Title: Evaluation des actifs naturels
1Evaluation des actifs naturels
- Cours du 17 janvier
- G. Hollard
2Le menu du jour
- Entrée le point sur latelier Bièvre
- Plat du jour dans la peau dun chargé détude
- Dessert Quelques réflexions méthodologiques
3Atelier Bièvre
- A lissue de la séance daujourdhui chaque
groupe doit avoir validé un projet dévaluation - Lobjectif est de présenter vos résultats lors de
la prochaine séance (le 14/02) - La présentation se fera, a priori, sous power
point. Il est prévu environ 30 minutes par exposé
4Evaluer lévaluation!
- Ce travail doit être loccasion pour vous de
réfléchir à lévaluation et dacquérir - Un savoir pratique,
- Un savoir utile pour vos projets futurs.
- Vous ne disposez pas du temps et des moyens
nécessaires pour mener une évaluation en bonne et
due forme.Mais, il est possible de - Poser correctement le problème (intérêt du sujet
dans son contexte) - Apprendre quelque chose sur le terrain
- Se poser des questions en grandeur nature
5Evaluer lévaluation!
- Vos exposés doivent donc retracer un processus
denquête on se pose des questions, on cherche
des éléments de réponses ( ce qui conduit souvent
à reformuler les questions) - Ce que lon doit voir dans vos exposés cest
comment vous parvenez à entrer dans des
situations complexes et à en revenir avec des
indicateurs chiffrés que vous êtes capables
dinterpréter - En bref, vos exposés doivent être intéressant, on
doit apprendre quelque chose
6Le plat du jour
- Ce que je vous propose cest de retracer une
étude que jai effectuée comme chargé détude - Lobjectif est de faire ressortir les difficultés
et questionnements que vous seriez susceptibles
de rencontrer - Nhésitez à pas poser toutes les questions sur
les aspects habituellement occultés (largent par
exemple)
7Soyez vigilants
- Les méthodes employées le sont pour deux raisons
- Obtenir des informations sur le terrain
- Faire passer de linformation aux commenditaires
- Le travail présenté fait donc un allez retour
entre le terrain et les commanditaires
8Contexte général
- Etude en deux volets menée par le CESSA en 2001
et 2003 - Etude plutôt réussie au sens où elle a eu un
impact significatif - Létude date un peu maintenant mais je ne pense
pas que les choses aient radicalement changées - Contexte particulier la région PACA
9Questions élémentaires
- Qui sont les commanditaires ?
- Ici DDE HLM Région DRE
- Pourquoi veulent-ils cette étude ?
- Constat de baisse de la construction de logements
sociaux - A quoi est-elle destinée ?
- Comprendre, enfin, ce qui se passe (A priori, pas
de problème de légitimité ici)
10Mais quelle est la question ?
- Caricatures chez les donneurs dordres
- Cest la faute des autres!
- Les gens sont aveugle/idiots!
- Le changement est impossible!
- En pratique
- Le lien info/levier
- Labsence de suivi/ le turn-over dans la fonction
publique
11Mais quelle est la question ?(suite)
- Du point de vue des experts
- Nécessité de reformuler ensemble la question
- Calibrer linformation pour quelle puisse être
reçue - Mettre le maximum dénergie pour obtenir une
réunion de rendue dans des conditions correctes
(téléphone) - Linsoutenable, mais inévitable, note en deux
pages
12La question (officiel) !
- Finalement comprendre la manière dont le grand
public se représente le logement social afin
denvisager une campagne de communication qui
améliore limage du logement social
13La question (officieuse!)
- Quels sont les éléments qui ne sont
- réellement pas connus
- Ex la part de chacun des stéréo-types
- Systématiquement ignorés
- Ex Le lien avec des problèmes de fond (misère
sociale, racisme, etc) - Indicibles
- Tel responsable est un imbécile
14Programme annoncé
- 1- Réalisation de 20 entretiens semi-directifs
auprès dhabitants de la région. Le panel va des
cités jusquau propriétaires urbains ou
périurbains. - 2- Rencontre avec les responsables des services
logement des six D.D.E. - 3- Étude détaillée dun terrain retenu suite à la
consultation des D.D.E. - 4- Réalisation dune enquête par questionnaire
- 5- Synthèse détudes existantes, collecte
dinformation institutionnelle. - 6- Rapport de synthèse et propositions
dactions.
