Title: CYCLE DE FORMATION ATTAC
1CYCLE DE FORMATION ATTAC
- LA CRISE FINANCIÈRE MONDIALE
-
Robert COBBAUT -
Professeur émérite -
Université de Louvain-la-Neuve
2PLAN
- 1. MONNAIE ET FINANCE UN SYSTÈME INTÉGRÉ
- 2. LA CRISE DES SUBPRIMES
- 3. LES DÉSORDRES DU CAPITALISME MONDIAL
31. MONNAIE ET FINANCE UN SYSTÈME INTÉGRÉ
4LA MONNAIE EST DÉFINIE PAR SES FONCTIONS
- 1) MÉDIUM DES ÉCHANGES essentiel
. (moyen
de paiement) - 2) RÉSERVE DE VALEUR
essentiel - 3) NUMÉRAIRE
conventionnel
5IL EXISTE UNE PLURALITÉ DE MONNAIES
- CONTRAINTE DE
CONVERTIBILITÉ
- Monnaie publique
- Émise par une autorité publique
- (Banque Centrale)
- A cours forcé
Monnaies privées - Émises par les intermédiaires
financiers monétaires banques de dépôt
6LES FONCTIONS BANCAIRES 1
- INDIVIDUELLEMENT
- ? ORGANISATIONS À BUT LUCRATIF EN
COMPÉTITION - POUR VENDRE DES PRODUITS FINANCIERS
- ? ORGANISATIONS HABILITÉES A CRÉER
DE LA MON- - NAIE PAR LA DISPENSATION DE CRÉDIT
-
- SAPPUYANT SUR LA
- BANQUE CENTRALE
- ? RÉGULATEUR DU SYSTEME BANCAIRE
- ? POURVOYEUR DE LIQUIDITÉ COMME
- PRÊTEUR EN
DERNIER RESSORT
7MONEY CREATION
- VISION COURANTE LES DÉPÔTS FONT LES CRÉDITS
- Actif
Passif - CRÉDITS
DÉPÔTS - MAIS
- LES BANQUES PEUVENT PRÊTER PLUS QUELLES NONT DE
DÉPÔTS - CRÉATION MONÉTAIRE
- DANS CE CAS LES
CRÉDITS FONT LES DÉPÔTS
8- POUR EFFECTUER DES PAIEMENTS
- Z UTILISERA
- SOIT UNE MONNAIE PRIVÉE
- ? SOIT LA MONNAIE PUBLIQUE
- CELA DÉPENDRA DU
- DEGRÉ DE BANCARISATION
- DE LÉCONOMIE
9LINFLATION
- EST UN PHÉNOMÈNE ESSENTIELLEMENT MONÉTAIRE
PERTE DE POUVOIR DACHAT DE LUNITÉ MONÉTAIRE,
QUI SE RÉPERCUTE SUR TOUS LES RÉCEPTEURS DE
REVENUS MONÉTAIRES - RÉSULTE DE CE QUE LE MONTANT DÉPENSÉ DU
CRÉDIT - QUI RESTE EN CICULATION - POUR
ACCROÎTRE LA CAPACITÉ DE PRO- DUCTION DE BIENS ET
DE SERVICES NENGENDRE PAS DANS TOUS LES CAS UN
CASH FLOW (recette de vente) (coût de
production) SUFFISANT POUR REMBOURSER ET
RÉMUNÉRER LEMPRUNT. LA FAILLITE DES ENTREPRISES
INSOLVABLES NEST PAS LA SEULE CONSÉQUENCE DE CET
ÉTAT DE FAIT. - DU POUVOIR DACHAT DEVENU EXCÉDENTAIRE PAR
RAPPORT AU VOLUME DE TRANSACTIONS ANTICIPÉ
DEMEURE EN CIRCULATION, CE QUI ENTRAÎNE UNE PERTE
DE POUVOIR DACHAT DE TOUS LES REVENUS
MONÉTAIRES IL Y A BIEN SOCIALISATION DES
PERTES
10LES FONCTIONS BANCAIRES 2
- COLLECTIVEMENT
- (CELA INCLUT LA BANQUE CENTRALE)
- LES BANQUES EXERCENT UNE MISSION
- DE SERVICE PUBLIC
- LE SERVICE DE PAIEMENT
- (ASSURER LA CONTINUITÉ DE LA CHAÎNE DES
PAIEMENTS) - DONT ELLES RETIRENT INDIVIDUELLEMENT UNE
INFORMATION PRIVILÉGIÉE - SUR LEURS CLIENTS (CONNAISSANCE DU MOUVEMENT DE
FONDS) - ÉVITER LA RUPTURE DE LA CHAÎNE DES PAIEMENTS EST
VITAL - LES BANQUES IMPORTANTES SONT T.B.T.F.
