Title: Les angines bact
1Les angines bactériennes
- DES bactériologie - 18 juillet 2006 Allemand
Audrey - Rasigade Jean-Philippe
2Généralités
- ? 9 millions dangines diagnostiquées / an en
France - La majorité des angines est dorigine virale
- Habituellement bénin, gravité potentielle liée à
certaines étiologies - Clinique infection douloureuse et fébrile des
amygdales voire de lensemble du pharynx - Installation rapide
- Fièvre (intensité variable)
- Douleur constrictive spontanée de loropharynx
- Odynophagie
- Adénopathies satellites
- Absence de toux
- ? Examen de loropharynx ? différents types
anatomocliniques
3Généralités
- 4 types anatomocliniques ? étiologies différentes
- Angines érythémateuses et érythématopultacées
- Angines pseudo-membraneuses
- Angines ulcéreuses ou ulcéro-nécrotiques
- Angines vésiculeuses (étiologies virales
uniquement entérovirus ou Herpes simplex virus) - ? 80-90 angines érythémateuses et
érythématopultacées
4- Angines érythémateuses et érythématopultacées
5Étiologies
- Enfants 60-75 virales
- 25-40 SBHA (pic dincidence entre 5 et 15
ans) - Adultes 75-90 virales
- 10-25 SBHA
- Virus rhinovirus, coronavirus, VRS,
Myxovirus influenzae et parainfluenzae,
adénovirus, EBV, VIH (rare) - Bactéries
- Streptococcus pyogenes (SBHA)
- plus rarement autres streptocoques
ß-hémolytiques (C et G) Arcanobacterium
haemolyticum - Neisseria gonorrhoeae
6Angines à SBHA épidémiologie
- Bactérie strictement humaine
- Réservoir pharyngé
- Portage asymptomatique chez
- 5 des adultes
- 20 des enfants
- 25 entourage dun cas dangine à SBHA
- 50 dans les épidémies
- Transmission aérienne
Fréquence des infections à SBHA enquête
nationale (1995)
7Streptococcus pyogenes
- Famille des streptococcaceae
- Cocci gram positif, disposés en chaînettes
- Immobile
- Catalase négative
- Aéro-tolérant ? culture sous CO2
- Gélose au sang ß-hémolyse
- Classification de Lancefield ? propriétés
antigénique du polysaccharide C ? antigène A
8Streptococcus pyogenes facteurs de virulence (1)
- Capsule ? protection contre la
- phagocytose
- invisible à lED
- parfois aspect muqueux
- en culture
- Protéines de surface
- Protéine M
- ? adhérence aux cellules épithéliales
- inhibition de la phagocytose
- ? ? 100 types antigéniques (pouvoir rhumatogène
ou néphro-toxique associé à certains types M) - Acides téichoïques ? adhérence aux cellules
épithéliales - Protéine F ( récepteur de la fibronectine) ?
