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Diapositive 1

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Quelle m moire transmettre pour Auschwitz ? 1- Une m moire vivante 2- Une m moire artistique 3- Une m moire d form e fin du tpe Une m moire vivante La page d ... – PowerPoint PPT presentation

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Title: Diapositive 1


1
Quelle mémoire transmettre pour Auschwitz ?
1- Une mémoire vivante
2- Une mémoire artistique
3- Une mémoire déformée
fin du tpe
2
Une mémoire vivante
La page dhistoire dAuschwitz est très présente
dans la société et surtout pour ce 60ème
anniversaire. Des séries de commémorations et de
témoignages se sont succédées pour que ce
souvenir reste vivant. Une mémoire vivante
signifie quau quotidien le souvenir du passé
reste présent par les hommages et les récits
écrits ou oraux qui remémorent le passé et
redonnent toute la dimension des événements et de
lhorreur.
1-1 Les témoignages
1-2 Les commémorations
Retour au menu principal
3
Les témoignages
Les témoignages ont permis dans un premier temps
de condamner les coupables comme au procès de
Nuremberg où lexpérience personnelle des
survivants a permis de mettre à jour beaucoup
daspects des opérations allemandes. Mais à
présent 60ans plus tard les témoignages ont une
toute autre dimension celle de raviver le passé
et de redonner sa place à limmensité de ce
massacre, qua été Auschwitz-Birkenau.
2_ a voir
Une mémoire vivante
Suite des témoignages
4
Le quotidien
Le Canada
La libération
Les chambres à gaz
La sélection
Retour
5
Le Canada
Le Canada est le lieu à Auschwitz où toutes les
affaires personnelles des déportés récupérées,
étaient emmenées pour être triées et ensuite
réexpédiées en Allemagne, là-bas on les
recyclait. Ce lieu de stockage a été appelé
Canada par ceux qui y travaillaient en l'honneur
du pays de l'abondance et de la féerie que
représentait ce pays à cette époque.
Le Canada en feu à la libération, détruit par les
allemands pour effacer les traces de la
déportation.
Une mémoire vivante
Retour
Suite du Canada
Les témoignages
6
"Notre travail consistait à trier les biens de
ceux qui avaient été gazés et incinérés. Dans
une baraque, un groupe triait uniquement les
chaussures un autre groupe ne soccupait que
des vêtements dhommes, un troisième des
vêtements de femmes, un quatrième des vêtements
denfants.
Une autre baraque était nommée baraque de la
bouffe. Des montagnes entières de victuailles qui
avaient été emportées lors de leur déportation
par les gazés, y moisissaient et pourrissaient.
Dans une autre baraque, on triait les objets de
valeurs, les bijoux, lor et autres objets
précieux, ()" Kitty Hart déportée de Auschwitz
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite du Canada
7
"Lordre fut donné Nettoyeurs, avancez !
Sur ces paroles, nous pénétrâmes dans le
Canada , le centre commercial dAuschwitz,
lentrepôt des dépouilleurs de cadavres humains
où des centaines de prisonniers triaient
frénétiquement vêtements, nourriture, objets
précieux des personnes dont les corps brûlaient
encore, dont les cendres serviraient bientôt
dengrais.
Cétait un spectacle incroyable, une énorme cour
rectangulaire avec un mirador à chaque coin, et
entourée de barbelés. Il y avait plusieurs
entrepôts gigantesques et un bâtiment qui
ressemblait à des bureaux avec un balcon ouvert
dans les coins.
Pourtant, ce qui me frappa au premier abord fut
une montagne de malles, de valises, de sacs à
dos, de sacs et de paquets entassés au milieu de
la cour.
A proximité se trouvait une autre montagne de
malles, de couvertures celle-là, cinquante mille,
cent mille peut-être. Jétais tellement
stupéfait par le spectacle de ces deux montagnes
jumelles deffets personnels que je ne pensais
même pas à me demander ou étaient les
propriétaires"
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite du Canada
8
"Mais je neus pas grand loisir pour y réfléchir,
car chaque instant mapporta de nouveaux
chocs. A gauche je vis entassés des centaines
de landaus. Des landaus tout neufs, parfaits
pour un premier né. Des landaus qui avaient
joyeusement souffert de passer de main en main et
de génération en génération. Des landaus riches
et ostentatoires, symboles du statut social de
leurs propriétaires, des landaus modestes,
appartenant à des gens sans standing sans argent.
