Title: Diapositive 1
1- CAS CLINIQUE
- Proposé, revu et corrigé par
- Ch. Marquette, Ph Robert et E. Ferrari
(Université de Nice - Sophia Antipolis) - P. Chanez et Ph. Astoul (Université de la
Méditerranée) - M Humbert (Université Paris-Sud)
- V. Cottin (Université Claude Bernard, Lyon )
- O. Sanchez (Université Paris V)
- Items des ECN concernés par ce cas clinique
- 4 Evaluation des examens complémentaires dans la
démarche médicale - 135 thrombose veineuse profonde et embolie
pulmonaire - 175 prescription et surveillance des
anticoagulants - 177 prescription et surveillance des
psychotropes - 184 agitation et délire aigu
- 193 insuffisance respiratoire aigue
- 206 hypoglycémie
- 227 BPCO
- 233 diabète complications
2- Vous êtes médecin remplaçant et êtes appelé le
mardi matin au domicile de Monsieur D , âgé de
64 ans, par son aide ménagère. - Elle vous apprend que Monsieur D est veuf
depuis 10 ans, quil boit entre 10 et 15 canettes
de bière par jour et quil fume au moins un
paquet de cigarettes par jour depuis lage de 15
ans. - Elle vous dit aussi quil fait du diabète
pour lequel il prend de la metformine
(Glucophage ?) et quil est pris des poumons ,
raison pour laquelle il prend des spray de
salmétérol (Sérévent ?). - Son médecin traitant habituel a aussi dû le
mettre sous clorazépate (Tranxène?) et de la
carbamazépine (Tégrétol ?) pour une raison
quelle ne connaît pas.
3- Elle la retrouvé deux heures plus tôt à moitié
dévêtu, agité, en sueur, appelant son épouse en
criant. - A lexamen, vous retrouvez un patient
polypnéique, avec freinage expiratoire, qui vous
confond avec le concierge et vous réclame de
lair. - Linterrogatoire du patient est difficile, car
Monsieur D paraît avoir du mal à se concentrer
sur vos questions et ses propos sont décousus.
Monsieur D est incapable de vous donner la date
du jour. - Son aide ménagère vous rapporte quil aurait eu
des propos étranges peu avant votre arrivée,
évoquant la vision dans la pièce de démons
venus le chercher pour le voyage ultime .
4- La tension artérielle est à 180/100 et le pouls à
120/min. La température à loreille est à 375. - Le patient ne tousse pas et ne crache pas. La
fréquence respiratoire est de lordre de 22/min
et lauscultation pulmonaire montre quelques
râles bronchiques aux bases. - La recherche dun flapping tremor est difficile,
compte tenu de létat dagitation, mais le
patient est manifestement trémulant. - Lexamen des membres inférieurs ne retrouve pas
danomalie particulière.
5- Laide ménagère vous montre le résultat de tests
que Monsieur D a pratiqué chez son pneumologue
3 mois auparavant.
mesuré théorique mes/théo mes post-bd CVF
(L) 1,80 3,30 54 1,90 VEMS (L) 0,75 2,60 28
0,80 VEMS/CV () 41 bd bronchodilatateurs
6- Comment sappelle le test pratiqué par le
pneumologue trois mois auparavant ? - à quoi correspond le débit identifié par la
flèche A ? - à quoi correspond le volume identifié par la
flèche B et le volume identifié par la flèche C ?
7- Il sagit dune spiromètrie avec réalisation
dune courbe débit volume. - Le débit identifié par la flèche A est le débit
expiratoire maximal (ou de pointe) - Le volume identifié par la flèche B est la
capacité vitale forcée mesurée avant
bronchodilateur. - Le volume identifié par la flèche C est la
capacité vitale forcée théorique
8- A votre avis de quelle affection respiratoire
chronique souffre Monsieur D , argumentez ?
9- Monsieur D souffre dune Bronchopathie
Chronique Obstructive (BPCO) car - tabagisme cumulé estimé à au moins 40
paquets-années) - sa spirométrie réalisée par le pneumologue montre
trouve un ventilatoire obstructif (VEMS/CV lt 70)
non réversible - un freinage expiratoire à lexamen clinique
- Cette BPCO est très sévère (stade IV de la
classification GOLD) car le VEMS est lt 30 de la
valeur théorique
10- Quelles hypothèses diagnostiques évoquez vous
devant le tableau clinique dagitation aiguë
présenté par Monsieur D ?
