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Fascisme, nazisme et stalinisme

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Title: Fascisme, nazisme et stalinisme


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Fascisme, nazisme et stalinisme
  • Sixième cours Propagande et société

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Sixième cours 
  • 1 Les contenus
  • 2 Les contenants
  • 3 Entre enthousiasme et rejet

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1 Les contenus
  • 1.1 La propagande fasciste
  • Le régime mussolinien mis plus de temps à
    organiser administrativement sa propagande.
    Jusquen 1937, un bureau de presse est
    responsable de la propagande, alors quà ce
    moment est créé un ministère de la culture
    populaire.
  • Justifiant lexistence de ces organes
    propagandistes, le régime considérait nécessaire
    davoir une organisation dédiée à la diffusion de
    la vérité concernant le fascisme et donc, à la
    réfutation des mensonges des ennemis.
  • Régime personnalisé, le fascisme met de lavant
    son Duce et les efforts propagandistes du régime
    mettent dabord laccent sur sa personne.

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Le Duce
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  • Père de la nation, la figure de Mussolini permet
    de rallier la population derrière le chef,
    lorsque celle-ci se met à critiquer les
    responsables du régime le régime et
    ladministration peuvent connaître des ratés,
    mais cest parce que Mussolini ne peut pas tout
    gérer lui-même.
  • La propagande mussolinienne présente le Duce
    comme une sorte de surhomme, même si par moment,
    il est aussi présenté comme un homme ordinaire.
  • Dans tous les cas, on met laccent sur sa force
    physique et son courage  les photos publiées de
    lui le montre skiant, nageant, combattant à
    lépée, etc. Passionné daviation, il est souvent
    montré en uniforme de pilote.
  • Le thème de lunité nationale fait partie des
    éléments idéologiques les plus constamment
    répétés. Le symbole du faisceau du licteur
    lui-même illustre précisément lidée selon
    laquelle lindividu isolé est beaucoup moins
    solide et puissant que lorsquil est en groupe.

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Le faisceau du licteur
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  • Dans le contexte de lentre-deux-guerres, cela
    est dautant plus approprié que le thème de
    lunité nationale face à lennemi extérieur a été
    utilisé abondamment au cours de la guerre. Se
    prétendant la continuité de cet effort national,
    le fascisme récupère le thème du nationalisme et
    se lapproprie. Contester le fascisme, cest
    aussi contester lunité italienne.
  • Cette exaltation de la puissance collective est
    aussi un rejet des valeurs libérales et de
    lindividualisme. Dans la foulée des guerres,
    cette idée de la supériorité intrinsèque du
    collectif sur lindividu prend tout son sens et
    est dailleurs abondamment utilisée.
  • Liée au collectif et à la nation, sinscrivant en
    plus dans une continuité historique, la référence
    à lempire est fréquemment mise de lavant par la
    propagande du régime, surtout dans le contexte
    des années 30, alors que le gouvernement se
    tourne vers lAfrique pour sétendre.

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 LItalie a enfin son empire 
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  • La mer méditerranée est évoquée par le régime en
    tant que Mare nostrum. Ici encore, le recours au
    faisceau du licteur va dans le sens dune
    appropriation par le régime fasciste de
    lhistoire romaine.
  • Le régime utilise aussi à partir des années 30 le
    concept despace vital. La politique impériale du
    pays est présentée comme le rétablissement de la
    grandeur passé du pays et comme une nécessité
    vitale pour le développement futur.
  • La nation italienne a donc besoin de plus de
    terres et plus despace, mais elle a aussi besoin
    de plus de membres la fertilité et la
    reproduction occupent une place très importante
    dans le discours propagandiste.
  • La  bataille des naissances  devient
    particulièrement importante au milieu des années
    30, alors que la guerre menace. Le Duce lui-même
    avait coutume de répéter que la maternité était
    la forme suprême du patriotisme féminin.

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  • À côté de ces thèmes positifs, la propagande
    mussolinienne a recours aussi à une foule
    déléments négatifs. Parmi les ennemis qui
    menacent la nation italienne, on compte dabord
    bien sûr le bolchévisme et le communisme, qui
    servent de repoussoir ultime.
  • Cest ainsi que la participation italienne à la
    guerre civile espagnole est présentée comme le
    devoir de résistance de lItalie au communisme,
    afin de sauver le pays de la  bête
    bolchévique .
  • Les attaques contre les États-Unis et son  mode
    de vie  sont également très fréquentes. Ici,
    cest encore une fois lindividualisme qui est
    visé et décrié.  Laméricanisme , cest-à-dire
    lindividualisme américain, est dépeint comme une
     tache de graisse qui se répand sur tous les
    aspects de la vie de lEurope .

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  • Enfin, un dernier thème négatif mérite dêtre
    mentionné, parce quil met laccent sur la
    spécificité du fascisme, réponse à la
    dégénérescence des sociétés occidentales  la
    démocratie libérale. Le régime semploie donc à
    démontrer la supériorité intrinsèque de
    lorganisation fasciste sur les systèmes
    politiques parlementaires.
  • Par voie de conséquence, la  culture
    bourgeoise , liée aux systèmes politiques
    libéraux, est constamment ridiculisée  poignée
    de main, costume-cravates, thé de cinq heures,
    etc., font partie de ces manifestations
    extérieures de la culture bourgeoise que le
    régime rejette. À ce titre, une exposition
    anti-culture bourgeoise fut même organisée en
    1937.

