Title:
1À lorigine de la géométrie hyperbolique
- La construction dun rectangle par Euclide,
Al-Khayyâm, Saccheri et Lambert - Les découvertes de Gauss, Bolyaï et Lobatchevski
2 Deux exercices de constructions géométriques
1) Un segment AB étant donné, construire un
triangle équilatéral de côté AB. (Éléments
Livre I, Prop 1). 2) Un segment AB étant donné,
construire un carré de côté AB. (Éléments Livre
I, Prop 46). Question 1 Quels sont les
implicites que vous devez admettre pour
enseigner ces constructions à un élève de
collège ? Question 2 Quelles sont les
définitions que vous devez utiliser ? Question 3
De quelles propriétés (propositions et
théorèmes) vous êtes- vous servi ? Question 4
Quelles sont les propriétés utilisées qui sont
conséquentes ou équivalentes au 5ème Postulat
dEuclide ? Pouvez-vous vous en passer ?
3 Deux exercices de constructions géométriques
Construire signifie 1 - Tracer la figure sur
une feuille de papier avec comme seuls
instruments une règle bien droite (tiens, tiens
?) non graduée et un compas. 2 - Donner
lalgorithme de construction qui vous paraît le
plus simple (la suite des opérations graphiques à
réaliser pour obtenir le résultat
demandé), 3 - Justifier par des arguments
géométriques et logiques que la construction
proposée conduit effectivement au résultat
recherché. Étudier notamment lexistence et
lunicité de ce résultat.
4 Deux exercices de constructions
Réponse dEuclide. PREMIÈRE PROPOSITION Sur
une droite donnée et finie, construire un
triangle équilatéral. EXPOSIT1ON. Soit AB une
droite donnée et finie. DÉTERMINATION. Il faut
construire sur la droite finie AB un triangle
équilatéral. CONSTRUCTION. Du centre A et de
lintervalle AB, décrivons la circonférence B??
(dem. 3) et de plus, du centre B et de
l'intervalle BA, décrivons la circonférence A?E
et du point ?, où les circonférences se coupent
mutuellement, conduisons aux points A, B les
droites ?A, ?B (dem. 1). DÉMONSTRATION. Car,
puisque le point A est le centre du cercle B??,
la droite A? est égale à la droite AB (déf. 15)
de plus, puisque le point B est le centre du
cercle A?E, la droite B? est égale à la droite BA
mais on a démontré que la droite ?A était égale
à la droite AB donc chacune des droites ?A, ?B
est égale à la droite AB or, les grandeurs qui
sont égales à une même grandeur, sont égales
entre elles (not. 1) donc la droite ?A est
égale à la droite ?B donc les trois droites ?A,
AB, ?B sont égales entre elles. CONCLUSION. Donc
le triangle AB? (def. 24) est équilatéral, et il
est construit sur la droite donnée et finie AB.
Ce qu'il fallait faire.
5 Deux exercices de constructions
Réponse dEuclide. PROPOSITION 46 Décrire un
carré avec une droite donnée. Soit AB la droite
donnée il faut décrire un carré avec la droite
AB. Du point A, donné dans cette droite,
conduisons A? perpendiculaire à AB (prop. 11)
faisons A? égal à AB (prop. 3) par le point ?
conduisons ?E parallèle à AB (prop. 31) et par
le point B conduisons BE parallèle à A?. La
figure A?EB est un parallélogramme donc AB est
égal à ?E, et A? égal à BE. Mais AB est égal à
A? donc les quatre droites BA, A?, AE, EB sont
égales entre elles donc le parallélogramme A?EB
est équilatéral. Je dis aussi qu'il est
rectangle. Car puisque la droite A? tombe sur les
parallèles AB, ?E, les angles BA?, A?E sont égaux
à deux droits (prop. 29) mais l'angle BA? est
droit donc l'angle A?E est droit aussi. Mais
les côtés et angles opposés des parallélogrammes
sont égaux entre eux (prop. 34) donc chacun des
angles opposés ABE, BE? est droit donc le
parallélogramme A?EB est rectangle. Mais nous
avons démontré qu'il est équilatéral donc le
parallélogramme A?EB est un carré, et il est
décrit avec la droite AB ce qu'il fallait faire.