- LES AUTRES ÉTANT LE PLUS SOUVENT T.S.T.S.
11LA POLITIQUE MONÉTAIRE
- DEUX THÉORIES ALTERNATIVES
12 MONNAIE EXOGÈNE CURRENCY PRINCIPLE MONNAIE ENDOGÈNE BANKING PRINCIPLE
TYPE DÉCONOMIE ÉCONOMIE DE MARCHÉS PURS NEUTRALITÉ DE LA MONNAIE ( le voile des échanges ) ÉCONOMIE DE PAIEMENTS SOUS CONTRAINTE MONÉTAIRE (position minimum dun compte zéro)
FONCTION PRINCIPALE DE LA MONNAIE RÉSERVE DE VALEUR (composant de la fortune des agents) MÉDIUM DES ÉCHANGES (cycle création-destruction)
OFFRE DE MONNAIE EXOGÈNE LA BANQUE CENTRALE CRÉE LA BASE MONÉTAIRE QUI SE VOIT APPLIQUER UN MULTIPLICATEUR () ENDOGÈNE ANTÉVALIDATION PAR LE CRÉDIT
THÉORIE QUANTITATIVE () QUALITATIVE (ANTICIPATIONS)
RÉGULATION EX ANTE EX POST (contrainte de CONVERTIBILITÉ)
13THÉORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE
- M x V P x T
- M stock de monnaie de base variable exogène
dépendant exclusivement des décisions de
lautorité monétaire (Bq Centr.) - V vitesse de circulation de M variable
comportementale caractérisée par une haute
inertie ( constante ) - P niveau général des prix
- T transactions (en volume physique
standardisé) variable exogène supposée
déterminée uniquement par des facteurs déconomie
réelle - SI CES HYPOTHÈSES SONT STRICTEMENT VÉRIFIÉES,
- LE SENS DE LA CAUSALITÉ EST M ? P
(interprétation)
142. LA CRISE DU CRÉDITDITE CRISE DES
SUBPRIMES
15LES ORIGINES LOINTAINES DE LA CRISE
- Depuis la fin des années 90, la croissance
américaine était boostée par les dépenses de
consommation, elles-mêmes boostées par la
politique moné-taire de la Fed (Federal
Reserve, banque centrale des Etats-Unis), dont
le taux directeur cest-à-dire celui qui permet
aux banques de se refinancer était maintenu à
un niveau très bas. Ainsi, au moment de la
mini-réces-sion de 2001, ce taux a été abaissé à
1, niveau hyper-bas auquel il a été maintenu
pendant près de trois ans. - Malgré cette politique fortement incitative au
recours au crédit pour lachat de biens de
consommation durables (voitures, équipements
électro-ména-gers et audio-visuels, etc.), la
croissance de ces dépenses sest fortement
ralentie. En effet, pour des raisons juridiques
et techniques, ce type de cré-dit ne peut être
garanti par un droit de suite sur les objets
achetés, car il sagit de biens meubles. La
décision doctroi de crédit doit donc être basée
exclusivement sur une évaluation de la
solvabilité du débiteur. Létat de surendettement
chronique dune proportion très élevée des
ménages amé-ricains était donc un frein à la
croissance de ce type de produits financiers. Il
sagissait par conséquent pour les institutions
financières, aiguillonnées par les exigences de
rentabilité sur fonds propres de leur
actionnariat, da-dopter un autre angle
dattaque.
