Fonder une socit et une littrature

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• Fonder une société et une littérature
• Conception Gérald Gaudet,
• avec la collaboration de Marie-Josée Ayotte
• Cégep de Trois-Rivières, décembre 2007

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1837 à 1960

• IUNE LITTÉRATURE QUI SE VEUT
• canadienne-française

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À l origine

• Les fondateurs sont des explorateurs qui sont
  devenus paysans et coureurs des bois et
• qui ont dû affronter limmensité du continent
  neuf (Cartier, Champlain, Marie de LIncarnation).

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• La Conquête de 1760, vécue comme un véritable
  traumatisme de la naissance, laisse en nous une
  impression de continuelle fragilité d autant
  plus que la naissance a été prématurée, mal
  préparée, et qu elle a été accompagnée d un
  sentiment d abandon de la part de la Mère patrie.

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• C est là que naît l impression quun rêve sest
  brisé, que la survie est menacée et qu il faut
  continuellement se protéger des coups d un Autre
  venu dAilleurs (un étranger fascinant et
  inquiétant, souvent diabolisé) en se repliant sur
  soi-même (De Gaspé fils, 1837).

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1. LE PAYSAN

• Un être retiré à l intérieur de ses terres, de
  sa paroisse, de sa famille, de sa religion,
  c est-à-dire à l intérieur des frontières
  physiques et psychiques de la Loi des Pères et
  qui se méfie de tout ce qui est au-delà.
• Un être qui se convainc que cette vie est idéale,
  que ces valeurs sont un gage de paix et de
  bonheur (Lacombe, Savard).

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• Un être accordé -- unifié, total, défini -- qui
  répond au devoir sacré de cette Loi faire
  comme les Ancêtres, conserver la Tradition.
• Un être qui se fait une raison de se plier au
  petit cercle d horizon quun coin de ciel natal
  azure (Nérée Beauchemin) quil ne peut déserter
  il refoule le coureur des bois, l esprit
  daventure, le désir, l imagination, une vie à
  soi (Le fils du déserteur de Grignon).

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Enjeux

• Comment un peuple sans histoire et sans
  littérature, peut-il échapper à une volonté
  d assimilation et éviter la dépossession, le
  déracinement?
• Comment rêver dun trésor alors quil faut être
  utile au pays conquis dont les rebelles sont
  pendus ou exilés? (De Lorimier)

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• Comment fonder un savoir où puiser l énergie de
  durer quand on est ainsi déchu? (Alfred
  DesRochers)
• Comment se donner des références où reconnaître
  ses lieux de fierté, d appartenance, de défi
  tout en souvrant à lAutre, à lÉtranger? (Le
  Survenant)

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2.LE CITADIN

• Un être désaccordé, divisé et dépossédé de sa
  terre un angoissé qui a perdu sa sécurité
• un être poussé, malgré lui, à la confrontation
  avec de nouvelles références (d autres
  croyances, modèles, valeurs, zones
  d influence), par exemple avec l américanité.

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• Un être qui prend conscience d un mensonge la
  Loi des Pères n a pas tenu ses promesses.
• Le père, le gardien traditionnel des croyances,
  est de plus en plus désemparé et dépossédé de son
  pouvoir. Le pouvoir est ailleurs dans le
  système, le capitalisme, l éducation religieuse
  (Les Plouffe et À toi pour toujours).

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• Il y a révolte, mais cette révolte se fait à
  perte contre un système de valeurs
  traditionnelles plus fort que toutes les volontés
  individuelles et contre un nouveau système dont
  la complexité lui échappe. (Bonheur doccasion)
• L espace canadien-français n est plus un lieu
  humain satisfaisant.

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ENJEUX

• Comment faire de ces nouvelles réalités et du
  nouvel espace de la ville un lieu humain
  satisfaisant?
• Comment jeter les bases d un monde plus juste,
  plus solidaire, plus ouvert, plus respectueux de
  l individu et de sa dignité?

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3.L AVENTURIER INTÉRIEUR

• Un être qui, comme Saint-Denys Garneau, fait
  réapparaître ce qui a dû être refoulé pour
  survivre le sens de l aventure, du rêve, de
  l imagination, la vie intérieure, ses désirs à
  soi, mais qui frappe un mur lui-même, la
  société, l ordre traditionnel des choses.

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• Un être divisé, dépossédé, exilé à l intérieur
  de lui-même parce qu il a intériorisé la
  soumission, le refus de tout élan fraternel.
• Un être seul, coupable -- coupable de poésie, du
  désir d être lui-même, d ouvrir le regard sur
  le monde.

