Title: La Philosophie de l
1La Philosophie de lAction III
Joëlle Proust Institut Jean-Nicod
2Le problème de Wittgenstein
- Que reste-t-il si lon soustrait le fait que mon
bras se lève du fait que je lève le bras ? En
dautres termes, quest-ce qui distingue laction
de lever le bras du résultat auquel elle aboutit,
à savoir que mon bras soit levé ? - Recherches Philosophiques (1953), 621.
- Cette question visait à souligner labsurdité de
lidée dune entité mentale qui causerait lagir,
comme lintention ou la volition. Elle a pourtant
été prise au sérieux par de nombreux théoriciens
de laction, philosophes ou non.
3- Les deux manières étudiées précédemment de
comprendre ce quest une action échouent à
répondre à la question de Wittgenstein.
4- Dans les deux cas, les théories avancées ne
réussissent pas à distinguer lexécution
volontaire de lintention datteindre un
résultat, parce quelles sont trop libérales - elles conduisent à considérer comme actions des
cas où aucune action na, en réalité, été
accomplie - il suffit que lagent croie quil peut agir,
quil ait des raisons de le faire,et quil
obtienne le résultat attendu (par des moyens qui,
on la vu, peuvent être déviants), pour quil y
ait eu action.
5Hugh McCann, 1974
- Réfléchit sur lexemple dun homme qui croit à
tort quil peut accélérer ses propres battements
cardiaques. - Or létat involontaire dexcitation où il se
trouve plongé à lidée dy parvenir lui fasse
battre le coeur plus vite. - Faut-il admettre avec lui quil sagit bien
dune action ?
6Hugh McCann, 1974
- Davidson le doit, puisque le sujet a une raison
dagir (il croit pouvoir le faire, il désire le
faire, et il obtient ce résultat parce quil a
cette croyance et ce désir). - Searle le doit aussi le sujet a lintention
daccélérer ses battements cardiaques, et cette
intention préalable cause lexpérience
correspondante (lintention en action, ici
illusoire), quoique dune manière indirecte et
déviante.
7- Le volitionniste en revanche nest pas forcé de
donner raison au sujet celui-ci na pas exécuté
laction, parce quil na exercé aucun contrôle
volontaire de son battement cardiaque (il ne sait
pas le faire, et ne pourrait pas reproduire le
résultat à volonté).
8condition supplémentaire dans la définition de
laction
- Lagent doit exercer un contrôle volontaire sur
le changement qui résulte de laction, celui
précisément qui constitue la condition de
satisfaction de laction. - Ce contrôle volontaire passe par un acte mental
qui a pour fonction de - lancer lexécution,
- den effectuer le suivi
- dévaluer si oui ou non, le résultat a été
atteint de manière satisfaisante
9- Une chose du moins qui est évidente, à mon avis,
cest que nous trouvons en nous-mêmes la
puissance de commencer ou de ne pas commencer, de
continuer ou de terminer plusieurs actions de
notre esprit, et plusieurs mouvements de notre
corps, et cela simplement par une pensée ou un
choix de notre esprit, qui détermine et commande,
pour ainsi dire, que telle ou telle action
particulière soit faite, ou ne soit pas faite.
Cette puissance que notre esprit a de disposer
ainsi de la présence ou de labsence dune idée
particulière, ou de préférer le mouvement de
quelque partie du coprs au repos de cette même
partie, ou de faire le contraire, cest ce que
nous appellons Volonté. Et lusage actuel que
nous faisons de cette puissance, en produisant ou
en cessant de produire telle ou telle action,
cest ce quon nomme Volition. (J. Locke,
1690, II, XX1, 5, 182).
10ARGUMENTS TIRÉS DE LA NEUROPSYCHOLOGIE ET DE LA
PSYCHOPATHOLOGIE
- létude des perturbations de la volonté, et des
structures cérébrales qui sous-tendent laction
volontaire, conduit à reconnaître lexistence
dun niveau fonctionnel proprement exécutif qui
justifie que lon parle de volitions
individuelles, et plus généralement dune faculté
du vouloir.
11Ribot (1922)
- Certains patients éprouvent un défaut
dimpulsion ils échouent à entamer lexécution
de ce quils jugent eux-mêmes souhaitable de
faire. - Certains de ces patients parviennent à décrire
verbalement la conduite à tenir sans être
pourtant capables de vouloir la tenir.