16LES ORIGINES PROCHAINES DE LA CRISE
- Surfant sur la vague de hausse des prix de
limmobilier résidentiel, dont certains
commençaient pourtant à se demander sil ne
sagis-sait pas dune bulle spéculative , des
institutions financières dé-cidèrent de se
retourner sur le crédit hypothécaire qui permet
que la valeur de marché du bien financé constitue
la garantie essentielle du risque de crédit en
ciblant les subprimes avec beaucoup d
agressivité commerciale, notamment en accordant
des franchises de paiement pouvant aller jusquà
2 ans (mais les intérêts composés courent). - Certes, ces professionnels nignoraient pas
quun taux de sinistre trop élevé porterait
atteinte à tout le moins à leur liquidité,
sinon même à leur solvabilité. Mais, comme cest
le cas dans tous les mouvements à caractère
spéculatif, la plupart dentre eux suresti-maient
lourdement le caractère durable de la vague de
hausse des prix, ainsi dailleurs que leur propre
capacité de sauter à temps du train en marche .
17LA CIBLE LES SUBPRIMES
- SUR LE MARCHÉ HYPOTHÉCAIRE DES USA
- PRIME contrat de prêt hypothécaire à un
débiteur dont la - probabilité de défaut de
paiement est très faible et - qui peut par conséquent
bénéficier du taux dinté- - rêt le plus favorable
(prime rate ou premier taux) - SUBPRIME contrat de prêt hypothécaire à un
débiteur de - moindre solvabilité. Comme
il présente un risque - de défaut plus élevé, il
paiera un taux dintérêt - prime rate risk
premium (prime de risque)
18LE MARCHÉ HYPOTHÉCAIRE AUX USA
- FONDÉES SUR LHYPOTHÈSE DE MARCHÉS EFFICIENTS
(1) ET SUR LES CROYANCES DANS LA DURABILITÉ DES
MOUVEMENTS DE HAUSSE DES PRIX, LES DÉCISIONS DE
CRÉDIT AU LOGEMENT SONT PRISES SUR LA BASE DE LA
VALEUR DE MARCHÉ DU GAGE HYPO-THÉCAIRE, SANS
PRISE EN CONSIDÉRATION DE LA SOLVABILITÉ DU
DÉBITEUR - CE TYPE DE CULTURE FINANCIÈRE A INDUIT CHEZ LES
MÉNAGES AMÉRICAINS DES PRATIQUES DE GESTION
ACTIVE DE LEUR EN-DETTEMENT - - EMPRUNT INITIAL ÉGAL AU COÛT TOTAL DE LACHAT
OU DE LA CONSTRUCTION, VOIRE DAVANTAGE - - PRATIQUE DU CASH OUT APRÈS UNE HAUSSE
SUFFISANTE DE LINDICE DES PRIX, CONCLUSION DUN
NOUVEL EMPRUNT DUN MONTANT SUPÉRIEUR AU
PRÉCÉDENT LEXCÉDENT DE CASH OB-TENU PERMETTANT
DEFFECTUER DES ACHATS AU COMPTANT OU DEFFACER
UN SOLDE SUR CARTE DE CRÉDIT (ENDETTEMENT
IN-VISIBLE)
19LHYPOTHÈSE (indûment transformée en thèse)DE
MARCHÉS EFFICIENTS 1
- Un marché financier est dit efficient lorsque
les prix pratiqués pour les actifs financiers
sont une estimation non biaisée de la vraie
valeur économique des actifs réels sous-ja-cents - Sur des tels marchés, toute information nou-velle
est répercutée rapidement et adéquate-ment dans
les prix.