61 - La 5e Demande dans les Éléments dEuclide
- Si une droite, tombant sur deux droites, fait les
angles intérieurs du même côté plus petits que
deux droits, ces droites, prolongées à linfini,
se rencontreront du côté où les angles sont plus
petits que deux droits. - (Une droite (finie) chez Euclide est ce que nous
appelons aujourdhui un segment de droite).
71 - La 5e Demande dans les Éléments dEuclide
- Ce que Euclide demande dadmettre, est que le
plan de sa géométrie est essentiellement
structuré par sa conception du parallélisme. - Les propriétés des configurations issues de deux
droites parallèles (deux droites du plan qui ne
se rencontrent pas) découlent de cette 5e Demande
qui, selon Aristote, doit être comprise comme un
des Postulats fondateurs de la géométrie
euclidienne . - Proclus (Ve siècle) démontre léquivalence de la
formulation de la 5e Demande avec lénoncé
suivant, dit de Playfair - Par un point extérieur à une droite,
- on peut mener une droite parallèle
- à cette droite, et une seule.
- Euclide démontre lexistence de cette parallèle
(Livre I, proposition 31) sans utiliser la 5e
Demande. Cest lunicité qui en fait un Postulat.
A
81 - La 5e Demande dans les Éléments
- La structure géniale du Livre I des Éléments
- Dans son Livre I, Euclide a voulu explorer
dabord toutes les propriétés de base en
géométrie qui ne supposent pas le 5e Postulat.
Cest la géométrie absolue , développée dans
les propositions 1 à 28. - Puis, dans une deuxième partie (propositions 29 à
48, sauf la prop.31), il développe les
conséquences de sa 5e Demande. - On a dit que cette organisation du Livre I fait
dEuclide le premier géomètre non euclidien. - Ainsi, les 28 premières propositions traitent des
propriétés des triangles, des droites sécantes,
des perpendiculaires et des conditions dangles
pour que deux droites coupées par une sécante
soient parallèles (27e et 28e ) - Si une droite tombant sur deux droites fait des
angles alternes égaux entre eux, ces deux
droites seront parallèles.
91 - La 5e Demande dans les Éléments
- La Théorie des parallèles
- Euclide fait de la contraposée logique (A ? B
équivaut à non B ? non A) de sa 5e Demande, sa
29e proposition, cest la propriété réciproque de
la 27e - Une droite qui tombe sur deux droites parallèles
fait les angles alternes égaux entre eux - Puis il en déduit dans les propositions
suivantes les propriétés de base du parallélisme,
notamment celles des parallélogrammes (prop. 34
) - Les côtés et les angles opposés des
parallélogrammes (quadrilatères dont les côtés
opposés sont parallèles) sont égaux entre eux - Proclus (Ve siècle), le premier commentateur du
Livre I des Éléments, se demande - Comment ce dont la réciproque est consignée
parmi les théorèmes comme démontrable serait-il
indémontrable ?
102 - La construction dun carré par Euclide
- Proposition 46 Décrire un carré avec une droite
donnée. - Construction
(d) ? (AB) en A (prop. 11). AC AB (demande 3 et
prop. 2). (?) // (AB) en C (prop 31 sans la 5e
demande). (d) // (d) en B (prop 31). (d) coupe
(?) en D. Sinon (d)// (?) et (d) // (d) ? (?)
// (d) ! (prop. 30) (Euclide ne fait pas cette
remarque sur lexistence de D). ABCD est le carré
demandé, car
d
d
?
D
C
A
B
Démonstration ABCD est un parallélogramme
(définition), donc CD AB et BD AC (prop. 34),
mais AC AB ABCD est équilatéral (un losange).