15Programme réel
- Comprendre, vite!, qui sont les acteurs en
présence. (ex les sigles!!!) - Historique (très important)
- Ex les cités
- Environnement juridique
- Loi SRU
16Résultats denquête
a-..
- Une méthode les représentations sociales
- Un public les habitants de PACA
- Objectifs pêche au gros , préciser
limportance des catégories issues des entretiens
(remarque mélange question fermées et questions
ouvertes)
17Un mélange de trois définitions du logement social
- Le grand public a du mal à situer clairement ce
quest le logement social. - En entretien, les personnes évoquent
successivement divers aspects sans quil y ait
une grande cohérence densemble. - Les durées de parole sont en moyenne dune
vingtaine de minutes. Ce qui montre que le sujet
est suffisamment connu pour que chacun ait un
avis mais trop flou pour que chaque personne ait
une vision réellement personnelle. - On trouve donc beaucoup didées toutes faites
mêlées à des expériences vécues par la personne
ou son entourage. Les descriptions oscillent
autour de trois pôles
18Déf1 Le logement social comme infrastructure
- Selon cette vision, le logement social est
associé à sa manifestation la plus concrète les
bâtiments. Autour de ce pôle, on trouve une série
de remarques et de constats sur ce qua été le
logement social (les grandes cités des années
70), sur ce quil est actuellement et sur ce
quil devrait être. - La responsabilité des problèmes est alors
attribuée à larchitecture des bâtiments.
(changer les choses passe donc par changer les
bâtiments)
19Déf2 Le logement social comme politique publique
- Le logement social est alors perçu comme une
action de lEtat et des pouvoirs publics. Son
objet est alors de loger les plus démunis, de
permettre au plus grand nombre davoir un toit.
Dans ce registre, on trouve toute une série de
jugements sur la façon dont il convient de loger
les gens, sur les gens qui devraient avoir droit
à un logement social (et donc sur ceux qui ne
devraient pas y avoir droit), sur la politique
dattribution. - La responsabilité des problèmes est alors
attribuée aux hommes politiques. - (Changer les choses cest alors changer de
responsable politique)
20Déf3 Le logement social assimilé à ses habitants
- Le logement social est associé aux personnes qui
y résident. Ce point est le plus délicat, car le
plus tabou. Il sexerce donc une forte censure
lorsquil sagit daborder la question des
habitants. On trouve beaucoup de remarques sur le
type de population selon son niveau de revenus,
sa nationalité, etc. - La responsabilité des problèmes est alors
attribuée aux habitants. - (changer les choses revient à changer les
habitants)
21Principaux points issus de létude
- Point 2 Le changement de politique en matière de
construction de logements sociaux est perçu par
le grand public. Ce point nest cependant pas
évoqué spontanément, ce qui tendrait à laisser
penser que beaucoup de gens se sont rendu compte
dun changement lorientation mais quils ne sont
pas sûrs que tout le monde sen soit rendu
compte. - Point 3 Pour beaucoup la procédure dattribution
nest pas claire les meilleurs logements sont
attribués par piston et les délais sont trop
longs. - Point 4 Dans lesprit du grand public, il existe
un plafond de revenu pour accéder au logement
social. Ce plafond, situé imaginairement autour
du SMIG pour une personne seule et autour de
10000 F de revenu mensuel pour une famille avec
deux enfants, est notablement inférieur aux
plafonds réels. Le logement social est alors
perçu comme une mesure en faveur des bas revenus,
au détriment de lobjectif de mixité sociale.
22Principaux points issus de létude (suite)
- Point 5 Il ny a pas consensus sur lobjectif
prioritaire du logement social (mixité ou aide
aux plus démunis) - Point 7 Lorsque la censure est limitée, les
enquêtés jugent que les gens sopposent Ã
limplantation de logement sociaux par crainte de
larrivée de familles à problèmes et par peur des
étrangers. - Point 8 Il est jugé légitime de sopposer Ã
limplantation de logements sociaux par peur des
familles à problèmes pour une moitié de la
population, et par peur des étrangers pour plus
dun tiers. Sopposer par peur du changement ou
de larrivée de pauvres est fortement illégitime.