Je les regardais avec effroi, mais toujours sans
me demander où étaient les bébés.
Vidéo tournée dans le musée dAuschwitz, ce sont
des centaines de jambes de bois qui sont
entassées là.
Une autre montagne cette fois-ci, des ustensiles
de cuisine provenant de milliers de cuisines et
dune douzaine de pays différents.
Une mémoire vivante
Restes dramatiques de millions de repas,
désormais anonymes, car leurs propriétaires ne
mangeraient plus jamais" Rudolf Vrba, déporté
de Slovaquie à Auschwitz en 1942
Retour
Les témoignages
Suite du Canada
9
Les témoignages permettent de redonner forme à ce
qu'était le Canada. Une immense machine où les
derniers biens des déportés étaient arrachés.
Cette photo illustre parfaitement le gouffre
Canada, car dès l'arrivée des wagons ses équipes
récupéraient déjà les affaires de ceux qui
étaient à peine sélectionnés et dont la majorité
était en route pour les chambres à gaz.
A partir des chambres à gaz les déportés étaient
contraints de se déshabiller pour prendre une
douche, bien sûr c'est la mort qui les attendait.
Leurs affaires étaient récupérées et emmenées au
Canada. Tant qu'à ceux qui étaient sélectionnés,
ils subissaient le même traitement à l'exception
qu'ils prenaient de vraies douches. Même les
cheveux étaient récupérés ainsi que les
chaussures, enfin tout ce que les déportés
pouvaient emmener avec eux.
Tous les biens des déportés étaient récupérés,
19_21 vidéo
Une mémoire vivante
Retour
Retour aux témoignages

10
Libération
La libération
Lévacuation du camp dAuschwitz a souvent été
surnommé la marche de la mort . Ceux qui
navançaient pas assez vite étaient fusillés et
ceux qui étaient trop faibles mouraient au bord
de la route dépuisement.
Certains navaient même plus la force de quitter
le camp et mouraient à petit feu de faim, de
froid ou de maladie.
Une mémoire vivante
Les témoignages
Suite de la Libération
11
"A louest de lOder, je métais heurté sur
toutes les routes et sur tous les sentiers à des
colonnes de détenus qui avançaient péniblement
dans la neige épaisse. Il ny avait pour eux
aucun approvisionnement. Les Unterführer qui
dirigeaient ces convois de cadavres vivants
ignoraient, dans la plupart des cas, où il
fallait diriger leurs pas. Tout ce quils
savaient, cest que Gross-Rosen devait être leur
dernière étape, mais la façon dont ils y
parviendraient restait pour eux un mystère.
Ils réquisitionnaient de leur propre autorité des
vivres dans les villages quils traversaient,
saccordaient quelques heures de repos et
poursuivaient leur route.
Il nétait pas question de passer la nuit dans
des granges ou dans des écoles, car tous les
locaux habitables étaient remplis de réfugiés.
Il était aisé de suivre la trace de ce "Chemin
de Croix" car, tous les cent mètres, on se
heurtait à un détenu mort dépuisement ou
fusillé." Extrait du Commandant dAuschwitz parle.
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la libération
12
"Beaucoup dhommes étaient morts de froid il
ny avait pour eux aucun ravitaillement. Je vis
aussi des groupes de détenus qui avançaient
paisiblement vers louest, sans aucune escorte
ils sétaient libérés et les sentinelles avaient
disparu. Je rencontrai aussi des bandes de
prisonniers anglais, que personne naccompagnait
ils ne voulaient pas tomber entre les mains des
Russes.