adhérence aux cellules épithéliales
9Streptococcus pyogenes facteurs de virulence (2)
- Toxines
- Toxines érythrogènes A, C (B et F)
- exotoxines pyrogènes
- Conversion lysogénique
- Activité superantigénique
- ? scarlatine, syndrome de choc toxique
- Streptolysines O et S hémolysines
- Streptolysine O (sensible à lO2)
- ? immunogène ? ASLO (diagnostic indirect)
- Streptolysine S
- Enzymes ? facilitent linvasion protection
contre défenses de lhôte - Streptokinase (fibrinolytique)
- Streptodornase B ( DNase B) ? immunogène
(diagnostic indirect) - Autre hyaluronidase, C5a-peptidase,
nicotinamide désaminase
10Angines à SBHA clinique
Formes érythémateuses Oropharynx inflammatoire ? du volume des amygdales
Formes érythématopultacées Oropharynx inflammatoire Enduit pultacé recouvrant les amygdales
- ? Pas de distinction clinique entre angine virale
et angine streptococcique (sauf si scarlatine
typique) - ? Évolution favorable en 4 jours le plus souvent
11Angines à SBHA manifestations toxiniques
- Scarlatine
- Angine streptococcique une éruption cutanée
due aux toxines érythrogènes - Vomissements / tachycardie ? exanthème
apparaissant au bout de 24 à 48h suivi dune
desquamation entre le 8ème et 30ème jour
énanthème (cycle de la langue) - Choc toxique streptococcique
- Rare (complique le plus souvent les infections
cutanées ou sous-cutanées), souches avec toxine
érythrogène A le plus souvent - Fièvre, hypotension, éruption scarlatiniforme,
diarrhée, défaillance multiviscérale et syndrome
de détresse respiratoire aiguë
12Angines à SBHA complications
- Complications septiques locorégionales
- Phlegmon périamygdalien
- Abcès rétropharyngé
- Adénophlegmon
- Cellulites cervicales
- Syndromes post-streptococciques
- Rhumatisme articulaire aigu (RAA)
- Glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique
(GNA) - Érythème noueux
- Chorée de Sydenham
13Angines à SBHA complications septiques
locorégionales
- Incidence 1
- Phlegmon périamygdalien
- Fièvre élevée, odynophagie,
- otalgie, trismus
- Tuméfaction du voile du palais
- œdème de la luette
- Abcès rétropharyngé
- Fièvre, dysphagie douloureuse dyspnée
- Adénophlegmon
- Douleurs cervicales suivies dun torticolis
fébrile avec AEG - Cellulites cervicales
14Angines à SBHA Syndromes post-streptococciques
- Rhumatisme articulaire aigu (RAA)
- Mécanisme auto-immun parenté antigénique entre
régions de la protéine M et macromolécules
tissulaires (laminine, myosine, collagène) ?
réactions croisées avec certains tissus - Sous-types M1, 3, 5, 6 et 18
- Susceptibilité génétique probable (HLA DR2, HLA
DR4) - Manifestations cliniques ? isolées ou associées
- Survenue 15 à 20j après angine à SBHA
- Signes généraux (fièvre/TD)
- Atteinte articulaire (polyarthrite migratrice)
- Atteinte cardiaque ? gravité du RAA
- Endocarde endocardite rhumatismale (Risque
dendocardite infectieuse) - Myocarde ? peut aboutir à une IC
- Péricarde (pronostic favorable)
- Atteintes cutanées
15Angines à SBHA Rhumatisme articulaire aigu
(RAA)
- Risque 1 à 3 après angine à SBHA non traitée
- Facteurs de risque
- Âge entre 5 et 25 ans
- Antécédent personnel de RAA
- Angines à SBHA récidivantes
- Conditions socio-économiques défavorables
- Vie en collectivité
- Séjour en pays dendémie de RAA
- Prévention antibiothérapie des angines à SBHA
- Réduction du risque
- Importante ? de la fréquence dans PI (rôle
également des modifications socio-économiques
évolution des souches?) - En France ? 10 cas/an
- Fréquence qui reste élevée dans les PVD (et
DOM-TOM)
16Angines à SBHA Syndromes post-streptococciques
- Glomérulonéphrite aiguë post-streptococcique
- Le plus souvent post-infection cutanée (10 à 20j
après) - Rare (150-200 cas/an en France)
- Mécanisme dépôt de complexes immuns ? lésions ?