Cest aussi un rectangle BAC ACD 2 droits,
car (?) // (AB) (prop. 29). Donc ACD 1
droit. CDB BAC 1 droit et ABD ACD 1 droit
(parallélogramme, prop 34). ABCD est donc un
carré (def 30 équilatéral et rectangle).
113 - La prétention dOmar Al-Khayyâm (1040-1131)
- Commentaire sur les difficultés de certains
postulats de louvrage dEuclide, composé par le
très-illustre et très-véridique shaykh et
imam - ABU AL-FATH UMAR IBN IBRAHIM AL-KHAYYAMI.
- (Traduction de R. Rashed et B. Vahabzadeh,
Al-Khayyam Mathématicien, ed. Blanchard 1999) - LIVRE PREMIER
- DE LA VÉRITABLE NATURE DES PARALLÈLES,ET DE
L'EXPOSE DE LA CÉLÈBRE DIFFICULTÉ - Il nous faut réaliser que la raison pour laquelle
Euclide a négligé la démonstration de cette
prémisse et l'a postulée, c'est qu'il s'est basé
- lorsqu'il lui vint à l'esprit que la cause de
la rencontre des deux lignes droites était cette
notion qu'il a postulée - sur les principes que
l'on tire du Philosophe à propos des notions de
ligne droite et d'angle rectiligne. - Nous devrons admettre vingt-huit propositions de
l'ouvrage Les Éléments, car elles ne dépendent
pas de cette prémisse seule la vingt-neuvième
proposition, où nous voulons rapporter les lois
des lignes parallèles, en dépend. - Que celui qui le voudra, place donc la première
proposition de ce Livre-ci au lieu de la
vingt-neuvième proposition du premier Livre, de
sorte qu'elle fasse partie intégrante de
l'ensemble de l'ouvrage.
124 - La construction dun rectangle par Omar
Al-Khayyâm
- Proposition Première, soit la 29e du Livre I
- La ligne AB est donnée
- nous menons AC perpendiculairement à AB
- nous posons BD perpendiculaire à AB
- et égale à la ligne AC (elles seront donc
parallèles,comme l'a démontré Euclide dans la
proposition 26) - et nous joignons CD.
- Je dis que l'angle ACD sera égal à l'angle BDC.
- Démonstration. Nous joignons CB, AD. La ligne AC
est donc égale à BD, AB est commune, et les
angles A et B sont droits. Les bases AD, CB
seront donc égales, et les autres angles seront
égaux aux autres angles. Donc les angles ?EAB,
?EBA seront égaux. Donc les lignes AE, EB seront
égales. Il restera donc CE, ED égales entre
elles. Donc les angles ?ECD, ?EDC seront égaux.
Mais ACB est égal à ADB. Donc les angles ?ACD,
?CDB seront égaux. Ce que nous voulions
démontrer.
C
D
E
A
B
135 - La théorie des parallèles selon Omar
Al-Khayyâm
- Le nœud du problème
- Al-Khayyâm montre que ABCD est un rectangle,
- cest-à-dire que les angles en C et D sont droits
- (prop. 2 et 3). Il en déduit alors le 5e Postulat
en 5 - propositions utilisant léquidistance de deux
parallèles. - - Quatrième Proposition, soit la 32e des Éléments
- Dans un rectangle (4 angles droits), les côtés
opposés sont égaux - - Cinquième Proposition, soit la 33e des Éléments
- Si deux droites sont perpendiculaires à une même
troisième, - toute perpendiculaire à lune sera
perpendiculaire à lautre. - - Sixième Proposition, soit la 34e des Éléments
- Deux droites parallèles sont perpendiculaires à
une même troisième. - Al-Khayyâm fait bien ainsi la distinction entre
deux définitions du parallélisme, mais prétend
démontrer leur équivalence - deux droites prolongées à linfini ne se
rencontrent pas (définition 35 dEuclide), - deux droites équidistantes (même longueur
des perpendiculaires communes, vis à vis
dit Al-Khayyâm), dont lexistence suppose le 5e
Postulat.
