Title: Troubles mentaux et suicide
1Troubles mentaux et suicide
2Troubles mentaux et suicide
- Santé mentale, trouble mental, problèmes de santé
mentale - Où en sommes-nous?
3Définition du trouble mental
- Selon le DSM-IV
- Pose problème théorique trouble mental vs
physique alors quil y a beaucoup de physique
dans trouble mental et de mental dans trouble
physique - Malgré la classification des troubles mentaux il
nexiste pas de définition claire des limites du
concept de trouble mental - Définit par concepts variés (ex souffrance,
contrôle de soi, rigidité) - Chacun est un indicateur du trouble mental mais
aucun nest équivalent au concept - Différentes situations demandent différentes
définitions du trouble mental
4Définition (suite)
- Selon le DSM-IV
- Ensemble des symptômes psychologiques ou
comportementaux cliniquement significatifs,
associés à une détresse concomitante, à un
handicap ou à un risque significativement élevé
de décès, de souffrance, de handicap ou de perte
de liberté. - Manifestation dun dysfonctionnement
comportemental, psychologique ou biologique.
- Selon le Comité de la santé mentale du Québec
- ... maladies caractérisées, qui peuvent être
diagnostiquées - entraînent une détérioration marquée des
capacités cognitives, affectives ou
relationnelles
5Définitions
- Santé mentale
- Différent de ne pas avoir de maladie mentale
- Bien-être
- Adaptation
- Fonctionnalité
- Compétence
- Subjectifs
6Définitions
- Problèmes de santé mentale
- Perturbation de léquilibre
- Induit par cause externe
- Peut saggraver6
7Continuum
Trouble mental
Santé mentale
8Définitions
- Complexité des troubles mentaux
- Dépression perturbation biologique, diagnostic
psychiatrique, état émotif, perturbation
cognitive, subjectivité réaction à des événements
de vie, grande souffrance, détresse
9Complexité des troubles mentaux
- Dimensions objectives et subjectives
- Difficile de distinguer le début des troubles
mentaux et celui des difficultés de vie et de
leurs impacts sur la personne - Il est rare que les troubles mentaux soient
pures
10Quelques faits
- Les personnes qui souffrent dun trouble mental
ont un risque 12 fois plus élevés de décéder par
suicide - On retrouve un trouble mental chez au moins 90
des personnes suicidées - La majorité des personnes qui se suicident avait
plus dun trouble mental - Environ 38 des personnes décédées par suicide
avec trouble mental avaient aussi des troubles
dabus de substance - Chez les jeunes particulièrement, le suicide se
produit souvent sous le fait dune intoxication
aux drogues ou à lalcool
11Quelques faits
- Les principaux troubles mentaux retrouvés sont
troubles affectifs (dépression majeure) troubles
dabus de substances et troubles psychotiques - Les troubles des conduites sont fréquents chez
les adolescents
12Ce que nous apprennent les recherches par
autopsie psychologique
- Les recherches auprès de population dadultes
- Très peu dinformations sur la validité
- Les études cas-témoin trouvent des taux de
diagnostics psychiatriques chez environ 90 des
sujets (88 à 93) ces taux sont
significativement supérieurs aux sujets témoins
(27 à 37) - Le diagnostic de dépression majeure est le plus
fréquent - Une proportion substantielle des sujets décédés
ont consulté un médecin généraliste ou un
psychiatre dans lannée ou le mois précédant le
suicide
13Tableau 1 Pourcentage de diagnostics
psychiatriques
14(No Transcript)
15Ce que nous apprennent les études par autopsies
psychologique (suite)
- Les résultats des autopsies auprès dadolescents
- Les normes de validité rapportées sont adéquates
- Les études cas-témoin rapportent la présence dau
moins un diagnostic psychiatrique chez plus de
90 des sujets, ces taux sont plus élevés en
comparaison aux sujets témoins (23 à 48) - La dépression majeure, le trouble de dépendance
ou dabus de substance et les troubles de
conduite sont les diagnostics les plus fréquents - La relation entre les troubles mentaux varie
selon lâge et le genre des sujets - Une proportion importante des sujets étaient
intoxiqués lors du suicide
16 17Méta-analyse de Harris et Barraclough (1997)
- Analyse de 249 recherches (entre 1966-93) ayant
effectué le suivi, sur une période 2 ans ou plus,
de personnes souffrant dun trouble mental, et