? FG - Affinité de certains Ag streptococciques pour le
glomérule - Sous-type M12
- Preuves de lefficacité de la prévention par ATB
non apportées - Érythème noueux
- Dermohypodermite nodulaire aiguë
- Chorée de Sydenham
- Survenue tardive (jusquà plusieurs mois après)
et installation progressive - Clinique mouvements involontaires, anarchiques,
diffus, bilatéraux - Régression spontanée en quelques mois
17Diagnostic étiologique
- Intérêt
- Mise en place dune antibiothérapie si SBHA
- - prévention des complications
- - limitation de la dissémination à lentourage
- - accélération de la guérison (24h)
- Lutter contre la sur-prescription
dantibiotiques - Moyens diagnostiques
- Scores cliniques (ex score de Mac Isaac)
- Tests de diagnostic rapide (TDR) du SBHA
- Diagnostic bactériologique (prélèvement de gorge)
18Tests de diagnostic rapidedu SBHA Doctors test
- Principe tests immuno-chromatographiques
rapides détectant lantigène A après extraction
du polysaccharide C - Performances
- VPN 96
- Tests délimination du diagnostic dangine à
SBHA - Rapidité (lt 5 min) / simplicité ? diagnostic
immédiat au cabinet du médecin - Indications
- Chez lenfant à partir de 3 ans
- Chez ladulte si score de Mac Isaac ? 2
- Spécificité 95
- Sensibilité 90
- VPP 90
19Exemple deDoctors test
20Diagnostic bactériologique prélèvement de gorge
- Peu réalisé en pratique (délai de 1-2j)
- Dans contexte angine aiguë ou en labsence de
contexte, recherche de - SBHA (Méthode de référence)
- Streptocoques ß-hémolytiques C et G
- Arcanobacterium haemolyticum si rash cutané
associé - Prélèvement
- Écouvillonnage des amygdales (ou des piliers du
voile du palais et de la paroi postérieure du
pharynx en cas damygdalectomie) - Avant antibiothérapie
- Éviter tout contact salivaire
- Si acheminement gt 2h ? milieu de transport de
type Stuart ou Amies - 2 écouvillons ED
- Mise en culture
21Diagnostic bactériologique
- Examen direct (étalement sur lame)
- Coloration de gram
- Intérêt mise en évidence de lassociation
fuso-spirochétienne (Angine de Vincent) - Mise en culture
- Choix des milieux en fonction du contexte
- Angine aiguë ou absence de contexte gélose sang
avec ou sans mélange inhibiteur, incubation sous
CO2 (5-10) ou en anaérobiose pendant 48h - Identification des germes avec pouvoir pathogène
sur le pharynx - Ne pas mentionner ni les bactéries commensales du
pharynx ni les bactéries de passage pathogènes
dans dautres circonstances cliniques
22Diagnostic bactériologique identification des
streptocoques
- Colonies ß-hémolytiques
- Cocci gram positif, en chaînettes
- Catalase négative
- Groupage antigénique
- Extraction enzymatique de lAg (polysaccharide C)
(37) - Agglutination de particules de latex
sensibilisées avec des Ac anti-groupe A, B, C, D,
F et G
23Diagnostic bactériologique antibiogramme
- Sensibilité du SBHA aux antibiotiques
- Pénicillines toujours sensible à la pénicilline
G - Macrolides (et kétolides)
- Taux de résistance en augmentation (entre 20 à
30 en 2003) - Mécanismes acquisition du gène ermB ?
modification de la cible (phénotype MLSB), efflux - Prescription après antibiogramme et restriction
de leur indication aux patients ayant une CI aux
?-lactamines - Réalisation dun antibiogramme (prélèvement de
gorge) - SBHA ? sur demande (utilisation des macrolides)
- SBHC et G ? idem et fonction de la quantité de
germes - Arcanobacterium haemolyticum
24Antibiothérapie des anginesà SBHA (Afssaps, 2005)
- Traitement
- TDR positif
- Culture positive
- Traitement historique de référence pénicilline
