Title: SIDA et population en Afrique aujourd
1SIDA et population en Afrique aujourdhui.
- Mesures de limpact des programmes dactions et
de la prévalence du VIH dans les pays en
développement . - Maîtrise de Sciences Biologiques et Médicales
- Faculté de Médecine du Kremlin-Bicêtre
- 23 février 2006
2Première Partie
Mesures de limpact des programmes dactions
3Exercice Pratique
- Par groupes de 3 ou 4, 10 minutes pour réfléchir
à quels indicateurs utiliser pour mesurer
limpact de - Un programme national de prise en charge des
personnes VIH par ARV. - Un programme national de Sensibilisation et de
Prévention. - Laction dune ONG de Dakar de promotion du
préservatif. - Un programme de prévention de la Transmission
Mère-Enfant à Bobo-Dioulasso. - Un programme de prise en charge sociale des
patients de lhôpital de Yaoundé.
4Choix des Indicateurs
- Lindicateur à retenir dépend de ce que lon veut
mesurer - La prévention primaire (éviter les nouvelles
contaminations) est mesurée par lincidence. - La prévention secondaire (éviter que la maladie
névolue) est mesurée par la mortalité liée au
sida. - La prévention tertiaire (améliorer la qualité de
vie) est mesurée par des indicateurs spécifiques
à chaque situation. - Or, le plus souvent, on ne dispose, au niveau
national, que de la prévalence.
5Les problèmes d attributivité
- En raison de la multitude des programmes, non
coordonnés pour la plupart, comment attribuer une
variation de prévalence à un programme daction. - Le problème déchelle (local, régional, national)
- Il importe que les échelles dévaluation soient
comparables avec les échelles daction. - Les changements observés doivent être imputables
au programme - Une baisse de prévalence peut signifier une
baisse dincidence OU une hausse de la mortalité. - Variation de la prévalence changement de
lépidémie ou de la mesure. - Inertie de la prévalence
- Il faut plusieurs années pour quun changement
soit visible. - Cest lévolution des indicateurs qui importe,
plus que leur niveau. - La success story de lOuganda à relativiser
- Si le programme de lutte contre le sida a
effectivement eu un effet, il ne peut à lui seul
expliquer tous les changements observés.
6 Répliquabilité Pérennité
- Une bonne action doit pouvoir être répliquée
- Certains programmes concentrent de nombreux
moyens sur une petite zone géographique. - Le rapport coût/efficacité est une dimension
importante de lévaluation. - Sinscrire dans le temps
- Laction doit pouvoir se prolonger.
- Nécessité dimpliquer et de former les acteurs
locaux.
7Choix dindicateurs de suivi
- Il existe une très large gamme dindicateurs
différents - Problèmes dharmonisation.
- Comparaisons difficiles entre pays et dans le
temps. - En 2002, ONUSIDA a élaboré un guide suivi et
dévaluation, les données étant centralisées par
Macro Int. - Pour les pays à épidémie généralisée, ces
indicateurs couvrent les domaines suivant - Politique
- Disponibilité et qualité des préservatifs
- Stigmatisation et discrimination
- Connaissances sur le VIH
- Conseil et Tests volontaires
- Transmission Mère-Enfant
- Comportements sexuels (des adultes et des jeunes)
- Sécurité transfusionnelle
- Soins et prévention des IST
- Santé et Impact social
8Cependant, faiblesse de ces indicateurs
- Une majorité de pays ne dispose pas de lensemble
de ces indicateurs et nont que rarement des
mesures répétées. - Seule la prévalence de certains groupes cibles
est préconisée (toujours aucune données
dincidence). - Les indicateurs sont essentiellement
socio-comportementaux (or ce ne sont pas ces
facteurs qui sont les déterminants de lépidémie
à léchelle macro).
9Objectifs du millénaire
10Les indicateurs des objectifs du millénaire
- Ces indicateurs sont restrictifs
- Ils napportent quune image partielle de
lépidémie. - Il y a risque de se restreindre à ceux-ci pour
mesurer les programmes. - Il y a confusion
- Taux dutilisation de la contraception et taux
dutilisation du préservatif ne sont pas la même
chose. - Focalisation sur la prévention primaire
- Quid des soins et des ARV, de la PTME, dun
vaccin, des microbicides, du dépistage volontaire
?
11Impact des ARV
- Baisse de la charge virale et donc de la
probabilité de transmission par acte ? baisse de
lincidence. - Baisse de la mortalité ? Augmentation de la
prévalence ? Augmentation des nouvelles
contaminations. - A priori, augmentation de la prévalence dans un
premier temps car la baisse de la mortalité
précédera la baisse des nouvelles infections. - À partir de quel seuil de personnes soignées
est-on efficace sur la dynamique de lépidémie ?
(50 ? 75 ?)
12Des effets plus complexes
- Pour mettre en place une distribution massive des
ARV - Développement des infrastructures de santé ?
bénéfice pour de nombreux autres pathologies. - Développement du dépistage anonyme et gratuit,
lieu privilégié pour le counseling et favoriser
des comportements préventifs. - ARV gratuits ?