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  • 1.2 - La propagande nazie
  • Hitler sest personnellement intéressé à la
    question de la propagande idéologique et y a
    consacré quelques pages dans Mein Kampf. Il y
    pose entre autres les principes de base et les
    principaux objectifs.
  • Pour Hitler, la propagande doit toujours être
    orientée vers les masses et à ce titre, elle doit
    semployer à se mettre au niveau de celles-ci,
    précisément au niveau des moins intelligents des
    membres des masses. Elle doit sadresser non à
    lintelligence, mais aux émotions.
  • Clairement subjective, la propagande na rien à
    voir avec la vérité et ne doit  présenter que
    les aspects de la vérité qui vont dans le sens de
    son opinion , surtout que  les capacités de
    compréhension des masses sont très limitées et
    que leur entendement est faible .

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  • Dès son ralliement à Hitler au milieu des années
    1920, Joseph Goebbels devient le principal
    responsable de la propagande du parti et
    larrivée au pouvoir des nazis va marquer un
    accroissement de son rôle.
  • Le 11 mars 1933 est créé le ministère du Reich à
    lÉducation du peuple et à la Propagande.
    Modestes, le personnel et le budget du ministère
    vont croître au long des années 1930, passant de
    350 à 2 000 employés, et de 14 millions à 187
    millions de marks.
  • Le Führer occupe une place prépondérante dans le
    discours propagandiste. Mais cest autant le
    principe dun führer que LE Fürher qui est
    exalté, même si bien sûr, lappareil
    propagandiste nazi met de lavant la personnalité
    du chef de lÉtat et du mouvement.
  • La hiérarchie étant fondamentale, le
    führerprincip sapplique à toutes les
    organisations et lobéissance au chef est exigée
    dans toutes les organisations. Lobéissance au
    chef suprême à plus forte raison.

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Le führer
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  • Antiintellectuel, le nazisme fait de laction un
    principe moteur. La propagande accorde une
    attention à ce thème, qui passe entre autres par
    la glorification du sport.
  • À linverse, lors des autodafés de livres furent
    brûlés nombre douvrages  bourgeois  faisant
    lapologie de  lavachissement de lâme , comme
    les œuvres de Shakespeare.
  • La propagande nazie semploie aussi à exalter le
    sacrifice individuel et la mort  sacrificielle 
    et de nombreux films nazis en font lapologie,
    même dans les années 1930.
  • Le nationalisme est illustré par la promotion du
    Volkgemeinschaft, que lon peut traduire par
     communauté nationale . Ce concept est
    différent du simple nationalisme, qui prône la
    défense prioritaire des intérêts de la nation.

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  • Le Volkgemeinschaft fait appel à une conception
    mystique de la nation, dans laquelle les
    individus sont unis par une  âme nationale 
    plus grande que la somme de ses parties et qui
    justifie le sacrifice individuel.
  • Le Volkgemeinschaft fait dautre part appel au
    sang et au sol, conçus comme les bases de cette
    communauté. Le nazisme préfère la ruralité à
    lurbanité et se déclare favorables à un retour à
    la terre, donc à une conception plus
    traditionaliste de la communauté. Le travail
    agricole permet de mettre en évidence certaines
    valeurs du nazisme.
  • Quant au thème du  sang , il est mis en
    évidence par lensemble des travaux
    pseudoscientifiques portant sur la supériorité
    naturelle de la race allemande sur les autres,
    pendant quune littérature  accessible 
    semploie à démontrer aux lecteurs que lAllemand
    est porteur dun destin spécifique et unique.

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  • Le thème de la fertilité et de la maternité est
    aussi très présent dans les campagnes de
    propagande et permet de mettre en évidence
    plusieurs des thèmes évoqués précédemment.
  • Ayant pour objectif de nettoyer les terres slaves
    afin de les ouvrir à la colonisation allemande,
    les nazis semploient à stimuler la fertilité et
    la maternité des Allemandes et on considère que
    les familles de cinq enfants devraient être la
    norme.
  • La propagande nazie a aussi ses objets de haine,
    qui sont avant tout les peuples appartenant à la
    catégorie des sous-hommes. Sans surprise, les
    Juifs sont lobjet dune attention toute
    particulière.
  • Outre les reproches habituels de lantisémitisme
    européen de lépoque (peuple sans terre,
    individualistes, etc.), la propagande antisémite
    insiste sur le fait que les Juifs sont nuisibles
    et quils sont vecteurs de maladies infectieuses.