23Principaux points issus de létude (suite)
- Point 10 Le logement social nest que faiblement
perçu hors des grands ensembles. Les petits
programmes sont en effet rarement identifiés
comme du logement social. Les gens parlent donc
plus de quelque chose de distant lorsquils
parlent de logement social. - Point 12 Le principe dune loi contraignante
(SRU) en faveur du logement social est bien
accueilli par le public (86 davis favorables
ou très favorables).
24Synthèse ?
- Constat
- on a déjà beaucoup dinformation
- Ne pas oublier la note en deux pages!
- La vérité est ailleurs!!!
25Etude des réponses et détermination de profils
types
- On construit deux variables synthétiques
- La variable RLS, pour Refus du Logement Social,
décrit lintensité de lopposition au logement
social, dans le cas dune construction Ã
proximité de chez soi. Elle représente un score
calculé à partir des réponses à quatre questions
(8.2, 8.3, 9 et 12). Les scores vont de 4, pour
les personnes très favorables, à 16 pour les
personnes les plus opposées. - La variable MPP, pour Méfiance à légard des
Pouvoirs Publics, décrit lintensité de
lopposition à légard de laction des pouvoirs
publics à partir des réponses à trois questions
(2.2, 2.4 et 6). Le principe de construction est
similaire à celui de la variable précédente avec
des scores qui varient de 1, lorsque laction de
lEtat et des pouvoirs publics ne semble pas
poser de problème, à 5, lorsquil y a un fort
rejet de la politique publique en matière de
logement social.
26Graphique final
27Vos réactions ?
- Critiques
- Points faibles
- Points forts
28Les réactions des commenditaires
- Intéressant
- Compliqué (cf graphique)
- Amusant
- Réaliste (pour lun dentre eux)
- Assommant (trop dinfo)
- Consensus autour que cela apporte un peu dair
frais en provenance du terrain, doù le deuxième
volet de létude
29Etude détaillée dune implantation conflictuelle
du point de vue des riverains
- Lopération étudiée sest déroulée, de la
conception à la réalisation du bâtiment, sur une
période de quatre ans allant de 1997 à 2001. Ce
projet de 34 logements a rencontré une vive
opposition de la part des riverains qui ont
notamment intenté un recours contre le permis de
construire.
30Comment est-on informé quun nouveau logement
social va être construit à côtéde chez soi ?
- Mme G., septuagénaire, propriétaire depuis plus
de 20 ans dun petit pavillon situé en face de la
future construction, apprend par courrier, au
mois de septembre 1998, la volonté de la mairie
de son secteur de consulter les habitants sur la
mise en sens unique de la rue dans laquelle elle
habite. Mme G. a quelques connaissances en
urbanisme puisquelle a, au début des années 80,
demandé un permis de construire pour surélever
son pavillon, permis qui lui a été refusé. Elle
sinterroge donc sur les raisons de ce changement
de circulation. Il faut savoir que la traverse
Force est un petit monde dans lequel il se
passe peu de choses.
31Le doute sinstalle
- Tout nouveau changement paraît donc rapidement
suspect, surtout si ce changement ne trouve pas
dexplication plausible. Pour répondre à ses
interrogations, elle décide de sinformer auprès
du service de lurbanisme de la Ville de
Marseille. Sa surprise est de taille lorsquun
technicien lui montre les plans de la future
construction (de 14 mètres de haut!) qui va
bientôt sériger en face de chez elle. Sa
surprise se transforme en colère quand ce même
technicien lui souffle incidemment que ces
logements seront des logements sociaux. - En fait un panneau déclarant légalement le permis
de construire, la hauteur de la construction, le
nombre de logements et son bénéficiaire avait été
apposé quelques jours avant que Mme G. ne reçoive
ce courrier de la Mairie. Mais ce panneau était
en bas de la rue alors quelle habite en haut et
elle na guère eu loccasion de passer devant. De
plus, sa voisine avait interrogé des
contremaîtres qui étaient en train de prendre des
mesures sur le terrain, et ceux-ci lui avaient
dit qu on allait faire un jardin . En tout
état de cause, le panneau ne fait pas mention du
fait quil sagit de logements sociaux. Pour le
savoir, il aurait fallu être capable didentifier
un organisme de logement social à partir du
simple nom inscrit sur le panneau.