11- Devant ce tableau dagitation aiguë avec idées
délirantes avec chez un patient alcoolique,
souffrant dun déficit ventilatoire sévère,
prenant des anti-diabétiques et des
benzodiazépines il convient dévoquer - une hypoglycémie
- une hypercapnie avec une acidose respiratoire non
compensée liée à une décompensation respiratoire
aiguë (avec hypoventilation alvéolaire) - un syndrome de sevrage alcoolique (delirium
tremens), syndrome de korsakoff (fabulations,
fausses reconnaissances) - un syndrome de sevrage en benzodiazépines
- une intoxication alcoolique aiguë
12- syndrome confusionnel devant les arguments
suivants début brutal, désorientation
temporospatiale, altération de lattention,
agitation psychomotrice, propos incohérents,
hallucinations visuelles matinales, caractère
fluctuant. - une décompensation dun état psychotique
sous-jacent - crise dagitation au cours dune phase maniaque
- Ces causes ne sont pas mutuellement exclusives et
peuvent être associées.
13- Devant ce tableau vous adressez le patient aux
urgences. - A ladmission, Monsieur D est beaucoup plus
calme. - La symptomatologie clinique et lexamen somatique
sont superposables aux constatations du médecin
remplaçant - Il pèse 78 kg pour une taille de 1,70 m.
14- Le cliché de thorax ne retrouve pas danomalie
pleurale ou parenchymateuse. - La SpO2 est à 88.
- La glycémie capillaire est à 1,5 g/l.
- LECG montre un rythme sinusal à 120/min, et
quelques extra-systoles supraventriculaires.
15- Le bilan biologique est le suivant
- Protides 71 g/l (N 60 - 80 g/l)
- Créatinine 112 µmol/l (N 60 - 115 µmol/l)
clearance estimée à 65 ml/min Urée 10,5 mmol/l
(N 2,5 - 8,0 mmol/l) - Glucose 7 mmol/l (3,7 - 5,5 mmol/l)
- Sodium 137 mEq/l (N 135 - 145 mEq/l) Potassium
3,6 mEq/l (N 3.5 - 5 mEq/l) Chlore 96 mEq/l
(N 95 - 105 mEq/l) - GR 4,2 x 1012/l (N 4 - 5 x 1012/l) GB 8 x
109/L (N 4 à 10 x 109/l) Plaquettes 480 x
109/l (N 150 - 500 x 109/l) - Hématocrite 0,40 (N 0,42 - 0,54) Hb 13,4
g/100 ml (N 12 - 17 g/100 ml). - TP 75 TCA 29 sec (témoin 26sec).
- La recherche dalcool dans le sang est négative.
- Bandelette urinaire absence de corps cétoniques
- La gazométrie artérielle en air ambiant montre un
pH à 7,42, une PaO2 à 52 mmHg et une PaCO2 à 37
mmHg.
16- Linterne de garde, suspecte une embolie
pulmonaire et a demandé un dosage des D-dimères
qui est positif à 1200 µg/l. - Commentez son attitude diagnostique?
17- Sur le plan respiratoire on peut considérer que
le patient présente une insuffisance respiratoire
aiguë non hypercapnique. - La capnie est même basse, ce qui dans le contexte
dune BPCO sévère, en décompensation aiguë, est
inhabituel (absence dhypoventilation
alvéolaire). - La tachycardie sinusale gt 100/min isolée, sans
fièvre, la polypnée et lhypoxie contrastant avec
une auscultation pulmonaire quasi normale et la
radiographie ne retrouvant pas danomalie
parenchymateuse ou pleurale évolutive fait
évoquer lhypothèse de lembolie pulmonaire.
18- Compte tenu de la faible probabilité clinique
pré-test (score de Wells bas) il est justifié de
débuter la démarche diagnostique par le dosage
des D-dimères, - ce test a une excellente valeur prédictive
négative en cas de probabilité clinique faible ou
intermédiaire. - Les D-dimères nont dintérêt que pour leur forte
valeur prédictive négative en cas de probabilité
clinique non forte - un résultat positif nest pas informatif en
raison de la faible spécificité et la démarche
diagnostique doit être poursuivie.