12- Les enfants atteints dautisme, les grands
déprimés et les gros consommateurs dopium et de
cannabis présentent eux aussi couramment ce
défaut dimpulsion. - Les patients atteints de schizophrénie, de même
que la plupart des sujets atteints dautisme et
que certains sujets frontolésés présentent en
outre un trouble général du pilotage endogène de
laction
13Autres troubles de la volonté
- Le suivi de laction nest pas assuré
- La fin de laction nest pas enregistrée
persévération - Laction nest pas choisie Troubles
obsessionnels compulsifs ( les volitions peuvent
prendre le contrôle des actions non pas à
cause, mais en dépit des préférences et des
connaissances de lagent).
14Argument tiré de lingénierie neuronale
- Les volitions sont en amont de leffectuation
musculaire, et peuvent de ce fait si la volonté
est intacte - lancer et accompagner laction
même si les membres sont paralysés ou absents.
15Argument tiré de lingénierie neuronale
- Miguel Nicolelis et ses collaborateurs, de
luniversité de Duke (Nicolélis et al., 2000) ont
montré quun singe macaque pouvait apprendre à
contrôler un robot auquel il était corticalement
connecté (régions frontales et pariétales) par
un jeu délectrodes - ce dispositif constitue une interface
cerveau-machine en boucle fermée ICMf
16Argument tiré de lingénierie neuronale
- Des travaux en cours pourraient permettre aux
patients tétraplégiques ou partiellement
paralysés, dagir mentalement pour stimuler
électriquement à la demande leurs propres muscles
à laide dune interface cerveau- machine. - Cf. Birbaumer et al., (1999).
- Serruya et al., (2002).
17Difficultés du volitionnisme
18Problèmes de la théorie volitionniste action
indéfinissable
- Dans lapproche volitionniste laction dite
corporelle (celle qui suppose une intervention
musculaire, des déplacements, etc.) implique une
forme mentale daction, ce qui semble
réintroduire ce qui est à définir dans la
définition. - Faut-il conclure avec McCann (1974) que laction
ne peut pas être définie ?
19Les volitions ne sont pas identifiées comme
telles par lagent
- le volitionniste invoque lexpérience de
lagir volontaire - Mais lexistence des volitions semble plutôt
spéculative. On ne peut pas dire que lagent
soit conscient de former des volitions, encore
moins de produire des actes mentaux.
20 Le problème de la régression à linfini des
volitions
- Les volitions sont-elles des actes volontaires
ou involontaires de lesprit ? Répondre
affirmativement ou négativement à cette question
mène, assurément, à des absurdités. Si je ne peux
mempêcher de vouloir appuyer sur la gâchette, il
est absurde de décrire mon action comme
volontaire. Mais si ma volition dappuyer sur
la gâchette est volontaire, au sens de la
théorie, elle doit résulter dune volition
antérieure, et ainsi de suite à linfini. - (Ryle, 1949, 67, trad. p. 66).
21 Le problème de la régression à linfini des
volitions
- réponse 1
- Si une volition est un acte de volonté, cela
nimplique pas que la propriété dêtre volontaire
relève dun acte antérieur - dire quune volition est présente revient à dire
quune forme de contrôle par le sujet peut être
exercée sur laction ce contrôle ne requiert pas
à son tour un contrôle.
22 Le problème de la régression à linfini des
volitions
- réponse 2
- récuser lanalyse de la relation sémantique entre
la volition et son contenu proposée par Ryle - en lui substituant une analyse qui bloque le
traitement itératif.
23 Le problème de la régression à linfini des
volitions
- La volition relative à laction A est lessai
dobtenir les effets typiques de A en vertu de
cette volition - En dautres termes, la volition est leffort de
réaliser un changement en vertu même de cet
effort. - (1) volition v (cette v cause changement c) CAUSE
CHANGEMENT C
24La volition action ou opération mentale ?
- Objection Pourquoi la volition ne serait-elle
pas du même type que la croyance? - Pourquoi la volition, même si elle conduit à
un mouvement actif et contrôlé, ne pourrait-elle
pas aussi être formée passivement ?
