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Comment se f cher avec 60 millions de personnes, en un bouquin En cherchant un titre ce qui suit, il en est un chouette qui me soit venu. – PowerPoint PPT presentation

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Title: Pr


1
Comment se fâcher avec 60 millions de personnes,
en un bouquin
En cherchant un titre à ce qui suit, il en est un
chouette qui me soit venu.  Pensées . Cétait
sobre, un rien prétentieux, mais ça en
imposait. Las, un certain Pascal lavait déjà
utilisé. Si, si, on me la certifié. Privé de ce
laconisme, pourtant bien pratique parce
quévocateur, jai songé un moment à  coup de
gueule . Cétait pas mal non plus. Moins classe
bien sûr, mais dynamique, agressif. Et bien vous
ne le croirez pas, Monsieur Cavanna la pris
avant moi. Face à cette conspiration, jai décidé
de me fâcher une bonne fois avec tout le
monde.   En conséquence, je baptiserai ce qui
suit ainsi   Comment se fâcher avec 60 millions
de personnes, en un bouquin  (je mets des
pointillés, jaime bien).   Jambitionne donc de
me brouiller, devant vous, avec lessentiel de la
population française, soit environ soixante
millions de personnes. Et ce, en quelques
pages. (Note à ceux, il en est peut-être, que mes
écrits ne mettraient pas en colère   dites le
moi, on se sent parfois si seul )   Le pari est
osé. Prétentieux peut-être. Pourtant à bien y
réfléchir, cela ne devrait pas être si
difficile. Je gage même quune simple énumération
de mes goûts, de mes idées devrait
suffire.   Alors voilà, muni de ce beau titre,
jai choisi un mode de fonctionnement connu de
tous, celui du dictionnaire. Un mot clef, et
juste dessous, bien bien rangé, mes
élucubrations. Cest simple, pratique demploi,
et depuis longtemps la méthode a fait ses preuves
(Voir Larousse, Robert, Desproges avec son
Dictionnaire superflu) Vous me pardonnerez ce
manque de modestie. Je ne prétend égaler ni
lennuie à la lecture du dictionnaire, ni le
bonheur de lire Monsieur Desproges. Alors voila,
je me lance.
2
Apartheid...   Beurk. Quelle horreur ! Les
salauds !   Dans le monde, les grandes
 démocraties  ont fait pression, et se sont
réjouies.   Même aux Etats Unis ! Même dans ce
pays, le plus riche du globe, le plus grand
gaspilleur de la planète, où les trois quarts des
noirs vivent sous le seuil de pauvreté. Dans ce
pays de lapartheid hypocrite ont affiche une
grande satisfaction face à la disparition du
régime des blancs fachos dAfrique du Sud.   Même
la Suisse sest dite heureuse de ce passage
pacifique vers un état dégalité des droits entre
noirs africains et afrikaners. Même la
Suisse...   En France, pays des droits de
lhomme, la population se satisfait aussi de
cette progression démocratique en Afrique. Tous,
unanimement, les bonnes gens avaient condamné
cette abomination. Dun même élan, de Passy à
Gennevilliers, de Neuilly aux Minguettes, la
condamnation est tombée.   Pourtant la
réjouissance nest pas de mise. Nous admettons
une société ségrégationniste sur notre propre
sole. Saviez-vous quà niveau de compétence égale
il est quatre fois plus difficile pour un
français qui ne soit pas de souche de trouver du
travail ?   Cette situation, notre apartheid
hexagonal commence dés lécole. En admettant
quexiste une école privée, à laquelle je refuse
lappellation de  libre , létat permet que le
bon peuple puisse séparer sa progéniture de celle
peu fréquentable de son voisin de quartier. Par
largent, en douceur, la société a créer des
domaines dexceptions. On monte en première
classe pour ne pas être dérangé par la présence
de son populeux et populaire semblable. On tolère
des établissement à  tenue correcte
exigée    Le fric assure en France une
ségrégation, non entre blancs et noirs, mais
entre riches et pauvres.     Mais quimporte au
fond, puisque le peuple sen accommode. Il sen
accommode dailleurs dautant mieux quil garde
chaque fois le secret espoir, même au fond de sa
plus crasse misère, quun jour viendra où lui
aussi montera en première classe Avec les
Toubabs.
3
Archange...   Après-midi dun janvier. Théâtre
magique du monde urbain pour qui veut voir, le
RER referme ses portes. Le privilégier que je
suis termine tôt sa journée de labeur. Une
banquette minvite, je vais pouvoir me plonger
dans mon bouquin et oublier le spectacle ambiant
pour retrouver lEurope carolingienne de
Cavanna.   Première ligne. Premier sourire.
Première jubilation.   Pourtant mon esprit nest
pas à ce point absorbé quil nentende la mélopée
légère qui vient de sélever dans le wagon. Je
lève les yeux et cherche curieux lorigine de
cette musique. Mon regard saccompagne de deux
réflexions presque simultanées.  Tiens, ils se
sont enfin décidés à diffuser de la musique sur
les rames...   Tiens, lAve Maria  Pourtant si
la musique est bien là, douce, enveloppante, je
nen trouve pas la source. Nul haut-parleur, qui
dailleurs eut été certainement un poil
nasillard. Je reste dubitatif... Et finalement je
remet le nez dans mon roman. Je profite de cette
douce interprétation, de ces phrases musicales
lentement et joliment reprisent, sans
cesse. Pardonne-moi Cavanna, je fais semblant de
lire, jécoute. Un mouvement de tête de quelques
autres passagers assis en face de moi trouble ma
vision périphérique et éveille ma curiosité.
Dautre que moi se dandinent pour découvrir le
visage de cette harmonie à une clarinette. Je
pivote sur mon séant. Je cherche entre les ombres
debout. Un soleil franc, réconfortant, darde le
wagon et le ciel de cette après-midi bleue
dhiver, échantillon dun printemps encore si
loin. Les ombres se sont faites humaines, mais
non, toujours rien. Aucune ne peut être suspectée
dêtre à lorigine de lenchantement qui nous
berce depuis un moment. Entrée en gare. Mouvement
de foule. On descend plus quon ne monte ici,
et... Et lui. Lui, dans un rayon de soleil, être
magique et irréelle. Il est blond, porte une
courte barbe, de celle qui enveloppe la bouche,
que lon nomme couramment bouc. Sa grande
silhouette mince est courbée sur linstrument. Il
garde les yeux presque constamment fermés. Il
communie.
4
Sa clarinette nest plus une clarinette, elle est
le prolongement harmonieux de son corps. Nimbés
de lumière, elle est de chrome et de bois sombre,
il est blond, vêtu de noir. La lumière sur lui
comme sur elle saccroche comme hypnotisée,
charmée. De sa musique, il enveloppe toute la
voiture. Tout le wagon devient lui en cet instant
magique. Cest une grand messe donnée en
lhonneur de la beauté. Un hymne au simple et au
formidable éclate doucement ici.   Après midi
dun janvier. Jai rencontré un archange. Il
jouait de la clarinette.  