20LHYPOTHÈSE (indûment transformée en thèse)DE
MARCHÉS EFFICIENTS 2
- CEST SUR LA BASE DUNE TELLE CROYANCE
- - 1) que sest fait jour la doctrine de la
valeur actionnariale qui fait au dirigeants le
devoir imprescriptible de maximiser la
shareholder value added (SVA) (), valeur
ajoutée au profit des actionnaires, considérés
comme les propriétaires de la firme - () souvent appelée plus pudiquement
Economic Value Added (EVA) - - 2) qua été mis en place un régime
dauto-régulation rè-gles de conduite édictées
par les seuls professionnels et sanctionnées
uniquement par le marché - - 3) quont été élaborés des modèles de gestion
du risque de crédit fondés exclusivement sur la
valeur du gage ou du col-latéral et ne tenant
plus aucun compte dune estimation de la
solvabilité du débiteur des revenus -
- - 4) que de nombreuses banques sestiment en
droit daffirmer a posteriori quelles ont en
loccurrence fait tout ce quelles pouvaient
et devaient faire (déni de responsabilité)
21LE PROCÉDÉ TECHNIQUE LA TITRISATION 1
- Les dispensateurs initiaux du crédit hypothécaire
étaient bien décidés à ne pas porter eux-mêmes la
majeure par-tie du risque de crédit. Ils eurent
pour cela recours à la technique dite de -
TITRISATION - dont le mécanisme essentiel consiste à mettre un
en-semble de crédits dans un pool qui est
déchargé (offloaded) dans un véhicule spécial
dinvestissement (Special Investment Vehicle)
ou conduit (conduct). - On notera que ce passage (pass through)
entraîne une modification de la nature juridique
de la créance seul le droit aux revenus du
pool est transféré au conduit , les
titulaires du droit de suite hypothécaire étant
toujours les créanciers initiaux.
22LE PROCÉDÉ TECHNIQUE LA TITRISATION 2
- Lactif du bilan du conduit , qui est une
entité juridique dis-tincte du créancier initial,
même sil en est une filiale à 100, consiste
dans le droit au revenu du pool, que le
conduit doit acheter au créancier initial.
Quant au passif de ce même bilan, il comporte,
dune part, les fonds propres de cette entité
tou-jours très faibles et, dautre part, une
très importante dette ordinaire 1 titrisée
par le moyen dun CDO (collateralized 2 debt
obligation ). - 1 Cest-à-dire non assortie dune garantie
formelle, bien que le caractère hypothécaire du
contrat initial accroisse la probabilité que le
créancier pri-maire rentre dans ses fonds. - 2 Ce terme juridique anglo-saxon signifie que
les revenus engendrés par le pool (les
paiements des débiteurs hypothécaires), quel
quen soit en fait le montant, sont affectés au
service (paiement des intérêts et rembourse-ment)
de la dette (debt obligation) ainsi créée.
Cest donc abusivement que la plupart des
commentateurs de presse le traduisent par
lexpression titres garantis par des
créances . Lexpression anglaise est quant à
elle plus exacte (mortgage backed securities).
À côté des risques financiers, il existe donc un
risque de traduction .
23LE PROCÉDÉ TECHNIQUE LA TITRISATION 3
- Cette dette est donc divisée en un grand nombre
de titres qui sont vendus à des investisseurs
institutionnels (fonds communs de placement,
fonds de pension, com-pagnies dassurance, ). - Quand les crédits titrisés sont de bons
risques , cette pratique na rien de
critiquable en soi au contraire, elle contribue
à donner au marché plus de profondeur, de
liquidité et de flexibilité. - Elle présente cependant dans tous les cas
linconvénient de permettre aux créanciers
initiaux d évacuer hors bilan une part de
leurs crédits (souvent dailleurs les plus
risqués) et de se soustraire ainsi indûment à
lobli-gation prudentielle de couvrir
partiellement ceux-ci en fonds propres,
conformément aux règles internatio-nales édictées
par le Comité de Bâle .