32Comment se met en place la contestation ?
- Mme G. prend cette histoire comme un coup de
poignard dans le dos. Le fait quon lui ait
refusé un permis 20 ans auparavant pour des
raisons de hauteur, et que maintenant on lui
construise un immeuble de 14 mètres de haut
devant chez elle, est ressenti comme une
injustice. Mais plus que ça, le mot logement
social provoque chez elle un sentiment qui la
renvoie à toutes les peurs quelle peut avoir
lorsquest remis en cause la sécurité de son
environnement quotidien. - Pour elle, vont arriver dans son quartier les
populations des cités synonymes de bruit,
dinsécurité, de délinquance, de drogue, etc.
En plus de la hauteur du bâtiment et son vis Ã
vis, y'a le bruit, les chiens, la musique, le
passage de 12 Ã 200 habitants l'augmentation
sera de 100 habitants au total, et les voyous
monsieur ! Moi, maintenant je sors plus de chez
moi. Bref, son sang ne fait quun tour et elle
se précipite pour photocopier les fameux plans
quelle distribuera le soir même à lensemble de
la traverse.
33À la recherche dun interlocuteur ou lémergence
du fantasme de complot
- Mme G. court alors le lendemain à la Mairie de
secteur. Personne ne veut la recevoir et on la
renvoie vers le Comité dIntérêt de Quartier
(CIQ) des Chartreux, du même bord politique que
la Mairie de secteur. Ce CIQ lui déclare quil
est incompétent pour ce projet qui nest pas sur
son périmètre. On lui dit daller trouver le CIQ
de son secteur, celui des Chutes-Lavie. Mme G. a
déjà eu affaire à ce dernier. Elle en garde un
très mauvais souvenir, considérant son président
comme quelquun dopportuniste, lié aux notables
locaux et peu à lécoute des petites gens. Même
si elle se déclare apolitique , elle sait
aussi que le fils de ce président est conseiller
général, détiquette opposée à la Mairie de
secteur. À contre-coeur, elle demande alors à ce
président de la mettre en contact avec le Maire
ou du moins de laider dans sa démarche
juridique. Il répond quil veut dabord connaître
le niveau de représentation de sa requête et lui
demande une pétition qui fasse la preuve de la
mobilisation de la traverse contre cette
construction. Mme G. revient quelques jours plus
tard avec une délégation dhabitants pour preuve
de la mobilisation locale. En réponse, le
président du CIQ essaie de les persuader quil
sagit là dun bon projet et quun autre
organisme HLM avait eu précédemment un projet
bien pire. Et de toutes façons, il nous a dit
que notre requête ne tenait pas le coup
juridiquement . Ce président était donc bien au
courant de cette opération et la soutenait sans
équivoque. Les habitants se retrouvent à quelques
jours de la date limite du délai de recours sans
jamais avoir été reçus par un représentant ou une
institution. - Mme G. nen démord pas pour autant. La peur de ce
que pourrait apporter un ensemble de logements
sociaux en face de chez elle la pousse Ã
sopposer coûte que coûte à ce projet. Elle
trouve en la personne de la femme de
lophtalmologiste qui habite à côté de chez elle
un soutien pour écrire le recours auprès du
tribunal administratif. Lensemble des habitants
contresigne son texte, mais cest en son nom
quelle soppose à cette construction, ses
voisins soutenant seulement son initiative sans
simpliquer directement.
34Le politique prend le relais la mobilisation se
généralise à tout le quartier
- Mme G. est maintenant dans un bien triste état.