5
 Archéologie...   Comme ils seront étonnés les
archéologues des siècles à venir. Ils auront à
leur disposition la formidable somme de documents
que leur aura laissé notre monde de
communication. En se penchant sur les archives
filmées, en parcourant nos journaux, en relisant
nos romans, en découvrant nos modes de pensées,
ils pénétreront notre civilisation. Ils
comprendront notre mode dorganisation.   Ils
contempleront notre société de léphémère. Cette
société dans laquelle les objets sont conçus pour
ne surtout pas durer. Ils sétonneront
certainement de la mode. Ce concept si
particulier, qui fait quon peut être très prisé
un jour et complètement obsolète le
lendemain.   Forts de ces observations, ces
archéologues des années 6000, citoyens du monde
enfin uni de demain, se poseront des
questions. Ils seront sans doute troublés par
linégalité qui caractérisait le monde de leurs
ancêtres. Ils auront certainement du mal à
comprendre, comment leurs ancêtres si lointains
pouvaient, sans en perdre le sommeil, se vautrer
dans le luxe et labondance à quelques kilomètres
de peuples noyés de misères. Ils resteront sans
voix face à laberration de notre système, qui
laisse les uns sabrutir de travail et les autres
se suicider du sentiment désespéré de leur
inutilité sociale.   La fascination les prendra
quand ils auront compris lincompréhensible. Ils
auront regardé leurs aïeux, ces gens capables de
voyager vers lespace et de guérir la plupart des
maladies, tolérant que meurent des enfants
victime de tuberculose et négligeant le plus
élémentaire instinct de préservation, lamour qui
devrait unir les peuples.   Ils riront. Puis, ils
pleureront.
6
Bête   La bête est sournoise. Tapie, presque
invisible, elle attend son heure. Elle est
patiente. Diaboliquement patiente. Elle sait que
notre vigilance nest pas parfaite. Que notre
nature nous conduit à la colère et à la
violence. Que notre paresse nous porte à nous
satisfaire de notre ignorance.   Opiniâtre, la
bête guette notre faiblesse.   Elle peut se
terrer longtemps. Se faire oublier, au point que
comme le dragon, on la puisse croire créature de
légende. Pourtant toujours, toujours elle
reparaît. Tôt ou tard, notre attention se
relâche. Vaincue par la banalisation quapportent
les ans et nos médias, notre défiance devient
méfiance, puis habitude.   Alors elle surgit. La
bête immonde à nouveau sinstalle, et comme
chaque fois après son long sommeil, elle a
soif. Soif de haine et de sang. Et elle a tôt
fait de sabreuver, exacerbant dans ses libations
le racisme, la haine et la violence qui lont
ressuscitée.   Contre elle, le combat ne peut
jamais finir. Presque anéantie, exsangue, cest à
ce moment quelle est la plus forte, car le
chasseur reprend confiance et baisse sa
garde. Nous aurions envie dun peu de repos,
besoin de paix, dans un monde juste et bon, mais
toujours nous devrons être en alerte Ou tomber
sous son joug.
   
7
 
Brel   On appellera ça dévotion de midinette,
délire de  groupie  ou encore soupires
dadolescent attardé. Tant pis.   Une seule voix
me fait cet effet là. Leffet dêtre né trop
tard. Davoir raté un rendez-vous important,
capital. Cette voix, cest celle de Jacques
Brel.   Je la connais, devenue familière au
travers des entretiens aux journalistes, des
films, des chansons. Par ses aphorismes ou ses
discours, par ses répliques et ses
refrains. Chaque fois lémotion. Vierge. Intacte
dans sa puissance.     A lécouter, à le
regarder, à rire et à pleurer avec lui, naît
invariablement cette ignoble sensation du temps
qui nous sépare, qui parfois à force dêtre
souffrance devient réel, palpable. Un mur de
vide. Invulnérable aux coups de tête. Insensible
aux coups de poings.   Et puis les yeux. Ou
plutôt le regard. Cette impression, profonde,
dune complicité. A le regarder parfois, je
mimagine quil mentend. Son sourire philosophe,
arborant une anarchiste ironie, étendard
doptimisme et gonfanon de la tragédie humaine
assumée. Et je sais quil me comprend.   Lintuiti
on. Celle de notre similitude. Que ses sujets
importants sont par delà les distances les
miens.   Je découvre que sa chanson  Fernand 
fut son testament despoir dramatique. Il me
semble ce soir que la lumière se
fait. Hélas. Jacques est devant. Dans son
corbillard. Et derrière, tous ceux qui le suivent
seront à jamais seuls.  Je crois que si jétais
lbon Dieu, je srais vraiment pas
fier .       Putain de crabe
8
Cheveux...   Létudiant, par extension, le jeune
se doit dêtre non conformiste. Il deviendra bien
assez tôt un vieux con Un imbécile satisfait, sûr
de la nécessité du renoncement à lidéal. Un
crétin contenté, vautré dans le rassurant confort
de sa Mercédes, incapable dinventer des
lendemains qui chantent. Un vulgus, perdu dans la
masse,  anonymisé  par le troupeau et
ladhésion à la pensée unique.   Dans un pays
avec une extrême droite à 20, Jai peur quand
les étudiants ont les cheveux courts...
9
Citation...   Jai toujours été plus intéressé
par la langue que par les sciences. Ma scolarité
sen ressentit rapidement, mais bon. Durant toute
mon adolescence, je faisais mes devoirs de
classes, puis mes rédactions et enfin mes
dissertations, dans ma chambre, radio branchée
sur  les grosses têtes . Durant cette heure et
demi quotidienne, le gamin qui lisait peu
entendait des citations, découvrait des
pensées. Alphonse Allais, Jules Renard, Bernanos,
Courteline et Guitry. Ah, Guitry ! Lhumour, la
finesse, lesprit. Lhomme, à peine rencontré par
le biais de cette émission, mavait séduit.   Et
tous ces invités, capables de reconnaître tant
dauteurs aux noms si fabuleux, je leur portais
alors une admiration sans mesure.     Le temps
passe. Et emporte nos illusions. Tiens, cest
beau comme du Barbelivien ça !   Jai
grandi. Jai vieilli. Jai compris que ceux qui
émaillaient leur conversation de nombreuses
citations, le faisaient souvent pour dissimuler
leur tragique manque desprit. Une citation nest
rien dautre quun poncif anobli. Cest un
exemple de pensée unique, portée aux nues par des
admirateurs abrutis de dévotion, par des obscures
incapables dune formule, des paralysés de la
pensée, des tétraplégique de lexpression.
10
Compétitivité   La compétitivité, cest la
croissance chez moi, et le chômage chez mes
voisins.   La guerre est une bête immonde. Et
bien, noublions pas que nous sommes depuis des
années, et grâce au libéralisme, en pleine guerre
économique.   Ici, on ne saute plus sur des
mines. On néclate plus en sang et en
tripaille. Non. Progrès inespéré, cette guerre
est la première guerre propre. Ses victimes,
mortes de faim, ou de froid, se retrouvent
dignement préparées, dans les hospices pour
clodos.   Suprême raffinement, avec la guerre
économique, vous pourrez même être victime
plusieurs fois dans une seule vie ! Vous aurez
été jeune sans emploi. Puis employé modèle
licencié pour compression de personnel. Pourquoi
pas un peu plus tard  cadre-quadragénaire-sans-em
ploi-après-plan-social . Et pour finir,
certainement préretraité avec 60 de votre
salaire Et sans doute la moitié de ce qui est
nécessaire à vivre.   Merci monsieur Adams.
