Title: Rhabdomyolyse, traumatisme grave des membres, amputation traumatique
1Rhabdomyolyse, traumatisme grave des membres,
amputation traumatique
- Dr Wilfried Grandin
- Le 4 Mars 2008
2Rhabdomyolyse
3Un peu dhistoire
- Première description biblique
- Bombardements de Londres en 1940
- Amélioration de la prise en charge durant la
guerre du Vietnam - Années 70 Compréhension des causes non
traumatiques, notamment métaboliques
4Physiopathologie
? Pression interstitielle
NaK ATPase
? ATP
? H2O ? Na
Oedème cellulaire
RE
Contractures
? Ca
Activation Phospholipase A2
Activation protéases
Production de radicaux libres
- Libération du contenu cellulaire
- acidose
- hyperkaliémie
5Physiopathologie lésions de reperfusion
Inhibition chaîne respiratoire mitochondriale
O2
Cellule musculaire ischémique
Libération du fer de la myoglobine
Hypoxanthine
Xanthine
Xanthine oxydase
O2-
H2O2
Peroxydation des phospholipides membranaires
Lyse cellulaire
Oedème interstitiel Sd compartimental
Cellules endothéliales
PNN
Adhésion
Production de radicaux libres
O2-
- Perturbation de la microcirculation
- Augmentation perméabilité capillaire
Activation NADPH oxydase membranaire
Libération de cytokines par les monocytes et les
macrophages
6Physiopathologie insuffisance rénale
Hème
Acides organiques
Réabsorption H2O
Nécrose cellules tubulaires
? Concentration Hème
Précipitation
Libération Fer
OH-
Aggravation par l'hypovolémie avec diminution de
la perfusion rénale et libération de substances
vasoactives (endothélines)
7Etiologies
- Traumatiques
- 3 causes principales aux USA Immobilisation,
exercice et cocaïne Gabow P, Médecine,
1982 - Les causes traumatiques directes (attentas, AVP)
sont plus rares Turquie 1999 - 5300 patients admis, 470 décès, 633 IRA et 477
EER - Seul facteur pronostic retrouvé lAge
- Sever M, Kidney Int, 2001
- Les causes peropératoires rares
- Souvent associées à des installations
particulières (genu pectorale, Lithotomie,
hyperlordose) - Facteur de risque intervention prolongée (6h),
Obésité, Diabète tabac
8Effets du BMI et du temps opératoire sur
lélévation post-opératoire des CPK
- Prospectif systématique
- 37 patients devant bénéficier dune chirurgie
bariatrique - Lélévation des CPK était largement supérieure
chez les obèses supermorbides (BMI gt 55) et si
l'intervention durait plus de 5 heures - Attention si coexistence des deux facteurs
- Lebuffe G, SFAR 2003
9Pressions compartimentales
Owen CA, NEJM, 1979
10Causes non traumatiques Hyperthermie
- Hyperthermie maligne
- Cause extrêmement rare
- Syndrome malin des neuroleptiques
- Causé par certains antipsychotiques
(butyrophénones, phénothiazines) - Par blocage du récepteur dopaminergique des
centres thermiques régulateurs - Hyperthermie, rigidité, dysautonomie et
fluctuations de la conscience - Hyperthermies majeures
- exercice, drogues recréationnelles, surtout dans
des conditions dhumidité et de chaleur, ou
couplées à lemploi de diurétiques
11Causes non traumatiques médicamenteuses
- Inhibiteur de lHMG Co-A réductase
- première cause médicamenteuse (Vanholder R Am Soc
Nephrol 2000) - Cerivastatine retrait en août 2001 (100 décès
par rhabdomyolyse) - Interférence dans la production dATP (Coenzyme
Q) - Durée variable après lintroduction, voir
événement intercurrent) - Reste rare (0,15 décès / million de prescription
Staffa JA, NEJM 2002) - FdR sexe féminin, age élevé, insuffisance rénale
et hépatique, fibrates, cyclosporine, diabète,
macrolides, warfarine et digoxine - Thompson PD, JAMA, 2002
12Causes non traumatiques médicamenteuses
- Clofibrate
- 2,8 / 10000 patients traités
- Graham DJ, JAMA 2004
- Directement lié au risque daccumulation en cas
dinsuffisance rénale ou hépatique - Surtout si association avec HMG CoA reductase
(par 12) - Pas dassociation statines et Gemfibrozil
13Causes non traumatiques médicamenteuses
- Immunosuppresseur
- Cyclosoprine en particulier
- Souvent avec association à risque
14Le propofol syndrome
- Mise en garde de la FDA en 2003
- ?Etude randomisée Propofol vs Lorazepam sur 328
enfants admis en réanimation - Augmentation de la mortalité à 28 jours dans le
groupe propofol - propofol 1 8 de décès
- propofol 2 11 de décès
- sédation std 4 de décès
- PRISM équivalent dans les trois groupes
Felmet K, Pediatrics, 2003
15Le propofol syndrome
- Reports of death with use of propofol for non
procedural (long term) sedation and literature
