Title:
1ÉQUITÉ ET IMPUTABILITÉ EN ÉDUCATION PERTINENCE
ET LIMITES DES INDICATEURS ETHNIQUES
- Conférence internationaleStatistiques sociales
et diversité ethnique6 décembre 2007 - Marie Mc Andrew, professeureDépartement
dadministration et fondements de
léducationettitulaireChaire en relations
ethniques etChaire de recherche du Canada sur
lÉducation et les rapports ethniquesUniversité
de Montréal
2PLAN DE LA PRÉSENTATION
- Les défis actuels dune éducation équitable et
inclusive - Le rôle et les limites des indicateurs
ethniques - Un exemple concret le projet La réussite
scolaire des jeunes Noirs au Québec - Conclusion quelques conditions gagnantes
3LES DÉFIS ACTUELS DUNE ÉDUCATION ÉQUITABLE ET
INCLUSIVE
- Un contexte normatif et institutionnel en
mutation - De légalité daccès à légalité des résultats
un changement de paradigme - Un accent nouveau mis sur limputabilité des
systèmes et des écoles - Une diversification généralisée de loffre
scolaire accompagnée, dans certains pays, dune
concurrence entre établissements - Une vision souvent opposée des parents comme
consommateurs de léducation
4LES DÉFIS ACTUELS DUNE ÉDUCATION ÉQUITABLE ET
INCLUSIVE
- Une clientèle de plus en plus diversifiée au plan
ethnoculturel - Des marqueurs (langue, culture, religion,
race ) et des profils socio-économiques variés
qui génèrent des situations scolaires et des
besoins dadaptation différents - Des institutions fortement marquées par
l ethos de la majorité (notamment en ce qui
concerne le corps enseignant) qui ont parfois de
la difficulté à entrer en contact avec les
familles et les communautés minoritaires - Une présence immigrante ou minoritaire souvent
associée à des résultats inférieurs, tant au plan
de la réussite quà celui du cheminement
scolaires (? immigration sélectionnée)
5LES DÉFIS ACTUELS DUNE ÉDUCATION ÉQUITABLE ET
INCLUSIVE
- Un système complexe, et non consensuel,
dexplication - Des déficits personnels et familiaux à
linadaptation de lécole - De lethnicité comme épiphénomène de
lappartenance de classe à leuropéanocentrisme
des curriculums et des pratiques (whiteness) - Des facteurs qui, même lorsquils sont similaires
(genre, classe sociale, retard scolaire) ne
semblent pas toujours jouer dans le même sens - Une ethnicisation croissante de lespace
scolaire, de jure ou de facto, accompagnée de
phénomènes dattraction et de rejet de
sous-groupes spécifiques par les établissements
les plus prestigieux
6LE RÔLE ET LES LIMITES DES INDICATEURS
ETHNIQUES
- Des positions divergentes quant à la pertinence
dinclure des variables liées à des marqueurs
ethniques dans les statistiques scolaires - Un débat qui oppose non seulement différents pays
en fonction de leur culture normative et
institutionnelle propre, mais également les
décideurs, les intervenants, les parents et les
groupes communautaires à lintérieur de chaque
société - Une sensibilité différente selon la nature du
marqueur (ex. statut de citoyenneté vs race
ou religion) - Une résistance plus forte à la production
dindicateurs de performance individuelle ou
systémique modulés en fonction de sous-groupes
spécifiques quà la simple inclusion de
variables ethniques dans les statistiques
descriptives (composition de la population
scolaire)
7LE RÔLE ET LES LIMITES DESINDICATEURS
ETHNIQUES
- Des arguments favorables, globalement plus
convaincants, centrés sur - Pour les statistiques descriptives
- Une planification plus efficace par les décideurs
scolaires - Offre de services supplémentaires liés à la
présence de certains groupes - Représentativité des instances consultatives
et/ou (à plus long terme) du personnel enseignant - Prise de conscience de la concentration de
certains sous-groupes dans des établissements
spécifiques et possibilité de définir des actions
à cet égard - Une meilleure gestion des écoles par les
directions - Connaissance plus précise de la clientèle qu au
facies - Développement de projets éducatifs adaptés
- Liens avec la communauté
8LE RÔLE ET LES LIMITES DESINDICATEURS
ETHNIQUES
- Pour les indicateurs de performance individuelle
ou systémique - Des outils de diagnostic essentiels permettant
didentifier les sous-groupes à risque au plan de
la réussite scolaire et de moduler laction
éducative à leur égard - Des données généralement plus complexes que la
rumeur alarmiste du terrain ou la dénégation
des problèmes par les autorités - Une approche plus critique de la performance des
systèmes et des écoles qui questionne leur
capacité à faire réussir les groupes les plus
vulnérables - Une imputabilité plus grande auprès des parents
et des communautés minoritaires et un soutien à
leur mobilisation en faveur dune éducation plus
équitable
9LE RÔLE ET LES LIMITES DESINDICATEURS
ETHNIQUES
- Des préoccupations toutefois légitimes chez les
opposants - Pour les statistiques descriptives
- Les problèmes éthiques associés à la déclaration
obligatoire de certaines caractéristiques par
des parents vulnérables - Un renforcement de la concentration ethnique
(impact des données relatives à la composition
ethnoculturelle des établissements sur le
white flight - Pour les indicateurs de performance
- Le danger de stigmatiser encore davantage
certains groupes marginalisés (renforcement des
préjugés des enseignants ou présentation
sensationnaliste par les médias) - Lethnicisation indue des problèmes vécus par les