- En retour, si soin disponible, intérêt pour les
populations de se faire dépister. - En revanche, si on considère que lon peut se
faire soigner, risque de comportements non
préventifs. - Soins ? Sida plus visible ? baisse des
discriminations.
13Lenjeu des ARV au croisement des 3
préventions
- Effet sur la mortalité et la durée de vie des
malades (prévention secondaire). - Le développement conjoint car nécessaire du
dépistage permettra de favoriser des changements
de comportements à long terme (prévention
primaire). - En rendant le sida plus visible et en réduisant
la stigmatisation et les représentations
collectives erronées, effet sur la prévention
tertiaire.
14Prévention de la TransmissionMère-Enfant (PTME)
- La généralisation des programmes de PTME a
plusieurs effets - Baisse de la contamination materno-infantile.
- Intégration du dépistage dans les structures de
soins prénataux. - Possibilité de prendre en charge les mères, et
même leur compagnon. - Counseling et prévention primaire.
- Permet une discussion dans les couples sur les
IST et le sida. - Baisse de la mortalité infantile car prise en
charge des enfants pour dautres pathologies. - La PTME doit saccompagner ensuite dune prise en
charge médicale des parents pour éviter de
produire des orphelins
15Vaccin et Microbicides
- Enjeu majeur en terme de recherche aujourdhui.
- Deux types de vaccin
- thérapeutique (devrait a priori être accessible
en premier) - prophylactique
- Les microbicides
- Permettre à la femme de maîtriser sa prévention.
- En occident, nouvel outil contre le relapse.
- Plusieurs questions
- Qui paiera ?
- Efficace à partir de quel seuil ?
- Éthique des protocoles de recherche
16En conclusion
- Il est difficile de mesurer limpact dun
programme dactions. - Il faut rester prudent vis à vis des indicateurs.
- Distinguer connaissance scientifique et enjeu
politique. - Pour être efficace, il faut une approche
multi-sectorielle - ARV, PTME, Dépistage volontaire, anonyme et
gratuit. - Sida dans un programme global de santé publique.
- Prise en charge globale des personnes infectées.
- Coordination des programmes daction.
17Seconde Partie
Mesures de la prévalence du VIH
18Adultes et enfants vivant avec le VIHEstimations
ONUSIDA à fin 2004
Europe occidentale et centrale 610 000 480 000
760 000
Europe orientale Asie centrale 1,4 million
920 000 2,1 millions
Amérique du Nord 1,0 million 540 000 1,6
million
Asie de lEst 1,1 million 560 000 1,8 million
Afrique du Nord Moyen-Orient 540 000 230 000
1,5 million
Caraïbes 440 000 270 000 780 000
Asie du Sud du Sud-Est 7,1 millions 4,4 10,6
millions
Afrique subsaharienne 25,4 millions 23,4 28,4
millions
Amérique latine 1,7 million 1,3 2,2 millions
Océanie 35 000 25 000 48 000
Total 39,4 millions 35,9 44,3
19Estimations par pays fin 2001 et fin 2003Rapport
mondial ONUSIDA juillet 2004
20Principale source de donnéespour ces estimations.
- Dans les pays à épidémie généralisée
(prévalence gt1 en population générale) - Surveillance sentinelle des femmes enceintes en
cliniques prénatales (CPN). - Hypothèse sous-jacente
- Les femmes enceintes en CPN sont représentatives
de la population générale. - Étendue du système sentinelle
- Implémenté depuis 1986-1989 dans 39 des 43 pays
qui composent lAfrique Sub-Saharienne.
21La surveillance sentinelle en CPN a été
généralisée en Afrique.
22Surveillance de plusieurs sous-populations
- Dans une majorité de pays, le suivi sentinelle
concernent plusieurs sous-groupes - femmes enceintes,
- travailleuses du sexe,
- militaires,
- patients atteints dIST et/ou de la tuberculose,
- camionneurs,
- donneurs de sang,
- patients hospitalisés,
- hommes ayant des rapports avec dautres hommes
- Cette liste varie dun pays à un autre.
23À partir des données en CPN,ONUSIDA réalise ses
estimations.
24Comparaison CPN / Estimations
Données CPN
Estimations fin 2003
- Latest available
- HIV prevalence rate, By Sentinel
- Sites, Pregnant women, 2003.
- Source US Census Bureau
Estimated HIV prevalence rate, by Country,
adults, 2003. Source UNAIDS/WHO
25Les femmes enceintes en CPN forment un
sous-groupe de la population totale
Population générale adulte
Femmes 15-49 ans
Sexuellement actives
Stériles
Enceintes
Utilisent une contraception
suivies en CPN
26Un profil différent
- Glynn 2001, dans une étude sur le Cameroun, le
Kenya et la Zambie a montré que les femmes qui
consultaient étaient - plus jeunes,
- plus éduquées,
- plus souvent mariées.