V (Oracilline) 10j (3 prises/j) - Privilégier les traitements courte durée pour
améliorer lobservance - Traitements symptomatiques antalgiques/
antipyrétiques - Efficacité sur la prévention du RAA jusquà 9j
après début des symptômes
25Antibiothérapie des anginesà SBHA (Afssaps, 2005)
- Traitement recommandé Amoxicilline 6j (2 g en
2 prises/j) - Allergie aux pénicillines sans CI aux
céphalosporines C2G ou C3G orales - Céfuroxime axétil 4j
- Cefpodoxime proxétil 5j
- Céfotiam héxétil 5j
- CI aux ?-lactamines
- Macrolides (antibiogramme)
- Azithromycine 3j
- Clarithromycine 5j
- Josamycine 5j
- Pristinamycine au moins 8j de traitement
26Récapitulatif prise en chargedune angine
aiguë (Afssaps, 2005)
Signes évocateurs dune angine
27Autres étiologies bactériennes
- Arcanobacterium haemolyticum
- Autres Streptocoques ß-hémolytiques
- Groupes C et G
- Possible toxine érythrogène (conversion
lysogénique) - ? scarlatine (exceptionnel)
- Complications exceptionnelles
- Pas de risque de RAA
- Rares glomérulonéphrites aiguës
- Neisseria gonorrhoeae
- Formes pharyngées le plus souvent asymptomatiques
- Bilan dune IST (contexte)
- ? Mise en culture sur géloses chocolat enrichies
avec ou sans inhibiteur (type VCAT) - Autres Corynebacterium diphtheriae, Association
fusospirillaire
28Arcanobacterium haemolyticum
- Anciennement Corynebacterium haemolyticum
- Clinique
- Angine érythémateuse ou érythématopultacée
- (pas de distinction clinique avec SBHA/virus)
- rash scarlatiniforme dans gt 30 des cas
- adénopathie dans 50
- Surtout chez les 15-25 ans
- Fréquence estimée 0,5 à 3
- Complications exceptionnelles
- Autre infections cutanées (ulcères chroniques)
et exceptionnellement infections invasives
surtout chez diabétique/alcoolique/néoplasie
(endocardite/ ostéomyélite/méningite/pneumonie/abc
ès)
29Arcanobacterium haemolyticum
- Bacille gram positif corynéforme
- ?-hémolytique
- Aéro-anaérobie facultatif
- Immobile
- Réservoir principalement humain (commensal des
voies aériennes supérieures et de la peau) - Transmission aérienne
- Facteurs de virulence
- ?-hémolysine
- Neuraminidase
- Phospholipase D ? cytotoxicité dissémination de
linfection
30Arcanobacterium haemolyticum
- Diagnostic
- souvent après infections récidivantes
- car diagnostic pouvant être mis en défaut
- Mise en culture (prélèvement de gorge)
- Géloses au sang sous CO2 48-72h
- Sang de mouton petites colonies avec
- zone dhémolyse étroite (visible souvent
- après 48-72h)
- Sang de lapin, cheval ou humain colonies plus
grosses et hémolyse plus importante et plus
précoce - 2 aspects colonies lisses-blanchâtres ou
rugueuses- grisâtres - Milieu Loeffler aspect identique à C.
diphtheriae mais pousse mal sur milieu au
tellurite
31Arcanobacterium haemolyticum
- Identification
- Coloration de Gram
- Catalase négative
- Reverse camp test positif
- Galerie didentification
- Séquençage (gène 16S)
- Infection polymicrobienne
- possible
32Arcanobacterium haemolyticum
- Antibiogramme et traitement
- Sensible aux macrolides (Erythromycine,
Azithromycine), à la Gentamycine, Clindamycine et
aux Céphalosporines - Généralement sensible aux pénicillines mais
quelques échecs de ttt signalés - Résistant au Cotrimoxazole
- ? Traitement par macrolides (Erythromycine)
- Autre pénicillines
33Angines bactériennes pseudo-membraneuses et
ulcéronécrotiques
- Orientation clinique
- Diphtérie
- Angine de Vincent
- Chancre syphilitique
34Orientation clinique
- Angine pseudo-membraneuse
- MNI
- Diphtérie
- Angine ulcéreuse / ulcéronécrotique
- Angine de Vincent
- Chancre syphilitique