Des soldats S.S. sétaient hissés sur des camions
qui transportaient des réfugiés des
fonctionnaires chargés de la construction ou de
lagriculture prenaient la route pas convois
entiers. Mais personne ne savaient où cette
route les conduisait ils connaissaient
seulement le nom de Gross-Rosen quon leur avait
assigné comme destination." Le Commandant
d'Auschwitz parle de Rudolf Hoess (extrait)
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la libération
13
Ivan Alexandrovitch SOROKOPOUD60e Division de
larmée ukrainienne
"Eh bien, nous étions là, la gorge serrée,
immobiles, parce quil était tout à fait
impossible de regarder, de fixer, je ne dis pas
les personnes, les hommes, mais les squelettes,
les carcasses et ça, cest un souvenir qui nous
est resté pour toute la vie.
... Pour ce qui est des enfants, je ne peux pas
vous le dire mais, en ce qui concerne les
adultes, cétait un regard, dirais-je, animal
cétait quelquun... cétait le regard dune
personne réduite à lanimalité, plongée dans
lindifférence totale et cétait ça qui était
effrayant ! Il va de soi quaprès avoir vu ce que
nous avions vu, nous navions plus aucune pitié
pour les Allemands ".
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la libération
14
" Javais cru naïvement quà notre arrivée à
Auschwitz, nous serions accueillis avec
enthousiasme () Au contraire, je nai vu que
des gens effondrés, muets dans leurs uniformes
rayés. () Ils étaient hébétés et ne
participaient à rien ()
Vassili Yakolevitch PETRENKO100e Division
dInfanterie russe
Cétait atroce à regarder... Des squelettes ! La
plupart étaient couchés ils pouvaient à peine
bouger et je me suis demandé contre quel monstre
nous étions en guerre...
Qui pouvaient être ces soldats de la grande
puissance allemande qui avaient osé faire la
guerre à des enfants ? "
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la libération
15
La libération du camp d'Auschwitz n'a pas été une
libération comme les autres, faite de joie et de
soulagement. Ceux qui avaient la force de
marcher, partaient sur les routes sans savoir où
ils allaient, emportés par la déroute allemande
et fusillés s'ils ne marchaient pas assez vite,
d'où "la marche de la mort". Quant à ceux qui
n'avaient même plus la force de quitter le camp,
ils mouraient de faim, de soif ou de maladie.
Lorsque les troupes Alliées arrivèrent dans le
camp c'est une autre bataille qu'il a fallu mener
avec les épidémies de typhus qui le
ravageaient, avec les cadavres en décomposition,
avec la déchéance de ceux qui avaient survécu.
Trop peu ravitaillées en nourriture, elles
n'avaient pas les bonnes réactions face aux
déportés elles leur donnaient à manger mais ces
déportés, à l'estomac si rétracté, mouraient dans
des souffrances atroces à cause de cette
abondance relative.Elles ne purent pas
grand-chose.
Une mémoire vivante
De plus, deux semaines après la libération ils
restaient encore de nombreux déportés à
Auschwitz. La libération s'est donc faite dans la
douleur.
Retour
Retour aux témoignages
Fi
16
Les chambres à gaz
Les fours crématoires de Auschwitz- Birkenau ont
été détruits avant la libération encore une fois
par les allemands pour effacer toute trace de
lextermination. Désormais les fours crématoires
ne sont plus qu'un tas de ruines, pourtant des
milliers des gens ont disparu à cause de ce
processus.
Photo dun four crématoire dépoque
Une mémoire vivante
Photo dun four crématoire de nos jours
Suite des chambres à gaz
Les témoignages
17
Un tableau horrible soffre alors aux yeux du
spectateur. Les cadavres ne sont pas couchés un
peu partout en long et en large dans la salle,
mais entassés en amas de toute la hauteur de la
pièce. Lexplication réside dans le fait que le
gaz inonde dabord les couches inférieures de
lair et ne monte que lentement vers le plafond.
Cest cela qui oblige les malheureux à se
piétiner et à grimper les uns sur les autres.
Quelques mètres plus haut, les gaz les atteint un
peu plus tard. Quelle lutte désespérée pour la
vie! Cependant il ne sagissait que dun répit de
deux ou trois minutes.
une chambre à gaz
Sils avaient su réfléchir, ils auraient réalisé
quils piétinaient leurs enfants, leurs parents,
leur femme. Mais ils ne peuvent pas réfléchir.