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Les Juifs et le typhus
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  • Les manuels scolaires à partir du milieu des
    années 30 renferment une grande quantité de ces
     informations , afin que les jeunes générations
    puissent comprendre la  logique  des lois de
    Nuremberg et lantisémitisme viscéral du régime
    en général.
  • Les autres cibles extérieures des nazis sont
    aussi dans la ligne de mire de Goebbels, au
    premier chef les Russes qui, en plus dêtre sous
    la domination des communistes, sont des animaux,
    des  bêtes devant être exterminées . La
    résistance des Soviétiques est tournée en
    dérision, alors quon lexplique par  lâme
    obtuse et bestiale  de la population russe.
  • Parmi les haines nationales des nazis, les
    Américains occupent une place particulière.
    Originellement proches des races supérieures, les
    Américains se sont éloignés de leur essence, de
    sorte que lAmérique est considérée comme une
    perversion de la culture européenne.

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  • Dès la prise du pouvoir, les communistes
    constituent le premier ennemi que les nazis vont
    semployer à abattre. Outre quà ce moment, le
    parti communiste allemand est la seule force
    politique capable de sopposer aux nazis,
    lorigine même de la théorie communiste permet
    aux nazis damalgamer matérialisme athée, Russie
    et  juiverie  dans le même ensemble conceptuel
    négatif.
  • Le nombre de groupes sujets de propagande
    négative par les nazis ne sarrête bien sûr pas
    là  les Polonais, les Tchèques, les Français et
    les Britanniques (variablement selon les époques)
    disputent ainsi lattention du ministère de
    Goebbels à dautres éléments comme
    lintellectualisme ou le capitalisme.

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  • 1.3 La propagande stalinienne
  •  
  • Lappareil de propagande de lURSS stalinienne
    est moins centralisé que chez les fascistes et
    les nazis. Ce nest pas quelle est moins
    présente, mais elle se structure différemment.
  • LURSS stalinienne a pour premier idéologue, non
    un proche collaborateur du chef (comme Gentile ou
    Goebbels), mais le chef lui-même. De sorte que
    les consignes en la matière viennent souvent
    directement du bureau du Petit père des peuples.
  • Plus diffuse, la propagande soviétique ne relève
    pas dune officine particulière et ce sont les
    différents ministères qui sont responsables de la
    diffuser. Cest la raison pour laquelle
    lappareil de censure stalinien est immense  le
    Glavlit, responsable de sassurer de lorthodoxie
    de tout ce qui est publié en URSS, emploie à la
    fin des années 1930 plus de 70 000 personnes.

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  • Si Staline na pas théorisé la propagande du
    régime, les principes à la base de sa pratique
    ressemblent à ceux dHitler  marteler des thèmes
    simples pour susciter des émotions fortes. Ces
    émotions peuvent être positives ou négatives,
    selon que lon veuille exalter quelque chose, ou
    au contraire le vouer aux gémonies.
  • La propagande soviétique a grandement évolué dans
    son contenu et sa forme entre larrivée au
    pouvoir des bolcheviques et la prise en main
    stalinienne de la fin des années 1920. Dabord
    impersonnelle, elle devient dominée par limage
    du chef.
  • Ainsi, le premier thème de la propagande
    stalinienne, cest Staline. Dans un premier
    temps, son culte est encadré dans celui des
     pères fondateurs  du régime, mais avec le
    temps, limage de Staline occupe de plus en plus
    de place. Il est représenté comme un bourreau de
    travail, qui consacre sa vie à son pays. Père
    sévère, mais juste, il veille sans relâche sur
    lURSS.

23
 Au Kremlin, Staline prend soin de chacun de
nous 
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  • À côté de ce culte omniprésent de la personnalité
    du chef, la propagande soviétique martèle
    certains thèmes positifs afin de mobiliser la
    population dans latteinte des objectifs fixés
    par le régime.
  • Le nouvel homme soviétique est abondamment
    dépeint dans les œuvres de propagande
    stalinienne. On y met laccent sur la
    cohabitation entre la force physique et
    lintelligence, qui doit permettre de contrôler
    les impulsions de la nature. Lesprit de
    sacrifice pour le bien de la collectivité dun
    Stakhanov est mis de lavant.
  • Lié aussi à ce thème, se trouve celui du travail
    et de la production. Dans un contexte où lUnion
    soviétique est considérée en retard sur les États
    occidentaux, toute la population est appelée à
    travailler sans relâche afin de permettre au pays
    de rejoindre ses concurrents dans le domaine
    économique. De même, les grandes réalisations du
    régime sont exaltées.

25
 À chaque jour, la vie devient plus gaie ! 
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  • Cette emphase sur le travail et leffort va de
    pair avec la mise à lavant-scène de la société
    future. Ainsi, cet univers utopique que le régime
    prétend être son objectif est dépeint sur les
    affiches, dans les manuels scolaires et dans les
    films produits par le régime. En attendant, les
    efforts de la population doivent être mobilisés
    dans ce but. Lindividualisme est conséquemment
    décrié.
  • Par ailleurs, la propagande stalinienne met
    laccent sur linternationalisme et lamitié
    entre les peuples. État extrêmement complexe dun
    point de vue ethnique, lURSS se situe aux
    antipodes de la conception nationaliste de lÉtat
    des régimes fasciste et nazi.
  • Cette faible importance du rôle de la communauté
    nationale trouve une illustration dans le fait
    que jusquen 1944, lhymne national soviétique
    est justement lInternational. Autre exemple,
    lutilisation du terme rossiski plutôt que
    rousski dans le nom de la RSFSR.