Elle se sent abandonnée de tous. Elle a déjÃ
envoyé plusieurs lettres expliquant son désarroi
à la préfecture, à la mairie, à lurbanisme, Ã
lOPAC et même au Premier ministre. Pour elle
cette histoire se transforme en un véritable
cauchemar, au point de ne plus en dormir la nuit
et davoir de violentes crises de larmes qui lui
font perdre tout contrôle J'en dormais plus
de la nuit. Et j'étais devenu très fragile,
fondant en larmes pour un rien . Cependant,
quelques jours après la fin du délai de recours
elle rencontre par lintermédiaire de son fils le
président dune association de son quartier qui
connaît bien le Maire de secteur Ca, cest
quelqu'un qui nous a tout de suite aidés. Et
bien. . Voilà tout dun coup Mme G. reçue par le
Maire en compagnie dun aimable président
dassociation. Tous deux lui déclarent quils
sont prêts à laider dans ses démarches. Ils lui
expliquent cependant que la Mairie ny peut rien,
cette construction de logements sociaux étant un
projet du département. Dès lors, Mme G. sera
fortement soutenue par ces deux interlocuteurs.
Une pétition va bientôt circuler dans tout le
voisinage. Chacun y met du sien par du
porte-à -porte en expliquant, à sa façon, le
vilain tour joué par lOPAC et le Conseil Général
aux habitants et le soutien inconditionnel quil
faut leur apporter. Cette pétition recueillera
plus de 200 signatures. La mobilisation va
pousser lensemble des acteurs institutionnels Ã
organiser une réunion publique.
35Les réunions de concertation ou la parole aux
politiques
- Ils sont une centaine dhabitants en ce début du
mois de décembre 1998 devant la Mairie de secteur
pour protester contre ce projet de logements
sociaux. Une délégation dhabitants dont Mme G.
fait partie est reçue pour ce qui est la première
réunion publique organisée sur le sujet.
Lensemble des hommes politiques (de gauche et de
droite) et des associations (CIQ et associations
locales) concernés sont présents. Les techniciens
de lOPAC, en revanche, sont absents. La joute
politique peut prendre toute la place. La droite,
opposée au projet, reproche labsence de
concertation avec les habitants, en remarquant
qu'il ne faut pas construire contre l'accord du
voisinage . Les habitants voient de nombreux
problèmes urbains liés à cette implantation,
problèmes auxquels sont associées des craintes de
nuisances sonores et de dégradation de la
qualité de la vie pour les habitants actuels .
De même, ils ne comprennent pas pourquoi pour
avantager "certains types de populations" on
léserait les 17 habitants déjà en place . Lélu
de gauche qui appuie le projet défend sa
viabilité urbanistique (intégration urbaine de
limmeuble, rétrocession dune partie de la
voirie, construction de garages), sa légalité par
rapport au POS et la logique sociale du droit au
logement pour les populations défavorisées. Même
si les arguments demeurent valables, le rapport
de force est inégal. La mobilisation a porté ses
fruits et les partisans du projet sont en
difficulté. Il est temps de réagir pour la
gauche, en allant voir les habitants. Cest ce
qui est fait dans le courant du mois de décembre
où le conseiller général du secteur rencontre Mme
G. dans la traverse et lui promet de rectifier
les plans. Elle est ensuite reçue au Conseil
Général au début du mois de janvier 1999 où on
lui conseille de consolider sa légitimité si elle
veut voir aboutir ses demandes auprès de lOPAC,
telle une compensation financière par exemple.
Mais les autres habitants de la traverse voient
dun mauvais oeil ces prises de contact avec la
partie adverse et rapidement on m'a
reproché de faire cavalier seul .
36La défaite face aux puissants
- Lapparition de division au sein des habitants se
fait jour lorsque Mme G. apprend que son recours
est attaqué par lOPAC qui lui réclame 10 000 F.
de dommages et intérêts. La solidarité entre
habitants ne fonctionne plus, personne nétant
prêt à mettre la main à la poche . Cest dans
ce contexte quune seconde réunion de
concertation est organisée à lOPAC. Si le
rapport de force de la première réunion était
inégal, il est complètement inversé lors de la
seconde. Les représentants politiques des deux
bords sont présents, ainsi quune petite
délégation dhabitants. En revanche, les
responsables techniques du projet sont là au
grand complet. Ils ont élaboré des documents
graphiques et des cartes qui relativisent
lampleur du projet par rapport aux hauteurs
dautres bâtiments dans le quartier. Aucune
concession nest faite sur le projet initial, et
lOPAC semble sûr de son fait, jusquà faire
comprendre aux habitants que leur opposition
pourrait leur coûter cher. Cela impressionne Mme
G., qui craint déjà cette sanction financière. On
lui explique alors qu elle ferait bien de se
désister avant que cette affaire s'envenime .