- Hémopathie, agranulocytose, cancer amygdalien
35Diphtérie
- Introduction
- Agent causal
- Corynebacterium diphtheriae
- La toxine diphtérique
- Epidémiologie
- Clinique
- Conduite diagnostique
- Attitude thérapeutique
- Prophylaxie
36Diphtérie généralités
- URGENCE diagnostique et thérapeutique
- Angine pseudomembraneuse liée à une souche
toxinogène de Corynebacterium diphtheriae - Rarissime en France mais toujours endémique dans
de nombreux pays en voie de développement et en
Europe de lEst
37Agent causal Corynebacterium diphtheriae
- Bacille Gram positif, immobile, non capsulé, non
sporulé, aéro-anaérobie facultatif - Métabolisme fermentatif
- Catalase , Oxydase -
- Germe exigeant
- Milieu de Loeffler (sérum de bœuf coagulé)
colonies en taches de cire - Gélose sang colonies de petite taille (1-2 mm),
hémolyse ß inconstante
38Milieux de culture
- La culture nécessite de nombreux facteurs de
croissance dont le fer - Milieu de Loeffler
- Milieu classique disolement
- Permet une pousse sélectivement plus rapide (6h)
de C. diphtheriae que des autres germes de la
flore oropharyngée
Milieu de Loeffler stérile
Milieu de Loeffler colonies de C. diphtheriae
39Milieux didentification
- Milieu GHT (gélose, hémoglobine, tellurite)
- Le tellurite de potassium inhibe la plupart des
germes commensaux - Les colonies de C. diphtheriae apparaissent
noires par réduction du tellurite. - Milieu de Tinsdale (sang laqué, cystéine et
tellurite) - Même principe que le milieu GHT, mais les
colonies de C. diphtheriae sont entourées dun
halo noir par production dH2S à partir de la
cystéine - Permet de différencier C. diphtheriae des autres
corynébactéries, qui sont H2S -
40Milieu de Tinsdale
41Examen direct
- Bacille Gram positif à division longitudinale
- Aspect corynéforme en amas, palissades, haltères,
idéogrammes
42Galeries didentification
- Galerie API CORYNE
- Galerie Phoenix
43Toxine diphtérique
- Exotoxine protéique de 62 kDa, sécrétée en
croissance exponentielle et inhibant la synthèse
protéique de tous les tissus (toxine pantrope) - Sécrétée sous forme de pro-enzyme
- Deux fragments A et B liés par ponts disulfures
- Trois domaines
- Domaine enzymatique
- Domaine de fixation aux récepteurs
- Domaine hydrophobe de translocation
trans-membranaire
Fragment A, 24 kDa
Fragment B, 38 kDa
44Physiopathogénie
- Sécrétion et diffusion par voie sanguine
- Internalisation après liaison à un récepteur
ubiquitaire, le pro-HB-EGFL-R (heparine-binding
EGF-like receptor) - Activation par protéolyse
- Inhibition de lEF2 (Facteur délongation 2)
ribosomal - BLOCAGE DE LA SYNTHESE PROTEIQUE
45Régulation de la sécrétion
- La toxine diphtérique est codée par le gène tox
porté par un phage bêta - Seules les souches lysogènes sont sécrétrices
- Lexpression du gène tox est régulée par un
répresseur, codé par le gène toxR porté par le
chromosome bactérien - Ce répresseur nécessite la présence de fer ( gt
100µg/l) pour inhiber lexpression de tox - Le fer étant en très faible quantité
- dans les sécrétions oropharyngées, la
- toxine est sécrétée sans retenue
46Diagnostic du caractère toxinogène mise en
évidence du gène tox par PCR
- Examen le plus couramment utilisé
- Nécessite lenvoi des souches au CNR (Institut
Pasteur, Paris) - Utilisation damorces ciblant spécifiquement les
fragments A et B de la toxine - La PCR peut être effectuée directement sur les
prélèvements de fausses membranes avec une
sensibilité de 77
Development of a direct PCR assay for detection
of the diphtheria toxin gene. H Nakao and T
Popovic J Clin Microbiol. 1997 July 35(7)
16511655.
