Title: Traitement de la schizophr
1Traitement de la schizophrénie
2PLAN
- Principes du traitement
- Indications dhospitalisation
- Traitement pharmacologique
- neuroleptiques et antipsychotiques
- autres psychotropes
- Autres traitements biologiques
- Mesures psychothérapiques et médico-sociales
- Conduite à tenir devant différents tableaux
3Principes du traitement
- Le traitement de la schizophrénie ne peut se
réduire à lemploi dune seule méthode
thérapeutique - Les psychotropes sont associés à des mesures non
pharmacologiques visant à favoriser lobservance,
à rendre acceptable le vécu du patient et à
palier ses déficiences (restauration cognitive,
amélioration des compétences sociales,
réinsertion socio-professionnelle) - Le traitement comprend généralement un volet
socio-thérapeutique - Il est donc pharmaco-psycho-social
4Généralités
- Le traitement doit être initié le plus tôt
possible - Plus tardif est le traitement, moins le pronostic
est favorable rémission moins nette et plus
longue à obtenir (Loebel et coll., 1992) - Par ailleurs, même lorsque lon traite un
deuxième ou troisième épisode de façon identique
au premier, la rémission est plus longue à
obtenir avec persistance dune symptomatologie
plus importante (Lieberman, 1997) - Enfin, le fait que 10 des schizophrènes meurent
par suicide (Meltzer, 2002) incite à intervenir
tôt et à poursuivre à long terme une prise en
charge adaptée - Les antipsychotiques, qui permettent dune part
le traitement de laccès aigu et dautre part la
prévention des rechutes, doivent être maintenus
au long cours
5Généralités
- Nécessité de lutter contre le défaut dobservance
suscité par le déni des troubles - Ne pas appliquer de façon stéréotypée un canevas
de soin le traitement de chaque patient doit
être adapté à ses propres troubles - Il faut coordonner lintervention de plusieurs
catégories de professionnels
6Indications dhospitalisation
- Prévention du risque suicidaire ou homicidaire
(surveillance permanente du comportement et
suppression des objets dangereux) - Nécessité de traiter rapidement des symptômes
aigus ne permettant pas le maintien dans la
communauté - Etablissement du diagnostic et évaluation des
troubles (observation) - Instauration dun traitement psychotrope
(surveillance appropriée et traitement des EI)
7Indications dhospitalisation
- Désorganisation majeure du comportement
(assistance pour les besoins élémentaires
alimentation, toilette, habillement) - Etablissement de liens entre léquipe de soin et
le patient (dont les troubles affectifs ne
facilitent pas cela), qui favoriseront la prise
en charge ultérieure - Séparation transitoire du patient et de son
environnement
8Objectifs de lhospitalisation
- Diminution de la symptomatologie
- Observation du comportement du patient et de ses
interactions avec les autres - Surveillance de lobservance, de lefficacité et
de la tolérance du traitement - Instauration dune relation thérapeutique
Lenvironnement hospitalier, caractérisé par des
règles précises de fonctionnement, les limites
physiques quil procure au patient et lattitude
rassurante des soignants a un rôle structurant en
soi
9Déroulement de lhospitalisation
- La durée doit être rationnalisée ni trop courte
(risque dinterruption des soins après la sortie
ou damélioration incomplète, sources de
rechute), ni trop longue (risque dinstallation
dans la chronicité) - Les soins devant succéder à lhospitalisation
doivent être préparés durant le séjour à
lhôpital - Les mesures dhospitalisation sous contrainte
peuvent être levées lorsque le patient consent
aux soins et nest plus dangereux (en général, à
la sortie de lhôpital)
10Hospitalisation et suivi ambulatoire
- Lhospitalisation est indispensable en phase
aiguë et utile en phase chronique pour réaliser
une évaluation et jeter les bases de la prise en
charge ultérieure - Elle peut être programmée pour prévenir une crise
- Après la sortie de lhôpital, la prise en charge
sera pluri-focale et médico-sociale (CMP, CATTP,
département de réinsertion professionnelle, CAT,
atelier protégé, foyer de transition, etc.) - Ceci nécessite la concertation régulière des
différents intervenants
11Organisation de la prise en charge
- Le soin proprement dit doit sarticuler avec un