 
11
 
Conjonction   Il est une vieille famille dans
notre langue française qui me fut très tôt
sympathique. Jen fit la découverte sur les bancs
de nos école où, à peine énoncé, déjà son nom me
ravissait. La famille  Conjonction de
Coordination . Quel patronyme vous en
conviendrez ! Et bien toute cette belle
communauté ne compte que des personnages très
hauts en couleurs, comme en caractères. Huit
enfants à la personnalité originale. Des
 inconfondables , tous monosyllabiques, dont la
fréquentation nous est obligatoire Quil me soit
permis de vous les (re)présenter.   Mais. Le
contrariant, le désagréable. Il gâche souvent les
belles paroles qui le précède. Cest lassassin
des douces promesses.   Ou. Lhésitant, le
normand. Il ne sait pas, et ne veut pas prendre
de décisions. Il vous laisse le choix et vous
place surtout dans lembarras   Et. Le gourmand,
le possessif. Lennemi dOu. Il aime, sans mesure
ni raison. Il veut tout, sans condition. Cest
sans doute le plus jeune de la famille.   Donc. Le
raisonneur, lesprit logique. Il est froid et
calculateur. On ladmire pour son intelligence
mathématique, et il effraie pour la même raison.
Il naime pas, il met en équation.   Or. Le
désuet, le  réprimendeur . Trahi par Mais, il
ne laccepte pas. Il est verbeux, héritier dun
temps jadis où nous parlions moins vite, où nous
exposions davantage.   Ni. Lentêté, le
bravache. Il naime personne, mais sa postérité
semble au moins assurée en politique où il nous
laisse le  nini .   Car. Le bavard, le
démonstratif. Il déteste le hasard et aime à
rappeler pourquoi il est là. Comme son cousin Or,
il ne se déplace que rarement sans sa compagne
reproche.   Puis. Le narratif, lélégant.
Lexpression orale moderne lui substitue
grossièrement son cousin Et. Bien plus à sa place
dans les récits, il se couvre lentement de
poussière et se tinte de vieux rose.
12
ContrasteNoir et blanc.Sel et sucre.Nuit et
jour.Le froid permet dapprécier la chaleur.La
faim, la satiété.Vous vous dites que prendre la
plume pour débiter ce genre de fadaises, cette
philosophie de bas étages, dénote un dramatique
désœuvrement.Jen suis désolé, mais pour cette
fois, ce nest pas ma faute.Cest celle de M.
Chaplin.Et celle de la télévision française.Car
comment ne pas hurler à la lune son désarroi (je
vous prie de croire que cest plus facile en
campagne, non quon y voie mieux la lune, mais
les voisins y sont plus compréhensifs) lorsque
innocemment, le téléspectateur confiant (naïf ?),
change de chaîne après sêtre régalé des
 Lumières de la ville , et découvre deux
imbéciles de royalistes animant une émission
débilitante sur les  stars  du
spectacle. Soixante dix années ont passé sur
cette terre Peut-être pour rien  
13
 
Coquettes   Il est tôt.Le wagon, nest pas
comble Jai même réussi à trouver un strapontin
de libre.Je lis Charlie-Hebdo dun œil gauche
attentif, et jemmerde mon œil droit.   Cest
pourtant lui, le traître, qui me distrait de ma
saine lecture, et me fait remarquer, sur une
banquette voisine, une mignonne qui, dun geste
appliqué, se repoudre le nez.Puis, dune main
experte, elle repeint sa bouche en deux coups
dun tube à lèvres grenat.    Ha, les gonzesses,
toujours à minauder, à se pomponner, à se
remaquiller dans les endroits les plus
insolites.Quelle futilité !Quel soucis du
dérisoire !    A toutes, il est temps de dire
enfin une bonne chose.Une chose essentielle.Qui
tient en un seul motMerci ! Merci de porter
autant dattention à notre regard.Merci de
donner autant dimportance à notre goût.Merci de
nous offrir votre grâce, au travers de vos yeux
artistiquement colorés, de vos bouches minces ou
charnues, divinement ornées dun rien de pourpre
ou de carmin.Vos ongles soignés sont autant de
fleurs délicates, dont nous recherchons jusquau
dernier souffle, le rassurant contacte.Nous ne
prenons la mesure de notre masculinité, que par
votre féminité avouée.Exacerbée.   A mes
oreilles, le hasard est curieux, Léo Ferré vient
daborder les premières mesures de  Cest
extra . Le Poète me pousse du pied à vous dire
au revoir.Comment continué dans le lyrique de
votre éloge, sans tomber désormais dans le plagia
du Maître.   Allez tiens, je vous la dédie
14
 
Détruire   Détruire, casser, briser. Ces trois
verbe daction désignent un comportement visant à
lélimination dun élément existant, quil soit
issu de la création humaine ou naturelle dans un
sens large. Détruire soppose à créer. Cest une
attitude qui apparaît immanquablement chez le
jeune enfant. Elle fait suite dans les premières
années à la phase contemplative. Elle sera
suivie, en toute probabilité de la phase
créative. La progression connaît donc au moins
ces trois étapes    1) Regarder pour assimiler
un concept.   2) Détruire pour en comprendre les
faiblesses, et pouvoir observer les réactions
suscitée dans lentourage propre (tiens, se dit
lenfant, briser ce gros truc bleu qui semble
emprisonner des fleurs coupées chez grand-mère
provoque la colère, et une douleur vive et
soudaine sur mon postérieur ! !).   3) Créer,
pour une des trois raisons. - Pour reproduire ce
qui a été observé, ou création par mimétisme. -
Pour remplacer ce qui a été détruit, ou création
par culpabilité/contrainte. - Pour le plaisir
dinnover, ou création créative, aboutissement de
laction créative, qui passe parfois
nécessairement par la phase préalable, même très
tard dans la vie dadulte, de destruction.   La
contemplation nest en soi, de fait, quune
activité primitive, caractéristique dun esprit
qui se complaît à resté infantile et premier. Le
collectionneur dans sa monomanie retrouve son
esprit de jeune enfant,  avoir pour
contempler , avec souvent cette perversion
propre à une dégénérescence plus adulte de lâme
 avoir pour faire contempler . Pour en faire
baver denvie lautre. Motivation éminemment
sadique.   Lenvie de destruction systématique
que nous ressentons, plus ou moins souvent face à
ce qui nous plaît, ou à ceux que lon aime, est
elle aussi une émotion  normale  (au sens ou
elle est la norme parce que partagée par tous).
Elle est une réminiscence dun comportement
enfantin plus récent, et plus motivé que la phase
contemplative, mais guère plus aboutie. Casser un
objet adoré, non pour sen débarrasser, mais pour
avoir la réponse à la question  aimons-nous
véritablement cet objet ? . Faire du mal à ceux
quon aime, non pour le plaisir de les voir
souffrir, mais pour connaître leur réaction. Nous
pardonneraient-ils ? Et donc implicitement, nous
aiment-ils suffisamment ?   La création
représente pour lhomme le seul moyen de se
réaliser, dailleurs pleinement ou non. Cest là
son seul moyen de dépasser les deux premières
phases de sa progression mentale.
15
Dieu.   De la peur de Dieu. Nos frères se
trompent lourdement... La crainte nest pas de
rigueur, pas plus que la peur. La foi motivée par
la crainte superstitieuse ne peut satisfaire
Dieu. Dieu ne doit pas être un frein à la
vie. Mais un guide pour se préparer à la mort,
pour aborder sereinement cette issue inéluctable
de notre existence. Une lumière pour se
rassurer. Etant par nature parfait, Dieu ne peut
pas être orgueilleux, ou jaloux, ou
susceptible. Au contraire, possédant toutes les
vertus, il se trouve devant cette
alternative. Etre emprunt de mansuétude, et de
compassion. Ou nexister pas.   De linutilité
des prières officielles On ne peut honorer Dieu
par des gestes rituels, tant de fois répétées
quils en ont perdu tout leur sens. Quel intérêt
y-a-t-il dans la répétition sans fin dune
prière, fut-elle magnifique ? Pourquoi exiger au
terme dune confession, un nombre dAve ou de
Pater Noster ? Prier nest pas une punition. Ce
doit être un réconfort. La Rédemption ne se
conquiert pas comme le bon café, avec un nombre
précis de cuillères calibrées. On ne séduit pas
Dieu comme on obtient le baccalauréat, avec une
longue récitation. Dieu se moque dentendre vingt
fois répétées les mêmes vieilles
louanges. Imposons-nous la sincérité. Ouvrons Lui
nos coeurs plutôt que nos mémoires.    De
linutilité des prêtres. Une des définitions de
Dieu est dêtre Omniscient. Sachant, par avance
toute chose, quel besoin y-a-t-il dun
intermédiaire entre le Vulgus et Lui. Chacun peut
trouver la voie de son équilibre, à condition
den être soucieux. Tout au plus peut-on concéder
aux prêtres le rôle de tempérant de nos ardeurs.