Pétrifiée, elle ne dit rien et rentre chez elle
comprenant que la bataille est perdue. Poussée Ã
nouveau par une lettre du conseiller général,
elle se désiste de son recours au Tribunal
administratif quelques jours plus tard Le 22
janvier 1999, l'OPAC avec une dizaine de ses
dirigeants nous ont bien fait comprendre que nous
étions dans l'impossibilité d'aller à leur
encontre. Tous ces avocats, huissiers, mis à la
disposition des dirigeants de l'OPAC Sud nous ont
vraiment fait entendre la vérité sur la force du
pot de terre contre le pot de fer. Par
conséquent, veuillez Monsieur le président,
accepter mon désistement, car je suis dans le
plus grand désarroi... .
37Un sursaut dinstrumentalisation avant les
élections
- La première réunion publique ouverte à tous Ã
finalement lieu près de 2 ans après lobtention
du permis de construire. Il y aurait eu entre 150
et 300 personnes à cette réunion. En plus du
technicien de lOPAC, les leaders politiques
locaux sont également présents. Mme G. est hors
delle. Ne supportant pas la vue du conseiller
général qui la poussée à se désister, elle
linsulte en public jusquà ce quon la sorte de
la salle. Une forte tension est alors perceptible
dans le public. Le technicien nest pas du tout Ã
laise dans cette ambiance. Le Maire de secteur
prend la parole expliquant quil a toujours été
contre ce projet. Des phrases fusent dans la
salle On veut pas des arabes ! , On veut
pas des familles lourdes ! . Mais personne dans
la salle nose poser clairement la question que
tous les habitants ont en la tête quel type de
population allez-vous nous mettre ? Sentant cette
faiblesse face au tabou du racisme affiché, le
conseiller général contreattaque en sappuyant
sur les arguments techniques, lintégration du
bâtiment dans le site et lagrandissement de la
chaussée, et demande ensuite au public, de
manière sous-jacente, ce qui réellement les gêne
dans ce projet. Personne nassumant ouvertement
des propos discriminants, chacun ravale sa haine
et lon passe au point suivant de lordre du
jour.
38Et maintenant ?
- Le bâtiment est sorti de terre, les premiers
logements sont maintenant occupés. Mme G. garde
encore une certaine rancune contre cette affaire.
Elle trouve des petits détails à redire Vous
connaissez des trottoirs au bas desquels on fait
pas de caniveaux. Chez moi, ca se fait pas. Vous
verrez on aura des inondations. D'ailleurs,
derrière le bâtiment ils en ont eu. Ils ont dû
faire une piscine. Vous verrez de chez ma voisine
. La voisine, une dame dun certain âge, a 19
une vue directe et plongeante sur le bâtiment.
Pour elle finalement, cest une bonne chose
Vous savez, avant il y avait des bâtiments
désaffectés et on savait pas ce qui s'y passait
. Les anciens bâtiments, qui avaient été pendant
longtemps abandonnés avant dêtre détruits,
avaient en effet accueilli des vagabonds des
seringues usagées étaient retrouvées Ã
lintérieur. Cela avait entraîné un contexte
dinsécurité non négligeable pour ces personnes
âgées. La construction a de ce point de vue
amélioré le cadre de vie. Mme G. nen démord pas
pour autant. Dernièrement, elle a entendu des
bagarres de chiens . Sa voisine lui répond que
ce genre de problèmes ne vient pas forcément des
nouvelles populations arrivées. (...) Je nai,
pour linstant, rien de désagréable et rien Ã
reprocher à ces nouveaux habitants . Devant la
Maison de quartier dautres habitants pensent
également que finalement le bâtiment est joli.
