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Le jugement de la n cessit d accueil en centre d h bergement et de r adaptation sociale par des travailleurs sociaux fran ais : un effet paradoxal dans une ... – PowerPoint PPT presentation

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Le jugement de la nécessité daccueil en centre
dhébergement et de réadaptation sociale par des
travailleurs sociaux français  un effet
paradoxal dans une situation de mise en
concurrence
SIMEONE, A.1, MICHALOT, T.2 GARDOU, C.2 1
Groupe de Recherche en Psychologie Sociale (EA
4163) Université LYON 2 (FRANCE) 2 Education et
Politique (UMR xx) Université LYON 2 (FRANCE)
Objectif Depuis plusieurs années, les
activités des travailleurs sociaux ont connu des
transformations considérables. De fait, elles les
amènent de plus en plus fréquemment, non
seulement 1) à réaliser une enquête sociale
fondée sur des critères explicites et partagés
(niveau des revenus, disponibilité ou non dun
logement, situation familiale, dettes etc.), mais
aussi 2) à se faire un jugement sur la personne.
Le secteur de lhébergement et de linsertion
sociale fournit un exemple très concret de cette
situation. Les Centres dHébergement et de
Réadaptation Sociale (C.H.R.S.) sont des
structures, publiques ou privées, mises en place
pour accueillir, à leur demande et sur une longue
durée,   les personnes et les familles qui
connaissent de graves difficultés, notamment
économiques, familiales, de logement, de santé ou
dinsertion, en vue de les aider à accéder ou à
recouvrer leur autonomie personnelle et
sociale  (article L345-1 du code de laction
sociale et des familles, 2002). Une de leurs
principales caractéristiques est la sélection du
public accueilli, ce qui les différencie
radicalement de lhébergement durgence, qui se
définit comme un accueil inconditionnel. Ainsi,
laccès à un Centre dHébergement et de
Réadaptation Sociale (C.H.R.S.) dépend dune part
de ladéquation du demandeur à des critères
dadmissibilité objectivables et définis par le
droit (par exemple, labsence de domicile fixe ou
un niveau de revenus), et dautre part de données
plus subjectives, tels que la perception par un
travailleur social dune motivation de lindividu
à se sortir dune situation de précarité ou pour
le moins dune capacité à supporter les
contraintes du centre. Le premier entretien,
réalisé par un seul et unique travailleur social
qui récolte les éléments décisionnels, reste de
fait un moment important dans lorientation des
personnes. Ce travail dévaluation est dautant
plus important que, dune part les demandes
dentrées sont très supérieures aux nombres de
places disponibles, et dautre que la
quasi-totalité des demandeurs répondent aux
critères daccès définis par le droit. De fait,
même si la loi dorientation de lutte contre les
exclusions du 29 juillet 1998 assure que laccès
à un logement décent et indépendant est un droit
que la société doit garantir à tous, le dernier
rapport de lobservatoire de la pauvreté et de
lexclusion sociale (2004) souligne que ce droit
na rien deffectif. Lenquête menée par Brousse
(2002a, b) observe ainsi quau mois de janvier
2001, 63500 adultes étaient privés dun domicile
propre et 16000 enfants de moins de 18 ans les
accompagnaient, et la Fédération Nationale des
Associations dAccueil et de Réinsertion Sociale
affirme quil manque 15000 places en C.H.R.S.
rien quen Ile de France (FNARS, 2003). Dans ce
contexte de crise du logement, nous pouvons
penser que, plus la demande est grande, plus les
critères subjectifs prennent une place importante
dans les choix posés, et que la formation
dimpression lors du premier entretien joue un
rôle capital dans lattribution ou non de
laide. Lexistence de sélection effectuée sur
la base des critères non écrits ou clairement
explicités a déjà été remarquée. Par exemple,
Pelège (2004) observe que les travailleurs
sociaux de son échantillon répartissent
empiriquement la population postulante en deux
catégories distinctes  ceux qui sont qualifiés
de  prêt  pour linsertion et ceux qui sont
perçus comme  pas prêts . Cette terminologie
est proche dune classification traditionnelle 
auparavant constatée par Geremek (1987) celle
du pauvre  méritant  et du  non méritant . Ce
phénomène nest pas sans conséquences pour les
personnes en demande daide, et paradoxalement,
il apparait que lintervention sociale fragilise
souvent les plus défavorisés, même si
lintervention leur est au départ destinée. Dans
son ouvrage sur les Sans Domicile Fixe (SDF),
Damon (2002) souligne que les actions ciblées
pour les SDF ne bénéficient pas en général aux
personnes les plus en difficulté mais à dautres
moins démunies. Il qualifie ce phénomène
d  effet Matthieu . Ce terme fait référence à
une parabole paradoxale du Christ   Car à celui
qui a, lon donnera et aura du surplus  mais à
celui qui na pas, on enlèvera même ce quil a .
