Title: SOCIOLOGIE DES ENTREPRISES
1SOCIOLOGIE DES ENTREPRISESÂ
- Principaux repères
- en management
- des hommes
- et des organisations
- Christian Thuderoz
- Centre des HumanitésÂ
2Plan général de la séance Thèmes et penseurs
abordés
- Une perspective historique
- 1. F. TAYLOR et la rationalisation du travail
ouvrier - 2. H. FAYOL et  ladministration des
entreprises - 3. H. FORD et le fordisme
- 4. Critique du taylorisme (1)Â ELTON MAYO et
lécole des  relations humaines - 5. Critique du taylorisme (2) C. BARNARD
- 6. Critique du taylorisme (3)Â lhomme comme un
être de besoins (A. MASLOW) et de désirs (F.
HERZBERG) - 7. Lentreprise comme un système
socio-technique le TAVISTOCK INSTITUTE - 8. Le salarié comme un stratège M. CROZIER
- 9. Les dynamiques culturelles dentreprise R.
SAINSAULIEU
3UN. Le management des hommes et des organisations
une perspective historique
- Un siècle dhistoire du management et de la
pensée managériale - mais 3 cycles distincts, quon peut dater, et
qui sont à chaque fois des réactions Ã
lincomplétude et aux insuffisances des cycles
antérieurs
43 cycles, donc (ou 3 temps ) et un 4ème
- Le temps de la rationalisation bureaucratique
- Le temps des psychologues
- Le temps des consultants
- Et un cycle permanent, en contrepoint des 3
autres
5Cycle 1
- La rationalisation bureaucratique Taylor,
Fayol, Ford et leur actualité
61. Frederick Winslay TAYLOR Â ou LORGANISATION
SCIENTIFIQUE DU TRAVAIL
- Taylor ou la rationalisation du travail ouvrier
- Ne pas confondre  taylorisation et
 rationalisation - La Direction scientifique des entreprises (1912)
textes et verbatim de ses auditions par le
Sénat des Etats-Unis en 1911
7Le raisonnement de Frederick Winslay TAYLOR Â
-  Lancien système ( le meilleur des anciens
systèmes de direction ) - Les ouvriers se transmettent la connaissance du
métier de bouche à oreille - Le patron essaie de leur faire utiliser cette
connaissance en faisant appel à leur esprit
dinitiative - Et pour y arriver, utilise un stimulant des
salaires élevés. Mais très peu de patrons
agissent ainsi ! - Conséquences ?
8Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
- Les patrons sont dépendants !
9 Une révolution complète de létat despritÂ
est donc nécessaire une  méthode de direction
scientifique Â
- Les membres de la direction mettent au point la
science de lexécution de chaque élément du
travail qui remplace les bonnes vielles méthodes
empiriques - 2. Ils choisissent de façon scientifique leurs
ouvriers ils les entraînent, ils les
instruisent de façon à leur permettre datteindre
leur plein développement alors que dans le passé
chaque ouvrier choisissait un travail et
sentraînait lui-même du mieux quil pouvait.
103. Ils collaborent cordialement avec leurs
ouvriers de façon à avoir la certitude que le
travail sexécute conformément aux principes de
la science qui a été créée
- 4. Le travail et la responsabilité du travail se
divisent de façon presque égale entre les membres
de la direction et les ouvriers. Les membres de
la direction prennent en charge tout le travail
pour lequel ils sont mieux qualifiés que leurs
ouvriers alors que dans le passé tout le travail
et la plus grande partie de la responsabilité
impliquée par ce travail incombait aux ouvriers.
11Ainsi,
- Au lieu de se disputer au sujet du partage de la
valeur ajoutée et dagir les uns vis-à -vis des
autres en ennemi - 2. Patrons et ouvriers joignent leurs efforts
pour augmenter la VA
12Dès lorsÂ
- La direction obtient un bénéfice plus important
- Les consommateurs, un prix de vente moins élevé
- Les ouvriers, un salaire plus élevé,
- Et les directions, la paix dans latelier
132. HENRI FAYOL (1911)Â Â ADMINISTRATION
INDUSTRIELLE ET GÉNÉRALE DES ENTREPRISES
- 14 principesÂ
- Division du travail
- Autorité et responsabilité
- Discipline
- Unité de commandement
- Unité de direction
- Subordination de lintérêt individuel
- Rémunération
- Décentralisation
- Hiérarchie
- Ordre
- Équité
- Stabilité du personnel
- Initiative
- Union du personnel
14Et 5 fonctions de cette Administration
industrielle et générale (1916)
- PREVOIR ( scruter lavenir )
- ORGANISER ( lorganisme matériel et social de
lentreprise ) - COMMANDER ( faire fonctionner le personnel )
- COORDONNER ( relier, unir, harmoniser )
- CONTRÔLER ( veiller à ce que tout se passe
conformément aux règles et aux ordres )
153. Henry FORD et le  FORDISMEÂ
- Le  fordisme  un concept, un idéal-type
- un terme forgé par lécole des économistes de
la régulation (Robert Boyer) - Et qui désigne
16Un double phénomène et une combinaison
- Production de masse ET consommation de masse
- Les principes de Taylor la chaîne de Henry
Ford
171) Production de masse / consommation de masse
- Produits standardisés, fabriqués sur longues
séries, par le biais de lignes dassemblage ( la
chaîne ), avec des temps de fabrication
 scientifiquement mesurés (chronométrage) - Une consommation de ces produits (réfrigérateurs,
automobiles, télévisions, matériel hi-fi, etc.),
grâce à une redistribution de la valeur ajoutée
acquise par les méthodes tayloriennes (1915, Ford
paie FDD, five dollars a day)
182) Taylor Henry Ford la chaîne
- La chaîne fordienne une trouvaille
fantastique ! - Problème posé mieux organiser / maîtriser les
processus complexes de fabrication.