19- Probabilité clinique pré-test
20- Probabilité clinique pré-test
21- Quelle est, à ce stade de lobservation, la suite
de votre démarche diagnostique ?
22- Demande dun angioscanner spiralé des artères
pulmonaires. - Interruption de la metformine après réalisation
du scanner, pendant au moins 48 heures, en raison
du risque d'acidose lactique par diminution de
son élimination rénale en cas de néphropathie
induite par les produits de contraste iodés. - Contrôle de la fonction rénale avant
réintroduction.
23- La réalisation dune échographie-doppler des
membres inférieurs à la recherche dune thrombose
veineuse profonde aurait aussi été acceptée comme
examen de 1ère intention.
24Algorithme diagnostique de lembolie
pulmonaire. à adapter à laccès aux plateaux
techniques, variable dune structure à lautre
Lorsque la pratique de lécho-doppler des membres
inférieurs nest pas possible, on passe à
langioscanner. Si la scintigraphie V/P est
accessible, on peut aussi lintégrer et la placer
avant langioscanner spiralé
25- Au terme de la démarche diagnostique, le
diagnostic dembolie pulmonaire non massive est
confirmé. Quelles sont les grandes lignes du
traitement de cette embolie qui sera mis en route
à lhôpital (sans les posologies) ?
26- Repos au lit strict (lever au bout de 24h dune
anticoagulation efficace) - Oxygénothérapie adaptée
27- Traitement anticoagulant efficace
- dans la mesure
- où il ne sagit pas dune embolie pulmonaire
grave ou instable, - où le patient na pas dinsuffisance rénale
sévère, - où il ne sagit pas dun grand obèse
- on propose
- une héparine de bas poids moléculaire
- enoxaparine (Lovenox) ou tinzaparine (Innohep)
- ou du fondaparinux (Arixtra).
- Pas de surveillance de lactivité anticoagulante
(activité anti Xa) - car patient nest pas âgé et nest pas
insuffisant rénal, - mais surveillance des plaquettes deux
fois/semaine sous HBPM (mais pas sous
fondaparinux).
28- Traitement anticoagulant efficace
- le traitement anticoagulant est débuté
- dès la suspicion clinique dEP
- sans attendre le résultat des examens
- antivitamine K de longue demi-vie
- fluindione (Previscan) ou warfarine (Coumadine)
- débuté dès J1 ou J2,
- chevauchement avec lhéparine 5 jours
29- Arrêt de lhéparine
- quand lINR est gt 2 à deux reprises à 24 h
dintervalle - Surveillance de lINR
- deux fois/semaine pendant 2 à 3 sem, puis
espacées progressivement pour arriver à une
mesure au moins une fois par mois. - cible 2 à 3
- Ne pas oublier que la carbamazépine interfère
avec lefficacité des AVK (? de lactivité) - Bas de contention en cas de thrombose veineuse
profonde
30- Prise en charge du sevrage alcoolique et tabagique
31- Vos choix diagnostiques et thérapeutiques face à
la suspicion dembolie pulmonaire auraient-ils
été différents si dans le bilan réalisé aux
urgences, la créatinémie avait été mesurée à 160
µmol/ (ce qui compte tenu de lâge et du poids
correspond à une clearance de 45 ml/min) ?
32- Sur le plan diagnostique, on aurait évité le
recours aux produits de contraste iodés
(angioscanner). On aurait donc envisagé en 1ère
intention - une échographie-doppler des membres inférieurs en
première intention. Si cette dernière montre une
thrombose veineuse profonde, on pose le
diagnostic de maladie thrombo-embolique et on
débute le traitement. - une scintigraphie de ventilation/perfusion mais
son interprétation sera difficile compte tenu de
la BPCO (a priori peu informative chez un patient
BPCO avec un VEMS lt30), donc a priori non
recommandée - Si le recours à langioscanner avait été
absolument nécessaire, lexamen aurait été
encadré par - une hydratation adaptée du patient et par
- une surveillance attentive de la fonction rénale
- un avis néphrologique
- Sur le plan thérapeutique, on aurait évité le
recours aux héparines de bas poids moléculaire
(HBPM) ou au fondaparinux (risque daccumulation)
et on aurait fait appel à lhéparine non
fractionnée.