review - Wysowki, D Anesthesiology, 2006
- Utilisation de la base de données de la FDA
reportant les effets secondaires survenus aux USA
de 1989 à 2005 - Enfants 21 décès suspects, dont 15 (71)
considérés comme très suspects - Adultes 68 décès suspects, dont 21 (31)
considérés comme très suspects
16Le propofol syndrome
- Long-term propofol infusion and cardiac failure
in adult head-injured patients - Cremer OL, Lancet, 2001
- Etude rétrospective sur 227 adultes admis en
réanimation pour traumatisme crânien sévère et
sédatés par propofol - ?7 décès par propofol syndrome ont été
individualisés - Dose moyenne 6,5 mg/kg/h (4,8 mg/kg/h groupe
NPS) - Durée dadministration 91 h (58h groupe NPS)
17Le propofol syndrome
- Mécanismes
- Atteinte cardiaque
- Antagonisation des récepteurs ß des myocytes de
rats - Zhou W, Anesth Analg, 1989
- Inhibition des pompes calciques des
cardiomyocytes, avec diminution de la
contractilité - Zhou W, Anesthesiology, 1986
- Ces mécanismes explique la faible réponse aux
catécholamines et la nécessité descalade du
support inotrope rencontré lors du PS
18Le propofol syndrome
- Rhabdomyolyse
- Inhibition du transport des électrons dans la
chaîne mitochondriale - Activation malonyl CoA qui inhibe la CPT1
interruption entrée AG LC - interruption du transport mitochondrial des
acides gras à longues chaînes - Découplage du complexe 2 de la chaîne
respiratoire
The pathophysiology of propofol infusion
syndrome a simple name for a complex
syndrome Intensive Care Med, 2003
Carnitine palmitoyl transférase 1
19Substances incriminées
Hypnotique et sédatifs
Antipsychotiques et antidépresseurs
Autres
hypocholestérolémiants
20Causes non traumatiques toxiques
- Alcool
- Toxicité directe sur les membranes musculaires
- Modification de l'autocontrôle calcique
cellulaire - Harris R, J Pharmaco Exp, 1980
- cocaïne
- 24 des patients hospitalisés pour intoxication a
la cocaïne présentent une rhabdomyolyse - Welch RD, Ann Emerg Med, 1991
- Différents mécanismes
- Vasoconstriction prolongée
- Toxicité directe sur les myocytes
- Convulsions
21Causes non traumatiques toxiques
- Poisons métaboliques
- Interaction avec chaîne de production de lATP
- Inhibiteur de la chaîne respiratoire (CO,
Cyanure) - Inhibiteur du cycle de Krebs (mercure, fer,
cuivre)
22Causes non traumatiques désordres métaboliques
- Plutôt facilitateurs quinitiateurs
- Hypokaliémie, par modification de la
microcirculation musculaire - Hypomagnésémie, par diminution de lextrusion du
Ca intracellulaire - Hypophosphorémie
23(No Transcript)
24Manifestations cliniques
25La triade
- Signes musculaires
- Douleurs musculaires, augmentées a la pressions
des masses et à la mobilisation - Muscles durs, tendus, avec myoedème
- Phlyctènes, éruption maculopapuleuse
- Attention 50 des patients ne ressentent aucune
douleur musculaire
26La triade
- Signes généraux
- Fièvre (SIRS)
- Tachycardie multifactorielle
- Nausées, vomissements
- Signes urinaires
- Urines colorées, transitoire, signe parfois
retardé - Mis en évidence par bandelette à lorthotoluidine
- Faux positifs hémoglobinurie
- Faible sensibilité (50 des patients atteints
positifs)
27Signes biologiques
- Les CPK
- Fraction MM gt 5 fois la normale
- Indispensable au diagnostic
- Corrélation entre lintensité de la lyse
musculaire et le niveau délévation des CPK - Niveau non prédictif de la survenue dune
insuffisance rénale (/-) - Boles J, Reanimation, 1988
- 30 / 24h
12 h
48 h
t
28Signes biologiques
- La myoglobinémie
- Moins important
- Rapidement éliminé par le rein (demi vie 6 )
- Normale inférieure à 18 ng/ml
- Le pic nest pas corrélée avec le pic de CPK
29Les complications
- Précoces Troubles ioniques
- Hyperkaliémie ? fait le pronostic initialement
- Hypocalcémie
- Hypophosphorémie
- Dysfonction hépatique (25)
- Tardives (12 - 72h)
- CIVD
- Insuffisance rénale ? fait le pronostic
secondairement
30Les complications le syndrome des loges
- Consécutif de laugmentation importante de la
pression intramusculaire au niveau des masses
musculaires enserrées dans les gaines
aponévrotiques à faible compliance - Pression intracompartimentale
- Supérieur à 40 mm Hg (ou gt PAD - 30) geste
chirurgical en urgence - Normale 5 - 10 mm Hg
- Artériographie avant geste inutile (en dehors
dune rhabdomyolyse secondaire à une obstruction
artérielle)
31Prise en charge thérapeutique
32Principes
Remplissage
Alcalinisation
Protection rénale
Anti-oxydants ?