dispositif social approprié - Les exigences doivent être adaptées aux capacités
du patient - Question de linformation du patient
- Soutien et implication de la famille
12Traitement pharmacologique
- Il repose essentiellement sur les neuroleptiques
ou antipsychotiques - Ces médicaments sont au centre de la prise en
charge car ils représentent le seul traitement
efficace de la plupart des symptômes - Ces médicaments permettent à la fois le
traitement de la phase aiguë et la prévention des
rechutes. Ils doivent donc être poursuivis à
moyen ou long terme en fonction du nombre
dépisodes
13Les neuroleptiques
- Lintroduction de ces médicaments en 1952 a
révolutionné le traitement de la schizophrénie - Jusque-là, seules la camisole physique et la
sédation (obtenue à laide des barbituriques ou
des antihistaminiques) pouvaient apaiser les
malades - Les neuroleptiques ont permis dentrer en contact
avec des patients qui étaient jusque-là
inaccessibles du fait de leurs symptômes
(agitation, délire, repli autistique, négativisme)
14Bénéfices apportés par les neuroleptiques
- Ils permettent daméliorer létat clinique de
60-75 des patients en phase aiguë (après 6
semaines) contre 20-23 pour le placebo (Davis et
Andriukaitis, 1986) - Leur poursuite permet de réduire le taux de
rechute à un an à 25, alors que ce taux est de
70 sous placebo (Ayuso-Gutierrez et del Rio
Vega, 1997) - Lorsque les neuroleptiques sont interrompus, la
plupart des rechutes se produit dans les 10
premiers mois, à un rythme denviron 10 par mois
(Houy-Durand et Thibaut, 2002)
15Effets cliniques des neuroleptiques
- Indifférence psychomotrice
- 2. Diminution de l'agressivité de l'agitation
- 3. Réduction des symptômes psychotiques aigus ou
chroniques (Diminution ou disparition des
hallucinations et du délire ) - 4. Effets neurologiques et neurovégétatifs
- 5. Effets sous-corticaux prédominants
- Laction sédative précède laction anti-délirante
- Les antipsychotiques atypiques se distinguent en
pratique par leur profil dEI. Ils sont indiqués
en première intention (conférence de consensus,
2003)
(Delay et Deniker, 1957)
16Effets biochimiques des neuroleptiques
- Antagonisme des récepteurs à la dopamine
post-synaptiques - Lefficacité antipsychotiques est corrélée au
taux doccupation des récepteurs D2 un
médicament serait actif à partir de 65-70
doccupation, les EI neurologiques apparaissant à
partir de 80 doccupation - Laction sur les récepteurs noradrénergiques,
cholinergiques, histaminergiques, et GABAergiques
est responsable dEI - Les antipsychotiques atypiques ont également
dimportants effets antagonistes 5HT2
responsables dune diminution des effets anti-D2
nigrostrié (moins de syndrome parkinsonien),
hypothalamohypohysaire (moins daménorrhée-galacto
rrhée) et mésocortical (moins de symptômes
négatifs secondaires)
17Effets indésirables (EI) des neuroleptiques
- Neurovégétatifs (hypoTA, sécheresse buccale,
dysurie, glaucome aigu, syndrome malin) - Neurologiques (Dyskinésies aiguës, syndrome
parkinsonien, akathisie, dyskinésies tardives,
épilepsie) - Psychiques (sédation, confusion, anxiété,
indifférence psychomotrice, dépression) - Endocriniens et métaboliques (hyperprolactinémie,
prise de poids, diabète, hyponatrémie de
dilution) - Sexuels (impuissance, frigidité)
- Cardiaques (allongement du QT, risque de mort
subite) - Divers (leucopénie, granulocytose,
tératogénicité, photosensibilisation, rétention
biliaire, cytolyse hépatique, dépôt cornéen)
18Instauration du traitement neuroleptique(interrog
atoire)
- Faire lhistorique du traitement psychotrope déjà
reçu et de lefficacité procurée - Senquérir des médicaments actuellement pris par
le patient pouvant être à lorigine
dinteractions (y compris des médicaments ne
nécessitant pas de prescription, tels des
laxatifs pouvant causer une hypokaliémie) - Rechercher des ATCD cardiaques personnels ou
familiaux (syndrome du QT long congénital,
pouvant être à lorigine de syncopes), des ATCD
dadénome prostatique et de glaucome aigu (risque
daggravation par les effets antichol.) - Rechercher une insuffisance rénale ou hépatique
pouvant retentir sur le métabolisme du médicament
prescrit
19Instauration du traitement neuroleptique(ex.
cliniques et paracliniques préalables et surv.)
