Title: Sociologie des sciences
1Sociologie des sciences
- IEP Toulouse 2ème année
- Vincent SIMOULIN
2PARTIE 3 Science et demande sociale
- II Les transformations de lactivité
scientifique. - A) Du mode 1 au mode 2.
- B) Coévolution science-société et triple
hélice. - C) Les transformations de luniversité.
3A) Du mode 1 au mode 2
- Michael, GIBBONS, Camille, LIMOGES, Helga,
NOWOTNY, Simon, SCHWARTZMAN, Peter, SCOTT,
Martin, TROW. The New Production of Knowledge.
The Dynamics of science and research in
contemporary societies. Londres Sage, 1994, 179
p.
4a) Le mode 1
- Lautonomie, le monopole et lisolement des
universités. - La distinction entre les disciplines et la
continuelle émergence de nouvelles
spécialisations. - Le contrôle par les seuls scientifiques de la
définition des objectifs scientifiques légitimes
et de lévaluation des résultats. - Les bénéfices tirés de la science sont une
évidence pour tous et le problème des risques
nest ni évoqué ni perçu.
5b) Les raisons du passage au mode 2
- La massification de lenseignement et de la
recherche. - Lessor des nouvelles techniques de
communication. - La contradiction entre des contraintes
budgétaires accrues et le coût croissant des
équipements. - Laccroissement de la concurrence internationale.
6c) Le mode 2
- Effacement des frontières entre les disciplines.
- Contextualisation de la connaissance.
- Plus grand contrôle social.
- Caractère plus fluctuant des équipes et des
carrières entre les secteurs. - Extension des critères dévaluation.
- Travail en équipe.
- Importance du marché et commercialisation.
- Hétérogénéité des institutions de production de
la connaissance.
7La validité du mode 2
- Valable pour les sciences réticulaires
(intelligence artificielle, aéronautique,
biotechnologie, informatique). - Le mode 2 ne supplante pas le mode 1, mais le
complète et ne lui est ni supérieur ni inférieur.
- La capacité à transmettre linformation de façon
instantanée et peu coûteuse na pas conduit à une
distribution plus équitable de la compétence
scientifique, mais plutôt à sa concentration à un
plus haut niveau technologique.
8d) La critique de Terry Shinn.
- Terry, SHINN. Crossing Boundaries The
Emergence of Research-Technology Communities .
In Henry, ETZKOWITZ, Loet, LEYDESDORFF.
Universities and the Global Knowledge Economy. A
Triple Helix of University-Industry-Government
Relations. Londres Pinter, 1997, 185 p.
9Une thèse différente
- Il existe un système de recherche-technologie qui
intègre et cimente sans être vu les efforts
fragmentés de luniversité, de lindustrie et de
lÉtat en établissant des normes, des standards
et des mesures. - Ces communautés interstitielles créent des
instruments qui sont utilisés dans ces trois
mondes, et leur fournissent donc un vocabulaire
commun. - Parce quinterstitielle et non un pôle en soi,
ces communautés peuvent jouer un rôle de pivot.
10Les communautés interstitielles
- Leurs membres, à lépoque comme aujourdhui,
changent souvent de type demployeur, de
luniversité à lindustrie, à des agences
gouvernementales ou à des cabinets de conseil. - Ils abandonnent fréquemment un instrument avant
sa totale création et prennent un nouveau
travail. - Ils se voient comme socialement et
intellectuellement différents, mais pas
distincts. En définissant leur vocation comme la
conception dinstruments, ils acceptent leur
subordination.
11Les désaccords avec Gibbons
- Gibbons abandonne lautonomie de luniversité et
rejette la légitimité des spécialités et
disciplines. Il sagit dun vide institutionnel. - Au contraire, les communautés de
recherche-technologie respectent les disciplines
existantes tout en étant vraiment
transdisciplinaires. - Si les communautés scientifiques sont selon
Gibbons de plus en plus temporaires, alors
comment est assurée la formation ? - Cest linstrumentation produite par les
praticiens qui fournit un lien substantiel et qui
constitue la matérialisation de la communication.