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  • De même, dans la propagande de guerre, la lutte
    des Soviétiques nest pas présentée comme une
    lutte contre les Allemands, les Italiens ou les
    autres, mais bien une lutte contre le nazisme et
    le fascisme  on distingue ainsi les peuples de
    lidéologie des dirigeants.
  • Conséquence de linternationalisme, lURSS se
    prétend éprise de paix et condamne la guerre
     impérialiste . Jusquau pacte
    Ribbentrop-Molotov qui est présenté à la
    population comme une mesure visant à garantir la
    paix.
  • Une bonne propagande ne saurait être
    exclusivement positive, surtout lorsquelle est
    utilisée pour expliquer les difficultés du pays.
    Tout comme le fascisme et le nazisme, le
    stalinisme se définit tout autant par ses ennemis
    que par ses caractéristiques propres.
  • Lennemi de la propagande soviétique est diffus.
    Corollaire obligé de lexaltation de lhomme
    nouveau, la haine de lennemi de classe joue un
    rôle très important.

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  • Au cours de la guerre civile, les ci-devants et
    les bourgeois sont présentés comme les ennemis,
    mais la victoire des Rouges impose une
    réévaluation ceux-ci ayant été défaits, ils se
    cachent désormais dans la société. Comment
    expliquer autrement que lexcellente direction du
    pays ne parvienne pas à réaliser les objectifs du
    plan? Le recours à un ennemi intérieur qui se
    livre à des actes de sabotage est fort utile.
  • Cest la raison pour laquelle on retrouve ce
    concept dennemis de classe dans toutes les
    grandes opérations diligentées par le régime 
    les koulaks sont des ennemis de classe, mais même
    danciens hauts dirigeants du pays sont en fait
    des ennemis.
  • Ces individus  corrompus  sont lobjet de
    toutes les haines et la propagande contre les
    koulaks, les ennemis du peuple, etc. semploie
    précisément à déshumaniser les ennemis du régime,
    en suscitant des sentiments de colère et de rejet
    dans la population.

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 Prudence ! 
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  • Si les peuples ne sont que rarement attaqués par
    la propagande, ce nest pas le cas des systèmes
    politiques. En fait, on présente souvent les
    peuples comme des victimes de ces systèmes.
  • De sorte quil ny a pas dantiaméricanisme en
    URSS, mais une haine tenace du système
    ploutocratique américain. De la même façon, le
    fascisme est dépeint comme un stade supérieur du
    capitalisme.
  • État athée, les sentiments religieux sont lobjet
    dune attention particulière de la propagande,
    dautant quils demeurent très importants dans
    les années 20 et 30. À ce titre, afin de lutter
    contre les préjugés religieux, une foule de
    publication sont créées, de même que certaines
    organisations de promotion de lathéisme, telle
    que la Société des sans-dieux.

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2 Les contenants
  • 2.1 Laffiche  laccessibilité dabord
  • Laffiche constitue lart propagandiste par
    excellence au début du XXe siècle. Il correspond
    au mode de vie et au degré de développement de
    sociétés en voie de développement intellectuel.
  • Laffiche est composée de deux éléments  une
    image et un texte. Très stylisée, laffiche de
    propagande illustre de façon simple et souvent
    caricaturale quelques éléments de contenu, appuyé
    par un texte court et simple, martelant en
    quelques mots une idée forte.
  • Les sociétés de lhémisphère nord au début du XXe
    siècle sont en voie dalphabétisation. Seulement,
    la majorité de ces gens sachant lire et écrire
    nont pas eu loccasion de faire des études très
    poussées.

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  • Ainsi, leur alphabétisation demeure superficielle
    et ils ne sont pas toujours en mesure de
    comprendre des idées complexes. Cest précisément
    à cette classe de la population quest destinée
    laffiche de propagande.
  • Les coûts de production de ce support
    propagandiste sont très faibles, ce qui en fait
    une  propagande de pauvres .
  • Laffiche ne réclame que très peu de moyens
    humains et techniques  un illustrateur, une
    imprimerie et des gens disponibles pour aller
    coller les affiches un peu partout. En fait, seul
    le slogan peint sur les murs est moins
    dispendieux, mais il est aussi moins efficace.
  • Sa localisation précise présente des avantages et
    des inconvénients. Ainsi, si elle ne peut être
    vue que par des gens passant sur le lieu où elle
    est affichée, laffiche peut cependant être
    collée presque partout, de sorte que sa
    visibilité peut être très grande si la campagne
    daffichage est puissante.

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  • 2.2 - Les médias  rejoindre les populations les
    plus diverses
  • Le rôle de la propagande écrite est fondamental
    dans les régimes à tendance totalitaire. Même
    avant la prise de pouvoir, le PNF, le NSDAP et le
    POSDR ont tous eu recours massivement aux
    journaux pour diffuser leurs idées. À ce moment,
    instrument de lutte, ils servent à critiquer les
    autorités en place et accessoirement, à mettre de
    lavant leur solution aux problèmes.
  • La prise du pouvoir change la dynamique, alors
    que les journaux, qui servent aussi à attiser la
    haine de lennemi de classe, de lennemi de race
    ou de lennemi de la nation sont surtout utilisés
    pour exalter le régime. Lesprit critique, qui
    nétait déjà pas très manifeste chez les
    principaux organes de presse des partis, cesse
    complètement dexister.