- Examen clinique préalable examen neurologique
(signes neurologiques mineurs) - Biologie préalable NFS, créatinine, bilan
hépatique, glycémie, ionogramme sanguin,
triglycérides et cholestérol - ECG, EEG (en cas dATCD de comitialité) avant le
traitement et ECG sous traitement - Surveillance clinique température, tension
artérielle, transit intestinal, mouvements
anormaux, poids et BMI
20Observance médicamenteuse
- Elle dépend de plusieurs facteurs, dont la
conscience que le malade a des bénéfices procurés
par le traitement - Elle est à surveiller tout au long de la prise en
charge - La mauvaise observance ne peut être attribuée aux
EI car ils ne sont pas plus fréquents chez les
patients qui interrompent leur traitement que
chez les autres (Ayuso-Gutierrez et del Rio Vega,
1997)
21Première cause de rechutela mauvaise observance
- 73 des patients saggravant et nécessitant une
hospitalisation ne prennent pas correctement leur
traitement (Ayuso-Gutierrez et coll., 1997). - Les facteurs suivants sont impliqués
- défaut dinsight
- déni de la maladie
- croyances négatives liées au traitement
- EI des NL (les patients invoquent le syndrome
parkinsonien, les troubles sexuels et la prise de
poids, sans quon retrouve fréquemment ces EI
chez les non observants) - isolement social
- attitude familial négative à légard du
traitement - manque dinformation appropriée quant à la nature
de la maladie et aux bénéfices attendus du
traitement
22Autres causes de rechute
- Evolution propre de la maladie
- Facteurs pharmacologiques
- dose minimale efficace
- utilisation des formes retard
- traitement uniquement lors de lapparition des
premiers signes non spécifiques de rechute (perte
dappétit, insomnie, anxiété, fluctuations de
lhumeur). Cette dernière manière de procéder
conduit à de rechutes. - 20-30 des patients répondent partiellement ou
sont non répondeurs aux NL typiques
(Ayuso-Gutierrez et coll., 1997) - Facteurs psycho-sociaux
- Consommation dalcool ou de drogue
23Prévention des rechutes
- A quelle dose prescrire les médicaments ?
- Les doses standards préviennent mieux les
rechutes que des doses très réduites
(Ayuso-Gutierrez et del Rio Vega, 1997) - La recherche de la dose minimale efficace est
recommandée - Durée du traitement 1-2 ans pour un premier
épisode, prolongée en cas de rechute ou de
récidive (conférence de consensus, 2003)
24Electroconvulsivothérapie (ECT)
- La schizophrénie nest pas une indication de
première intention dECT. Les neuroleptiques ont
montré leur supériorité dans cette indication
(Lôo et de Carvalho, 1995) - Elle peut être associée aux neuroleptiques (dont
la posologie est diminuée pour limiter les EI de
lECT que sont lamnésie et la confusion), en
deuxième intention dans certaines formes
cliniques (trouble schizo-affectif, épisode
catatonique, forme paranoïde sévère avec risque
vital, épisode aigu résistant aux médicaments) - Elle permet de potentialiser leffet des
médicament - Elle nest indiquée quen phase aiguë et jamais
en phase chronique. Son effet est peu durable
(séances dentretien?) - Un plus grand nombre de séances est nécessaire
que chez le bipolaire (on ne peut juger de son
efficacité avant 20 séances)
25Anticholinergiques
- Traitement des dyskinésies aiguës, indiqué sur
une durée brève (conférence de consensus de 1994)
si la réduction de la posologie des
neuroleptiques na pas fait disparaître les
symptômes - Inefficaces dans lakathisie (qui répond mieux
aux benzodiazépines ou aux bêta-bloquants) - Contre-indiqués dans les dyskinésies tardives
quils peuvent aggraver
26Antidépresseurs
- Contre-indiqués dans la phase aiguë, même en
présence de symptômes dallure dépressive - Indiqués lorsquil existe une symptomatologie