Mais ne soyons pas moins exigeant envers lesprit
que nous ne le somme pour notre corps. Lexercice
illégal de la médecine est sévèrement puni. Mais
combien de prêtres se prennent, ou sont pris,
pour des psychiatres alors quils nen ont aucune
compétence ! Dieu est le confident suprême. Tous
ceux qui prétendent répondre aux questions en son
nom sont des usurpateurs. Quiconque voudrait
pardonner en son nom, serait un menteur doublé
dun mythomane.
16
  Le prêtre est le vautour de la Foi.Voyant les
Dieux renoncer aux royaumes terrestres, ils sen
disputent, ou sen partagent selon les époques,
les restes.   En résumé, Dieu a le même problème
que Chirac. Cest un mec plutôt sympa, mais très
mal entouré.
17
Domestique   Je dors dans ma  chambre à
coucher . Je prends mon bain dans ma  salle de
bain . Je me détends dans mon  salon . Dans
mes toilettes, je bref !   Chaque pièce dun
appartement standard est baptisée du nom de
lutilisation qui lui est destinée. En
conséquence, il me paraît tout aussi absurde de
cuisiner dans ma salle à manger, que de manger
dans ma cuisine. Devrai-je me laver dans mon
garage pour ne pas salir ma salle de bain ?   La
place du maître des lieux est à la table, non aux
cuisines, et si lon installe parfois une table
dans celles-ci, cest pour y préparer les
mets.   Ne me faites pas manger dans la cuisine,
je ne suis pas un domestique !   Ne vous y
trompez pas mesdames, les partisans du repas près
des fourneaux sont des hommes qui pensent plus à
leur tranquillité quà votre fatigue.
18
Ecole...   La plus grande des inepties que
véhicule aujourdhui la pensée unique qui
engourdie le monde, cest cette certitude que
lécole doit préparer au monde du
travail. Elucubration maligne qui conduit nos
ministres chargés de la chose à privilégier les
mathématiques, à négliger les sciences
humaines.    La société se détériore, nos
relations civiques se dégradent . Ces
constatations dépressives, chacun pourra les
retrouver autour du dominical et familial gigot,
ou dans la bouche du philosophe de comptoir. Mais
loncle Bernard, ou Dédé de Gennevilliers au café
des sports, préféreront toujours pour leur
progéniture des études de chimie supérieur, à un
DEUG de psychologie.   Dabord, le peuple, la
chimie et la physique ça lépate. Cest presque
magique. Alors que la psychologie ça le dérange,
quand ça ne lennuie pas. Ensuite, et bien un
ingénieur de chez Rhône-Poulenc ça gagne mieux,
nettement, quun sociologue. Et comme largent,
cest le bonheur...   Mais quel civisme doit-on
attendre dun gamin à qui on a, depuis sa plus
tendre enfance, répété que la vie était une
compétition, et les sciences humaines moins
importantes que les sciences ?   Quelle
créativité, peut-on espérée dun gosse, à qui on
fait croire quapprendre est plus important que
créer ?   Pour guérir la société des maux qui la
consument, pour éradiquer la violence, pour
lutter contre la drogue et le suicide, lécole
doit retrouver sa vocation première. Elle doit
redevenir un lieu où on apprend à penser. Un lieu
dans lequel on enseigne à chacun à mieux vivre,
ou pour mieux dire, à vivre. Le diplôme ne doit
plus comme aujourdhui trop souvent, sanctionner
une mémoire et une assiduité, mais bien une
intelligence, une formation desprit.   La  tête
bien faite  que Montaigne appel de ses voeux,
est une tête capable de penser par
elle-même. Nous ne fabriquons plus dans nos
lycées, que des  têtes bien pleines ,
incapables de faire autre chose que ce pour quoi
on les a programmées.    Croissez et produisez 
est devenu le nouveau message évangélique. Cest
désormais sur lautel de la compétitivité et de
lefficacité, que lAbraham moderne sacrifie
dévotement lintelligence de ses enfants.
19
Ecrire   Etre et Paraître sont des verbes pour
longtemps opposés. Etre, cest une philosophie.
Un choix délibéré de vie. Cest préférer le
profond au superficiel Notre société moderne,
société de limage, de la  sape  et du
provisoire fait une place de choix au paraître,
reléguant lêtre au second plan de nos
préoccupations. Et encore, si je dis au  second
plan , cest parce quil me reste deux sous de
naïveté.   A observer ainsi ces deux verbes, il
men vient deux autres, fort comparables, et
pareillement opposés, Ecrire et Parler.   Le
parler est rapide, spontané. Il saccommode mal
de la longue réflexion. Il est le plus souvent
tributaire des auditeurs présents. Parlant dun
même sujet, on ne dit pas la même chose face à un
public ami que face à des adversaires décidés. On
nexpose pas ses arguments de la même façon, on
sadapte, on biaise, bref, on sattache à donner
de la forme, et tant pis si le fond en souffre un
peu.   Lécrit, étant dans son élaboration
immédiate affranchi du besoin de répondre à
lassentiment dun public, peut se permettre
dêtre non seulement plus longuement mûri, mais
surtout dêtre plus vrai. La pression du lecteur
est moins forte que celle de lauditeur. Le
lecteur est une donnée abstraite, généralement
décharnée, alors que lauditeur impose par sa
masse vivante un rappel de son existence et de
son impatience. On est plus facilement pénétré
des arguments adversaire dun type quon lit. Et
pour cause, celui-là on ne peut pas
linterrompre, autrement quen refermant son
livre (non ne le faite pas, pitié, je nai pas
terminé) (ouf ! merci). Alors, on va jusquau
bout de son argument, bien sagement, et au final,
celui qui écrit en a toujours plus fait passé que
celui qui parle.     Etant plus proche du vrai,
lécrit est me paraît semblable à lEtre Alors
que le parler par sa soumission au public me
semble sapparenter au Paraître.     Mais
peut-être suis-je dans lerreur ? Peut-être le
 Paraître  désigne-t-il une attitude de
généreuse attention au regard de
lautre. Peut-être aussi  lEtre  est-il une
forme de replie égoïste. Celui qui est passe
tellement de temps à exister, quil ne prend plus
le temps de se soucier de lautre. Peut-être
celui qui écrit, nécrit-il que pour le plaisir
de se relire
20
Egoïsme...   Durant lantiquité et pendant une
bonne partie de notre époque médiévale, un paysan
pouvait en cultivant son champ réussir à nourrir
sa famille, et à peine plus.   Les découvertes se
succédèrent et les techniques nouvelles aidèrent
le paysan dans son travail. Il se mit à produire
plus. Beaucoup plus. Au point de pouvoir nourrir
deux, puis cinq, puis dix familles et ainsi
jusquà aujourdhui où notre paysan parvient à
lui seul à nourrir des dizaines de familles. Tout
cela, ça sappelle le progrès. Et cest une bonne
chose.   Hélas, en même temps quil découvrait la
jachère, lengrais, le pesticide et la culture
transgénique, lhomme perdait de vue lobjectif
même de ses recherches, permettre à tous de
vivre, permettre à chacun de mieux vivre. Alors
en même temps quil inventait le tracteur,
lhomme inventât légoïsme. Il créa la prime à
labattage et les quotas laitiers, la subvention
à larrachage des pieds de vigne et la
destruction en masse des produits, pour en faire
remonter les cours.   Puis lhomme riche dit aux
peuples affamés des zones arides, les yeux pleins
de compassion,  je ne peux pas supporter toute
la misère du monde . Et le  propriétaire  des
plaines les plus riches du globe, celui qui a
accès à tant de technologie pour produire, se mit
en devoir de creuser vite-fait-bien-fait un puits
au Sahel. Et il se servit de cette eau pour se
laver les mains de la pauvreté du tiers
monde.   Cette planète alors naquit. Cette
planète stupide. Celle où dans les régions
fertiles, on impose au paysan de ne pas trop
produire, et où dans les régions arides, on
incite lautochtone à se ruiner vie et santé,
pour tenter darracher à ce sol avare de quoi
survivre jusquà la saison prochaine.   On
croyait que laugmentation du nombre de caniche
dans lhexagone était du à la hausse de la durée
de vie. Il est probable que lexplication en
serait plus métaphysique.Il sagirait dun
courant continu de réincarnation.Les enfants du
tiers monde qui crèvent des famines que ce
système immonde leur impose, préfèrent se
réincarner en chien dEurope, plutôt quen enfant
de la souffrance.   Dans cette société, corrompue
dans ses valeurs fondamentales, un téléthon pour
les animaux rapporterait plus dargent que pour
les myopathes. En 1998, un chiot maladroit délie
mieux les porte-monnaie en occident, que les
mouches noires tournoyant au-dessus des yeux
vides dun gosse du Niger.