Leurs gestes ne sont plus que des réflexes
automatiques de linstinct de conservation.
un stock de zyclon B
st
Je remarque quen bas du tas de cadavres se
trouvent les bébés, les enfants, les femmes et
les vieillards au sommet, les plus forts. Leurs
corps, qui portent de nombreuses égratignures,
sont souvent enlacés. Le nez et la bouche
saignants, le visage tuméfié et bleu, déformé,
les rendent méconnaissables. Dr Miklos Nyiszli,
médecin à Auschwitz.
Une mémoire vivante
zyclon B
Retour
Les témoignages
Suite des chambres à gaz
18
"Un autre jour, je remarquais une jeune femme qui
ne cessait de courir à travers les pièces pour
aider les vieilles et les enfants à se
déshabiller. Elle-même était accompagnée de deux
petits enfants au moment de la sélection. Son
agitation et son aspect physique mavait frappé
elle navait pas du tout lair dune Juive.
Maintenant elle navait plus les enfants auprès
delle. Jusquau bout elle entourait de ses soins
les femmes et les enfants qui navaient pas
encore achevés de se déshabiller elle avait
pour tous une parole aimable.
Bâtiment de crématoire
Elle entra lune des dernières dans le Bunker,
sarrêta sur le seuil et dit Je savais dès
le début quon nous avait conduits à Auschwitz
pour nous gazer. Je me suis chargée des deux
enfants pour échapper à la sélection des détenus
capable de travailler. Je voulais subir mon sort
en pleine conscience. Jespère que cela ira vite.
Adieu." Extrait du Commandant dAuschwitz parle
de Rudolf Hoess.
Une mémoire vivante
Retour
Fours crématoires
Retour aux témoignages
19
Le quotidien
Le quotidien dans les camps était
particulièrement dur en témoignent ces images.
Elles montrent l'endroit où passaient la nuit les
déportés, sans couverture et entassés les uns sur
les autres.
Une mémoire vivante
Autre exemple de conditions de vie effroyables,
les latrines qui déjà très vétustes, n'étaient
pas disponibles pour tous les déportés car pas
assez nombreuses.
Les témoignages
Suite du quotidien
20
NOTES (1) Aufstehen "debout" en allemand(2)
Stubhova chef de chambrée, déportée choisie par
les SS pour faire régner l'ordre dans les
baraques. 
"Du bord de l'obscurité une voix criait
 Aufstehen (1). De l'obscurité une voix en écho
criait Stavache , et il y avait un remuement
noir d'où chacune tirait ses membres. Nous
n'avions qu'à trouver nos chaussures pour sauter
en bas. Sur celles qui ne surgissaient pas assez
vite des couvertures, la lanière sifflait et
cinglait. La lanière, à la main de la stubhova
(2) debout dans l'allée, volait jusqu'au
troisième étage, volait jusqu'au milieu des
carrés, fouettait les visages, les jambes
endolories de sommeil.
Quand tout remuait et bougeait, quand les
couvertures partout se secouaient et se pliaient,
on entendait un bruit de métal qui s'entrechoque,
la vapeur brouillait le clignotement de la bougie
au centre de l'obscurité,on découvrait les bidons
pour servir le thé. Et celles qui venaient
d'entrer s'appuyaient au mur, la respiration
accélérée, aidant leur coeur de la main sur la
poitrine.
Elles revenaient des cuisines qui étaient loin,
loin quand on porte un bidon énorme dont les
poignées tranchent les paumes. Loin dans la
neige, dans le verglas ou dans la boue où on
avance de trois pas, reculant de deux, avançant
et reculant, tombant et se relevant et retombant
sous la charge trop lourde à des bras sans force.
Lorsqu'elles ont repris haleine, elles disent
II fait froid ce matin, plus froid que cette
nuit. Elles disent ce matin . Il est pleine
nuit, passé trois heures à peine"
Une mémoire vivante
Charlotte Delbo
Retour
Les témoignages
Suite du quotidien
21
2) Stubhova chef de chambrée, déportée choisie
par les SS pour faire régner l'ordre dans les les
baraques.  (3) Alles raus "tout le monde
dehors", en allemand
"Le thé fume en odeur écœurante. Les stubhovas
(2) le servent chichement à nos soifs de fièvre.