12B) Co-évolution science-société et triple hélice.
- Henry, ETZKOWITZ, Loet, LEYDESDORFF. Universities
and the Global Knowledge Economy. A Triple Helix
of University-Industry-Government Relations.
Londres Pinter, 1997, 185 p.
13La perspective co-évolutionniste
- On parle de co-évolution quand plusieurs
phénomènes évoluent en fonction lun de lautre,
quand par exemple un moustique ou une fleur sont
de plus en plus adaptés lun à lautre.
14La théorie de la triple-hélice
- Un nouveau mode de production qui unirait dans de
nouvelles relations les chercheurs, les
producteurs et les régulateurs dans de nouvelles
relations de partenariat et de contractualisation.
- La triple hélice prendrait des formes très
diverses selon les caractéristiques de
lenvironnement.
15Un environnement de la science qui sest
complexifié
- On peut définir 4 environnements du chercheur en
fonction de deux variables - - La distinction entre la science et la
technologie, la première cherchant à comprendre
la nature à travers la production de
connaissances, tandis que la seconde cherche à
contrôler la nature à travers des instruments. -
- - Le point auquel il est influencé soit par le
marché soit par le gouvernement.
16Les 4 environnements
- Lenvironnement de la science fondamentale
repose sur la compétition scientifique. - Lenvironnement technico-économique les
activités de recherche sont le domaine des firmes
mais les gouvernements tendent à intervenir de
plus en plus par des politiques pré-compétitives.
- Lenvironnement scientifico-économique combine
des critères économiques et scientifiques. - Lenvironnement technico-gouvernemental le
gouvernement cherche à diriger le développement
technologique.
17Les études de Philippe LAREDO
- Philippe, LAREDO. Technological Programs in the
European Union . In (pp 33-43) Henry,
ETZKOWITZ, Loet, LEYDESDORFF. Universities and
the Global Knowledge Economy. A Triple Helix of
University-Industry-Government Relations. Londres
Pinter, 1997, 185 p.
18Une tentative de création de triple hélices
- Les programmes technologiques de lUnion
européenne (ESPRIT). - 3 spécificités
- Ils ne visent pas à créer un marché ex-nihilo,
mais à améliorer la compétitivité dacteurs
préexistants. - Il sagit moins de soutenir des acteurs que de
développer des technologies clefs. - Ces programmes sont allés de pair avec le
développement de capacités danalyse pour
identifier ces technologies clefs.
19Deux évaluations de ces programmes en 1989 et
1994
- Entre 1987 et 1992, plus de 2000 unités
françaises de recherche ont participé à plus de 2
projets soutenus par ces programmes. - Du premier au second programme, le nombre de
grandes firmes participantes a doublé et leur
participation a quintuplé. - Entre les 2 études, le nombre de partenaires
moyen sest réduit (de 4 à 3), mais il sagit
cette fois de partenaires stables qui se
connaissent déjà. - De plus en plus déquipes cherchent à développer
de nouveaux produits ou processus.
20Une théorie séduisante
- Le fait de déposer des brevets devrait démontrer
que les chercheurs ont accru leur efficacité dans
le transfert et lopérationnalisation de
connaissances. - Le concept de la triple hélice devrait
impliquer lémergence de structures
institutionnelles hybrides dans les universités - et une certaine convergence culturelle et
institutionnelle dans les secteurs de
luniversité, de lindustrie et du gouvernement.
21Les problèmes
- Le temps et les efforts nécessaires pour remplir
les formulaires de brevets sont une perte de
temps pour les chercheurs. - Les industriels réclament souvent énormément
daide des chercheurs pour lopérationnalisation. - Le revenu procuré par un brevet est souvent très
modeste et très incertain. - Le temps nécessaire au dépôt dun brevet peut
obliger un chercheur à retarder une publication. - Plus les universités joueront un rôle commercial
et moins il sera facile de justifier
lutilisation gratuite des découvertes.
22C) Les transformations de luniversité
- a) Une indéniable transformation.