Il a permis que a rue soit réaménagée . Les
appartements sont beaux. Jai visité un T4 qui
était bien fait , explique une jeune femme qui a
fait une demande au Conseil Général pour avoir un
appartement. Chacun pense aussi que la
population ne pose pas de problème... sauf peut
être quelques "Quartiers Nords" qui ont été
remarqués à leur couleur de peau... Mais personne
ne se leurre car en fait, il y a beaucoup de
pistonnés du Conseil Général ... Enfin, certains
vont même jusquà croire que la mobilisation a eu
un effet parce qu'ils ont abaissé la hauteur du
bâtiment , ce qui nest pas le cas puisque le
projet a été réalisé tel quil avait été prévu
dès le départ. Enfin, tout le monde saccorde sur
la récupération politique de cette affaire ,
dans laquelle chacun a bien vu laffrontement
droite/gauche qui sest déroulé Tout ça, ça
s'est transformé en affaire politicienne .
39Les recommandations
- Dépasser le syndrome NIMBY . Limplantation de
nouveaux logements sociaux constitue aux yeux des
riverains un risque risque de voir leur cadre
de vie dégradé, risque de voir arriver de
nouveaux habitants, etc. En dautres termes, la
construction de nouveaux logements sociaux dans
un quartier suscite des réactions qui oscillent
entre lindifférence et le rejet. Limplantation
constitue rarement une bonne nouvelle aux yeux
des riverains. Ceux-ci sont alors partagés entre
la préservation de leur intérêt particulier, qui
les conduirait plutôt à sopposer Ã
limplantation de logements sociaux (suivant en
général la branche de gauche du schéma), et des
principes de justice et de solidarité qui les
conduiraient plutôt à accepter un logement social
(suivant la branche de droite du schéma). Il est
rare quun individu nemprunte pas simultanément
aux deux branches. Réduire les conflits
daménagements à une opposition entre des
intérêts privés défendus par les riverains et un
intérêt général incarné par le maître douvrage,
cest renoncer demblée à débattre de lintérêt
général avec le public. On est alors cantonné Ã
un rapport de type Nimby où chacun campant sur
ces positions, aucun dialogue nest possible. - Ne pas séparer la forme du fond Un autre schéma
sclérosant à lœuvre est celui qui sépare forme
et fond. Le fond serait constitué du dossier
technique tandis que la forme concernerait le
moyen de faire passer la pilule auprès des
riverains. Selon ce principe, face aux conflits,
il convient de rechercher une procédure qui
minimise les oppositions. Cette approche peut
fonctionner tant que les oppositions restent
mesurées et que ne viennent pas se greffer des
enjeux politiques.
40Objectifs à rechercher pour une communication sur
le terrain
- Mettre demblée à disposition, sur demande, une
information fiable et complète, - par exemple en indiquant sur les panneaux de
chantier comment se procurer davantage - dinformation (coordonnées de la personne Ã
contacter). - Se doter dun moyen de connaître lavis des
riverains avant le dépôt dun recours - auprès des tribunaux. Ceci peut être délégué Ã
une association, ou un bureau détude, - qui aurait en charge une enquête sommaire sur le
terrain et pourrait assurer le cas - échéant la phase suivante.
- Si la contestation devient importante, ouvrir un
espace de discussion sous légide - dun tiers. Dans le cas où une contestation
importante, en général appuyée par des - élus, verrait le jour, la stratégie dinformation
simple doit se transformer en stratégie - de débat. La présence dun tiers sert à garantir
que personne ne soit juge et partie dans - laffaire. En déléguant cette attribution, il
devient plus facile de faire valoir des - arguments techniques qui deviennent ainsi moins
suspects. - Ne pas limiter le débat aux aspects techniques.
Lenjeu dun bon débat est de - parcourir avec lensemble des participants
lensemble du schéma ci-dessus. Ceci - permet déviter que certains aspects soient
laissés de côté. Lobjectif est de monter - en généralité pour parler non seulement dun
logement social particulier mais - également du logement social en général.
- Suivre cette procédure ne garantit pas que les
opposants changeront davis
41Conclusions ?