33Le remplissage
- Quand ? ? Précocement
- Sur les lieux même de laccident, avant la
désincarcération - Amélioration du pronostic rénal
- Odeh M, NEJM, 1991
- Comment ? ? Sérum physiologique
- Plusieurs raisons
- Disponibilité
- Absence de potassium
- Absence de toxicité rénale intrinseque
-
- Fait lobjet dun consensus récent Consensus
meeting on crush syndrome injury, Royal college
of surgeons of Edinburgh, Mai 2001 -
34Le remplissage
- Combien ? ? Pas mal
- La séquestration peut atteindre jusquà 12 l /24h
chez un sujet de 75 Kg - Better Os, Mil Med, 1999
- En réalité, 1,5l initialement, puis 1l /h dans la
période initiale - Surveillance surcharge volémique par PVC, Doppler
oesophagien, pression artérielle invasive - Monitorage horaire de la diurèse (gt 2ml/Kg/h)
- Relais par glucosé 5 pour éviter une surcharge
saline importante - Smith J, J trauma, 2003
35Le remplissage
- Surveillance dune défaillance pulmonaire par
sur-remplissage, de pronostic sévère dans ce
contexte - On peut, devant labsence de myoglobine urinaire
et la constatation dun pH gt 6,5, freiner
l'expansion volémique
36Le mannitol
- Rationnel études expérimentales
- Hyperdiurèse diminuant les dépôts pigmentaires
dans le tubule rénal - Chélateur de radicaux libres, diminuant la
toxicité direct sur les cellules rénales - Diminution viscosité sanguine
- Ne se conçoit que dans le cadre dune volémie
élevé
37Le mannitol
- 2083 patients adultes hospitalisés pour
polytraumatisme dans un trauma center de niveau 1
entre janvier 97 et septembre 2002 - Brown C, J trauma, 2004
- 85 avec CPK gt 500
- 10 ont développé une IRA
- Remplissage par solution Bicar/Mannitol sérum
physio vs sérum physiologique à la discrétion du
chirurgien - Pas de différence en termes
- de mortalité (15 vs 18, ns)
- de survenue dIRA (22 vs 18, ns)
- de nécessité de dialyse (7 vs 7, ns)
- Il nexiste pas de preuves factuelles de
l'intérêt de la diurèse forcée par mannitol dans
le crush syndrome
38Lalcalinisation des urines
- But
- Diminuer le risque de précipitation tubulaire
- Prévention de la vasoconstriction rénale
- Prévention de la peroxidation lipidique
- Moyens
- Bolus de 50 cc de bicarbonates à 8,4, suivi
dune perfusion de 40 cc/h - Le pH urinaire gt 6,5 (7,6 pour certains centres),
monitoré par lutilisation fréquente de la
bandelette urinaire
39Les antioxydants
- Pentoxyphylline
- Dérivé xanthique,
- permettrait l'amélioration de la microcirculation
- Diminution de ladhésion neutrophile et de la
libération des cytokines - ? Pas détude clinique
- Vitamines E, C, zinc, manganèse, sélénium
- Ont tous une activité antioxydante
- Intérêt ???