dont la perte de sujets est inférieure à 10 de
léchantillon initial. - Les taux de mortalités par suicide sont pondérés
selon lâge et le genre des victimes. Les valeurs
observées sont comparées aux valeurs attendues
dans une population témoin selon la méthode
dindice comparatif de mortalité (ICM-SMR). - 44 troubles mentaux sont examinés
18Méta-analyse de Harris et Barraclough (1997)
- Résultats
- Presque tous les troubles mentaux examinés
(3944) sont significativement associés à des
taux plus élevés de suicide - La présence dun trouble augmente par 12 fois le
risque de suicide - La force de lassociation varie selon le trouble
- La dépression majeure est le diagnostic pour
lequel on retrouve lassociation la plus
importante (20x) - Les patients non conciliants au traitement ont un
risque de suicide plus élevé
19INDICES COMPARATIFS DE MORTALITÉ PAR SUICIDE CHEZ
LES PERSONNES PRÉSENTANT UN TROUBLE MENTAL
20TAUX COMPARATIF DE MORTALITÉ CHEZ LES PERSONNES
TRAITÉES POUR TROUBLE MENTAL SELON LE CONTEXTE DU
TRAITEMENT
21Recension critique de Tanney (2000)
- Examen de 22 études longitudinales auprès de
personnes ayant un trouble mental montre que le
risque de suicide chez ces personnes est de 3.9 à
19.5 fois plus élevé que celui observé dans la
population en générale - Cet estimé est très conservateur puisque la
population en générale comprend les personnes qui
ont un trouble psychiatrique - Le suicide survient à des périodes différentes de
la manifestation du trouble selon le type de
trouble mental - Le suicide survient plus tôt dans le cas des
troubles affectifs - Le décès par suicide survient généralement
longtemps après le début de labus de drogues ou
dalcool - La dépression majeure est le diagnostic le plus
souvent retrouvé chez les personnes décédées par
suicide
22Tentatives de suicide et troubles mentaux
- Des taux comparables de troubles mentaux sont
observés dans les tentatives de suicide - La présence dun trouble mental augmente de 17
fois le risque de TS la présence de plus dun
trouble mental augmente à 90 fois le risque de TS
23Pourquoi les personnes qui souffrent dun trouble
mental sont-elles plus à risque de suicide?
- Le paradoxe du trouble mental
- La très grande majorité des personnes qui
décèdent par suicide souffraient de troubles
mentaux (-90) - Seulement une minorité des personnes qui
souffrent de troubles mentaux décèdent par suicide
241. Les troubles mentaux comme cause du suicide?
- Le trouble mental serait une cause directe du
suicide. - Pour prouver cette hypothèse, il faudrait établir
un lien de cause à effet entre le trouble mental
et le suicide, cest-à-dire démontrer que le
trouble mental était présent avant le début des
idées suicidaires et établir que cest le trouble
mental en soi et non dautres facteurs qui cause
le suicide
25- Moins de 4 des personnes qui ont une dépression
majeure se suicideront - 10 des personnes souffrant de schizophrénie se
suicident dans le contexte dun état mental
altéré par des hallucinations même dans les cas
de délire des événements de vie peuvent
précipiter le suicide - Les études montrent la relation complexe entre
les événements de vie et le suicide - Même en présence de graves troubles mentaux, les
événements de vie négatifs et les effets des
symptômes des personnes sur leur fonctionnement
général et sur leur qualité de vie ont un impact
très important sur le suicide
26- En somme, lhypothèse selon laquelle le trouble
mental serait une cause directe du suicide nest
pas soutenue par les recherches, sauf dans
certains cas peu fréquents. - Il nous faut chercher une explication plus
complexe de la relation entre le trouble mental
et le suicide, autre que celle dun lien de cause
à effet
272. Troubles mentaux et suicide, phénomènes
distincts?
- Une seconde hypothèse suggère que le suicide et
la maladie mentale seraient deux phénomènes
différents, mais dont plusieurs causes seraient
des facteurs communs - Bien que lon trouve la présence de troubles
mentaux chez la grande majorité des personnes qui
meurent par suicide, ces troubles se produisent
toujours dans le contexte de difficultés de vie
qui souvent ont été présentes depuis très
longtemps, avant même lapparition des troubles
mentaux, et qui pourraient contribuer à la
souffrance, au désespoir et au suicide.