- Faire feu de tout bois méthodologique
- Savoir ce que lon veut
- Changer le monde ?
- Devenir plus riche ?
- Autre chose ?
42Le dessert
- Revenir sur les différents types de méthodes
- Une préoccupation la transparence du
raisonnement (science dure ou non ?) - Il est possible de faire une utilisation
stratégique de ces outils (cf ce qui précède)
43Remarques préliminaires
- Evaluer est en général plus compliqué que de
résoudre le problème lui-même (il faut envisager
des solutions alternatives, trouver des points de
comparaisons, etc) - Il ny a pas consensus sur la manière de faire de
lévaluation. A mon avis, il ny en aura jamais! - Il existe cependant de bonnes et de mauvaises
évaluations
44Styles de méthode dévaluation
45Annonces de plan 1
46Annonces de plan 2
47Annonces de plan 3
-  Le débat sur la LGV PACA a débuté le 21 février
2005. Prévu pour durer 4 mois, il a été prolongé
de 15 jours (jusquau 8 juillet 2005) en raison
dun dire dexpert supplémentaire, commandé par
la Commission nationale. Il a principalement
sollicité les habitants des Bouches-du-Rhône, du
Var et des Alpes-Maritimes, territoire
correspondant à l'aire d'étude de RFF. Le débat
public a suscité un grand nombre de contributions
de toutes formes et une participation
exceptionnelle. Face à cet intérêt, la
commission sest efforcée de mettre en place des
moyens adaptés - exposition itinérante sur le débat public
- 128 lieux dexposition, 18 semaines
dexposition, 79 lieux de tractage - 39000 journaux et autant de synthèses du
dossier du maître douvrage tractés en marge de
l'exposition (sur un total de 80000). - un site Internet (189 connexions quotidiennes en
moyenne, 35000 visites en 6 mois) - - une carte T pour sabonner à lactualité du
débat fichier de 9620 noms collectés. Une
grande partie des 7500 dossiers du maître
d'ouvrage diffusés l'ont été suite à une demande
par carte T. - un système de questions/réponses 1200 questions
posées (dont 277 avis) - un journal du débat 5 numéros, dont le premier,
diffusé à 1 500 000 exemplaires, a présenté le
débat, son calendrier, ses modalités. Il offrait
la possibilité de sabonner à lactualité du
débat et de recevoir la synthèse du maître
douvrage. Le journal n 5 sera diffusé dans les
premiers jours de septembre et portera à la
connaissance du public la synthèse du compte
rendu de la CPDP.
48Annonces de plan 3(suite)
- 3 réunions de lancement, à Nice, Toulon et
Marseille - 3 auditions publiques pour que les acteurs
fassent connaître leur point de vue au début du
débat - 8 réunions thématiques sur les grands thèmes
que la commission avait identifiés au début du
débat larc méditerranéen, les questions
foncières et durbanisme, les enjeux
denvironnement (2 réunions), le développement
territorial, les transports régionaux (2
réunions) et le transport des marchandises - 5 ateliers pédagogiques sur le financement,
les solutions alternatives proposées par les
acteurs et la présentation du dire dexpert
commandé par la Commission nationale du débat
public (3 réunions) - 17 réunions de proximité réparties sur le
territoire concerné - 3 réunions de synthèse à Nice, Toulon et
Marseille. - Près de 8000 personnes ont participé à ces
réunions (dont près de 50 dans le Var). Dautre
part, plus de 300 contributions, délibérations et
motions ont été adressées à la CPDP (et mises en
ligne), ainsi que 14 pétitions ayant recueilli au
total plus de 26 000 signatures, présentant des
avis diversifiés sur le projet. Certaines
contributions ont fait lobjet de cahiers
dacteurs en effet, 55 dentre elles ont été
sélectionnées pour leur pertinence et leur apport
significatif au débat. Ces cahiers dacteurs ont
été édités en moyenne à 15 000 exemplaires chacun
et cest près de 750 000 exemplaires au total qui
ont été distribués dans les réunions et adressés
aux abonnés à lactualité du débat.
49Styles de méthode dévaluation
50Une typologie des différents modes de décision
publique