Quelques aspects de la dficience dans lhistoire biblique

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Quelques aspects de la déficience dans lhistoire
biblique
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Moïse le bègue

• lenfant Moshé, recueilli et protégé par Bithya,
  la fille du pharaon, sempare un beau jour de sa
  couronne royale. Le voyant sen coiffer, les
  conseillers du prince, outrés de ce toupet,
  proclament sa mise à mort. Un ange, sous lhabit
  dun courtisan, propose alors de placer deux
  assiettes devant limpertinent, lune contenant
  de lor et des pierres précieuses, lautre des
  charbons ardents. Si Moshe dirige sa main vers
  les charbons ardents, cest donc quil ne nourrit
  aucun dessein de lèse-majesté mais est, comme
  tous les enfants, simplement attiré par léclat
  des objets brillants. Malheur ! Moïse dirige sa
  main vers les pierres précieuses, mais une fois
  encore, lange le pousse brutalement  la menotte
  sempare des charbons ardents, les porte à la
  bouche et brûle la langue de Moshe. De là vient
  quil bégaie. Moïse est désormais  lourd de
  bouche et lourd de langue1 . 1 Ex. 4.10-11,
  trad. Chouraqui André, in Moïse, Paris, Editions
  du Rocher, p. 107

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Autre version

• André Chouraqui la rapporte ainsi  A
  lorigine, Moshè était le plus éloquent des
  Hébreux. Un jour, voyant un Egyptien prier ses
  dieux, enflammé de zèle, il lui reproche son
  aveuglement, le bouscule et brûle ses statues. La
  voix dElohîms retentit alors  Cet homme, dit-il
  à Moshè, au-delà de sa statue sadressait à Moi.
  Jai entendu sa prière et je lexaucerai. Quant à
  toi, pour tapprendre à mieux comprendre Ma Thora
  et le sens de mon unité, afin dêtre plus
  réfléchi, tu bégaieras désormais1 .
  1 Chouraqui André, in Moïse, Paris, Editions
  du Rocher, 1995, p. 111

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• Comme Démosthène1 fut orateur malgré son
  bégaiement, Moïse fut chantre, porte Parole et
  législateur
• Son défaut délocution sera prétexte, dans
  lindépendance quil manifeste devant Dieu
  inquiet de la servitude de son peuple, à le
  défier   Comment mécoutera-t-on ? Je ne sais
  point parler !1 . Le Tseenah Ureenah convient
  que léloquence bridée de Moïse fut une excuse à
  ne pas plaider la cause des hébreux devant le
  pharaon   Depuis ma jeunesse, je ne peux pas
  bien mexprimer, alors à plus forte raison
  maintenant que je suis dans mes vieux jours2 .
  Le bégaiement de Moïse incitera Yahvé à associer
  son frère Aaron comme porte parole de Dieu3.
• 1 Néher André, 2004, Moïse et la vocation
  juive, Paris, Seuil, p.62
• 2 Lagrasse, Verdier,1987, p.361
• 3 Römer Thomas, 2002, Moïse  lui que Yahvé a
  connu face à face , Paris, Gallimard, p. 17
• 4 Moïse et Aaron, 1930
• 5 Paris, Gallimard, 1993
• 1 Voir Gardou Charles, Démosthène, de lenfant
  bègue à lorateur en puissance, Toulouse,
  Reliance n15, 2005

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La rumeur

• Hécatée dAbdère1, Manéthon2, Tacite portent
  la charge contre les lépreux et les hébreux
•  un chef de bande, traître à lEgypte, qui a fui
  son pays à la tête dune bande de lépreux et de
  repris de justice, des barbares sans foi ni loi,
  profanateurs des temples égyptiens, assassins de
  leurs prêtres, voleurs de leurs trésors1  1
  Chouraqui André, 1995, Moïse, Paris, Editions du
  Rocher, p. 45
• 1 Fin du IVème siècle avant J.-C.
• 2 Savant et prêtre égyptien hellénisé, IIIe
  siècle avant notre ère, indique Thomas Römer,
  ibidem, p. 105

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• Le récit dHécatée dAbdère indique ainsi que les
  rois dEgypte, contrée marquée alors par un fléau
  épidémique, convinrent de se débarrasser des
  étrangers porteurs de la maladie. De surcroît,
  dit-il, ces indomptés pratiquaient des rites
  différents de ceux des Egyptiens. Plusieurs chefs
  de cette plèbe se distinguèrent  Danaos et
  Cadmos notamment, et lun deux, Môsès, partit en
  Judée et fonda la ville de Hiérosolyma
  (Yerushalaim) où il institua  un genre de vie
  contraire à lhumanité1 . 1 Textes
  dauteurs grecs et romains relatifs au judaïsme,
  Traduits par Th. Reinach, in Römer T., ibidem, p.
  105

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• avant Moïse, avaient existé en Egypte des
  épisodes de  purification , consistant en une
  véritable traque des lépreux accusés de
  contaminer la population.

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la souillure nest pas seulement sanitaire, elle
est aussi spirituelle.