47Epidémiologie
- Réservoir strictement humain pour C. diphtheriae
- Transmission aérienne par la salive
- Endémique dans les PVD et lEurope de lEst
- Incidence mondiale annuelle de 150 000 cas pour
4000 décès - En France la dernière épidémie autochtone
remonte à 1989 dans lAriège (3 cas) - Deux cas isolés depuis, tous deux à Paris
- Un cas dimportation en 2002
- Deux cas autochtones à C. ulcerans en 2003 et 2005
48Un mot sur C. ulcerans
- C. ulcerans est une corynébactérie proche de C.
diphtheriae - Elle peut être infectée par le phage bêta et
sécréter la toxine pantrope - Son réservoir est animal (bovins, équins) elle
peut être responsable de zoonose - La transmission interhumaine est exceptionnelle
49Répartition mondiale
50Présentation clinique examen général
- Angine diphtérique commune
- Incubation inférieure à 7 jours
- Début progressif, fébricule, dysphagie, malaise
- Langine saccompagne dadénopathies
sous-angulo-maxillaires parfois volumineuses et
douloureuses on parle de bull-neck ou de
cou proconsulaire
51Cou proconsulaire
52Examen endo-buccal
- Amygdales recouvertes dun enduit blanchâtre, de
blanc nacré à grisâtre - Ces fausses membranes sont adhérentes et
extensives - Elles sont composées de polynucléaires englués
dans la fibrine, et de nombreux bacilles - Initialement localisées, elles sétendent dans
tous les directions
53Fausses membranes
54Extension des fausses membranes
- Vers la luette et le nasopharynx
- Voix nasonnée
- Coryza séreux, puis mucopurulent et hémorragique
- Vers le larynx le croup ou laryngite
diphtérique - Dysphonie avec toux et voix rauque
- Puis toux et voix éteinte, risque dasphyxie
- Urgence thérapeutique (assistance ventilatoire)
- A noter que des souches non toxinogènes de C.
diphtheriae causent également des angines à
fausses membranes localisées on ne parle pas de
diphtérie, et il ny a pas dextension au larynx - De nos jours, on parle de croup ou faux croup
pour désigner la laryngite virale sous-glottique
de lenfant
55Manifestations toxiniques
- La toxine bloque la synthèse protéique de la
plupart des tissus de lorganisme - Cependant, au plan clinique, les manifestations
sont principalement cardiaques, neurologiques et
dans une moindre mesure, rénales
56Atteinte myocardique
- Elle réalise le syndrome malin secondaire de
Marfan, principale cause de décès - Elle débute précocement, avant le dixième jour
- On relève des troubles de la conduction et des
troubles du rythme à type dextrasystoles, de
blocs auriculo-ventriculaires - Le risque de décès brutal est permanent et se
prolonge durant toute la convalescence - Des séquelles tardives (bloc de conduction) sont
possibles
57Atteinte neurologique
- Paralysie vélopalatine précoce (J15)
- Trouble de la phonation
- Paralysie de laccommodation
- Risque de fausse route
- Annonciatrice de myocardite
- Paralysies des membres, tardives (J30)
- Syndrome malin tardif de Grenet
- Paralysies diffuses et extensives
- Atteinte possible des nerfs crâniens avec
paralysie des muscles respiratoires - URGENCE THERAPEUTIQUE
- Assistance ventilatoire
- La cytochimie du LCR montre une dissociation
albumino-cytologique rappelant celle du syndrome
de Guillain-Barré - Ces atteintes neurologiques sont régressives
58Atteinte rénale
- Plus rare que les atteintes myocardiques et
neurologiques, elle associe - Protéinurie
- Hématurie
- Insuffisance rénale oligo-anurique
- Elle est régressive
59Conduite diagnostique
- Diagnostic évoqué sur la clinique devant une
angine pseudo-membraneuse chez un patient de tout
âge non ou mal vacciné ayant séjourné récemment
en zone dendémie - Le diagnostic différentiel de langine
pseudo-membraneuse est la mononucléose
infectieuse - Signes cliniques supplémentaires purpura du