25La volition action ou opération mentale réponse
- La structure de la volition engage une
représentation de laction qui - non seulement représente le monde et au premier
chef, le sujet agissant lui-même, comme modifié
par laction, - mais en outre modifie véritablement lun et
lautre le monde, certes, mais dabord lagent
qui, de passif, devient agissant.
26La volition action ou opération mentale ?
- Il y a action mentale parce que cest en
manipulant ses propres états internes
conformément aux contraintes portant sur les
moyens, que lagent se met en mesure dobtenir la
réalisation du but. - la volition est la dimension où se manifeste la
capacité dun organisme de sauto-affecter.
27Les volitions inconscientes ne sont-elles pas
plutôt des opérations que des actions?
- Cette objection présuppose que la dichotomie
action/opération mentale recouvre la dichotomie
état mental conscient/conscient. Or il nexiste
pas de recouvrement de ce genre. - On a vu, dans le cas de lintention, que des
problèmes analogues se posent pour les actions
impulsives, quaucune représentation
intentionnelle consciente ne semble précéder.
Lagent se découvre en train dagir sans avoir
prévu ce quil allait faire.
28Pb des volitions inconscientes
- En réalité, ce que ces éclipses de la conscience
de laction démontrent, cest quon ne peut pas
comprendre laction comme le déploiement linéaire
dun événement conscient - La temporalité de laction nest pas le présent
où elle sexécute, mais le cycle où elle se
répète.
29Vers une définition volitionniste de laction
30Le principe de laction-effet(William James,
Hermann Lotze, Wolfgang Prinz)
- pose que lagent retient (sélectionne) les
actions qui ont eu, dans le contexte où elles se
sont déroulées, un effet positif, cest-à-dire
des conséquences favorables (et réciproquement
écarte celles qui ont eu un effet négatif). - Laction est sélectionnée sans que lagent ait à
sinterroger sur la source dernière de la
satisfaction il lui suffit didentifier laction
à faire sur la base de ses conséquences
observables, cest-à-dire par des indices
perceptifs réafférents.
31Intérêt philosophique
- Le principe de laction-effet met en évidence
la structure téléologique de laction ainsi que
de son noyau volitionnel - Une analyse téléologique est une forme
dexplication causale qui permet de rendre compte
de lapparition de fonctions, de buts, ou de
comportements finalisés, sans avoir à invoquer de
providence divine, ni domniscience humaine.
32Analyse téléologique de la volition
- D1 (définition préliminaire)
- Pour vouloir X avec ses conséquences recherchées
P, il faut que - (1) dans le passé, une ou plusieurs occurrences
de X aient produit par hasard P dans des
contextes motivants - (2) que la production antérieure de P par ces
occurrences de X cause lactivation dune
nouvelle occurrence de X dans le contexte
motivant approprié.
33Analyse téléologique de la volition
- La représentation de leffet dans un contexte
donné sert de lien entre la motivation présente
et lexécution passée. - La représentation devient exécutive elle forme
le contenu dune volition - parce que - elle sélectionne une commande sur la base de ses
effets antérieurs, - ces effets sont ceux que lagent souhaite
maintenant obtenir
34Problème résiduel
- En dépit de sa valeur heuristique, le principe de
laction-effet est encore un peu sommaire - aucun environnement externe nest parfaitement
stable - lagent lui-même nest plus dans la même
posture, et doit mettre en jeu des groupes
musculaires à chaque fois distincts). - Le principe de lA-E explique pourquoi un type
daction est reproduit, mais pas comment le
mouvement peut être chaque fois ajusté et modifié
pour répondre aux contraintes présentes, qui ne
coincident pas exactement avec les contraintes
passées.
35Généralisation de lanalyse cyclique la théorie
du contrôle
- De manière générale, les systèmes de contrôle
impliquent une boucle (ou une hiérarchie de
boucles) dans laquelle linformation circule dans
les deux sens. - Dans le sens descendant, une commande est
sélectionnée et envoyée vers un exécutant. - Dans le sens ascendant, du feedback est
renvoyé par lexécutant vers le centre de
commande il rapporte les transformations qui se
sont produites par suite de la commande.
36Quest-ce que la théorie du contrôle ?