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  • La presse permet de rejoindre des populations
    diverses si on se donne la peine de mettre en
    place différents organes de presse spécifiques
    pour toutes les classes de population. Par
    rapport à laffiche, le journal a une vie utile
    plus grande. Il est souvent conservé par les
    lecteurs, qui peuvent sy référer.
  • Même si lobjectivité de ces médias est nulle,
    ils permettent dexpliquer des éléments plus
    complexes que laffiche, qui parle avant tout aux
    émotions en plus dinvectiver les ennemis de
    classe, les journaux soviétiques permettent de
    donner des arguments aux gens et de leur
    expliquer pourquoi il convient de les haïr. On
    parle ici davantage à lintelligence quà
    linstinct.
  • Antiintellectuels, le fascisme et le nazisme
    accordent une place moins grande aux médias
    écrits que le régime stalinien, qui fait de
    lalphabétisation un combat personnel.

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  • Le nombre de publications dans les années 1930
    sélève à plusieurs centaines. Outre les journaux
    sous le contrôle direct du gouvernement (comme
    les Izvestia) ou du parti (comme la Pravda), on
    trouve un grand nombre de journaux dédiés à des
    groupes spécifiques, comme la Krasnaïa zvezda, le
    journal de lArmée, ou la Komsomolskaïa pravda.
  • Il faut mentionner que toutes les républiques
    fédérées disposent dorgane de presse de lÉtat
    et du parti dans leur langue, ce qui accroit le
    nombre de publications.
  • La fusion du parti et de lÉtat est ici plus
    manifeste chez le nazisme et le fascisme, dans la
    mesure où, au lendemain de leur arrivée au
    pouvoir, les journaux des partis (Völkischer
    Beobatcher et Populo dItalia) deviennent en
    quelque sorte les organes de presse officiels de
    leur État respectif.

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  • Cela étant, ces deux grandes publications ne sont
    pas, ici non plus, les seuls journaux publiés et
    à côté de ceux-ci, on trouve aussi des organes de
    presse plus spécialisées.
  • À mentionner par exemple le Stürmer nazi, journal
    destiné aux masses qui est particulièrement
    utilisé pour attiser lantisémitisme, alors que
    le Das Schwarze Korps est, comme son nom
    lindique, destiné aux SS.

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  • 2.3 Les événements de masse
  • En application du principe selon lequel la
    propagande doit parler aux cœurs avant de parler
    aux têtes, les  grandes messes  idéologiques
    sont particulièrement prisées par les régimes à
    tendance totalitaire. En plus de rassembler la
    nation, ces événements permettent au régime de
    faire sentir à sa population sa force
    personnelle, mais aussi la force de la nation.
  • Dans le cadre des grands projets téléologiques de
    ces régimes, les rassemblements de masse
    permettent de motiver les populations et de
    présenter au monde extérieur le front uni du
    peuple et de ses dirigeants.
  • Hitler a particulièrement un faible pour ce genre
    de manifestations. Les congrès du parti à
    Nuremberg entre 1923 et 1938 jouent le rôle de
    vitrine de lunité du parti, puis après 1933, de
    la nation.

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  • Les Jeux olympiques de Berlin en 1936 ont joué
    aussi ce rôle de projection de la puissance
    allemande aux yeux du monde extérieur, tout en
    permettant aux Allemands eux-mêmes leur
    valorisation en tant que grande nation.
  • Les expositions publiques sont une autre
    technique utilisée fréquemment pour permettre la
    diffusion de masse des valeurs du régime.
    Mussolini appréciait particulièrement cette façon
    de rejoindre le peuple.
  • Puis il y a les grandes fêtes nationales, au
    cours desquelles on recourt systématiquement aux
    forces armées du pays, de même quaux
    organisations de jeunesse, qui servent à
    démontrer la puissance de lÉtat. La levée
    fasciste dans lItalie mussolinienne, qui
    symbolise la relève générationnelle du mouvement,
    appartient à cette catégorie.

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  • Chez les Soviétiques, ce sont les fêtes du régime
    qui donne loccasion de faire cette démonstration
    de force  fêtes de la révolution, fête des
    travailleurs, puis fête de la victoire après
    1945.
  • Et bien sûr, au fur et à mesure du développement
    du culte de la personnalité, lanniversaire de
    naissance de Staline occupe une place de plus en
    plus grande dans cet ensemble dévénements
    politiques. Cela devient particulièrement évident
    après 1945.

40
  • 2.4 Le cinéma
  • Au moment où se mettent en place les trois
    régimes étudiés, le cinéma commence peu à peu à
    simposer comme art. Son grand avantage en
    matière de propagande, cest quil ne nécessite
    aucune connaissance, ce qui en fait un art grand
    public.
  • Que ce soit par des longs métrages ou de courts
    films dactualités, le cinéma permet de rejoindre
    un public que la plupart des autres formes dart
    laissent indifférent.
  • Le cinéma a un grand défaut, qui est aussi un
    avantage  il nécessite de très importants
    moyens. LÉtat  totalitaire  concentrant les
    ressources financières du pays, ce nest pas un
    problème pour lui. Ainsi, le cinéma ne peut pas
    être utilisé par les opposants, qui peuvent
    placarder des affiches ou publier des ouvrages
    dopposition, mais ne peuvent pas tourner de
    films.