dépressive en dehors de la phase aiguë
(dépression post-psychotique), en association
avec un neuroleptique - Cette association réduirait le risque suicidaire
- La prudence simpose de toutes façons pour éviter
leffet délirogène des antidépresseurs
27Benzodiazépines
- Potentialisation des effets sédatifs des
antipsychotiques permettant demployer des doses
moins importantes (Wolkowitz et Pickar, 1991) - Durée de prescription limitée du fait de leurs EI
(dépendance, amnésie antérograde, diminution du
tonus musculaire)
28Thymorégulateurs
- Indiqués en association dans les états
dexcitation délirante atypique, les troubles
schizo-affectifs, lagressivité et les formes
résistantes - Trois molécules valproate (inhibiteur
enzymatique doù une possible potentialisation
des effets du neuroleptique), carbamazépine
(inducteur enzymatique doù une possible
réduction des effets du neuroleptique ne pas
associer au valproate), lithium (avec
surveillance de la lithémie les phénothiazines
augmente le passage transmembranaire du lithium
association déconseillée avec lhalopéridol et la
carbamazépine du fait dun risque de
neurotoxicité)
29Références médicales opposables(Journal officiel
du 14-11-1998)
- Il n y a pas lieu d administrer demblée, à
titre préventif, des correcteurs
anticholinergiques lors de la mise en route d un
traitement neuroleptique, sauf chez des malades à
risque (sujet âgé, antécédents de syndrome
parkinsonien) - Il ny a pas lieu, du fait des dangers potentiels
(augmentation du risque des effets secondaires
atropiniques), dassocier deux correcteurs
anticholinergiques - Il ny a pas lieu, dans le traitement dentretien
de la psychose, dassocier deux neuroleptiques,
même s ils sont à polarité distincte, sauf si
leur prescription est argumentée et régulièrement
réévaluée
30Recommandations de la conférence de consensus
américaine de 1999J Clin Psychiatry 1999 60
(suppl 11)
- Recommandation 1 traitement de 1ère intention
dun épisode aigu - Recommandation 2 CAT en cas de réponse
insuffisante au traitement de première intention - Recommandation 3 CAT face à un abus de substance
ou à un défaut dobservance - Recommandation 4 choix du médicament face à un
symptôme spécifique - Recommandation 5 choix du médicament pour éviter
les effets indésirables - Recommandation 6 phase d entretien
- Recommandation 7 conseils posologiques
- Recommandation 8 changement dantipsychotique
31Recommandation 1 traitement de 1ère intention
dun épisode aigu
32Recommandation 2 CAT en cas de réponse
insuffisante au traitement de 1ère
intentionayant été poursuivi 3-8 semaines en cas
de réponse thérapeutique faible ou nulleou 5-12
semaines en cas de réponse partielle
33Recommandation 3ACAT face à un abus de substance
34Recommandation 3BCAT face à un défaut
dobservance
35Recommandation 4 choix du médicament face à un
symptôme spécifique
36Recommandation 5 choix du médicament pour éviter
les effets indésirables
37Recommandation 6 phase dentretien
38Recommandation 7 conseils posologiques
7A Médicaments par voie orale
7B Médicaments daction prolongée
39Recommandation 8A quand instaurer et quand ne
pas instaurer un atypique
40Recommandation 8B comment faire le changement
41CAT face à une résistance des symptômes
42Conclusion
- Le traitement de la schizophrénie doit intégrer
plusieurs modalités thérapeutiques - Les antipsychotiques sont un des éléments
essentiels du traitement, mais pas le seul. Ils
ont à la fois un rôle curatif et de prévention
des rechute. Ils doivent souvent être prescrits
au long cours - Il faut sefforcer dobtenir une prise de
conscience minimale quant à lutilité des
médicaments, gage dobservance et dimplication
dans le traitement - Une réinsertion socio-professionnelle est
généralement indispensable