• Lhostilité de Ménathon1 à légard de Moïse se
  glisse incidemment dans son récit. Le roi
  égyptien Aménophis aurait exprimé le désir de
  rencontrer les Dieux, comme Hor, son
  prédécesseur, avait eu le privilège de le faire.
• Malheureusement, le pays étant souillé par la
  lèpre, les Dieux étaient devenus invisibles2.
  Il était alors admis que les lépreux fussent
  rassemblés, au seul motif quils étaient atteints
  de la lèpre, et condamnés aux travaux forcés dans
  des carrières du désert. Toutefois, voyant le
  sort indigne fait à ces malheureux, un sage
  prophétisa une ère de souffrance pour lEgypte 
  plusieurs oracles furent prononcés3, annonçant
  des années, voire plus encore, de souffrances
  pour le peuple égyptien. La communauté de
  proscrits obtint, pour cette raison, du prince
  égyptien lautorisation de se constituer en
  système politique relativement autonome. Ils
  purent élire comme chef un prêtre heliopolitain
  couvert de dartres du nom dOsarsiph et adopter
  un système législatif particulier. Le chef de
  cette communauté de lépreux ne serait autre que
  Moïse. Les prescriptions religieuses ou
  alimentaires égyptiennes étaient proscrites à
  lintérieur de cette assemblée. En revanche, ses
  membres pratiquaient ce que Jan Assmann nomme
   une inversion normative4  en prenant parfois
  le contrepied quasi symétrique des injonctions
  égyptiennes  ce qui était linterdit ailleurs en
  Egypte devenant, ici, la norme. A linversion
  normative, se serait ajoutée une seconde loi
  propre à ces juifs lépreux. Elle aurait interdit
  toute relation avec les membres de lexo-groupe.
  Il sagissait alors dune culture denclave,  la
  culture dune minorité menacée qui crée une
  quantité de lois de pureté, pour ne pas être
  absorbée par la majorité5 .
• 1 Ses écrits ont disparu, mais on a retrouvé
  leurs traces dans les commentaires de Flavius
  Josèphe.
• 2 Assmann Jan, ibidem, p.63
• 3 Oracle de lagneau, par exemple. Le thème
  des oracles est la punition imposée pour la
  concentration des éléments impurs et les travaux
  forcés infligés à des personnes malades.
• 4 Assmann Jan, ibidem, p. 63
• 5 Assmann Jan, ibidem, p.64

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Autre rumeur

• Lysimaque relate lhistoire du roi égyptien
  Bocchoris pourchassant les juifs atteints de la
  lèpre et réfugiés dans les temples égyptiens. Il
  aurait ordonné de noyer les lépreux et de chasser
  les juifs non atteints de lèpre dans le désert.
  Moïse aurait ainsi pris la direction de la
  destinée des bannis et fondé du même coup la
  distinction mosaïque.

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• Ces récits, à quelques variantes près, opèrent
  avec les mêmes arguments  colère des dieux,
  justification sanitaire à lexclusion spirituelle
  et instauration au sein de la communauté bannie
  de la règle dexclusivisme
• cest lautorité des historiens tels que Tacite
  qui a élevé  ce produit de limagination, de la
  projection et du souvenir déformé au rang de
  vérité historique1 . 1 Assmann Jan, ibidem,
  p.80

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• En 1321, lon accuse conjointement les juifs et
  les lépreux de conspirer contre la chrétienté,
  les lépreux sont incités par les juifs à
  contaminer les cours deau.
• Plus tard, Luther semble convaincu lui aussi de
  cette double souillure   Nous leur donnerons
  volontiers des cadeaux pour nous en débarrasser,
  car ils sont pour nous un pesant fardeau, un
  fléau, une pestilence et un malheur pour notre
  pays 1.
• 1 Luther, Contre les juifs et leurs mensonges,
  in Calimani Riccardo,1997, Lerrance juive, de
  lère des ghettos à lémancipation, T2, Diderot
  Ed., pp. 31-32

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Tsoraat

• Il est vrai que la lèpre apparaît dans les textes
  bibliques et dans les commentaires. Myriam, la
  sur de Moïse qui en accompagna très tôt la
  destinée, lui reproche le mariage mixte quil a
  contracté avec Tsipora1, belle jeune femme,
  étrangère et noire2.
• Dans le Lévitique1, cest à Moïse et son frère
  Aaron que Dieu sadresse à propos de la lèpre 
   Dieu parla à Moïse et à Aaron  lorsquil se
  forme sur la chair dun homme une tumeur, une
  tache blanche pouvant dégénérer sur cette peau en
  affection lépreusecet homme sera présenté à
  Aaron le prêtre, ou à lun de ses fils qui
  examinera laffection . Gilles Bernheim précise
  quexistent deux modes de désignation de la
  lèpre  negaa et tsoraat. Lon peut supposer que
  le premier désigne le mycobacterium leprae
  humanum ou maladie de Hansen, tandis que le
  second relève dune forme dimpureté quon ne
  rencontre que chez deux personnages sur un
  millier que compte la Bible Moïse et Myriam.
  1 LVT, chap. 13 1 Voir sur Myriam, et plus
  généralement sur lhistoire des femmes dans la
  Bible Eisenberg Josy, La femme au temps de la
  Bible, Paris, Stock, 1993
• 2 Madianite ou Koushite

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Les cornes

• Une erreur de traduction,
• Freud a passé des heures devant cette sculpture
  de Michel Ange

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Conclusion

• Bible mille personnages
• Existe-t-il des lois pour interpréter la
  signification de la déficience dans cet univers ?
• Le Coran présente, peut-être, des personnages
  dont lhistoire est colportée dans des cryptes de
  la mémoire