C
D
A
B
146 - Al-Khayyâm démontre le 5e Postulat
- - Septième Proposition, soit la 35e des Éléments
(prop. 29 dEuclide) - Si une ligne droite tombe sur deux lignes
parallèles, les angles alternes seront égaux
entre eux et les angles intérieurs seront égaux à
deux droits. - - Huitième Proposition, soit la 36e des Éléments
(le 5e Postulat dEuclide) - La ligne EG est droite, et l'on a mené les lignes
EA, GC de telle sorte que les angles ?AEG, ?CGE
soient plus petits que deux droits. Je dis
qu'elles se rencontreront dans la direction de A.
L'angle ?AEG est plus petit que ?EGD. Nous
posons alors l'angle ?HEG égal à ?EGD. Les
lignes HEI, CGD sont donc parallèles, (Euclide,
prop. 27, Livre I). Mais la ligne EA coupe HI.
Par conséquent, elle coupera la ligne CD dans la
direction de A. Ce que nous voulions démontrer
B
E
H
I
A
C
D
G
Ce résultat achève le Livre I dAl-Khayyâm, il
conclut Voilà donc la véritable démonstration
des lois des parallèles et de la notion vers
laquelle on tendait. Et à la vérité, il faudra
annexer ces propositions à l'ouvrage Les Éléments
selon l'ordre qui a été mentionné car l'art en
a besoin afin d'être philosophiquement parfait,
de sorte que celui qui l'étudie n'ait plus de
doute et ne soit plus troublé par des
incertitudes. Et le moment est venu pour nous de
conclure le premier Livre en louant Dieu le
Très-Haut et en bénissant le prophète Muhammad et
toute sa famille.
157 - La preuve du rectangle par Al-Khayyâm
- Mais comment Al-Khayyâm obtient-il que ABCD est
un rectangle ? - Seconde Proposition, soit la 30e des Éléments
- Nous reprenons la figure ABCD
- nous divisons AB en deux en E
- et nous menons EG perpendiculairement à AB.
- Je dis que CG sera égale à GD,
- et EG perpendiculaire à CD.
- Démonstration. Nous joignons CE, ED. La ligne AC
est donc égale à BD, AE est égale à EB, et les
angles A, B sont droits. - Donc les bases CE, ED seront égales, et les
angles ?AEC, ?BED seront égaux. Il restera donc
CEG, GED égaux entre eux. - Mais la ligne CE est égale à ED, EG est commune,
et les deux angles sont égaux. Le triangle sera
donc égal au triangle, et les autres angles et
côtés homologues égaux entre eux. CG sera donc
égale à GD, et l'angle ?CGE égal à ?DGE. Ils
seront donc droits. Ce que nous voulions
démontrer.
C
D
G
A
B
E
167 - La preuve du rectangle par Al-Khayyâm
- Troisième Proposition, soit la 31e des Éléments
- Nous reprenons la figure ABCD avec E et G. Je
dis que les angles ?ACD et ?BDC seront droits. - Al-Khayyâm place K sur (EG) tel que GK EG
- et trace en K la perpendiculaire à (EK), qui
coupe (AC) en H et (BD) en I (cela suppose le 5e
Postulat !). - Il démontre facilement (égalités de triangles de
bases CK et DK) que KH KI et CH DI. - Il reste à montrer que les angles en C et D ne
sont ni aigus ni obtus. - Hypothèse de langle aigu (principe du
raisonnement) - par pliage autour de (CD), K vient en E, langle
obtus ?GCH vient en ?GCN, plus grand que ?GCA,
et H vient en N, avec EN gt EA. - Donc KH gt EA et la droite (AC) sécarte ainsi de
(EG). Idem pour (BD), et de même si on construit
la figure de lautre côté de (AB). - On a alors pour les deux droites parallèles (AH)
et (BI) lallure ci-dessus
K
I
H
G
C
D
A
B
E
N
H
I
A
B
H
I
177 - La preuve du rectangle par Al-Khayyâm
- - Hypothèse de langle obtus (principe du
raisonnement) - Par pliage autour de (CD), K vient en E, langle
aigu ?GCH vient en ?GCM, plus petit que langle
obtus ?GCA, et H vient en M, avec EM lt EA. Donc
KH lt EA, et la droite (AH) se rapproche ainsi de
(EK). - Idem pour (BI), et de même si on construit la
figure de lautre côté de (AB). - On a alors pour les deux droites parallèles (AH)
et (BI) lallure ci-dessous
K
I
H
G
C
D
A
B
E
M
H
I
On a donc deux lignes droites qui coupent une
ligne droite selon deux angles droits, et la
distance entre elles augmente (hypothèse de
langle aigu), ou diminue, (hypothèse de langle
obtus) des deux côtés de cette ligne.