21
 
Emprunt russe   Un peu dhistoire, pour
commencer   Placez vous je vous prie vers
18881917. Figurez-vous un pays, alors première
ou deuxième puissance mondiale, avec des gens
très pauvres à lintérieur, et des gens très
riches. Bon, ce pays là, appelez-le  France 
par exemple. Jusque là, ça nest pas très
difficile.   Figurez-vous encore un pays, mais
beaucoup moins riche, avec dedans des gens très,
très pauvres, et des gens très riches, et
appelez-le  Russie .   Alors voilà. Dans le
pays des pauvres, dans cette période de
lhistoire, les gens riches au pouvoir,
appelons-les  noblesse du Tzar , eurent besoins
pour entretenir le faste de la cours, et les
campagnes militaires de lempereur, de beaucoup
dor. Or, les pauvres ayant été ratissés jusquà
la limite possible du ratissage, le Tzar ne
pouvait plus à bon compte remplir ses
caisses. Devant ces extrémités, il eut lidée de
faire un emprunt, que ne lauriez vous fait à sa
place ?   Et voilà que spontanément, dans le pays
riche, flairant la bonne affaire, 1.500.000
rentiers, prêtèrent de lor au Tzar.   Entre 1888
et 1917, les rentiers altruistes français
prêtèrent 12 milliards de francs or, soit près de
300 milliards de nos francs actuels.   Et
laffaire aurait put se révéler juteuse.   Oui,
mais voilà, en 1917, quelques excités, sans doute
poussés par la famine ou la pauvreté, comme il en
fut dans notre pays vers la fin du XVIIIem
siècle, conçurent dans leurs têtes de pauvres que
tous leurs malheurs étaient causés par le
Tzar. Et bon, vous savez comment sont les
pauvres, il réclamèrent et obtinrent la tête de
ce Tzar là.   Les Soviets au pouvoir, il nétait
plus question de bonnes et cordiales relations de
voisinage entre le pays riche et le pays pauvre.
Lemprunt était celui du Tzar. Les rentiers lui
avaient confié leurs économies. Ce Tzar nétait
plus, ni aucun autre Tzar après lui. Tant pis
pour les rentiers. Oui, mais
22
Cétait sans compter avec la ténacité des
rentiers français. Vous savez comment cest un
riche. Il a pris lhabitude de voir son banquier
lui faire des ronds de jambe. Alors quand un
débiteur refuse de payer   Et bon, en France,
les petits-enfants des rentiers de 1900 sont
toujours groupés en lobbies de pression. Invariabl
ement, depuis plus de cinquante ans, ils font
pression sur tous les gouvernements, lorsque se
profil une rencontre entre dirigeants français et
soviétiques (ha bon, il faut dire  russes 
aujourdhui ?). Tout aussi invariablement, nos
dirigeants français se font les notaires de
lemprunt russe, en nosant pas, une bonne fois
dire merde à tous ces imbéciles.   Car enfin,
prêter au Tzar était un coup de poker, comme en
font quotidiennement les boursicoteurs de Paris,
de Tokyo ou dailleurs. Lorsquils gagnent, cest
tout bénéfice. Lorsquils perdent Et bien le
pavé de Wall-Street est couvert des traces de
chutes des crétins qui ont cru dans le système
capitaliste.   La Russie daujourdhui est lune
des nations les plus endettée de la planète. Son
système économique est en ruine, sa production
industrielle est égale en 1997 à 40 de ce
quelle était en 1989. Plus de 60 des russes
vivent au-dessous du seuil de pauvreté, et
lespérance de vie a diminué de 15 ans.   Et on
voudrait aujourdhui que quelques saligauds,
héritiers dun bon papa rentier, puissent se
faire huissiers de justice du capitalisme
sauvage ? Ces gens là me dégoûtent. Mon seul
réconfort est de leur cracher à la gueule   ne
vous déplacez pas pour rien, ils sont devenus si
pauvres là-bas, que vous nauriez plus rien à
saisir .  
23
Esthétique...   Combien de femmes, les hommes
nétant dailleurs pas en reste, sont complexées
par leur physique ? Un nez trop long, ou trop
gros, ou  disgracieux , enfin, un nez
insatisfaisant. Des seins trop menus, ou trop
lourds. Des fesses tombantes. Des cuisses
 celluliteuses . Et des rides. Suprême affront,
qui vient marquer dune indélébile marque le
terme de leur féminité triomphante. Crachat
inexpugnable de lâge. Marque de haute infamie,
abandonné sur leurs juvéniles visages par
lennemi invisible et implacable, le
temps.   Pourtant, cette fatalité dhier nen est
plus une aujourdhui. Les sciences avançants au
même rythme que le temps, la chirurgie est
devenue badine. Des chirurgiens se sont dressés,
mesdames, en templiers magnifiques, gardiens de
vos mines superbes. Désormais, le rêve est à
votre portée. Il nest pas encore question de
vous donner une éternelle jeunesse. Pas
encore. Mais il est déjà possible de corriger les
petites imperfections, quune nature, distraite
ou taquine, oublia en vous donnant la vie. Ces
temps modernes, tous proches dêtre des temps
magnifiques, vous donnent lespoir de devenir ce
que vous nêtes pas tout à fait. Disparu ce nez
qui vous faisait outrage. Gommées ces fesses qui
ne vous méritaient pas.   Las, encore une fois,
nos mentalités sont à la traîne de nos
possibilités. Et nombreuses encore celles qui
prétendent ne vouloir pas céder aux appels de la
chirurgie esthétique. Quel bel exemple de
lhéritage crétin de cette moralité
judéo-chrétienne qui encombre nos pensées. Qui
conditionne nos choix. Aiment-ils donc tant
souffrir, mes contemporains, quils refusent, par
principe, de se soulager de leurs complexes ? A
croire que la croix de leur  laideur  acceptée,
leur sera une clef rédemptrice pour un
hypothétique au-delà.   Vivez bon sang. Libérez
vous de vos complexes. Soyez enfin bien dans
votre peau, cette fin de siècle vous le
permet.   Et rappelez vous ceci  Mieux vaut
être artificiellement belle, que naturellement
moche .   Que celle qui ne sest jamais
maquillée me jette la première pierre.