Dans le contexte des politiques sociales, leffet
Matthieu est observé quand les résultats dun
dispositif ou dune prestation aboutissent à
donner plus à ceux qui ont déjà plus et moins à
ceux qui ont déjà moins, alors quils sont ciblés
pour être les bénéficiaires. Il semble largement
présent dans différents dispositifs daide aux
personnes, tels que par exemple les Missions
locales. Compte tenu de lensemble de ces
observations, la recherche présentée ici essayera
détablir 1) comment des travailleurs sociaux
élaborent leur jugement de nécessité daccès à un
C.H.R.S. , 2) dans quelle mesure les
caractéristiques perçues ou attitudes dune
personne en demande daide influencent le
travailleur social dans son évaluation , et 3) si
la présence dun éventuel  effet Mathieu  est
observable dans les évaluations produites.
Méthode Elle se fonde sur la Théorie
Fonctionnelle de la Cognition (Anderson, 1996),
et la méthode de la mesure fonctionnelle qui lui
est associée. Les participants sont 40
travailleurs sociaux, en poste dans des C.H.R.S.
du sud-est de la France. A laide dune échelle
continue de 20 cm, ils devaient juger de la
nécessité daccueil en C.H.R.S. pour un individu
fictif décrit dans un scénario. 42 scénarios (32
combinant cinq facteurs et 10 unifactoriels) sont
ainsi présentés à trois reprises à lensemble des
participants (une phase de familiarisation et
deux phases expérimentales proprement dites). Ces
scénarios sont élaborés à laide de cinq facteurs
à deux modalités le Sexe du demandeur (Homme /
Femme), lHygiène apparente (Tenue négligée /
Tenue soignée), lEtat dalcoolisation apparent
(Alcoolisé(e) / A jeun), lAgressivité perçue
(Agressif / Paisible), et la Disponibilité dun
lieu où dormir (Logé(e) chez un tiers / Sans
domicile fixe). Un questionnaire déclaratif vient
compléter ce matériel.
Résultats Des cinq facteurs présentés dans les
scénarios, la plus grande amplitude de cotation
est obtenue en moyenne par le facteur
 Agressivité perçue  (m 12,48 mm), suivi des
facteurs   Etat dalcoolisation apparent  (m
11,49 mm ),   Disponibilité dun lieu où
dormir  (m 6.21mm),  Sexe  (m 4,89mm), et
 Hygiène apparente  (m 0,41 mm). Lanalyse de
variance multiple (MANOVA) appliquée aux données
brutes correspondantes au plan principal (40 x 2
x 2 x 2 x 2 x 2) souligne toute fois que seuls
les facteurs  Sexe  F (1,39) 8,54
plt.005),  Etat dalcoolisation apparent  F
(1,39) 5,11  plt.05), et  Agressivité
perçue  F (1,39) 7,81  plt.01) présentent
des effets principaux significatifs. Ainsi, une
femme sera favorisée par rapport à un homme, une
personne à jeun par rapport à une personne
alcoolisée et une personne perçue comme paisible
par rapport à une personne perçue comme
agressive. Par contre, il ny a pas deffet
significatif des facteurs  Hygiène apparente 
et  Disponibilité dun lieu où dormir .
Lanalyse de variance indique aussi que deux
interactions sont significatives   Hygiène
apparente  x  Etat dalcoolisation apparent 
F (1,39) 7,55  plt.01) et  Hygiène
apparente  x  Etat dalcoolisation apparent  x
 Disponibilité dun lieu où dormir  F (1,39)
5,37  plt.05).