41
  • Si le régime mussolinien a peu eu recours à lart
    cinématographique pour diffuser son idéologie,
    Hitler et Staline sont en revanche de grands
    cinéphiles.
  • Hitler sintéresse au potentiel propagandiste du
    cinéma dès la fin des années 20. Avant même de
    prendre le pouvoir, il crée un département de
    cinéma au sein du NSDAP.
  • Par la suite, lensemble de lindustrie
    cinématographique et des moyens de production
    sera centralisé sous le contrôle de Goebbels et
    de son ministère de la propagande, alors quune
    association des producteurs de films patronnée
    par le parti-État est aussi mise en place.
  • Helene Bertha Amalie Riefenstahl est le plus
    connue des réalisateurs de lAllemagne nazie. Son
     Triomphe de la volonté , un film
     documentaire  filmé lors du congrès du NSDAPen
    1934 est en quelque sorte larchétype du film de
    propagande politique.

42
  • Si le cinéma nazi est particulièrement orienté
    sur la production de films exaltant le parti et
    lÉtat nazi, donc surtout son présent, le cinéma
    de propagande soviétique est différent,
    semployant à remodeler certains des événements
    de lhistoire de la Russie.
  • Sergueï Eisenstein est le principal réalisateur
    de films soviétiques exaltant la lutte
    révolutionnaire. Le Cuirassé Potemkine, mais
    surtout Octobre, prennent de très grandes
    libertés avec la réalité historique, mais cest
    justement ce que demande Staline  il ne sagit
    pas de films documentaires, mais bien de
    réécritures des événements quils relatent.
  • Le cas du Ivan Le Terrible est différent et dune
    certaine façon encore plus significatif des
    intentions du régime lorsquil en commande la
    production à Eisenstein. Personnage fondamental
    de lhistoire de lÉtat russe, Ivan le Terrible
    constitue de toute évidence lune des références
    historiques de Staline.

43
  • 2.5 - Les autres arts
  • Quelques mots sur les autres formes dexpression
    artistique, où larchitecture joue un rôle très
    important. Comme le cinéma, larchitecture, qui
    réclame aussi de très grands moyens, est utilisée
    pour illustrer la grandeur et la puissance des
    régimes en place.
  • Du côté des nazis, le nom à retenir est celui
    dAlbert Speer. Tout au long des années 30,
    Hitler sintéresse à laspect architectural de la
    reconstruction de lAllemagne et exige de
    larchitecture les mêmes choses que ce quil
    exige de la population  puissance et grandeur. À
    ce titre, les réalisations de Speer sont assez
    convaincantes, comme en témoigne le complexe de
    Nuremberg destiné à accueillir la grand-messe
    annuelle du NSDAP, qui peut réunir 340 000
    personnes.

44
Le territoire des congrès du parti à Nuremberg
45
Paris, 1937
46
Luniversité de Moscou
47
  • La sculpture compte aussi au nombre des arts de
    prédilection du IIIe Reich, pour les mêmes
    raisons que larchitecture, car cest aussi un
    art qui peut réclamer peu de connaissances pour
    savoir lapprécier.
  • À noter que Staline partage avec Hitler cet
    intérêt pour larchitecture et la sculpture. Les
    canons du réalisme socialiste dans ces deux
    domaines sont assez peu distincts de ce que lon
    trouve dans lart nazi, alors que laspect
    monumental et limpression de puissance qui sen
    dégage constituent les principales
    caractéristiques.
  • Même si le régime mussolinien sest aussi
    intéressé à larchitecture, il nen a pas fait un
    élément de propagande aussi manifeste, bien que
    certaines constructions de lépoque
    mussolinienne, clairement néo-classique, peuvent
    aussi être vues comme exaltant le passé glorieux
    de la Rome antique, qui est aussi un élément de
    propagande mussolinienne.

48
  • Pour le reste, en ce qui concerne lURSS
    stalinienne, lensemble de la production
    artistique se trouve solidement encadré par les
    dogmes du réalisme socialiste, dont la tâche
    nest pas de dépeindre la réalité telle quelle
    est, mais telle quelle devrait être.
  • Bien sûr, par voie de conséquence, tout ce qui ne
    cadre pas avec ces canons esthétiques est tout
    simplement rejeté comme étant bourgeois,
    individualiste ou cosmopolite, terme infamant de
    limmédiat après-guerre.
  • Dans les autres disciplines artistiques, la main
    du parti nazi est moins évidente. Ce nest pas
    quil ny a pas ici de critères esthétiques
    définis par le régime, mais le contexte
    particulier de lAllemagne hitlérienne, alors que
    de nombreux créateurs vont quitter le pays après
    1933, permet de ne pas être aussi attentif à la
    scène artistique. Ce nest bien sûr pas
    universel, mais ceux qui restent en Allemagne
    après 1935 partagent pour beaucoup le point de
    vue esthétique du régime.