24
Folie   Des milliards dhumains donnent au
quotidien et sans difficulté, lillusion de la
 sanité . Pouvoir interpréter la folie au
milieu des fous qui se prennent pour des gens
normaux, là est le véritable talent de
lacteur. La vrai prouesse de lartiste.  
   
25
Foule...    La foule est un ensemble le plus
souvent haïssable, dont les plus petits
composants sont des individus, le plus souvent
charmants et émouvants dhumanité .   On peut
trouver, ponctuellement, ce poncif promptement
pondu, le plus souvent sans pondération... Tiens,
Pon, Prom, Pon, Pon... Cest très Beethov
finalement comme entrée en matière, non ?   Cette
phrase très belle de Moi, qui ouvre cet article,
je ny adhère pas. Ou pour mieux dire, je suis de
moins en moins en accord avec elle. Au plus
profond de mon être (tût, tût, sil vous plaît),
aux tréfonds de mon âme donc, jaime
lhumain. Son génie, ses aventures et son
aventure quon nomme humaine, même ses petits
défauts, ou plutôt certaine de ses faiblesses
(cest beau le drame épique, Agamemnon faisant le
siège de Troie pour récupérer Hélène, laissant du
même coup tomber la paix et le bonheur de son
peuple pour, si on résume à lextrême, deux ou
trois touffes de poils). Finalement, jaime
lhomme par principe.   Mais que de déception,
lorsque lensemble passe devant la lentille
cruelle de lindividualité. Lhomme dénudé de son
groupe, peut être si décevant.   Je pourrai citer
à comparaître ici le tirage millionnaire de la
presse féminine, ou les égarements violents dun
 supporter  de Football, et même la médiocrité
rampante dun néo-collaborateur devant les voix
si attrayantes des électeurs fascistes. Mais non,
ce serait courir le risque de vous voir devenir
minables en nétant pas daccord avec moi. Par
générosité, je vous épargnerai cette errance
décevante.   Songez seulement que les groupes ne
dégénèrent en factions violentes que sous les
exhortations habiles dun Mussolini ou dun Le
Pen.   Lhabileté du dictateur cest de faire
admettre tout bas par le groupe ce que lui-même a
osé dire tout haut.
26
Fric...   Faire du  fric  est lactivité la
plus inutile et la plus motivante quon ait
jamais inventé pour rendre les imbéciles
heureux. Avec la guerre, la compétition sportive
et le viol en territoire ennemi.   Jadis le monde
appartenait aux sages, aux philosophes et aux
poètes. Les crétins navaient quà se bien tenir
dans un monde en ordre, à la place qui leur était
échue de droit, admirer les administrateurs de la
cité. Et fermer leur gueule.   Il avait dabord
connu, ce monde, la loi du plus fort. La
prédominance du plus massif. Le musculeux
prédateur du chétif. Et bon, dans un monde
sauvage où primait la sélection naturelle des
espèces, que voulez-vous, il fallait bien que
survivent les hommes.   Puis vint lère de la loi
du plus sage. Lépoque de la Loi. Le règne de la
Sagesse Grecque, la gloire dune civilisation qui
mit au pinacle les arts, lintelligence et la
beauté.   Linvention du capital, et le passage
en société de la loi du droit à celle du plus
fort, du plus retors, du moins scrupuleux ouvrit
la voie de la notoriété à ceux qui à jamais
auraient dû rester anonymes dans la sarabande des
siècles.   Le  Fric  et son incroyable effet
obsédant sur le cadre dynamique ou le commerçant
banal. Le  Fric  divinité nouvelle, comme il se
doit omnipotente et omniprésente, sur lautel de
laquelle tout se peut sacrifier. Amour, vie
privée, honneur et fierté.     Quil me soit
donné une chance, fut-elle infime, de vous faire
entendre cet avertissement. Le tout nest pas
davoir du fric, mais du temps pour le
dépenser.  
27
Glas   Les grands froids de lhiver sont
revenus. Les frimas ont succédés aux douceurs de
la saison chaude. Depuis que lhomme sest
éveillé à la conscience, il en a toujours été
ainsi. Surtout sous nos latitudes, où
lopposition entre été et hiver est
franche. Pourtant, ce soir, radios et
télévisions, nos modernes beffrois sonnent le
glas. Car ce soir, cest la grande horreur, le
constat surprenant, le froid peut tuer, le froid
a tué, le froid tue Devant linattendu,
lextraordinaire, les bonnes consciences se sont
mobilisées, la charité sest organisée, les
bénévoles se sont mis en branle. Répondre à
lurgence. Parer au plus presser, pour éviter de
nouveaux décès. Les pouvoirs publics ouvrent les
bouches du métro.   Comme les dieux païens les
plus féroces, lhiver a reçu son lot de
sacrifié. Encore cette fois, il aura fallut que
sensanglante lautel de notre indifférence pour
quenfin on protège les plus faibles, les plus
miséreux. Pour que nos cœur endormis souvrent à
la pitié. Comme si nos Cités de luxe et de
gaspillage ne pouvaient offrir à tous la chaleur
et le repas. Comme si  la misère pouvait être
moins pénible au soleil    1789, abolition des
privilèges. 1981, abolition de la peine de
mort. 2180, abolition de notre indifférence ? Ou
sera-ce encore trop tôt ? Combien de
mort ? Combien de pauvres jetés à la fosse
commune, qui nest commune quà ceux qui ne
peuvent sen prémunir avec de lor ? Combien
danonymes martyres encore, oubliés aux premiers
rayons dun soleil davril, pour que sapaise
enfin le démon de légoïsme qui nous a gelé le
cœur ?  
   
28
Griserie   Ha le doux moment. La subtile
sensation. Le continent nouveau, à peine
abordé. Après un verre dhydromel, quelques
gorgées de cidre, et un peu de temps Subrepticeme
nt, les molécules dalcool ont accompli leur
alchimie merveilleuse. Alors que lécoute diminue
un peu, tous les autres sens semblent souvrir
davantage. Lêtre devient léger, flottant, et se
retire comme en lui-même, pour mieux observer.
Pour mieux jouir aussi de ces instants fugitifs
où lâme se tient sur la fragile crête entre
ivresse et sobriété. Le détachement. Là lesprit
sappartient encore, mais plus tout à fait. Un
verre de moins, et la destination magique était
ignorée. Un verre de plus, et cest la chute vers
les abîmes glauques de livresse, vers la
nébuleuse, insatisfaisante, de la soûlerie
incontrôlée.   La griserie est un art difficile,
il y faut de léquilibre.  