A
B
H
I
188 - La ligne droite est bien droite le refus
dOmar Al-Khayyâm
- Conclusion
- C'est là une absurdité première, dès lors que
l'on conçoit la linéarité et que l'on réalise la
distance entre les deux lignes. - (Cela fait partie des choses que tu pourras
reconnaître avec un minimum de réflexion et
d'investigation). - Et dès lors qu'il est impossible que les deux
lignes AB et CD soient inégales, elles seront
égales. - Et dès lors qu'elles sont égales, les deux angles
en C et en D seront égaux. Par conséquent ils
seront donc deux ltanglesgt droits. - (On le reconnaîtra avec un minimum de réflexion
nous l'omettrons donc afin d'éviter la prolixité.
Ainsi, que celui qui voudra ici-même établir cela
selon l'ordre mathématique le fasse nous ne
l'empêcherons pas!). - Par ce refus idéologique, Omar Al-Khayyâm passe
ainsi à côté dune grande découverte.
199 - La rigueur de Saccheri (1667-1733)
- Le titre du livre de Girolamo Saccheri est
révélateur de lintention de lauteur Euclide
lavé de toute tache (1733). - Saccheri suppose connues les 28 premières
propositions des Éléments et reprend la
configuration dAl-Khayyâm - Il prouve que les angles en C et D sont égaux.
- Comme Al-Khayyâm, il fait les trois hypothèses
angles droits, obtus ou aigus, et montre que si
lune est vraie pour un quadrilatère, alors elle
est vraie pour tous. - Dans les hypothèses de langle droit ou obtus, il
prouve que si deux droites font un angle aigu,
toute perpendiculaire à lune coupe lautre
C
D
A
B
Quel que soit P sur (AB), il existe un point N
sur (AC) tel que le pied M de la perpendiculaire
menée de N à (AB) soit au delà de P. Dans le
triangle rectangle AMN, la perpendiculaire menée
de P à (AB) recoupe lhypoténuse (axiome de
Pasch).
N
C
A
B
P
M
Saccheri peut ainsi éliminer lhypothèse de
langle obtus (qui conduit à la géométrie
sphérique), car utilisant la 2e Demande
dEuclide pour construire sa figure (on peut
prolonger une droite à linfini), le résultat
obtenu implique le 5e Postulat, lequel entraîne
immédiatement que les angles en C et D sont
droits. Saccheri conclut lhypothèse de
langle obtus est absolument fausse, car elle se
détruit delle-même .
209 - La rigueur de Saccheri (1667-1733)
- Le raisonnement précédent ne peut pas aboutir
dans lhypothèse de langle aigu et Saccheri,
malgré toutes ses recherches rigoureuses,
narrive pas à obtenir une contradiction. - Il montre que deux droites quelconques sont
- - soit sécantes
- - soit ont une perpendiculaire commune
- - soit sont asymptotes !