49
  • Comme dhabitude, cest le régime mussolinien qui
    apparaît le plus ouvert ou à tout le moins, le
    moins contrôlant.
  • Ici encore, les critères existent et il est
    difficile de peindre, de publier ou de chanter
    une œuvre qui ne sinscrit pas dans le  génie
    romain , mais ce nest pas tant à cause de la
    contrainte que de labsence de réseau de
    diffusion à lextérieur du parti-État, car bien
    sûr le ministère de la Culture populaire accapare
    lensemble des réseaux de distribution.

50
3 Entre enthousiasme et rejet
  • 3.1 - Enthousiasme et neutralité
  • Les comportements des populations soumises aux
    régimes à tendance totalitaire sont variés.
  • Le principal écueil qui se dresse devant une
    compréhension des différentes attitudes est que
    notre univers mental du début du XXIe siècle na
    que peu de chose en commun avec le monde dans
    lequel ces populations ont vécu.
  • Pour nous, les projets téléologiques de ces
    régimes apparaissent impossibles ou dangereux. Il
    nous est difficile de croire que des peuples
    entiers, au moins partiellement alphabétisés, ont
    pu souscrire à de telles idées.

51
  • Les travaux portant sur les sociétés civiles
    témoignent dune forte adhésion populaire. Le
    problème est de comprendre les raisons de cet
    appui. La réaction spontanée est de mettre cette
    adhésion sur le dos de la peur quaurait éprouvée
    la population, ou encore sur le lavage de cerveau
    quaurait subi ces populations.
  • Cette peur existe, mais ne peut à elle seule
    rendre compte de cette adhésion. Même chose pour
    la thèse du lavage de cerveau  même si on sait
    quun nombre important de citoyens étaient peu
    alphabétisés, la présence parmi les soutiens aux
    régimes de gens appartenant au contraire à
    lélite intellectuelle de leurs sociétés pose le
    problème sous un autre angle.
  • Car comment supposer que lune des lumières de la
    philosophie allemande du XXe siècle, Heidegger,
    ait pu subir un lavage de cerveau, appuyé
    simplement par une campagne de propagande, aussi
    puissante soit-elle?

52
  • En dautres termes, si des gens aussi brillants
    quHeidegger ou Gorki ont pu souscrire avec
    enthousiasme, comment croire que la majorité
    silencieuse soit restée neutre ou dubitative?
  • La question est compliquée par la durée de vie de
    ces régimes  si la population allemande à la
    veille de la guerre semblait refroidie, quen
    était-il en 1937, alors que lAllemagne avait
    réglé ses problèmes de chômage et reprit sa place
    de puissance en Europe?
  • Lappui réel est difficile à évaluer. Nous
    disposons de peu de moyens pour connaître le
    pourcentage dappuis de la population  les
    quelques consultations politiques nayant pas été
    menées avec rigueur, les résultats nont pas
    vraiment de valeur scientifique.
  • Si les organisations sociales jouissaient dune
    réelle popularité, puisque que ladhésion était
    fortement suggérée ou obligatoire, on ne peut pas
    utiliser les statistiques pour avoir une idée de
    lappui réel.

53
  • Dans tous les cas, nous ne serons jamais en
    mesure dévaluer précisément la part de la
    population qui souscrivait aux idéaux des
    régimes.
  • Cela étant, la faiblesse de la dissidence et des
    mouvements dopposition est patente. Doù la
    nécessité dadmettre que la majorité de la
    population devait soutenir, ou au moins tolérer
    le régime.
  • Pour quelles raisons? La première est sans doute
    les succès, relatifs, auxquels sont parvenus ces
    régimes. Après le chaos politique et les crises
    économiques et inflationnistes des années 1920,
    est-il vraiment étonnant que les Allemands,
    peut-être sans souscrire totalement aux délires
    idéologiques, se soient satisfaits dun régime
    politique ayant résolu les problèmes de base?
  • Car, pour la majorité de la population, cest
    dabord la gestion de léconomie, de la société
    et de la politique qui importe avant tout.

54
  • Si elle mange normalement après avoir subi des
    conditions économiques épouvantables, comment
    sétonner que la population apprécie la
    stabilité, même si cela passe par un écrasement
    des libertés politiques?
  • La situation en Italie au début des années 1920,
    moins catastrophique quen Allemagne, est très
    difficile. La politique économique autoritaire de
    Mussolini, les grands projets de construction du
    régime, de même que, ici encore, la politique de
    grandeur nationale du Duce, peuvent expliquer le
    ralliement de la population.
  • Le cas soviétique est plus difficile à cerner,
    car les conditions de vie de la population en
    URSS en 1928 sont supérieures à celles de 1935.
    Pourtant, la population fait bloc derrière le
    régime et cest ici en fait que la dissidence et
    lopposition sont les plus faibles. Doit-on
    mettre cet appui sur lhabitude de populations
    soumises à un pouvoir dictatorial depuis toujours?