Elles en gardent la plus grande part pour leur
toilette. C'est la meilleure utilisation qu'on en
puisse faire, certes, et le désir nous vient de
nous laver nous aussi dans une bonne eau chaude.
Nous ne nous sommes pas lavées depuis notre
arrivée, pas même les mains à l'eau froide. Nous
prenons le thé dans nos gamelles qui sentent la
soupe de la veille.
Il n'y a pas d'eau pour les gamelles non plus.
Prendre son thé, c'est l'emporter de haute lutte,
dans une mêlée de coups de bâton, de coups de
coude, de coups de poing, de hurlements. Dévorées
par la soif et la fièvre, nous tourbillonnons
dans la mêlée. Nous buvons debout, bousculées
par celles qui craignent de n'être pas servies et
par celles qui veulent sortir, parce qu'elles
doivent sortir tout de suite, dès qu'elles sont
debout il faut qu'elles sortent tout de suite. Le
sifflet siffle le dernier coup. Alles raus. (3)
Dehors, c'est la terre à découvert, des tas de
pierres, des tas de terre, autant d'obstacles à
contourner, des fossés à éviter, avec le verglas,
la boue ou la neige et les excréments de la nuit.
Dehors, le froid saisit, saisit jusqu'aux os.
Nous sommes transpercées de froid. En lames
glacées. Dehors, la nuit est claire de froid. Les
ombres de lune sont bleues sur le verglas ou sur
la neige." 
La porte est ouverte aux étoiles. Chaque matin il
n'a jamais fait aussi froid. Chaque matin on a
l'impression que si on l'a supporté jusqu'ici,
maintenant c'est trop, on ne peut plus. Au seuil
des étoiles on hésite, on voudrait reculer. Alors
les bâtons, les lanières et les hurlements se
déchaînent. Les premières près de la porte sont
projetées dans le froid. Du fond du block, sous
les bâtons, une poussée projette tout le monde
dans le froid.
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite du quotidien
22
(4) block baraque du camp  (5) Lagerstrasse
"rue du camp", allée principale conduisant à la
place d'appel.
"C'est l'appel. Tous les blocks (4) rendent leurs
ombres. Avec des mouvements gourds de froid et de
fatigue une foule titube vers la Lagerstrasse
(5). La foule s'ordonne par rangs de cinq dans
une confusion de cris et de coups. Il faut
longtemps pour que se rangent toutes ces ombres
qui perdent pied dans le verglas, dans la boue ou
dans la neige, toutes ces ombres qui se cherchent
et se rapprochent pour être au vent glacé de
moindre prise possible.      Puis le silence
s'établit.
  Le cou dans les épaules, le thorax rentré,
chacune met ses mains sous les bras de celle qui
est devant elle. Au premier rang, elles ne
peuvent le faire, on les relaie.
Dos contre poitrine, nous nous tenons serrées, et
tout en établissant ainsi pour toutes une même
circulation, un même réseau sanguin, nous sommes
toutes glacées. Anéanties par le froid. Les
pieds, qui restent extrémités lointaines et
séparées, cessent d'exister. Les godasses étaient
encore mouillées de la neige ou de la boue
d'hier, de tous les hiers. Elles ne sèchent
jamais.
        Il faudra rester des heures immobiles
dans le froid et dans le vent. Nous ne parlons
pas. Les paroles glacent sur nos lèvres. Le froid
frappe de stupeur tout un peuple de femmes qui
restent debout immobiles. Dans la nuit. Dans le
froid. Dans le vent.      Nous restons debout
immobiles et l'admirable est que nous restions
debout."
Une mémoire vivante
Retour
(2
Les témoignages
Suite du quotidien
23
"Pourquoi ? Personne ne pense à quoi bon ou
bien ne le dit pas. A la limite de nos forces,
nous restons debout. ...      C'est l'appel du
matin. Le ciel se colore lentement à l'est. Une
gerbe de flammes s'y répand, des flammes glacées,
et l'ombre qui noie nos ombres se dissout peu à
peu et de ces ombres se modèlent les visages.