- Dans la même étude, les niveaux de prévalence
varient selon - lâge,
- le statut matrimonial,
- loccupation de la femme,
- le fait davoir déjà eu un enfant.
27Dautres effets possibles
- Dautres études ont mis en évidence des effets
possibles de - Âge
- Niveau déducation
- Statut matrimonial
- Migrations
- Religion
- Milieu de résidence
28Prévalence selon lâge
Sous-estimation
29Un différentiel de fécondité
- Les femmes séropositives
- sont moins fertiles.
- ont plus de fausses couches et davortements
spontanés. - ont une stérilité préexistantes (autres IST).
- ont moins de rapports sexuels
- utiliseraient plus souvent un moyen de
contraception - Elles ont plus souvent un partenaire séropositif
- risque de veuvage plus élevé.
- baisse de la production de spermatozoïdes.
- moins de rapports sexuels en raison de létat de
santé du conjoint . - Une suspicion de séropositivité pourrait
entraîner - une rupture du couple.
- un remariage plus difficile.
30Prévalence selon lâge
Sous-estimation
Sur-estimation
Sous-estimation
31Aux jeunes âges
- Une sur fécondité des plus jeunes
- due à un effet de sélection
- Les moins de 20 ans enceintes ont commencé leur
vie sexuelle plus tôt et ont donc été plus
soumises au risque dinfection par le VIH.
32Une certaine représentativité
33Une certaine représentativité
- Au niveau local seulement
- Ne le sont plus à un niveau plus fin.
- Exemple
- ANC montre une plus forte prévalence chez femmes
instruites. - Résultat inverse dans enquêtes en population
générale.
34Au niveau national
- Apparition dautres biais
- Choix des sites sentinelles et leur
représentativité. - Variation de la population captée par un site
sentinelle. - Exemple La construction de routes peut
permettre aux femmes rurales de consulter ?
baisse de la prévalence observée. - Variation du nombre de sites sentinelles
35Variation du nombre de sites
Nombre de sites sentinelles ANC par année, selon
le milieu de résidence, pour deux pays.
36Une sensibilité du système sentinelle ?
Sources Epidemiological Fact Sheets
37Une sensibilité du système sentinelle ?
41,6
33,2
18,5
28,6
22,3
0,0
Sources Epidemiological Fact Sheets
38Continuité du suivi sentinelle
39Localisation des sites sentinelles et
représentativité
40Larrivée denquêtes nationales en population
générale questionne.
41Dans le même temps,ONUSIDA revoit ses
estimations.
42Représentativité des enquêtes en population
générale
- Des taux de non-réponse élevés (10 à 20).
- Les personnes refusant le test pourraient être
plus souvent séropositives que les autres. - Absence des populations Hors Ménage
- Militaires, réfugiés, internat
- Mise en place denquêtes nationales avec test VIH
- la qualité des données doit encore être analysée.
43Prévalence des hommes
- En général, prévalence des hommes plus faibles.
- Les ratios par âges varient dun pays à lautre.
- Estimation à partir de lâge du partenaire des
femmes en ANC - Résultats peu concluants.
- Sous représentations des jeunes hommes alors que
leur poids dans la pyramide des âges est
important.
44Liens incidence / prévalence
- Estimations à partir de modèles mathématiques.
- Utilisation de la prévalence des 15-24 ans comme
indicateurs de lincidence (préconisé par
ONUSIDA).
45Une mesure imprécise de la prévalence à 15-24 ans.
Source UNAIDS/WHO 2003
46Quel est lintérêt de disposer de mesures
précises de la prévalence ?
- pour comprendre les déterminants de lépidémie
- Différence entre déterminants macro et micro
- Différence entre les facteurs de début,
dextension-diffusion et dentretien des
épidémies - pour modéliser et mesurer les impacts du VIH
- Au niveau démographie
- Au niveau économique et macro-économique
- Sur lemploi
- Sur léducation
- Sur la santé
- pour cibler les actions et anticiper leurs effets
- Monitoring de lépidémie
- Impact de la prévention
- Impact des traitements ARV
47Déterminants micro et macro
- Au niveau des individus
- Transmission essentiellement sexuelle
- Facteurs socio-comportementaux
- En population générale
- Peu dépendant des variables socio-comportementales
- Les facteurs biologiques sont a priori plus
déterminants - Étude multi-sites (Bénin, Cameroun, Kenya,
Zambie) - Seules la prévalence de lherpès génital et celle
de la circoncision ont un effet significatif. - On ne connaît toujours pas les mécanismes qui
induisent une hausse ou une baisse de la
prévalence.
48Des dynamiques différentesà différents stades
- Les forces de diffusion ne sont pas la somme des
comportements individuels. - Rôle des prostituées au démarrage des épidémies
mais faible aujourdhui. - Nécessité de repenser les modèles
épidémiologiques pour tenir compte de facteurs
différents à différents stades.