37Théories du contrôle vs modèles ff et fb
- Sont issues de la première et de la deuxième
cybernétique - Les modèles feedforward/feedback ont été utilisés
en robotique avant dêtre utilisés pour modéliser
le mouvement humain.
38Conant Ashby (1970)
- Any system controlling a dynamic process must
contain a dynamic model of the object (process)
level.
MONITORING
CONTROL
39Conant Ashby (1970)
- Le meilleur régulateur dun système est celui qui
dispose dun modèle de ce système. - Dans un système de controle optimal, les actions
du régulateur sont simplement celles du système,
obtenues par un mapping particulier (as seen by
a specific mapping).
40Deux flux informationnels
- descendant
- Une commande est envoyée vers les exécutants
- ascendant
- Les réafferences informent le contrôle de la
correction/adéquation de la commande (ce qui
entraîne éventuellement une révision des
commandes).
41CONTROLE
- Le cerveau sélectionne un modèle dynamique sur la
base de lexpérience acquise - Certaines valeurs sont pre-attributées aux
variables pour orienter la perception, , la
pensée et l action vers les cibles pertinentes
42MONITORING
- Les valeurs attendues sont comparées avec les
valeurs observées. - En cas de conflit, les différences sont envoyées
au contrôle pour révision du modèle et nouvelles
commandes.
43Deux types de flux dinformation interagissent
dynamiquement
44Lesprit comme système de contrôle adaptatif.
- Ce type de contrôle opère dans des environnements
qui ne sont quimparfaitement connus. - Il permet
- deffectuer des couplages entre entrées et
sorties dans des situations variables et
incertaines. - de modifier les objectifs en fonction de
motivations internes.
45Lesprit comme système de contrôle adaptatif.
- Une classe particulièrement importante de ces
systèmes de contrôle adaptatif est constituée par
ceux qui utilisent le feedback des cycles
antérieurs pour déterminer une ligne daction.
46Modèle interne
- deux types de données cruciales pour le
contrôle adaptatif avec feedback - les objectifs à atteindre en fonction du
contexte motivationnel, - la variété des procédures disponibles pour
chaque type dobjectif. - La représentation dynamique de ces deux types de
données est fournie par ce quon appelle une
modèle interne des événements qui doivent être
contrôlés.
47Modèle interne
- Un modèle inverse doit être disponible pour
transformer une conséquence sensorielle désirée
en commande motrice susceptible de la produire
dans une situation nouvelle. - Un modèle direct permet en outre de mémoriser
et de recombiner les relations causales entre les
commandes motrices et leurs conséquence
sensorielles ( forward models).
48- Nous pouvons donc proposer la définition
révisée D2 de ce quest une volition - Pour vouloir X avec ses conséquences recherchées
P, il faut que - (1) lagent dispose de la représentation des
moyens de la production occurrente de P
(conjuguant des modèles directs et inverses) dans
un contexte motivant donné (condition de contrôle
existant) - (2) quun présent contexte motivant rende le but
P saillant (condition de saillance). - (3) que la motivation présente soit causalement
suffisante pour que lagent se mette en état de
produire P de manière contrôlée (condition
quantitative)
49Pour vouloir X avec ses conséquences recherchées
P, il faut que
- D1 (définition préliminaire)
- (1) dans le passé, une ou plusieurs occurrences
de X aient produit par hasard P dans des
contextes motivants - (2) que la production antérieure de P par ces
occurrences de X cause lactivation dune
nouvelle occurrence de X dans le contexte
motivant approprié.
- D2 (définition révisée)
- 1) lagent dispose de la représentation des
moyens de la production occurrente de P
(conjuguant des modèles directs et inverses) dans
un contexte motivant donné (condition de contrôle
existant) - (2) quun présent contexte motivant rende le but
P saillant (condition de saillance). - (3) que la motivation présente soit causalement
suffisante pour que lagent se mette en état de
produire P de manière contrôlée (condition
quantitative)
50Réponse aux objections
51circularité vicieuse ?
- La définition ne comporte aucune référence à
laction, parce que le concept de contrôle est
plus général que celui daction.
52circularité vicieuse ?
- Mais dire que lagent se met en état de
produire P nimplique-t-il pas quil agit sur
lui-même pour produire P ?
