolie.
• Dans la douleur physique il existe une lésion
  anatomique dans la douleur morale la "lésion"
  est au niveau mental, au niveau de l'équilibre
  psychique du sujet endommagé par des
  perturbations endogènes ou exogènes.
• La douleur morale nécessite d'être distinguée de
  la douleur psychique qui est une douleur
  subjective physique ressentie par le malade sans
  atteinte organique.
• J'éviterais de disserter sur la mélancolie et les
  états dépressifs en général devant une assistance
  constituée de spécialiste de la santé mentale et
  je me confinerais à rapporter certains aspects
  observés dans le domaine de la souffrance morale
  que nous, psychiatres, sommes appelés à prendre
  en charge.

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• Ami remplis mon verre
• Encore un et je vas
• Encore une et je vais
• Non je ne pleure pas
• Je chante et je suis gai
• Mais j'ai mal d'être moi
• J Brel

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Événements traumatisants

• Quel qu'ils soient les événements
  dramatiques rendent la vie détestable. Leur
  survenue, leur répétition et même leur
  remémoration torturent lindividu et peuvent
  engendrer des troubles dépressifs.
• Qu'il s'agisse d'abondons, de séparations,
  de décès d'un proche la blessure est
  psychiquement douloureuse. Tout au début elle
  peut générer des "crises" spectaculaires de
  pleurs, des pertes de connaissance avec ou sans
  convulsions, de lagressivité, des états de
  stupeur et même des conduites suicidaires.
  Certains sujets se mutilent, se griffent le
  visage, déchirent leurs vêtements, crient de
  douleur, poussent des gémissent plaintifs,
  blasphèment, et par moment deviennent agressifs
  envers l'entourage sans distinction. A ce propos,
  A Porot, dans son style particulier, a relevé que
  le nord africain dans une telle situation dirige
  son agressivité sur autrui et non sur lui même
  contrairement à l'européen. Plus rarement et
  paradoxalement des crises de rire ont été
  observées (Rire pour ne pas pleurer).
• Les plaintes somatiques sont fréquemment
  mises en avant comme de véritables appels au
  secours pour dissimuler la douleur morale
  considérée culturellement comme signe de
  faiblesse.
• Certains individus ne montrent rien de leur
  douleur, elle peut rester soigneusement masquée
  derrière un comportement en apparence normal.
  Dans nos contrées les hommes se cachent pour
  pleurer.

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• Qui a dit quun homme ne pelure pas quand il
  souffre?
• 
  Ait Menguelat

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Dévalorisation et échecs dans la vie

• Les événements malheureux peuvent se succéder
  impitoyablement. Des humains pour qui la vie ne
  fait pas de cadeaux, des misérables des humiliés,
  des opprimés, qui cumulent les échecs,
  développent de forts sentiments de culpabilité.
  La déchéance sociale peut induire des réactions
  de révolte contre les coups du sort et les
  injustices subies, mais ce qui prédomine cest
  une certaine forme de désespérance ou de
  résignation morne. Ces sujets sont en permanence
  soumis à des processus de dépréciation et ont
  tendance à se dévaloriser eux-mêmes dans une
  sorte de ressassement permanent. Les aléas des
  trajectoires sociales ont des incidences très
  différenciées suivant les âges et les sexes. Les
  capacités de faire face à leur situation sont
  très variables d'une personne à l'autre. Ils sont
  secoués par cette dynamique sociale qui leur fait
  violence et les rend violents contre eux-mêmes et
  les autres. Ils se débattent comme ils peuvent,
  et arrivent rarement à desserrer létau qui les
  étouffe. Laffaiblissement des liens de
  solidarité, les difficiles relations entre les
  individus, comme le sont les relations entre les
  générations et les sexes augmentent la
  vulnérabilité de cette population. Le terme
  "dégoutage" très usité dans ce milieu mérite une
  place dans le lexique de la langue arabe et ou
  française.

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• J'aurais dû venir au monde en mourant
• 
  J. Brel

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Déchéance physique

• Un esprit sain dans un corps sain. Il y va de
  soi qu'une déchéance physique ou une maladie
  grave est amèrement ressentie. A la douleur
  physique se greffe une souffrance psychologique
  surtout quand tout espoir de guérison est écarté.
  Le malade exténué par son état assiste impuissant
  à son déclin. La mort libératrice est désirée.
  Les somaticiens et particulièrement les
  cancérologues sont parfois confrontés à des
  demandes deuthanasie.

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Prise en charge

• Il est tout à fait naturel de souffrir dans
  des conditions particulièrement rudes. La force
  de la nature humaine réside dans son processus
  dadaptation qui lui permet de surmonter sa
  souffrance. Parfois on n y arrive pas pour des
  raisons de vulnérabilité personnelle ou pour des
  raisons liées à la nature même du traumatisme.
• La douleur morale isolée du cadre des états
  dépressifs francs et de la mélancolie en
  particulier nécessite t-elle une prise en charge?
  
• Toute souffrance humaine mérite attention.
• En tenant compte du contexte dapparition des
  symptômes il y a lieu de les traiter tout en
  évitant de les psychiatriser à outrance car
  fréquemment ces situations de crise sestompent
  spontanément.
• L'écoute et le soutien du sujet affligé par
  cette douleur sont fondamentaux. Ils peuvent être
  accompagnée d'hypno thérapie, de relaxation et
  dans des cas récalcitrants de chimiothérapie
  sédative.
• Parfois les phrases déjà faites prononcées,
  même sans conviction, dans des cérémonies de
  deuil peuvent être à elles seules réconfortantes.

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RELIGION

• La religion n'est pas une thérapie mais une
  croyance qui donne une armature plus ou moins
  efficace pour faire face aux aléas de la vie.
  Elle enseigne l'endurance, la résistance et
  l'espoir. Il est très aisé d'accepter son sort
  quand on n'y peut rien et se remettre au créateur
  en espérant des jours meilleurs

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M E R C I