voile du palais, éruption diffuse maculeuse,
splénomégalie inconstante - Signes biologiques syndrome mononucléosique
- Confirmation MNI test, sérologie spécifique
(IgM antiVCA)
60Diagnostic de certitude
- Prélèvement de gorge réalisé à lécouvillon au
niveau de la lésion - Adressé en urgence au laboratoire de
microbiologie pour examen direct et ensemencement
sur milieux spécifiques - Le laboratoire doit être prévenu de la suspicion
de diphtérie - Lidentification sera confirmée par le CNR
Diphtérie (Institut Pasteur) qui recherchera le
gène tox par PCR
61Attitude thérapeutique
- La diphtérie est une urgence thérapeutique
- Le traitement repose sur la neutralisation de la
toxine par sérothérapie et sur lélimination de
la source de toxine par antibiothérapie - Lhospitalisation est systématique, en
réanimation si besoin (croup, troubles du rythme,
détresse respiratoire)
62Sérothérapie
- On utilise un sérum antidiphtérique équin
- Injecté le plus rapidement possible selon la
méthode de Besredka (administration fractionnée
sous surveillance pour éviter un choc
anaphylactique) - Ce sérum neutralise la toxine présente dans le
sang mais ne rétablit pas les fonctions des
cellules déjà atteintes - La vaccination en relais de la sérothérapie est
systématique car la maladie est peu immunisante
63Antibiothérapie
- Pénicilline G ou A par voie intraveineuse avec
relais oral dès que possible, pour une durée de
14 jours - Alternative érythromycine
64Mesures associées
- Croup asphyxiant intubation-ventilation, voire
trachéotomie de sauvetage - Détresse respiratoire intubation-ventilation
- Atteinte myocardique menaçante traitement
digitalo-diurétique et/ou pose dune sonde
dentraînement électrosystolique (SEES)
65Prévention collective vaccination obligatoire
- Généralisée en France depuis 1945
- Inscrite au Programme Etendu de Vaccination de
LOMS (PEV) depuis 1974 - Obligatoire chez le nourrisson
- 3 injections à un mois d'intervalle à partir de
l'âge de 2 mois, rappel entre 16 et 18 mois, puis
à 6 ans, 11 ans et 16-18 ans - Elle nest plus recommandée dans la population
générale après lâge de 18 ans mais reste
obligatoire chez les professionnels de santé (une
injection tous les dix ans) - Le taux de sujets correctement protégés diminue
avec lâge - 74 à 20 ans contre 33 après 65 ans
66Lanatoxine diphtérique
- Elle est constituée du fragment A de la toxine
pantrope, traité par la chaleur, le formol et
associée à lhydroxyde daluminium - Elle est fortement antigénique mais dénuée de
pouvoir pathogène - Aucune contre-indication
- Les anticorps produits sont neutralisants et
protecteurs - Lanatoxine est le plus souvent associée aux
vaccins antitétaniques, coqueluche et poliomyélite
67Prévention individuelle
- Patient
- Isolement respiratoire
- Levé après deux prélèvements de gorge négatifs
réalisés à 24 h dintervalle après arrêt des
antibiotiques - Déclaration obligatoire auprès de la DDASS
68Prévention individuelle
- Sujets contact
- Dépistage et traitement antibiotique systématique
(pénicilline / macrolide) - Rappel vaccinal par anatoxine
- Voyageurs
- Rappel vaccinal recommandé pour les voyageurs en
zone dendémie (ex-URSS, Asie du Sud-Est) - Le vaccin habituel est le Revaxis
(Diphtérie-Tétanos-Polio)
69Résumé en pratique
- Angine pseudo-membraneuse chez un patient à
risque - Prélèvement de gorge adressé en urgence au
laboratoire en précisant la suspicion
diagnostique - Examen direct forte présomption en cas de
bacilles gram prédominants - Le traitement ne doit pas attendre la
confirmation sérothérapie et antibiothérapie
(pénicilline G ou A / macrolide) - Diagnostic bactériologique sur milieux spéciaux
milieu de Loeffler puis isolement sur milieu de
Tinsdale ou milieu classique au sang et