28- Plusieurs facteurs comme la solitude,
lisolement, des expériences de vie difficiles
(ex. abus sexuels ou physiques) sont liés au
développement de troubles mentaux et peuvent
aussi être des causes suffisantes du suicide - Lhypothèse selon laquelle le trouble mental et
le suicide sont deux phénomènes distincts, mais
qui partagent des facteurs communs pouvant mener
au suicide ou à des troubles mentaux nest pas
prouvée il est très difficile de dissocier ces
effets et de vérifier leur contribution
indépendante.
293. Suicide, effet indirect de la complication du
trouble mental?
- Tout en considérant que les troubles mentaux et
le suicide seraient des phénomènes différents,
bien quétroitement liés dans leurs causes
communes, la complication du trouble mental
pourrait mener indirectement au suicide en
augmentant la vulnérabilité des personnes et leur
souffrance
30Période de risque
- Il existe des intervalles temporels différents
entre le suicide et le début des troubles mentaux
selon le type de trouble mental - Dans le cas de la dépression majeure,
particulièrement sil sagit dun premier
épisode, le suicide peut survenir très rapidement
soit dans le mois ou les 3 mois suivant le début
du trouble (Barraclough et al.1974 Brent et al.
1993 - Le suicide survient beaucoup tard et au sortir
dun parcours de chronicité dans le cas des
troubles de conduite chez les jeunes, souvent
plus de trois ans après le début du trouble
(Brent et al 1993, Shaffer et al, 1996) - Chez les jeunes adultes schizophrènes le suicide
survient souvent longtemps après le début de la
maladie (entre 24 et 192 mois, Runeson et al.
1996), souvent après une période active de la
maladie (Tanney et al. 2000) - Le début dune hospitalisation suite à des
menaces ou comportements suicidaires et les jours
suivant la décharge sont des moments à risque
élevé de récidive et de suicide (Tanney, 2000)
31Période de risque (suite)
Tanney (2000)
32- C
- Biais cognitifs
- Stigma et impacts
- Traitement inapproprié/
- insuffisant
B Trouble mental
- Suicide
- Comportements suicidaires
- A
- Événements de vie
- Vulnérabilité
33Biais cognitifs et complication du trouble mental
- Les troubles mentaux sévères peuvent
saccompagner de biais cognitifs importants qui
affectent la perception des événements. - Cest le cas notamment de la dépression majeure
où une mauvaise perception des événements et une
instabilité de lhumeur peuvent causer une grande
souffrance affective et perturber la relation
entre la personne et son environnement parce
qu'elle narrive plus à exercer des tâches
simples du quotidien, à prendre des décisions
appropriées et à maintenir sa fonctionnalité.
34Stigma et complication du trouble
- Lun des impacts les plus importants de la
maladie mentale est le stigma rattaché aux
personnes qui en sont atteintes. - La culture de compétition, limportance de la
productivité et de la réussite sociale rendent
léchec personnel encore plus humiliant et font
en sorte que la personne atteinte dun trouble
mental, qui affecte son fonctionnement mental et
affectif, est rapidement marginalisée et ne
trouve plus sa place dans notre société. Cette
mise à lécart peut provenir tant de la famille,
de lentourage ou de la société - Les impacts de la maladie mentale pourraient
affecter davantage les hommes. En raison de leur
adhésion à un rôle social masculin traditionnel,
ils seraient davantage affectés par le stigma
rattaché à la perte de productivité lié à la
maladie mentale et ils seraient moins enclins à
demander de laide que les femmes.
35Complication du trouble et intervention
inappropriée
- La complication du trouble mental peut prendre
différentes formes (ex. problèmes financiers,
difficultés relationnelles, abus de drogues et
dalcool, non-adhérence au traitement
pharmacologique) et rendre très difficile le
suivi des personnes suicidaires qui souffrent de
tels troubles. - Un pourcentage important de personnes décèdent
par suicide, même si elles ont consulté un
médecin au cours des semaines ou des mois avant
leur suicide. - La complexité de lévolution des troubles
mentaux et du risque suicidaire exige une
intervention concertée entre plusieurs groupes
dintervenants afin de prévenir le suicide.