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ENJEUX

• Comment par des déménagements d atomes, des
  jeux d équilibre, des transpositions,
  retrouver son unité (sa joie, le paradis des
  mots, la possibilité de jouer, de danser)?
• Comment déculpabiliser le goût de laventure et
  de linconnu?

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• Ne me dérangez pas je suis profondément occupé
• Un enfant est en train de bâtir un village
• Cest une ville, un comté
• Et qui sait
• Tantôt lunivers
• SDG, Le Jeu, 1937

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1960-1980

• II
• Une littérature qui se veut
• québécoise

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4. Le militant

• Un être sans identité, aliéné qui cherche
• à reconquérir et à réunifier ses possibilités
  physiques et psychiques (Borduas).
• Il cherche à retrouver un nom, une terre, un
  centre, une définition, des repères, ce que le
  paysan idéal avait et que le citadin, en devenant
  un transplanté, un locataire, un ouvrier, a
  perdu.

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• Un être qui associe la reconquête du territoire,
  du pays à la femme, à lamour et à la
  reconnaissance de sa langue (Miron, Gauvreau,
  Godin).
• Un être qui veut se mettre au monde, conquérir
  son indépendance, exister par et pour lui-même
  (Langevin).

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Enjeux

• Un être qui a mauvaise conscience et qui a honte
  d être ce qu' il est parce qu' il a intégré le
  mépris est-il condamné à son sort? (Tremblay)
• Comment à partir des constats et des promesses
  prendre en charge la division intérieure et
  reconquérir non seulement la fierté mais aussi l
  unité perdue? (Giguère)

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5.LA MILITANTE

• Une femme à l Âge de la parole, qui se sent
  oubliée, méprisée, dépossédée par le système
  patriarcal, anglophone et capitaliste. (Lalonde)
• Une femme qui se sent invisible avec ses
  références, son savoir, ses points de vue, et qui
  veut devenir visible.

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• Elle se dit Transgresser c est progresser
  (Louky Bersianik), J ai tué le ventre (Nicole
  Brossard), On ne naît pas femme, on le devient
  (Simone de Beauvoir).
• Elle ouvre la voie et permet à tous les oubliés
  -- les marqués au corps -- de prendre la parole
  l enfant, le noir, l étranger, l homosexuel,
  les victimes de la guerre...

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1980 à aujourdhui

• III
• UNE LITTÉRATURE QUI CESSE DE SE VOULOIR
  UNIQUEMENT
• QUÉBÉCOISE

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6.LE MÉTISSÉ,L ÉMIGRÉ DE L INTÉRIEUR

• Un être pour qui la patrie (le pays, le centre,
  l origine) est irrémédiablement perdue.
• Un exilé (culturel, amoureux) qui joue, et qui
  crée en jouant, et qui tente de se donner une
  patrie intérieure.

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• Un être pour qui le monde est un supermarché et
  lAutre un bien de consommation échangeable,
  interchangeable. Il devient un consommateur
  (dhistoires, de corps, de références) en quête
  de sens.
• Un itinérant du sentiment, un réfugié de
  lamour perdu. (Monique Proulx, 1993)

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• Un étranger, un métissé, qui n a plus une
  identité, mais des identités, non plus un centre
  mais des centres, non plus une patrie mais des
  patries à l intérieur desquelles on circule, on
  navigue, on surfe.
• On est tous létranger ou le miroir de quelquun
  dautre (Kokis, 1994).

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• Un être pour qui prendre la parole est
  déterminant puisquil ne sait plus trop qui il
  est. Lhistoire quon lui a racontée sur ses
  origines ne tient plus tout à fait, elle peut
  paraître mensongère, irrecevable. Alors il faut
  se la créer ou chercher la vérité.
• Si lon nest pas lenfant du désir, on nest
  rien. On part à la recherche de ses origines pour
  trouver quelques certitudes (Trudel, 2001).

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• Devenir orphelin, aller à la rencontre du passé,
  cela peut aussi signifier aller au devant de
  lhorreur et apprendre quon a reçu en héritage
  une mémoire blessée, violentée. (Mouawad, 2003)

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• Un être qui se crée de toutes pièces il a perdu
  les traces de son passé, les points de repères,
  les données explicatives de son histoire, mais il
  y en a plusieurs qui s offrent à lui il
  choisit, zappe, navigue, comme dans le
  cyberespace (Dickner, 2005).