- ? Pas détude clinique
40Les traitements complémentaires
- L'hyperkaliémie
- Sels chélateurs (Kayexalate)
- en particulier si transport
- Gluconate de calcium
- uniquement si Hyperkaliémie menaçante
- Ne pas chercher à corriger lhypocalcémie
- Dialyse si non contrôler ou cinétique menaçante
41AU TOTAL
- Nombreuses causes traumatiques ou non
- Attention au propofol, à haute dose et sur de
longues périodes - Pronostic
- initial l'hyperkaliémie
- tardif linsuffisance rénale
- Traitement
- Remplissage immédiat et massif
- Lemploi du mannitol est discutable
- Lutilisation de bicarbonates reste dactualité
42Lésions graves des membres
43Introduction
- Mortalité tardive des traumatisés
- défaillance multi viscérale
- /- infection
-
- Aggravation par les traumatismes de membres
- Nombre fracture reflet sévérité de limpact
- Méconnaissance parfois lors du bilan initial
- Aggravation du risque thromboembolique
44 Traitement des
lésions tissulaires
- Ostéosynthèse précoce (lt 24 h)
- Bon état nutritionnel
- Bon état cutané
- Favorise la mobilisation précoce
- Diminue la fréquence des embolies gazeuses
- Bone LB, J Bone joint surgery 89
- Etude prospective montrant l'amélioration de
l'ostéosynthèse précoce sur les C resp
post-traumatiques
- Ostéosynthèse tardive (24-96 h)
- Ostéosynthèse précoce préférable uniquement dans
les Trauma C niveau 1 - Mais la survenue de complications, la durée de
séjour, de ventilation nétaient améliorés que si
le délai dintervention était utilisé pour
stabiliser le patient - Plus discuté si TC ou SDRA post-traumatique
45Attitude pratique
Démarche diagnostique recherche de lésions à
lorigine dune défaillance cardio-vasculaire
- 2e séance opératoire
- Dès que possible sur un
- patient stable
- Attention à la triade
- Acidose-hypothermie-coagulopathie
- Stabilisation HD (sans expansion
- volémique continue)
- Hémostase adéquate
- Hb gt 7 gr/dl
- Plaq gt 50
- TP gt 50
- Fib gt 1 gr/l
- T gt36,5 C
Stratégie du damage contrôle
- 2 urgences
- Réduction de luxation
- de membre
- Fracture du bassin
Poursuite bilan lésionnel
46Modalités thérapeutiques
- Amputation
- Réimplantation de membre
- Intervention longue, hémorragique
- Nécessité danticoagulation post-opératoire
- Décision difficile dans le cas du polytraumatisé
sévère - Aide décisionnelle apportée par la Hanover
frature scale - Type de fracture
- Etendue des dégâts musculo-cutanés
- Contamination
- Délai opératoire
- Sévérité globale du traumatisme
47(No Transcript)
48Prévention de linfection
- Antibiothérapie curative gt prophylactique
- Précocité
- Plusieurs facteurs spécifiques
- Etat dimmuno-incompétence secondaire
- Modifications pharmacologiques
- Volume de distribution
- Augmentation de la clearance des aminosides
49Modalités thérapeutiques
- Fractures ouvertes
- Traitement précoce recommandé (lt6h)
- Ostéosynthèse
- Apres débridement large
- Exploration vasculaire
- Fermeture cutanée discutable
- Fractures fermés
- Pas de consensus entre plaque diaphysaire et
enclouage
50Prévention de linfection
Nature des lésions Infection Antibiotiques Germes
Grade I Ouverture cutanée lt 1 cm sans lésion des parties molles 0 - 9 Cefazoline 2 g puis 1 gr à H4 et 1 gr/ 8h sur 48 h CGP gt BGN 30 dAnaérobies
Grade II OC gt 1 cm avec lésions modérées parties molles 1 - 12 Cefazoline 2 g puis 1 gr à H4 et 1 gr/ 8h sur 48 h BGN gt CGP 30 d'anaérobies
Grade IIIa Lésions plus importantes des parties molles 7 - 18 Augmentin 2 gr puis 1gr à H4 puis 2 gr/8h Gentamicine 3 mg/Kg BGN gt CGP 30 d'anaérobies
Grade IIIb Lésions sévères PM avec foyer découvert 22 - 42 Augmentin 2 gr puis 1gr à H4 puis 2 gr/8h Gentamicine 3 mg/Kg BGN gt CGP 30 d'anaérobies
Grade IIIc Association avec lésions vasculaires nécessitant traitement 35 - 65 Augmentin 2 gr puis 1gr à H4 puis 2 gr/8h Gentamicine 3 mg/Kg BGN gt CGP 30 d'anaérobies
Poly traumatisme sévère avec choc hémorragique Augmentin 2 gr IVD Poly traumatisme sévère avec choc hémorragique Augmentin 2 gr IVD Poly traumatisme sévère avec choc hémorragique Augmentin 2 gr IVD Poly traumatisme sévère avec choc hémorragique Augmentin 2 gr IVD Poly traumatisme sévère avec choc hémorragique Augmentin 2 gr IVD
51Au total
- Traitement aussi précoce que le permet la
stabilisation du patient et le bilan qui se doit
dêtre extensif - Attention au traumatisme crânien associé
- Décision difficile de réimplantation (utilisation
des échelles de décision) - Antibiothérapie curative précoce (particularité
pharmacologique)
52Merci de votre attention