29
Histoire...   La mémoire est lélément
constitutif dun être. Il est, parce quil sait
qui il est.  Je me souviens, donc je suis . Un
homme qui perd la mémoire devient un demi-homme
incapable de se situer. La référence, ou plutôt
la possibilité référentielle est un élément
légitimant de lexistence.   Ce qui est vrai pour
un individu, est vrai pour une collectivité. Lorsq
uune société humaine ne se souvient plus, elle
cesse dêtre. Lhistoire, la mémoire des nations,
est le ciment qui unie les composants dun
pays. Les souffrances liées aux deux guerres
mondiales, la séparation de léglise et de
létat, les Révolutions Françaises, la
République, sont autant de liants constitutifs de
notre identité nationale.   La préférence donnée
aux  sciences-scientifiques , au détriment des
sciences humaines, et principalement de
lhistoire et de la philosophie sont une forme de
suicide  identitaire , qui risque de nous
conduire tout droit à lannihilation de notre
unité nationale.   Pire, en nenseignant plus à
nos enfants les erreurs tragiques de notre passé,
nous risquons effectivement de les voir se jeter,
comme nos pères, dans les bras séduisants et
assassins des démons fascistes.   Et ce risque
pour quoi ? Pour quun chef dentreprise puisse
trouver à la pelle, donc sans trop débourser, des
spécialistes de cela, des experts de ceci.   La
question fondamentale reste celle-ci. Quest-ce
qui est le plus important ? Savoir que la
température débullition dun juif est de 185C
? Ou bien quil y eut des tarés suffisamment
dingues pour en tenter lexpérience ?  
30
  Hollywood...   Si Dieu avait signé le scénario
avec Hollywood... A la fin, Jésus sen sortait.  
31
 
Homme et FemmeCe qui distingue le penseur du
journaliste, cest lobligation faite au penseur
daborder des sujets importants.  Lorsque
Poivre dArvor présente les dernières créations
dun couturier parisien, le Philosophe lui est à
Sarajevo .(Mouais, daccord, je ferais mieux de
vérifier avant de recracher des niaiseries à la
gloire dun Beuh.Hash.Elle)Bon tant pis, je me
lance et quitte les sentiers rassurants et
consensuels que sont pêle-mêle, lactualité des
massacres en pays pauvres, lamour que nous
portons tous à notre langue, ou encore diverses
civilités plus ou moins bien senties.   Mon
sujet, le terrible, laffreux, linavouable (bon
oui, en loccurrence je deviens verbeux, plumitif
presque, puisque je vais bien évidemment vous le
livrer mon sujet) concerne le rapport entre
lhomme et la femme.   Homme-Femme... Quel
avenir ?Le poète annonçait  la femme est
lavenir de lhomme .Oui.Aragon était un poète
merveilleux (je me permets de vous conseiller au
passage  la Diane française ). Il a pu toucher
au sublime dans son éloge de la femme, de ses
qualités, et de ses défauts qui nous sont parfois
si chers, parce que si attendrissants.Mais on ne
môtera pas facilement de lesprit que ce
faisant, Aragon avait surtout en tête...Et bien,
comment dire, Hem... Disons une  finalité  pour
user dun euphémisme distingué.Et même une
 finalité  quElsa Triolet avait
particulièrement dodue, me suis-je laissé
dire.Mais en cela, Aragon na fait quobéir à
ses instincts.A ses pulsions viriles,
quoi.Comme le paon fait une belle roue devant
sa femelle, le poète lui est inspiré devant sa
dame.( Et nul besoin ici de se montrer
ficelle,Ces affaires jamais ne termineront en
drame )(je sais que vous aurez su de votre œil
sévère, apprécier les douze pieds de mes
modestes vers).   Car enfin, sérieusement,
lhomme et la femme ne sont pas
différents. Non. Ils viennent seulement de deux
planètes différentes. Jen veux pour preuve, par
exemple leur chromosomie (oui je sais cest un
néologisme, mais il est bien pratique, et cessez
je vous prie, de minterrompre) différente.
32
La Femme possède un Chromosome, le X. LHomme
quant à lui en à deux (non, des chromosomes,
suivez un peu).Le X et le Y. Preuve évidente de
sa plus grande complexité, et donc de sa position
plus avancée dans le cycle de la progression
naturelle.La nature va toujours du plus simple
vers le plus compliqué.En dautres termes, la
femme est un peu à lhomme, ce que lamibe est à
lanimal vertébré. Autre exemple, la femme est
pragmatique.Cest son droit.Lhomme lui est un
rêveur, un éternel enfant, rarement foncièrement
désabusé.Lorsque la femme rêve, elle ne fait que
transposer son quotidien.Elle se rêve plus
riche, dans un confort plus complet, elle rêve de
bijoux et de mariages princiers.Lhomme lui
refait le monde.Il tourne sans cesse son regard
et ses songes vers le nouveau, vers
linconnu.Nen doutez pas, le primate qui le
premier a regardé vers le ciel pour y interroger
Dieu était un mâle (daccord il aurait sans doute
mieux fait de se casser une patte, mais bon ceci
est un autre sujet).   Alors pour conclure, je
dirais que certainement, indubitablement, si
lhomme et la femme qui sont de deux espèces
tellement différentes (dont la seconde est le
prédateur de la première) demeurent capables de
rencontre et de reproduction, et si lhomme seul
est invariablement stérile (au contraire de
lescargot comme nous le faisait remarquer
Monique) cest bien là le simple fruit du
hasard.Ou de Dieu, dont les voies sont
impénétrables (mais cest un autre sujet je vous
lai déjà dit).Ceci étant posé, il ne nous
reste aujourdhui dautres choix que de  faire
avec .Et à chaque homme soucieux de la
pérennité de lespèce, de prendre sur lui et de
se dire quici bas nest quun purgatoire, et la
femme une épreuve à surmonter (décidément Dieu,
cessez de vous immiscer dans ma
correspondance).Bon, comme me le fait
remarquer ma femme, il est tard et le poulet
refroidi  
33
Honnêteté...   Les pauvres devraient bien moins
rougir de leur pauvreté, que les riches de leur
richesse.   Vous en connaissez beaucoup, des
pauvretés bâtie sur la malhonnêteté   Et je ne
parle pas de ces gestes de survie qui poussent
une mère de famille à dérober un steak dans un
supermarché. Honte au tribunal qui osa la
condamner. Je cite la réelle malhonnêteté. Je
veux dénoncer celle qui pousse le directeur de
cette société qui fait des bénéfices énormes, à
engager un programme de licenciement Pardon ? On
dit  plan social  ? Oui, ça vous fait la bouche
fraîche. Et le pire, cest quaujourdhui,
lorsque ce dirigeant dentreprise opère ce choix,
il ne le fait même pas pour  la boite , mais
pour plaire à une assemblée dactionnaire, qui ne
pense que par courbes et graphiques interposées,
se moque éperdument des implications sociales,
collectives et individuelles, et ne rêve que dun
chiffre daffaire plus gros encoure.    Faire
péter les objectifs  est la pensée inique, seule
préoccupation de nos entreprises modernes, qui
sinscrit en contraire de lesprit de civisme. La
vrai malhonnêteté se trouve là, bien au chaud, à
peine dissimulée derrière les fenêtres teintées
des buildings arrogants de nos  cités
daffaires .
34
Humour...   Je crois que ce qui me rend Dieu
sympathique, finalement, cest son humour. Cest
un humour parfois cruel, quelques fois futile,
souvent espiègle. Dieu est taquin. Il y a
beaucoup dhomme qui cherchent Dieu et ne le
trouve pas. Ils voudraient avoir des preuves, des
manifestations de sa toute puissance, et ils nen
voient pas. Cest parce quils ne cherchent pas
Dieu dans ses manifestations les plus
évidentes. Car il nous donne presque chaque jour
une nouvelle preuve de son existence. Suivez
moi.   Lorsquen Amérique du Sud, le toit dune
église sécroule en pleine messe... Humour
Divin. Inutile daller dans une maison sanctifiée
pour trouver Dieu. Si même les murs ont des
oreilles, Dieu nest certainement pas en
reste.   Lorsquaux jeux olympique, lors des
épreuves cyclistes, un coureur Mexicain fait
douze fois à la suite le signe de croix, et que
le départ donné, il tombe aussitôt de vélo...