-
- b) Les universités au cur de triples hélices
régionales. - c) Le cas français la révolution.
23a) Une indéniable transformation.
- Le modèle ancien
- 1) Luniversité doit enseigner, former et faire
de la recherche, en somme produire et diffuser de
la connaissance. - 2) Elle se situe dans une perspective qui
privilégie le long terme et la recherche
fondamentale. - 3) Elle est à peu près totalement indépendante
des entreprises et très autonome par rapport aux
gouvernements, et choisit très librement ses
objets de recherche.
24a) Une indéniable transformation.
- Lévolution du contexte
- 1) Laugmentation du nombre des universités, des
étudiants et des thèses. - 2) Laction de plus en plus grande des
gouvernements et des organismes régionaux
(conseils régionaux mais aussi UE) pour accroître
la compétitivité. - 3) Lémergence de linterdisciplinarité.
- 4) Les offres de financement de chaires des
fondations ou entreprises. - 5) Laccroissement de la compétition
internationale. - 6) Limportance croissante de la connaissance
tacite , celle quon acquiert en faisant, par
lessai, lerreur et lexpérience. - 7) Laccélération du rythme du développement
technologique. - 8) Le repli des grandes entreprises vers leur
seul cur de métier les a obligées à trouver des
sources externes dinnovation. - 9) Lémergence des start-ups et des PME
faiblement dotées pour conduire de la recherche
mais qui ont besoin dinnover pour se
différencier.
25a) Une indéniable transformation.
- Le modèle nouveau
- 1) Luniversité doit continuer à enseigner et
faire de la recherche, mais aussi transformer la
connaissance en sources dinnovation
technologique. - 2) Elle doit accomplir cette transformation en
partenariat avec des entreprises et définir ses
objectifs en concertation avec elles et des
fonctionnaires. - 3) Elle doit développer des services spécifiques
pour trouver, négocier et conclure des
partenariats, négocier les droits de propriété,
vendre ses produits, etc. - 4) Elle doit sinterroger sur les critères
dévaluation des chercheurs qui doivent intégrer
laptitude à décrocher des contrats, des
financements et à respecter ses obligations
commerciales.
26b) Les universités au cur de triples hélices
régionales.
- Une étude des relations entre universités et
industrie dans quatre villes nordiques (Aarhus,
Bergen, Linköping, Oulu) et deux succès
(Cambridge, Grenoble). - Les efforts des universités pour améliorer la
compétitivité dépendent dun engagement de
lindustrie, des autorités régionales et de
lexistence dinstitutions de financement. - Lenseignement et la recherche sont toujours
séparés des applications pratiques du savoir qui
sont opérées dans des incubateurs, des parcs
scientifiques ou des unités externes.
27des triples hélices régionales
- Les six cas étudiés suggèrent que limportance de
laction des autorités régionales augmente alors
que celle des autorités nationales est et reste
faible. - La proximité géographique est importante et les
universités semblent ne coopérer quavec les
entreprises proches.
28c) Le cas français la révolution universitaire
- Christine MUSSELIN. La longue marche des
universités françaises. Paris, PUF, 2001.
29Une longue période dinertie
- Une organisation verticale, hiérarchique et
centralisée. - Une cogestion entre les représentants
corporatistes des disciplines et le ministère. - Toute réforme devait à lévidence être nationale.
- Des universités fragilisées par la concurrence
des grandes écoles.
30Une évolution mineure
- Une circulaire de mars 1989 instaure des contrats
quadriennaux entre chaque université et le
ministère de lÉducation nationale. - Le lieu de négociation nest plus la discipline,
mais létablissement. - Une décision prise sans aucune étude préalable.
31aux conséquences majeures
- Lapparition de logiques détablissement
(production de données et dindicateurs,
définition dobjectifs, choix de noms et de
logos, etc). - Un net renforcement de la fonction présidentielle
(forme une équipe, définit des objectifs, etc). - Une différenciation croissante des universités.
- Des missions de lUniversité qui sont devenues
opaques.