La figure 01 présente linteraction  Hygiène
apparente  x  Alcoolisation perçue . Les
résultats moyens, et les tests de Duncan
réalisés, soulignent que si une personne est
perçue comme alcoolisée lors de lentretien,
alors son état apparent dhygiène nest pas pris
en considération. Par contre, si cette personne
est perçue comme étant à jeun lors de
lentretien, alors la personne avec une hygiène
perçue comme négligée (119.41mm) sera jugée plus
favorablement quune personne qui se présenterait
avec une hygiène soignée (115.05mm). La figure 02
présente linteraction  Hygiène apparente  x
 Etat dalcoolisation apparent  x
 Disponibilité dun lieu où dormir . Les
résultats moyens et les tests de Duncan effectués
montrent que si une personne est perçue comme
alcoolisée le jour de lentretien, son hygiène
nest pas prise en considération et ceci quel que
soit le niveau dhébergement dont elle dispose.
Par contre si la personne est perçue comme à jeun
le jour de lentretien, son hygiène ne sera prise
en compte que dans le cas où elle est hébergée
chez un tiers. Dans ce cas, lapparence dune
hygiène négligée (117,46mm) sera valorisée par
rapport à une personne perçue comme soignée
(108,05mm). Ces interactions semblent montrer
quun état apparent dalcoolisation le jour de
lentretien est considérée comme un indicateur
tellement négatif que les facteurs  Hygiène
apparente et  Disponibilité dun lieu où
dormir  nont plus deffet. Par contre,
paradoxalement, une hygiène apparemment négligée
sera prise en considération de manière positive
si la personne est hébergée chez un tiers et
quelle est à jeun, comme sil fallait quelle
ait au moins une difficulté pour justifier son
intégration en CHRS. Discussion Les résultats
de cette étude indiquent que des facteurs les
plus subjectifs (Etat dalcoolisation apparent,
Hygiène apparente et Agressivité perçues) sont
aussi les plus pris en compte par les
travailleurs sociaux pour élaborer leur jugement
de nécessité daide, alors que le facteur le plus
 objectif  (Disponibilité dun logement) est
négligé. Par ailleurs, la quasi absence
dinteraction simple entre les facteurs laisse
supposer que les informations mises à disposition
sont intégrées sous la forme dun modèle additif
(probablement un modèle de moyenne). Enfin, les
résultats des interactions semblent montrer quun
état de grande difficulté sociale (Alcoolisation)
est empêche quasiment daccéder au dispositif
dhébergement et de réinsertion. La convergence
de ces phénomènes pourrait contribuer à générer
l effet Mathieu  supposé par Damon (2002) en
mettant en concurrence des individus classés dans
une même catégorie de bénéficiaires, le
dispositif de sélection laisserait de côté les
plus faibles et les moins dotés.
Bibliographie ANDERSON N.H. (1996), A Functional
Theory of Cognition, Mahwah (NH) Lawrence
Erlbaum Associates Publishers. BROUSSE C. , De
la ROCHERE B. et MASSE E. (2002a) Hébergement et
distribution de repas chauds  Le cas des
sans-domicile, Paris, Insee première N
823.   BROUSSE C., De la ROCHERE B. et MASSE E.
(2002b), Hébergement et distribution de repas
chauds Qui sont les sans domicile usagers de ces
services, Paris, Insee Première N 824. DAMON
J. (2002), La question SDF, Paris,
PUF. FNARS-IDF (2003), Les personnes hébergées
en CHU dIle de France Profils et trajectoires,
et Les personnes hébergées en CHRS dIle de
France Profils et trajectoires, Synthèse de
létude  une nuit donnée  enquête menée auprès
des personnes hébergées en CHU. GEREMEK B.
(1987), La potence ou la pitié. LEurope et les
pauvres du moyen âge à nos jours, Paris, NRF,
Gallimard. Observatoire national de la pauvreté
et de lexclusion sociale (2004), Le rapport
2003-2004, Paris, La documentation
française. PELEGE P. (2004), Hébergement et
réinsertion sociale  Les CHRS, Paris, DUNOD.
Pour tout renseignement concernant ce document,
contactez le premier auteur Arnaud SIMEONE
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Rhône 86, rue PASTEUR 69365 LYON Cedex 07
FRANCE Courriel arnaud.simeone_at_univ-lyon2.fr
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