Tous ces visages sont violacés et livides,
s'accentuent en violacé et en livide à proportion
de la clarté qui gagne le ciel et on distingue
maintenant ceux que la mort a touchés cette nuit,
qu'elle enlèvera ce soir. Car la mort se peint
sur le visage, s'y plaque implacablement et il
n'est pas besoin que nos regards se rencontrent
pour que nous comprenions toutes en regardant
Suzanne Rose qu'elle va mourir, en regardant
Mounette qu'elle va mourir.
La mort est marquée à la peau collée aux
pommettes, à la peau collée aux orbites, à la
peau collée aux maxillaires. Et nous savons qu'il
ne servirait de rien à présent d'évoquer leur
maison ou leur fils ou leur mère. Il est trop
tard. Nous ne pouvons plus rien pour elles.
L'ombre se dissout un peu plus. Les aboiements
des chiens se rapprochent. Ce sont les SS qui
arrivent. Les blockhovas crient Silence ! dans
leurs langues impossibles.

  Le froid mord aux mains qui sortent de sous les
bras. Quinze mille femmes se mettent au
garde-à-vous.      Les SS passent grandes dans
la pèlerine noire, les bottes, le haut capuchon
noir. Elles passent et comptent. Et cela dure
longtemps."
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite du quotidien
24
"Quand elles sont passées, chacune remet ses
mains aux creux des aisselles de l'autre, les
toux jusque-là contenues s'exhalent et les
blockhovas crient Silence! .... Il faut
attendre encore, attendre le jour.  L'ombre se
dissout. Le ciel s'embrase. On voit maintenant
passer d'hallucinants cortèges. ... Ce sont les
mortes de la nuit qu'on sort des revirs (6) pour
les porter à la morgue.     
Elles sont nues sur un brancard de branches
grossièrement assemblées, un brancard trop court.
Les jambes les tibias pendent avec les pieds
au bout, maigres et nus. La tête pend de l'autre
côté, osseuse et rasée. Une couverture en loques
est jetée au milieu.
Quatre prisonnières tiennent chacune une poignée
du brancard et c'est vrai qu'on s'en va les pieds
devant, c'était toujours dans ce sens-là qu'elles
les portaient.
(6) revir ou Revier infirmerie du camp, en
réalité plutôt un mouroir. (7) Le 25 le
"block" 25.
Une mémoire vivante
Elles marchent péniblement dans la neige ou dans
la boue, vont jeter le cadavre sur le tas près
du 25 (7), reviennent la civière vide à peine
moins lourde et passent de nouveau avec un autre
cadavre. C'est tous les jours leur travail de
tout le jour."
Retour
Suite du quotidien
Les témoignages
25
"Je les regarde passer et je me raidis. Tout à
l'heure je cédais à la mort. A chaque aube, la
tentation. Quand passe la civière, je me raidis.
Je veux mourir mais pas passer sur la petite
civière. Pas passer sur la petite civière avec
les jambes qui pendent et la tête qui pend, nue
sous la couverture en loques. Je ne veux pas
passer sur la petite civière.  La mort me
rassure je ne le sentirais pas. Tu n'as pas
peur du crématoire (8), alors pourquoi? ....
La répugnance l'emporte. Je ne veux pas passer
sur la petite civière. ...
L'ombre se dissout tout à fait. Il fait plus
froid. ... Le rouge du ciel s'éteint et tout le
ciel blêmit et au loin du ciel blême apparaissent
les corbeaux qui fondent noirs sur le camp, en
vols épais.
Nous attendons la fin de l'appel. Nous attendons
la fin de l'appel pour partir au
travail." Témoignage de Charlotte Delbo, déportée
à Auschwitz.