24LA NOTATION (RATING) DES DETTES
- LES DETTES COTÉES OU QUI FONT LOBJET DE
TRANSAC-TIONS DE GRÉ À GRÉ (Over The Counter)
ORGANISÉES PAR DES INSTITUTIONS FINANCIÈRES
DOIVENT FAIRE LOBJET DUNE - NOTATION (Rating), CEST-À-DIRE DUNE
ÉVALUATION DE LA QUALITÉ DU DÉBITEUR ÉTABLIE PAR
UNE FIRME SPÉCIA-LISÉE (Agence de notation
Rating Agency) - SUPPOSÉE
INDÉPENDANTE - IL Y A EN GÉNÉRAL 9 NIVEAUX DE NOTATION
-
A A A -
A A -
A -
B B B -
B B -
B -
C C C -
C C -
C
25L ABUS DANS LEXAGÉRATION LE TRANCHING
-
- LE BILAN-TYPE DUN
CONDUIT - Actif
Passif - Les tranches les plus risquées sont SUBORDONNÉES
aux tranches moins risquées - LIBOR London Interbank Offering Rate
- prime rate de référence du
marché interbancaire
26- Les tranches supérieures ont priorité sur les
tranches de moindre rang et sont donc moins
risquées que celles-ci. Elles obtiennent ainsi
une meilleure notation (rating) et, par
conséquent un taux dintérêt plus bas. - Lhypothèse de travail implicite est que les prix
de limmobilier con-tinueront à monter et que,
par conséquent, lexécution des gages
hypothécaires, même en vente forcée, permettra de
récupérer la quasi-totalité des dettes impayées
et que le taux de sinistres plus important des
subprimes naffectera jamais que les tranches
infé-rieures. - Les tranches supérieures, elles, pourront par
conséquent être rémunérées à un taux à peine
supérieur au taux de base, de telle sorte que le
conduit réalisera année après année un
spread, différence positive entre ce que lui
rapporte le pool de créances et le montant
total quil doit servir à ses obligataires. - Dans le compte de résultats consolidé du groupe,
ce spread viendra sajouter au profit réalisé
par lentité en charge du crédit hypothécaire
proprement dit.
27LEFFONDREMENT DU CHÂTEAU DE CARTES
- LE SUCCÈS DE CE SCÉNARIO AGRESSIF ÉTAIT
SUBOR-DONNÉ À DEUX CONDITIONS LIÉES - - 1) LA POURSUITE INDÉFINIE DE LA HAUSSE DES
PRIX DE LIMMOBILIER RÉSIDENTIEL - - 2) LA PERSISTANCE DUN DIFFÉRENTIEL DE RISQUE
IM-PORTANT ENTRE LES DIFFÉRENTES TRANCHES DES
CDO, DE TELLE SORTE QUE LE TAUX DE SINISTRES
DES SUB-PRIMES, BIEN QUE PLUS IMPORTANT, NEN
AFFECTE JA-MAIS QUE LES TRANCHES INFÉRIEURES
28OR,
- La tendance haussière du marché immobilier
résidentiel améri-cain sest inversée au cours du
3ème trimestre de 2007. À fin janvier 2008, la
chute de lindice était de lordre de 20 et la
majorité des spécialistes considèrent
aujourdhui que ce ni-veau est encore
significativement trop élevé. Cest, bien
enten-du, ce retournement qui fut le signal
déclencheur de la crise. - Quand lindice des prix se met à chuter, le
taux de défaillan-ces saccroît de manière plus
que proportionnelle car les débi-teurs primaires
sont pris en tenaille par la dévalorisation de
leur gage et le hausse des charges de leurs
contrats à taux va-riable, de telle sorte que
le degré de risque des CDO tend à devenir
homogène. Nombre de tranches supérieures, surtout
quand elles sont très épaisses, sont ou seront,
dans un futur plus ou moins proche(1),
affectées plus ou moins sérieuse-ment. - (1) Le 1er paiement sur les derniers contrats
conclus mi-2007 avec une fran-chise de paiement
de 2 ans ne devra avoir lieu que mi-2009.