- Classification que Lobachevski reprendra un
siècle après pour la géométrie hyperbolique. - Saccheri découvre que deux droites ayant une
perpendiculaire commune peuvent ne pas être
équidistantes, et quétant donné un segment AB,
il existe un angle ?BAX tel que - - (AX) ne rencontre pas la perpendiculaire
(BC) en B à (AB), - - toute oblique (AX) comprise dans
langle ?BAX, rencontre cette
perpendiculaire (BC) à (AB), - - toute oblique (AX) faisant un angle
aigu avec (AB), plus grand que
?BAX, a une perpendiculaire commune avec (BC).
X
X
C
X
A
B
Saccheri est donc amené à considérer que les
droites asymptotes (AX) et (BC) se rencontrent à
linfini, et devraient avoir en ce point idéal
une perpendiculaire commune ! Devant ces
paradoxes, moralement convaincu que le 5e
Postulat est démontrable, il conclut Lhypothès
e de langle aigu est absolument fausse, car cela
répugne à la nature de la ligne droite .
2110 - Le travail de Johann Heinrich Lambert
(1728-1777)
- La théorie des parallèles (Theorie der
parallellinien) - Partant dun quadrilatère ayant 3 angles droits,
Lambert montre que pour le quatrième, lhypothèse
de langle obtus est impossible dans une
géométrie où les droites sont infinies (2e
Demande dEuclide), mais remarque que cette
propriété est vérifiée sur une sphère. - Il pousse lhypothèse de langle aigu le plus
loin possible, et obtient les premiers résultats
en géométrie hyperbolique, en particulier que la
somme des angles a, b, c dun triangle ABC dépend
de son aire - 2droits (abc) k aire(ABC)
- Comparant cette formule à celle de Girard (1625),
sur une sphère de rayon R - (abc) 2droits (1/R2) aire(ABC),
- il conclut que lhypothèse de langle aigu mène
à une géométrie sur une sphère de rayon
imaginaire iR. Ceci entraîne lexistence dune
mesure absolue des longueurs. - Mais, considérant que dans la réalité physique,
il ny a pas de mesure absolue des longueurs et
convaincu que les axiomes de la géométrie doivent
refléter notre perception de lespace, il écarte
aussi lhypothèse de langle aigu pour obtenir le
5e postulat, qui nest donc pas mathématiquement
démontré.
2211 - Mises en garde de DAlembert et du père
Farkas Bolyaï
- Jean Le Rond DAlembert (1717-1783) écrira dans
lEncyclopédie (v. 1765) - la définition et les propriétés de la ligne
droite, ainsi que des lignes parallèles sont
lécueil et pour ainsi dire le scandale des
éléments de géométrie . - Wolfgang Farkas Bolyaï (1775-1856), après 8
tentatives infructueuses, découragé, écrit à son
fils Janos qui sera lun des créateurs des
Géométries Non Euclidiennes - Je vous supplie de laisser cette science des
parallèles tranquille... J'ai traversé cette nuit
insondable, qui éteignit toute lumière et joie de
ma vie... Je suis revenu quand j'ai vu qu'aucun
homme ne pouvait atteindre le fond de la nuit Je
men reviens inconsolé, mapitoyant sur mon
sort... La ruine de mon humeur et ma chute datent
de ce temps. J'ai, bêtement, risqué ma vie et mon
bonheur
2312 - La réponse du fils Janos Bolyaï
- Janos Bolyaï, indocile, écrit à son père en 1823
- Je suis décidé à publier mon travail sur la
théorie des parallèles ... Le but n'est pas
encore atteint mais j'ai fait des découvertes
merveilleuses qui m'ont subjuguées, et ce serait
une cause de regret éternel si elles étaient
perdues La seule chose que je puisse dire, c'est
que j'ai créé un nouvel univers à partir de rien.
Tout ce que je vous ai envoyé jus que là est un
château de cartes à côté de la tour . - Il rédige en 1825 un opuscule La science
absolument vraie de lespace, publié en appendice
dun ouvrage de son père en 1832.