(8) Le crématoire le four crématoire où étaient
brûlés les corps
Une mémoire vivante
Retour
Retour aux témoignages
26
La sélection
La sélection est le passage obligé de tous les
déportés à la descente des wagons. Hommes et
femmes sont divisés en deux files, entre ces deux
files traversent des gardes S.S. qui décident qui
ira à la chambre à gaz parce qu'il est trop
vieux, trop jeune ou pas assez fort et ceux qui
iront au travail forcé. Ainsi sont cruellement
séparées des familles maris et femmes, frères et
sœurs, enfants et parents.
Généralement après plusieurs jours de train, les
déportés enfermés dans des wagons à bestiaux
arrivent à Auschwitz vaste complexe
d'extermination. Lorsque les déportés arrivent
pour la première fois dans le camp il n'en croit
pas leurs yeux et voit des corps décharnés, des
yeux perdus et des hommes réduits à la
bestialité. Comment en croire ces yeux lorsque
la plupart des déportés pensaient être envoyés en
Allemagne pour travailler et peut-être connaître
de meilleurs jours car rien ne pouvait leur
arriver de pire que de rester plusieurs jours à
croupir dans un wagon, sauf peut-être
Une mémoire vivante
Suite de la Sélection
Les témoignages
27
"Bien sûr, je suis un peu débordée. Nous sommes
soixante dans notre wagon, dont une cinquantaine
d'enfants et je suis la seule monitrice. Bien
sûr, je suis un peu débordée. Heureusement,
Beila et des garçons que j'ai connus au centre
Lamarck m'apportent leur aide. Quant aux autres
adultes, ils sont odieux et ne supportent pas
d'être dérangés par les enfants qui, vu le manque
de place, les bousculent, font du bruit et se
plaignent de la chaleur, de la soif, du manque
d'air.
Je porte un brassard qui me permet de descendre,
quand le train s'arrête, pour aller chercher
toute l'eau que je peux rapporter dans des
récipients de fortune et vider les seaux
hygiéniques qui, d'ailleurs, ont déjà débordé
dans les wagons.
J'ai ainsi au moins la chance de pouvoir prendre
l'air, boire un peu plus que les autres et faire
un brin de toilette. Mais les arrêts sont rares.
Dès le premier soir, nous passons le Rhin et le
voyage continue, de plus en plus pénible, et
toujours sans savoir où nous allons. "
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la sélection
28
"La troisième nuit, arrêt brutal. Les portes sont
violemment ouvertes et les enfants qui s'étaient,
enfin, pour la plupart, endormis, sont réveillés
par des hurlements Raus ! Schnell ! (
Dehors ! Vite ! ) II faut les habiller,
récupérer un peu partout les affaires des uns et
des autres. Ils sont terrorisés, tirés dehors par
des hommes en costumes rayés de bagnards qui ne
parlent pas français et qui ne laissent personne
emporter de bagages. J'en vois un qui a une
allure un peu moins sinistre que les autres,
quoique la tête rasée et l'air un peu hagard. Il
a de grands yeux bleus et il me semble qu'il doit
être français. En effet, mais il me dit de
remonter dans le wagon, afin qu'on ne voie pas
qu'il me parle."
"Alors, il me dit que nous sommes à Auschwitz,
que c'est l'horreur, qu'on doit travailler, qu'il
n'y a pas de place pour se coucher, très peu de
nourriture, juste de quoi ne pas mourir. Il me
dit aussi Surtout, ne prends pas de gosse
dans les bras . Je ne comprends pas, je lui
demande pourquoi. Tu comprendras d'ici quelques
jours. Puis, me montrant les petits Tu
vois, ça va faire du savon. Drôles de propos
qui, apparemment, ne veulent rien dire. Je pense
qu'il est fou. Je lui demande quand même s'il
connaît des Holstein dans ce camp. Ça le fait
sourire Nous sommes peut-être plusieurs
millions dans ce camp et je te conseille de ne
plus demander de nouvelles de ta famille, de ne
plus y penser."
Une mémoire vivante
Retour
Les témoignages
Suite de la Sélection
29
Jeune femme qui vient d'être sélectionnée,
derrière elle continue la sélection.