Humour Divin. Et devant des millions de
spectateurs. Dieu plaisante rarement à huis
clos.   Lorsquun train de pèlerins Italiens
déraillent en allant à Lourdes... Humour
Divin. Nul nest particulièrement protégé aux
yeux de Dieu, et moins encore les lèches-bottes.
 Au royaume de Dieu les derniers seront les
premiers... et les fayots monteront plus
tôt.    Lorsquen juillet 98, soixante douze
scouts sont hospitalisés durgence, après avoir
suivi une messe en plein air... Humour Divin. Et
le message quil en faut retirer, cest  lâchez
Moi les bretelles . Inutile de déguiser vos
gamins en militaire pour ladorer. Dieu naime
pas les uniformes.   Et la liste ainsi pourrait
sallonger démesurément, tant il est vrai que
Dieu est humour.     P.S. Jenvie Dieu. Dieu est
le seul véritable Anar. Lui seul peut prétendre
en toute certitude,  ni Dieu, ni Maître .  
35
 Immortalité...   Lhomme cherchera encore
longtemps limmortalité. Et peut-être, sans
doute, ny atteindra-t-il jamais. Mais ce que le
génie génétique, et la médecine en générale
sévertuent à trouver, le XXem siècle lui sen
est déjà rendu maître. Ce siècle est le premier
des siècles immortels. Grâce au cinéma notre mode
de vie, lesprit de nos sociétés, nos morales et
nos faiblesses seront figées pour léternité. Ce
trésor que des hommes contribuent chaque jour à
fabriquer, à  réaliser , sera inestimable pour
les historiens du XXXem siècle, pour les
archéologue du CXem.   Ce sera pour eux, comme si
les papyrus sanimaient pour Champolion. Mieux
encore, comme si Cléopatre venaient elle-même lui
sourire...   Au nom des observateurs futurs de
notre quotidien, interdisons Sophie Marceau de
cinéma. Abolissons Arthur de nos écrans.  
36
 
Inventaire   8h30 Laube (pour moi en tout
cas). Ce wagon du métropolitain me semble être
toujours le même. Dailleurs, oui, cest sans
doute le même. La ressemblance est trop
frappante.   Elle est entrée. La masse,
compressée, de tous ces conpressés. Regard
alentour. Comme tous les matins, les visages
lourds dune nuit toujours trop courte se mêlent
à ceux délicatement fardés des belles pour tout
le jour parées (comment ça je suis
verbeux). Chacun trouve, et défend dun œil
sévère, son demi mètre carré de plancher. Les
manteaux souvrent. Un peu. Trop peu
parfois. Chacun, son territoire repéré, prend
ses... aises, autant que faire se peu. Des sacs
et des poches, sévadent des livres, des carnets,
des journaux. Des Journaux...   Le mien plié en
quatre, je parcours, curieux, non ses colonnes
imprimées, mais les lectures de mes
con...citoyens. Oh dites, pour une fois que mon
regard ne sarrête pas sur un joli visage, sur
une poitrine avantagée (avec les progrès de
lindustrie siliconique, comment savoir si elles
sont avantageuses ou avantagées), ou une
interminable paire de jambe.   Et que lisent-ils
mes voisins ?   Tiens, un spécimen assez rare. Il
porte des semelles crêpes, le cheveu gras, des
lunettes écailles et un costume triste lui
aussi. On le devine  bien-pensant . Paradoxale
cette expression, qui désigne par-là des gens qui
finalement pensent plutôt rarement. Il se croit
sans doute bon père et bon époux, puisque fidèle
aux commandements dun Dieu qui na pas donné de
nouvelles depuis au moins deux mille ans. Lœil
terne, il parcourt une parution tout aussi terne,
La Croix.   A peine plus loin, une autre
lecture. Col court, chemise à gros boutons, hauts
boutonnés. Lui-même boutonneux, la goutte au
nez. (en vérité, il nest pas enrhumé, mais je
trouvais la phrase plus harmonieuse, plus
équilibrée ainsi) (bref, ça fait mieux quoi)
37
Il est coiffé comme un étudiant en art, avec
cette raie ridicule, et ces mèches tombantes,
bien trop sages, sur les côtés. Soyez en sûr,
celui-là ne se révoltera Jamais. Jamais. Jamais,
il ne cassera quoi que ce soit. Jamais, il ne
remettra en cause le système. Et dailleurs,
comment lui en vouloir. Personne ne lui a jamais
dit que cétait réellement possible. Même les
partis de  gauche  lui répètent quil ne faut
surtout pas effrayer le Dieu Marché. Ca, il le
lit dans Libération. Station Kléber. La rame
ralentie. Puis sarrête. Montent de nouveaux
quelconques, laissant le quai vide. Seuls, trois
contrôleurs regardent le train
séloigner.   Dans le mouvement de foule, jai
troqué mon demi mètre carré sans fenêtre, contre
un demi avec.   Nouveaux voisins, nouvelles
lectures. Occupant presque deux strapontins (oui,
il y a toujours des couillons pour les utiliser
même quand les wagons sont bondés), front haut et
plat, regard étriqué, survêtement Tacchonerie ou
Nike-do-it, un gros gaillard insolent de santé,
tient son journal de ses deux mains carrées. Ici,
point dennuyeuses nouvelles sur les massacres
algériens. Nuls inutiles analyses sur les
chiffres du chômage. Tout entre ces pages est
propice à lélévation de lesprit, sans
lencombrer de ce qui nest pas essentiel. Soi
beau et fort mon fils. Et tant pis si tes un peu
con, tant quon a la santé Le biceps se
développera à grands coups de télécommande maniée
dune seule main. Merci Euro-Amphétasport. Merci
Stade-Dope. Merci lEquipe.   Passons sans nous
arrêter sur ces gourdes trop maquillées, sur ces
pétasses trop bien coiffées, sur ces grognasses
si apprêtées. Pardonnons à ces gamines
désinformées. Quoi que jen pense, elles
continueront de sémouvoir devant les frasques
amoureuses dune vieille idole de Rock, épousant
larrière-petite-fille dun de ses tout premier
fan. Beurk ! (désolé). Quoi que jen dise, elles
larmoieront en passant sur le pont de lAlma. Non
en pensant aux milliers de mort que value la
campagne dun Bonaparte.
38
Mais en évoquant le souvenir dune princesse
rosbif.  Oui mais elle aidait les pauvres et les
enfants victimes de la guerre !  Pauvre
conne. Avec toute sa fortune personnelle, le
contraire eut été immonde. Et puis, entre nous
soit dit, elle est morte à larrière dune énorme
mercédes, conduite par un chauffeur de maître
saoul comme un polonais (non le chauffeur,
lautre on sen fout). Pas en sautant sur une
mine dans un pays du tiers monde. Là oui, ça
aurait forcé mon respect. Aller finit ton Gala,
et ouvre ton Voici ma belle     Station
Trocadéro. Autre mouvement de foule. Je me
déplace encore.   Plus rien de nouveau me
semble-t-il.   Ho, mais si. Javais bien failli
ne pas le voir celui-ci. Ceut été dommage. Quel
morceau de choi
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