36Quelques données sur la complexité de
lintervention auprès des personnes qui font une
tentative de suicide
- 10 des personnes qui ont fait une tentative de
suicide décéderont éventuellement par suicide - Dans lannée suivant une tentative de suicide 15
des personnes vont récidiver, 0,5 à 2 vont
décéder - Environ 50 des personnes suicidés nont pas
consulté un médecin dans le mois qui a précédé
leur suicide
37- Chez les jeunes, une étude québécoise montre que
seulement 12 des moins de 18 ans décédés par
suicide avaient consulté un psychiatre dans
lannée qui a précédé leur suicide - Dans près de 50 des cas, les médecins ne
réussiraient pas à diagnostiquer le trouble
mental - Dans une étude canadienne récente considérant 102
décès par suicide, 32 des personnes pour
lesquelles une évaluation de létat mental aurait
été indiqué nont pas reçu une telle évaluation
60 nont pas reçu les traitements
psychothérapeutiques indiqués
38- Moins de 50 des personnes hospitalisées pour
tentative de suicide au Canada se présentent à un
premier rendez-vous en clinique externe suite à
leur hospitalisation - Environ 30 des personnes hospitalisées pour
tentative de suicide refuse le suivi suggéré - Le taux dobservance au traitement excède
rarement 40
39- Une étude canadienne portant sur 102 décès par
suicide a révélé que seulement 39 des personnes
avaient reçu une référence adéquate à des
services daide suite à une consultation dans des
services de santé moins de 48 ont reçu un suivi
de leur évolution suite à leur consultation dans
ces services
40Conclusion et implications
- Lexplication de la relation entre les troubles
mentaux et le suicide influe sur notre approche
en prévention - si l'on croit que le fait de souffrir dun
trouble mental est en soi une cause suffisante du
suicide, on pourrait suggérer des stratégies qui
visent principalement le dépistage des troubles
mentaux et la référence des personnes qui
souffrent de tels troubles à des soins de santé
mentale afin de réduire significativement le
nombre de suicides et de tentatives de suicide.
41Implications
- Les recherches montrent que les causes du suicide
sont beaucoup plus complexes et quelles
impliquent à la fois des facteurs biologiques,
psychologiques et sociaux qui débordent le cadre
dintervention des soins de santé
42Implications
- La mise en place dinterventions efficaces afin
de prévenir le suicide des personnes qui
souffrent dun trouble mental exige des
interventions concertées entre divers groupes
dintervenants médicaux, sociaux et
communautaires. - Ces interventions doivent cibler à la fois les
vulnérabilités biologiques et psychologiques
telles que la détresse, la colère et les biais
dans la pensée des personnes suicidaires et qui
souffrent dun trouble mental. - Ces interventions doivent aussi cibler le fardeau
et lisolement social qui affectent très souvent
ces personnes, ainsi que les événements
stressants qui contribuent à augmenter le
désespoir et limpasse.
43Implications
- Plusieurs groupes de personnes devraient mis à
contribution dans la prévention du suicide des
personnes qui souffrent de troubles mentaux - les membres de la famille et de lentourage,
- les personnes qui font partie du milieu de
travail, - les intervenants communautaires,
- Les spécialistes de la santé et de la santé
mentale sont tous concernés par ces
interventions. Afin de coordonner leur action, il
est essentiel de définir leurs rôles respectifs,
selon le degré durgence, létat mental de la
personne et lobjectif général de lintervention.
44Implications
- PRÉVENTION
- Universelles développer les facteurs de
protection et diminuer les facteurs de risque des
troubles mentaux auprès de lensemble de la
population. - Sélectives réduire les facteurs de risque des
troubles mentaux et développer les facteurs de
protection auprès des groupes dont lexposition à
des facteurs de risque de trouble mentaux est
plus élevée que la moyenne de la population. - Indiquées interventions visant à prévenir le
suicide auprès des individus qui présentent déjà
des manifestations de troubles mentaux qui les
rendent à risque élevé de suicide, mais qui nont
pas de troubles caractérisés. Lidentification
des individus à risque élevé pour lesquels des
mesures de prévention de laggravation des
troubles mentaux devraient être entreprises est
lobjectif de ces programmes généraux de
dépistage.
45Implications
- TRAITEMENT
- Identification de cas interventions visant à
identifier les personnes qui ont des troubles
mentaux afin de les référer aux centres de
traitements appropriés. - Traitement des personnes suicidaires
interventions visant à appliquer les mesures de
traitement reconnues afin dintervenir auprès des
personnes qui ont des troubles mentaux et den
réduire les effets négatifs.
46Implications
- MAINTIEN
- Adhérence interventions visant à augmenter la
collaboration au traitement des personnes qui ont
des troubles mentaux et à éviter la récurrence
des comportements suicidaires. - Réhabilitation interventions visant à assurer le
retour à un fonctionnement normal à la suite d'un
épisode de trouble mental et à diminuer les
facteurs de risque des troubles mentaux et du
suicide.
47(No Transcript)