2413 - La prudence de Carl Friedrich Gauss
(1777-1855)
- 1 - Réponse à son ami Farkas Bolyaï qui lui
avait communiqué les travaux de son fils - le contenu lui-même du travail, le chemin
suivi par votre fils et les résultats auxquels
il est conduit, coïncident presque entièrement
avec les méditations qui ont occupé mon esprit
en partie pour les 30 à 35 dernières années . - Gauss ajoute, craignant les sarcasmes ( jai
peur des criaillements des ignorants) - Mon intention était de ne rien publier de mon
vivant Je suis très heureux que ce soit le
fils d'un vieil ami qui me précède d'une manière
si remarquable. - 2 - Gauss avait exploré la question depuis
longtemps, lettre à Farkas Bolyaï de 1799 - J'ai déjà fait quelques progrès dans mon
travail si on pouvait prouver quil existe un
triangle dont l'aire est plus grande que tout
nombre donné à lavance, alors je pourrais
établir la géométrie euclidienne rigoureusement". - 3 - Lettre à Burkhard de 1817 (depuis 1813, Gauss
avait la certitude de la consistance dune
géométrie non euclidienne) - Je suis de plus en plus convaincu que la
nécessité de notre géométrie euclidienne ne
peut être prouvée en tout cas par une pensée
humaine et pour une raison humaine. Peut être
dans une autre vie il nous sera possible d'avoir
une indication sur la nature de l'espace qui
nous est pour le moment inaccessible .
2513 - La prudence de Carl Friedrich Gauss
(1777-1855)
- 4 - Lettre à Taurinus de 1824, annonçant une
nouvelle géométrie qui sera développée par
Lobatchevski en 1829 (en russe, publié en
français en 1837) - l'hypothèse que la somme des angles d'un
triangle est inférieure à 180 degrés conduit à
une géométrie curieuse, assez différente de la
nôtre, mais cohérente que j'ai développée à mon
entière satisfaction et dans laquelle je peux
résoudre tout problème à l'exception de la
détermination d'une constante qui ne peut être
définie a priori. Plus cette constante est
grande, plus on est proche de la géométrie
euclidienne et les deux coïncident si elle est
prise infinie . - 5 - Dans cette même lettre de 1824, Gauss ajoute
- Tous mes efforts pour découvrir une
contradiction, une incohérence dans cette
géométrie non euclidienne ont échoué, (...) Mais
il me semble que nous ne connaissons que si
peu, pour ne pas dire rien du tout, de la vraie
nature de l'espace qu'il n'est pas possible de
qualifier d'impossible ce qui nous apparaît
comme non naturel . - 6 - Appréciation de Düring vers 1880 sur la
géométrie non euclidienne - Insanité démentielle, théorèmes et figures
mystiques et délirants nés d'une pensée
maladive ! Les parties dégénérées du cerveau de
Gauss .
2614 - Le choix de Lobatchevski (1793-1856)
- Nicolas Ivanovitch Lobatchevski publie sa Théorie
des parallèles en 1829. - Un point A extérieur à une droite (BC) étant
donnés, soit (AD) lunique perpendiculaire issue
de A sur (BC). Lobatchevski part de la situation
laissée par Saccheri et admet comme base de
travail que - Par le point A extérieur à la droite (BC), il
passe trois types de droites - celles qui coupent (BC), comme (AE)
- les deux droites (AF) et (AG), qui sont
asymptotes à (BC). Ce sont les parallèlesà (BC)
passant par A. - - les droites, comme (AH) comprises dans
langle formé par (AF) et (AG), qui ne
rencontrent pas (BC) et qui ont avec (BC) une
perpendiculaire commune. - Parmi celles-ci, la droite (AI) est
perpendiculaire en A à (AD). - Lobatchevski déclare en 1834 que la vérité à
établir (le 5e Postulat) ne peut être démontrée
que par des expériences , - au contraire de Kant qui pensait que le concept
despace euclidien nest pas dorigine
empirique, mais est une nécessité inévitable de
la pensée .
H
A
I
F
G
B
C
E
D