élèves minoritaires, au dépens des
caractéristiques communes quils partagent avec
dautres élèves à risque - Danger de multiplier les initiatives ad hoc
plutôt que les programmes universels de soutien à
la réussite - Fragmentation des luttes en faveur de léquité à
lécole
10UN EXEMPLE CONCRET LE PROJET LA RÉUSSITE
SCOLAIRE DES JEUNES NOIRS AU QUÉBEC
- Une demande de la communauté répondant à des
limites des données jusqualors disponibles - Les jeunes Noirs francophones et anglophones
invisibles au sein des statistiques scolaires
basées sur la langue - Le besoin de connaître létendue réelle dune
situation perçue comme préoccupante - Un intérêt particulier pour un sous-groupe
particulièrement vulnérable les jeunes Noirs
anglophones à lécole française - Un partenariat entre les chercheurs
universitaires, le ministère de lÉducation, du
Loisir et du Sport et les communautés concernées
11UN EXEMPLE CONCRET LE PROJET LA RÉUSSITE
SCOLAIRE DES JEUNES NOIRS AU QUÉBEC
- Lélaboration dun protocole de recherche et dun
échéancier reflétant les intérêts et
préoccupations respectives - Extension de létude à cinq sous-groupes de la
communauté noire et aux deux secteurs
linguistiques - Utilisation dindicateurs déjà disponibles au
MELS pour lensemble de la population scolaire
(présence, taux de réussite et moyenne à diverses
épreuves ministérielles/taux de diplômation
secondaire après cinq, six, sept ans/accès et
taux de diplômation au collégial) - Exploration de facteurs explicatifs variés
(genre, statut socio-économique, lieu de
naissance, âge à larrivée au secondaire, retard
scolaire accumulé, déclaration comme EHDAA,
fréquentation de la classe daccueil) - Comparaison avec lensemble des élèves issus de
limmigration et lensemble de la population
scolaire - Production rapide de données descriptives versus
analyses de régression réalisées ultérieurement
12UN EXEMPLE CONCRET LE PROJET LA RÉUSSITE
SCOLAIRE DES JEUNES NOIRS AU QUÉBEC
- Une stratégie de dissémination et dappropriation
des données par les décideurs et les communautés
concernées - Plus dune douzaine de rencontres préalables à la
publication - Présentations diverses dans des forums
internationaux, nationaux et locaux et rédaction
darticles scientifiques et/ou dans des revues
professionnelles ou communautaires - Mise sur pied par le MELS dun comité de suivi
afin de définir les actions nécessaires à la
réponse aux problèmes rencontrés
13UN EXEMPLE CONCRET LE PROJET LA RÉUSSITE
SCOLAIRE DES JEUNES NOIRS AU QUÉBEC
- Une expérience globalement très positive
- Une meilleure compréhension des nuances de
lexpérience scolaire des jeunes Noirs
(déconstruction du concept même dune communauté
noire) - Lidentification du profil-type de lélève à
risque permettant de mieux cibler les actions
prioritaires - Une exploration des facteurs influençant la
réussite scolaire des jeunes Noirs, permettant de
cerner la spécificité de certains impacts (par
exemple, genre, statut socio-économique) - Une valorisation de la recherche universitaire
auprès des décideurs et des communautés
concernées - Aucun dérapage médiatique
14UN EXEMPLE CONCRET LE PROJET LA RÉUSSITE
SCOLAIRE DES JEUNES NOIRS AU QUÉBEC
- Quelques interrogations sur limpact à plus long
terme - Nombreuses initiatives ad hoc suite à la
publication des résultats, tant au niveau
ministériel quel local - Pas encore de cadre global de réflexion et
dintervention sur la question - Données insuffisamment diffusées dans le débat
public québécois et canadien (effet pervers de la
prudence à légard des médias?) - Influence majeure de cette démarche dans
lélaboration dune étude plus générale sur la
réussite scolaire des jeunes issus de
limmigration au Québec et le développement dun
projet comparatif pancanadien (Montréal, Toronto,
Vancouver)
15CONCLUSIONQUELQUES CONDITIONS AGNANTES
- Pertinence certaine de lélaboration et de
lutilisation de statistiques descriptives ou
d indicateurs relatifs à des sous-groupes
fondés sur des marqueurs ethniques, dans le
développement dune école équitable et inclusive - Écueils potentiels réels dont il faut tenir
compte au plan de la stigmatisation de certaines
communautés ou dune interprétation erronée de
certaines données
16CONCLUSIONQUELQUES CONDITIONS GAGNANTES
- Quelques conditions permettant de les éviter ou
des minimiser - Définir clairement les objectifs visés, qui
doivent toujours inclure des bénéfices pour les
groupes concernés - Sassurer de leur collaboration à toutes les
étapes du processus - Favoriser des approches méthodologiques
permettant de cerner, mais aussi de bémoliser,
limpact de la variable ethnique (ou de ses
divers avatars) par rapport à dautres
déterminants de la réussite scolaire - Prévoir une dissémination préventive dans le
cas de données qui pourraient être mal
interprétées ou utilisées pour renforcer des
préjugés ou des stéréotypes (milieux scolaires
mais aussi communautés concernées) - Développer des modes de présentation des données,
accessibles à un public de non-spécialistes et
accepter, dans les limites du rôle dun
chercheur, den dégager les incidences au plan
des politiques et des pratiques
17- Pour terminer
- Une boutade pour cette assemblée de statisticiens
souvent obsédés par les nuances méthodologiques - Tout ce qui est simple est faux mais tout ce qui
est suffisamment complexe pour être vrai est
inutilisable