53Réponse
- lagent nest pas lauteur de la réorganisation
dynamique de son cerveau conformément à la loi de
leffet. Le cerveau de lagent exploite les
régularités dont il dispose pour faire basculer
lagent dans létat dexécution.
54Réponse
- Or ce basculement nest pas décidé par un vouloir
antérieur, il constitue le vouloir. - Ce basculement entièrement causé et donc
passivement opéré, est source du vouloir et du
sentiment dagir qui lui est associé. - Ce nest pas dire que le sentiment de vouloir
soit une illusion. Car du fait même de la
circularité du temps de laction, lagent peut
sélectionner a posteriori les classes daction,
et faire porter son vouloir plus loin vers le
futur sur la personne quil souhaite être et non
seulement sur les résultats quil veut accomplir
au présent.
55En résumé
- Ce que veut lagent à proprement parler, cest
atteindre le résultat P, et non exécuter laction
qui conduit à ce résultat. - Le vouloir dun niveau donné concerne ses effets,
et non laction comme telle.
56En résumé
- Comme la volition lance lexécution dune
transformation, elle peut rester simplement
mentale si la transformation recherchée est
endogène ( si elle concerne une transformation
interne à lesprit du sujet, comme la volition
qui conduit à mémoriser une date).
57Les origines de la conscience volitive
perception ou inférence ?
58La conscience dagir
- Une théorie qui se borne à analyser en
troisième personne la structure fonctionnelle,
sémantique ou téléo-sémantique - de laction
comporte deux lacunes importantes - elle manque la dimension attributive de lagir
(elle ne répond pas à la question comment
lagent sait-il quil agit et ce quil a fait) - elle omet de rendre compte de ce qui distingue
une action menée inconsciemment dune action
consciente
59La conscience de laction comprend deux dimensions
- Lune a trait au fait général de sentir que
lon agit (par opposition à limpression dêtre
passif devant une scène), - lautre à lexpérience dêtre en train dexécuter
telle action (par opposition à telle autre).
603 conceptions de la conscience dagir
- Cest une forme non-observationnelle mais directe
de connaissance (Anscombe) - Cest une forme dinférence (Wegner).
- Cest une forme de perception, la perception en
action de ses intentions/volitions (Haggard,
Proust)
613 conceptions de la conscience dagir
- il est possible de déterminer expérimentalement
si le contenu volontaire de laction est
uniquement affaire de rationalisation après-coup,
ou sil joue un rôle dans le pilotage de
laction, en explorant la dynamique temporelle de
la prise de conscience de la volonté dagir.
62- Benjamin Libet a établi que, lors dun acte
simple de flexion délibérée du doigt, lagent
devient conscient de sa volition - 200 millisecondes avant que le muscle se
contracte, - mais 350 millisecondes après que son cerveau ait
engagé la planification de cette action - Le cerveau prépare donc laction avant même que
le sujet ait conscience de la vouloir
63- Benjamin Libet a établi que, lors dun acte
simple de flexion délibérée du doigt, lagent
devient conscient de sa volition - 200 millisecondes avant que le muscle se
contracte, - mais 350 millisecondes après que son cerveau ait
engagé la planification de cette action - ? Le cerveau prépare donc laction avant même que
le sujet ait conscience de la vouloir
64Critique des inférentialistes
- les sujets de Libet percevaient-ils le moment
où ils devenaient conscients de vouloir agir, ou
bien linféraient-ils ? - dans ce dernier cas, ils se bornaient à suivre
les instructions qui leur étaient données pour
trouver le moment décrit comme lintervention de
la conscience de leur volonté. - Mais un tel moment existe-t-il vraiment ? La
simple préséance de la préparation de laction
sur la conscience dagir ne nous dit pas grand
choses sur la nature de cette dernière.
65Réponse 1 à lobjection
- Patrick Haggard et son groupe londonien ont
distingué deux types dondes cérébrales qui
accompagnent la préparation de laction. - le potentiel de préparation motrice précoce
indique une activité prémotrice médiane dans les
deux hémisphères qui correspond à la décision de
répondre - lautre le potentiel de préparation motrice
tardif ne fait intervenir que le cortex moteur
de lhémisphère contralatéral au membre qui sera
utilisé lactivité tardive correspond à la
sélection du mouvement qui sera utilisé pour
agir. -
66Réponse 1 à lobjection
- les deux formes dactivité neuronale relèvent de
la volition il sagit dans les deux cas de la
préparation de laction, et non de la seule
intention dagir. - Il est philosophiquement intéressant de
décomposer la volonté dagir en deux moments
(préparation globale puis choix du mouvement).