identification par galerie commerciale - Envoi de la souche au CNR pour recherche du gène
tox par PCR - Déclaration du cas auprès de la DDASS
- Recherche, dépistage et antibioprophylaxie des
sujets contacts
70Angine de Vincent
71Angine de Vincent
- Décrite par Jean Vincent en 1896
- Présentation clinique
- Mauvaise hygiène bucco-dentaire chez un
adolescent ou un adulte jeune - Examen buccal ulcération unilatérale profonde,
recouverte de membranes grisâtres, souple - Rechercher un point de départ endobuccal
(gingivite, carie, péricoronarite) - Adénopathie satellite sous-angulomaxillaire
homolatérale - Fièvre modérée
- Odynophagie latéralisée
- Haleine fétide
72Diagnostic microbiologique
- Se fait sur lexamen direct
- Coloration de Gram de létalement sur lame de
lécouvillonnage de lulcération - Met en évidence la prolifération de deux
commensaux de loropharynx le bacille fusiforme
(Fusobacterium necrophorum) associé à des
spirochètes du genre Borrelia, dits spirochètes
de Vincent
73Syndrome de Lemierre
- Complication rare mais grave de langine de
Vincent - Classiquement liée à un retard diagnostique
(présentation atypique) - Extension de contiguïté vers la veine jugulaire
- Thrombophlébite jugulaire septique
- Septicémie à Fusobacterium necrophorum
- Emboles septiques gagnant le cœur droit puis la
circulation pulmonaire
74Syndrome de Lemierre
- Diagnostic altération brutale de létat général
dans les suites dune angine méconnue ou traitée
par macrolides - Examen direct, hémocultures positives à F.
necrophorum - Evolution sans traitement
- Endocardite infectieuse
- Emboles paradoxaux
- Choc septique
- Traitement C3G parentérale, relais oral par
clindamycine
75Association fusospirillaire au MGG
76Fusobacterium necrophorum
- Bacille Gram négatif anaérobie, non sporulé, non
capsulé, de forme polymorphe - Famille des bacteroïdaceae comprend également
Bacteroïdes et Leptothrix
77Habitat et pathogénicité
- Réservoir homme et animaux, commensal de
loropharynx et du tube digestif - Pathogénicité opportuniste après effraction,
baisse des défenses immunitaires, déséquilibre de
flore - Infection ulcérante, purulente ou gangreneuse
- Cas particulier le Noma (stomatite gangreneuse)
- Pas de transmission interhumaine
78Antibiothérapie
- Sensibilité pénicilline, clindamycine,
chloramphénicol, métronidazole - Résistance aux macrolides
- Pas dantibiogramme réalisé en pratique
- Traitements de choix
- Pénicilline V 100 000 UI/kg/j pendant 10 jours
- Alternative métronidazole
79Résumé en pratique
- Angine ulcérée unilatérale chez un adulte jeune
en mauvais état général - Eliminer une syphilis, une néoplasie amygdalienne
- Eliminer une complication (Sd de Lemierre)
- Ecouvillonnage et étalement sur lame de lenduit
recouvrant lulcère - Coloration de Gram
- Mise en évidence de lassociation fusospirillaire
- Pas de culture, pas dantibiogramme
- Antibiothérapie pénicilline V 10 j
80Chancre syphilitique
81Présentation clinique
- Absence de signes généraux
- Notion de contage à linterrogatoire
- Examen buccal ulcération peu profonde, peu
sensible, indurée - Présence dune adénopathie satellite indolore
82Diagnostic microbiologique
- T. pallidum nest pas cultivable sur milieux
usuels - Lexamen direct de la lésion nest pas recommandé
en raison de la présence de tréponèmes commensaux - Diagnostic indirect par sérologie J0 J15
- Test non tréponémique (VDRL)
- Test tréponémique (TPHA, ELISA, FTA-Abs)
- Traitement pénicilline retard
83Rappel quatre entités cliniques
Pseudo-membraneuse Diphtérie MNI
Erythémato-pultacée Virale SBHA Arcanobactérie For
me trompeuse dangine de Vincent
Ulcéro-nécrotique Angine de Vincent Chancre
syphilitique Hémopathie, agranulocytose, cancer
amygdalien
Vésiculeuse Toujours virale