29LE CARACTÈRE SYSTÉMIQUE DU RISQUE 1
- LES CONDITIONS DE POSSIBILITÉ DE LA
- DISSÉMINATION DU
RISQUE - 1) CONDITION STRUCTURELLE la sphère financière
est la seule à être vraiment globalisée,
cest-à-dire non seulement mondialisée mais
aussi homogénéisée dans ses produits, ses
modes dévaluation et ses procé-dures - 2) CONDITION TECHNIQUE la titrisation
- 3) CONDITION ORGANISATIONNELLE lindustrie
de la gestion d ac-tifs est maintenant composée
dune chaîne dintermédiaires ensembliers
spécialisés chacun dans un style de gestion, si
bien que la majorité des produits proposés
aux investisseurs sont, dans le cas le plus
simple , des fonds de fonds et bien souvent
des compositions en cascade. Il est dans ce cas
pratiquement impossible destimer le risque de
portefeuilles mixant divers CDO () avec
dautres produits financiers complexes. - () Eux-mêmes régis par des contrats complexes
dont il peut dailleurs savérer im-possible de
se procurer le texte, car ce sont des contrats
privés.
30LE CARACTÈRE SYSTÉMIQUE DU RISQUE 2
- À CET EFFET DE COMPOSITION SAJOUTE UN
- EFFET DE
CONTAGION - La liquidité, et peut-être même la solvabilité
de nombreuses ban-ques étant incertaine, toutes
les banques hésitent à utiliser leurs liquidités
temporairement excédentaires à effectuer des
prêts, mê-me à très court terme, aux autres
banques. Il y a donc une crise systémique
induite du marché interbancaire (credit
crunch) qui rend indispensable, pour éviter ce
qui pourrait devenir une paraly-sie totale du
système financier, les interventions de
substitution de la Banque Centrale des USA
(Federal Reserve ou Fed) et de la Banque
Centrale Européenne (BCE). Les tentatives de
sauvetage des banques en défaut de paiement
seront, comme à chaque fois, financées par un
prélèvement sur les ressources collectives.
31LES PISTES DE SOLUTION
- Hypothèse de travail
- persistance
dun système multi-devises - Quatre changements essentiels
- - Un prêteur international en dernier ressort
disposant de res-sources suffisantes - - Un droit des faillites unifié à léchelle
mondiale - - Une autorité budgétaire capable de socialiser
les pertes - - Un ensemble cohérent dentités de
réglementation et de su-pervision, considérant
notamment la notation comme un bien public et
empêchant une titrisation sans garde-fous
323. LES DÉSORDRES DU CAPITALISME MONDIAL
- Le fait de régler le problème de la crise du
crédit ne résoudra pas la crise économique
mondiale - Tommaso PADOA SCHIOPPA
- Ministre italien des Affaires Étrangères
- Éminent spécialiste déconomie financière
- Au Financial Times le 14 avril 2008
333.1. LES ASPECTS MACRO-ÉCONOMIQUES
- 3.1.1. À propos des marchés financiers, il y a
lieu de distinguer - CYCLE MONÉTAIRE (jusquen 1999)
- Haut degré dutilisation des capacités
productives, de telle sorte que les hausses de
coût des facteurs sont répercutées dans le prix
(ex-pression de la valeur sociale relative) des
biens et services - CYCLE RÉEL (jusquen 1999)
- Capacités de production excédentaires dans de
nombreux secteurs lâpreté de la concurrence y
empêche les firmes de répercuter dans les prix
des biens et services la hausse du coût des
facteurs, et même à réduire leurs marges plus que
proportionnellement. La rentabilité des actifs
financiers, en particulier des actions, devient
beaucoup plus difficile à garantir. - Exceptions
- - prix spéculatifs matières premières (pétrole,
minerais, céréales ) - - effets massifs de substitution biens
alimentaires biocarburants - - produits de luxe quand linégalité de revenus
saccroît
343.1.2. LES INTERACTIONS DE LA FINANCE ET DE
LÉCONOMIE RÉELLE
- Les banques centrales (BC) considèrent que leur
mission ne com-prend pas la régulation des
prix des actifs financiers qui est du ressort
exclusif des marchés financiers (ils sont
efficients !). La plupart, dont la BCE, se
bornent à (tenter de) juguler linflation - En régime monétaire, la baisse de linflation na
pas deffet majeur au-tre que psychologique, la
diminution de laversion vis-à-vis du risque,
dont la rémanence est toutefois élevée - En cycle réel, les BC vont demeurer passives
devant une dynamique demballement du crédit
privé liée à une accumulation dactifs
finan-ciers tant que celle-ci na pas deffets
sur les prix des biens et des services non
financiers, au lieu dadapter demblée une
conduite pro-active visant à contrer ce
phénomène. - Quand la confiance dans la valeur des engagements
financiers va jus-quà provoquer un credit
crunch, cette situation, jointe aux
déséqui-libres structurels quon va évoquer,
engendre un mouvement déflatoi-re (récession)
qui, joint aux facteurs inflatoires évoqués plus
haut, est de nature à provoquer la stagflation,
cest-à-dire la coexistence de la stagnation
(croissance nulle ou très faible) et de
linflation.