67Réponse 1 à lobjection
- . Apparemment cest lexécution motrice qui
détermine la conscience volontaire et lui est
temporellement reliée, et non la planification en
vue datteindre un résultat donné. - La préparation précède la conscience de décider
dagir de 500 ms. -
68Conclusion
- la conscience de la volonté est un phénomène
qui est dorigine centrale et non périphérique. - On ne devient pas conscient dagir parce quon a
exécuté des mouvements, et quon les observe,
mais parce quon a sélectionné le programme qui
va les exécuter, et quon anticipe ses effets
attendus.
69Réponse 2 à lobjection
- Si les inférentialistes avaient raison, les
sujets devraient localiser le début de leur
action leur volition - indépendamment du fait
que le résultat observé est celui quils
voulaient obtenir. Or tel nest pas le cas.
70Temporalité de la conscience dagir
- Patrick Haggard et coll. (2003) ont découvert
une relation temporelle surprenante entre la
conscience dagir et la conscience davoir
produit un effet déterminé. - Il existe une force dattraction réciproque
ou binding intentionnel - entre le temps de
laction (le moment où le sujet a conscience de
vouloir agir) et celui des effets de laction (le
moment où le sujet prend conscience des
changements présents dans lenvironnement. -
71(No Transcript)
72Nous pouvons maintenant répondre à notre question
de départ la conscience dagir est-elle de type
perceptif ou de type inférentiel ?
- la conscience dagir joue bien un rôle
constructif, cest-à-dire quelle sinsère dans
le processus de lagir et y joue un rôle causal - . Son rôle nest pas seulement social et
attributif, comme le propose Dan Wegner. -
73Conclusions générales
74Ce qui est propre à toute pensée de laction
- nest ni la raison dagir car il y a des
circonstances où lon agit sans raison - ni lintention car il arrive quon lance une
action avec lintention de montrer quon ne peut
pas laccomplir. - On ne peut en revanche agir sans avoir formé la
volition correspondante.
75Ce qui est propre à toute pensée de laction
- Lintérêt théorique que représente la volition
est de conjoindre - la dimension sémantique de lintention et
- la dimension exécutive du lancement de laction.
76Solution du problème de Malebranche
- cest la sélection inconsciente de modèles
internes, leur stockage et leur activation dans
les contextes motivants correspondants qui
permettent à lagent de bouger ses membres en
réponse à des situations connues ou non.
77Solution du problème de Wittgenstein.
- La volition est ce qui distingue laction de
lever le bras du fait que le bras soit levé. - nature dynamique de la conscience de laction
cest en effet parce que les suivis antérieurs de
laction ont conduit lagent à fixer des éléments
perceptifs (visuels et proprioceptifs) qui
marquent la progression de laction vers le but
quil peut maintenant reconnaître consciemment
son agir comme conforme ou non à ce quil
souhaite faire.
78Les rapports entre lagent et son action sont
ainsi complexes et contre-intuitifs.
- Certes le vouloir a une direction dajustement
qui va du cerveau au monde, et nest donc pas du
point de vue sémantique un constat (dont la
direction dajustement va du monde au cerveau) - . Mais la volition ne fait pas exception dans la
nature et constitue un fait déterminé comme les
autres. En ce sens, lagent reçoit ses propriétés
actives, il ne les institue pas. - Il nest pas en amont de laction, parce quil
ne domine pas ses propres états mentaux.
79Lactivité volitive et sa prise de conscience
- est la pierre dachoppement de tous les autres
états intentionnels - Forme le substrat de lidentité personnelle
- Pose le problème de la liberté du vouloir
(distinct du problème de la liberté de laction).
80Pour en savoir plus
- Pierre Livet Quest-ce que laction ? Vrin, 2005
- Joëlle Proust La nature de la volonté,
Folio-Gallimard, Octobre 2005. - http//joelle.proust.hautetfort.com
81http//joelle.proust.hautetfort.com