"Cette fois, la situation est terriblement
angoissante et, comme en descendant du wagon je
vois une petite fille, toute seule, qui pleure,
je la prends par la main. L'homme vient vers moi
et, sur un ton très autoritaire, me dit Tu
n'as pas compris ? Ne prends pas d'enfant par la
main ! Alors, le cœur serré, je laisse la
petite au milieu de la foule et je marche seule
le long de la voie ferrée, comme on nous
l'ordonne.
Il fait nuit, mais des projecteurs nous éclairent
violemment. Un peu plus loin, en travers de la
route, il y a cinq ou six Allemands. L'un d'eux,
plus grand que les autres, fait des gestes avec
sa cravache sans rien dire, tantôt vers la
droite, tantôt vers la gauche, je me rends compte
que tous les petits enfants partent d'un côté,
avec les personnes âgées. De l'autre, il ne doit
rester que des gens qui ont environ entre
dix-huit et trente-cinq ans."
Une mémoire vivante
Retour
Femmes qui ont passées la sélection et seront
contraintes au travail forcé.
Les témoignages
Suite de la sélection
30
"Des familles sont ainsi brutalement séparées,
sans aucune explication. Peu importe qu'on soit
mari et femme, mère et enfant, frère et sœur. Ce
sont des scènes déchirantes, des gens
s'accrochent les uns aux autres, mais les
Allemands ne se laissent pas attendrir et
frappent violemment ceux qui sortent du rang.
Terrible sensation de terreur. Ou bien ils
envoient du même côté, toujours du côté des
enfants, ceux qui ne veulent pas être séparés.
C'est aussi par là que je vois partir mon amie
Beila, avec son frère et sa sœur. Et c'est par
là que disparaissent les enfants de Louveciennes
et des autres centres de l'U.G.I.F., et surtout
les neuf petits dont je me suis occupée pendant
plusieurs mois, auxquels je me suis tellement
attachée.
Tout se passe très vite et je suis incapable de
dire si cette scène dure deux heures ou une
demi-heure. Tout est rapide, brutal. Les
Allemands procèdent à cette sélection avec une
grande froideur, comme s'il s'agissait de
bestiaux au marché." Témoignage de Denise
Holstein, déporté au camp dAuschwitz, extrait
de Je ne vous oublierai jamais, les enfants
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Les témoignages
31
Isabelle Choko Sztrauch Galewska est née à Lodz
en Pologne. Elle vit actuellement à Paris
entourée de son mari, ses enfants, petits enfants
et arrière petits enfants. Très active elle
exerce la profession dexpert en art. Elle sest
aussi engagée dans la voie de lassistance aux
enfants et du témoignage pour la mémoire avant
que cela ne sombre dans loubli.
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et pour écouter la suite cliquer sur celle-ci.
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32
"Je t'envoie une photographie de ma fille
adoptive. Regarde-la bien et souviens-toi que des
enfants comme elle étaient jetés dans les fours
en flammes. Essaie seulement d'imaginer ma petite
Tulcia est l'une des rares survivantes et que des
centaines de milliers d'enfants tout pareils
furent engloutis dans les chambres à gaz après
avoir été arrachés à leurs parents. Situ as
l'imagination malade, peut-être arriveras-tu à te
représenter la scène, mais si tu es une personne
normale, jamais tu n'arriveras à donner vie à de
telles horreurs, malgré tous tes efforts
d'imagination." Un avocat juif qui a survécu à la
guerre en Pologne écrit à un ami le 2 décembre
1945.
Les témoignages permettent de redonner vie à ce
qu'était Auschwitz un immense camp
d'extermination où les conditions de vie étaient
effroyables, où la plupart des gens étaient gazés
puis leurs cadavres brûlés. Quant à la sélection,
ce n'était que le lieu de terribles scènes
d'adieu où la vie se jouait à un fil. Les
témoignages sont essentiels pour la mémoire car
sans eux comment s'imaginer l'immense machine
Canada? Ou l'horreur de la violence S.S.? Même si
personne ne peut vraiment savoir ce qu'était
Auschwitz-Birkenau car c'est impossible, il faut
au moins garder un enseignement. Si les
témoignages font partie d'une mémoire vivante
c'est parce qu'ils font perdurer le souvenir de
ce passé sanglant, et permettent de se dire
"jamais plus".
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