353.2. LABSENCE DE COORDINATION DES POLITIQUES
ÉCONOMIQUES ET SOCIALES LINCOMPATIBILITÉ DES
RÉGIMES DE CROISSANCE
- LE TRAIT MAJEUR
- la globalisation financière a détruit lÉtat
keyné-sien. Le néo-libéralisme dont elle est
issue a inversé la hiérarchie entre le marché et
le politique. () Cette inversion des valeurs
sert surtout de justifica-tion aux États
néo-libéraux pour mener des politi-ques de
privatisation de la protection sociale au nom
dun universalisme qui nie la spécificité des
modèles sociaux. -
Michel AGLIETTA et Laurent BERREBI -
Désordres dans le capitalisme mondial -
Paris, O. Jacob, 2007, p. 399
363.2.1. LES ÉTATS UNIS
- Hyper-réactivité aux marchés
- Avènement dune société inégalitaire posée en
modèle universel - Insuffisance de lépargne
- Twin deficits
- - budget de lÉtat
- - dépenses militaires
- - dégrèvements fiscaux
- - balance commerciale
- Politique monétaire proactive mais limitée à
linterne - Blocage de la mobilité sociale
- Flexibilité, un peu de flexicurité
- Endettement (extérieur) public et privé très
important et à ris-que croissant (? chute du ) - Une seule chose est certaine cette faculté
dendettement nest pas illimitée
373.2.2. LUNION EUROPÉENNE 3.2.2.1. LES
DÉFICIENCES POLITIQUES
- La structure politique lUE nest pas un État
fédéral, mais un marché commun, ce qui
entraîne de multiples défauts de co-opération - Hétérogénéité des modèles sociaux et donc des
politiques so-ciales - Insuffisance sinon absence de coordination des
politiques éco-nomiques et budgétaires. La Banque
Centrale Européenne, dé- jà fortement limitée
par létroitesse de sa mission (régulation de
linflation) ne possède aucun repère clair pour
la définition de sa politique monétaire - Absence dun socle minimal dharmonisation
fiscale ?distorsions de concurrence et
dévaluations déguisées (TVA)
383.2.2.2. UNE CROISSANCE MOLLE
393.3. LES PAYS ÉMERGENTS DASIE LA CHINE
- FORTE CROISSANCE MAIS EXTRAVERTIE (boostée par
un sous-évaluation volontaire du change par
raport au ) des réformes structurelles
coordonnées visent à détourner progressivement
les produits vers une demande intérieure elle
aussi restructurée () afin de devenir à moyen
terme le moteur de la croissance - LE PARAVENT CHINOIS après couverture des
besoins énergéti-ques et alimentaires, il demeure
un important surplus net dépargne que les USA
importent sous la forme de capitaux qui
sinvestissent pour partie en titres financiers
liquides et sont pour lautre partie transformés
en exportations dinvestissements directs en
Chine (), ce qui laisse un déficit courant de la
balance des paiements. - () Lexcès de main dœuvre rurale à mobiliser
vers lindustrie et les services urbains est
estimé à quelque 200 millions de travailleurs - () Les créances de la Chine aux USA sont un
collatéral de linvestissement direct des
entreprises américaines qui opèrent à des
transferts de technologie