55
  • Cest sans doute une part de la réponse, et les
    conditions politiques de lURSS nont pour les
    Soviétiques rien dextraordinaire. Pour des gens
    pour qui, par expérience historique, pluralisme
    politique est égal à chaos social, la lourde main
    de Staline peut avoir quelque chose de rassurant.
  • Même que dun point de vue strictement
    économique, le stalinisme des années 30 présente
    un avantage par rapport à la NEP des années
    1920  le chômage nexiste pas. Les conditions de
    vie sont difficiles, mais elles le sont pour
    tous.
  • Et ici plus quailleurs, le projet très positif
    du régime, qui évoque la paix perpétuelle et la
    promesse de jours meilleurs paraît une raison
    suffisante pour comprendre lenthousiasme, ou au
    moins la neutralité bienveillante de la majorité
    de la population.

56
  • 3.2 - Dissidence et opposition
  • Cela ne veut pas dire que toute la population se
    range derrière le régime. Des intellectuels
    allemands ont rejeté le régime en quittant
    lAllemagne ou en opposant une sourde résistance.
    Mais les attitudes clairement négatives demeurent
    le fait dune minorité. Que le nazisme et le
    fascisme aient été défaits de lextérieur en dit
    assez long sur la force de lopposition
    politique.
  • Il convient de distinguer deux attitudes
    négatives possibles face à un régime politique
    le rejet passif et l opposition.
  • La dissidence consiste à ne pas sopposer de
    front à des régimes par essence violents, soit
    que lon craigne les conséquences pour soi et sa
    famille dune opposition directe, soit que lon
    nait aucun espoir quune action puisse avoir des
    impacts réels sur la situation.

57
  • Il sagit sans aucun doute de lattitude de la
    majorité des gens non favorables aux régimes.
    Cest sur celle-ci quont pu compter les
    Anglo-Américains en 1943.
  • Compte tenu des risques que fait peser sur un
    individu son implication dans un mouvement
    dopposition, il faut un grand courage et une foi
    inébranlable dans ses convictions pour aller de
    lavant lopposition franche est le fait dune
    infime minorité de la population.
  • Un autre élément doit être évoqué pour expliquer
    cette faiblesse dune opposition structurée  la
    nature de ces régimes fait en sorte que les
    moyens de diffusion et les méthodes
    traditionnelles utilisés pour fédérer des groupes
    sont tous entre les mains de lÉtat.
  • Pas de presse libre, pas dassociations à
    lextérieur des organisations officielles. Il
    devient impossible pour les opposants de  se
    compter . En URSS, la situation est compliquée
    par limmensité du territoire et la grande
    diversité des populations.

58
  • Cest en Allemagne que cette opposition
    structurée est la plus forte. Cependant, il faut
    constater que cest surtout la guerre qui va
    susciter une opposition se traduisant par les
    tentatives dassassinat contre Hitler.
  • Une fois détruite lopposition politique, ce
    nest que dans la clandestinité que tout
    mouvement dopposition structuré peut exister.
  • Inconnus de la population, ne disposant pas de
    moyens de faire connaître leur existence, les
    groupes doppositions sont peu nombreux et ne
    rallient que quelques dizaines de membres. Si
    lorganisation de la Rose blanche émeut par son
    courage et ses convictions, il faut constater que
    ses membres sont bien seuls.
  • En fait, même si lensemble des forces politiques
    a participé à différents groupes dopposition,
    cela demeure encore le fait dune minorité et
    cest dans larmée quHitler fait face à
    lopposition la plus structurée.

59
  • En Italie, où le contrôle du régime était plus
    faible, il faut constater une absence quasi
    complète dopposition organisée à lintérieur de
    lÉtat après laffaire Matteotti. Les opposants
    potentiels sont alors nombreux à quitter le pays,
    doù ils vont poursuivre leur opposition.
  • Comme en Allemagne, cest dans les hautes sphères
    quapparaît une opposition politique elle reste
    dans le cadre du PNF et ne survient quau moment
    où le régime chancelle, en application de la
    devise selon laquelle les rats sont toujours les
    premiers à quitter le navire. Tant que tout
    allait bien, il ny avait tout simplement pas
    dopposition à Mussolini dans le parti.
  • En URSS stalinienne, il ny existe à ce jour
    aucune trace dune opposition civile organisée à
    Staline. Louverture des archives du KGB à la fin
    des années 1980 a permis de se rendre compte dun
    sentiment dopposition diffus important dans la
    population, mais rien qui laisse supposer une
    organisation structurée.

60
  • Les propos de cuisine antistaliniens sont
    fréquents, si on en juge par les archives, mais
    cela demeure peu important eu égard à
    lassentiment général de la population.
  • Encore ici, cest à lintérieur du parti que
    lopposition relève la tête  dans la foulée de
    la catastrophe économique que fut la
    collectivisation, Staline est mis en minorité en
    1932 lors dun plénum du comité central. On sait
    en outre que jusquen 1935, il y existe une
    cellule trotskyste importante au sein de larmée,
    dans laquelle le maréchal Toukhatchevski joue un
    rôle important.
  • On connaît la suite  lÉtat-major militaire est
    saigné à blanc en 1937, alors quà partir de
    1934, les organes répressifs de lÉtat éliminent
    les  opposants  de 1932. Il faudra attendre que
    le Petit père des peuples soit mort pour quune
    réelle fronde contre son système puisse renaître.
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