19Problème résolu en 3 étapes
- étape 1. Circulation des objets à assembler
devant lopérateur, ce dernier choisit ses
pièces... - étape 2. Idem, mais on stocke les pièces Ã
proximité... - Avantages suppression des postes de travail
un seul convoyeur ! et suppression de la
manutention des pièces réduction des efforts
musculaires régulation des rythmes de
production - Risques les ouvriers gardent une certaine
maîtrise du temps, doùÂ
20Etape 3 (principe général du fordisme)
- L objet à assembler est fixé au convoyeur
- La cadence est réglée par la machine (une
automobile Peugeot 106 toutes les 1 minute et 16
secondes ...) - Avantages Parcellisation extrême des tâchesÂ
répétition infinie de ces tâches modulation du
rythme du convoyeur si nécessaire (en fonction du
plan de production, de la fatigue, du type de
main-dœuvre, etc.) regroupements des postes
sur la chaîne en fonction de leurs
difficultés Limitation des temps morts, et
allongement durée effective du travail (porosité
?)
21Le modèle taylorien-fordien de lentreprise
- Une organisation pyramidale / hiérarchique du
travail - une mécanisation poussée (ou une automatisation
rigide) - des ouvriers de production peu qualifiés
- de mauvaises conditions de travail / des
salaires (relativement) élevés - une division sociale du travail et des
responsabilités à la direction le souci de la
gestion et de lorganisation / aux salariés et Ã
leur syndicat le souci de revendiquer de
meilleurs salaires (mais aucune intervention dans
la gestion !)
22Illustration Les phases A, B et C chez Alain
Touraine (1955, Lévolution du travail ouvrier
aux usines Renault).
- Trois phases dans lhistoire du travail et de
lindustrialisation - Phase A
- - Séparation atelier / direction
- ouvriers qualifiés, autonomes / chefs
ouvriers expérimentés - volonté de contrôler les fruits de leur
travail ( conscience fière , syndicats de
métier) - Phase B
- décomposition de A ouvriers qualifiés
à la périphérie (entretien, etc.), remplacés dans
latelier par des ouvriers spécialisés - système contrôlé par des techniciens et
des ingénieurs peu dautonomie ouvrière - pauvreté, déchéance, demande de
protection et revendications salariales - Phase C
- L ouvrier n a plus d action directe
sur la matière, il surveille des systèmes
auto-régulés, intervient lors de pannes - ouvriers de type C proches des
techniciens syndicalisme de contrôleÂ
233. ELTON MAYO et lECOLE Â DES RELATIONS
HUMAINESÂ .
- La recherche dans les ateliers de Hawthorne,
Chicago, de la Western Electric (1927 1932) - Question pourquoi cette augmentation régulière
du rendement ?
24Que sest-il passé ?
- On sintéressait à elles,
- Elles entretenaient des relations entre elles,
- Il existait une réaction personnelle de chacune
aux conditions physiques, médiée par un
 hors-usine .
25Le cadre théorique (Roethlisberger et Dickson,
Management and the Worker, 1939)
- Une entreprise industrielle a deux fonctions
principales fabriquer un produit, et satisfaire
ceux qui en font partie. - Elle est à la fois une organisation technique et
une organisation humaine - Celle-ci est constituée dune organisation
formelle et dune organisation informelle - A ces deux organisations correspondent des
logiques propres - Des logiques différentes, donc, parfois
antagoniques - Quil faut ajuster, et tenir compte de la logique
 des sentiments - Lentreprise est donc un système social, sous
tension permanente - Dans lequel lindividu réagit également comme
membre dun groupe, doté de normes collectives - Pour changer les sentiments et les activités, il
faut donc changer les interactions agir sur le
système social, non sur les individus.
264. CHESTER BARNARDÂ Â THE FUNCTIONS OF THE
EXECUTIVEÂ (1938)
-  Un système coopératif est un complexe de
composantes physiques, biologiques, personnelles
et sociales qui sont placées dans une relation
spécifique et systématique en fonction de la
coopération de deux ou dun plus grand nombre de
personnes en vue datteindre au moins un but -  Par définition, il ne peut pas y avoir
dorganisation sans individus. Cependant (), ce
ne sont pas les personnes mais les comportements,
les actions ou linfluence des personnes qui
doivent être pris en considération comme les
éléments de base des organisations -  Des organisations informelles sont présentes
dans les organisations formelles ces dernières
sont indispensables pour maintenir lordre et la
cohérence, les premières sont indispensables pour
assurer le dynamisme et la vitalité -  Lefficacité de lorganisation est le maintien
de léquilibre des activités de lorganisation en
donnant suffisamment satisfaction aux individus
qui réalisent ces activités -  Les difficultés rencontrées par les systèmes
de coopération ont pour origine les idéologies
fausses, particulièrement des leaders t des
responsables des organisations formellesÂ
27La théorie des besoins de Maslow
- Il existe des besoins, inhérents à tout individu,
qui s'imposent à lui de manière contraignante et
qui sont hiérarchisés un besoin de type
supérieur ne peut être satisfait que dans la
mesure où les autres le sont. Ces besoins Ã
satisfaire engendrent des motivations,
c'est-Ã -dire des raisons que se donne l'individu
pour agir.
28Critiques de la pyramide de Maslow
- Pas forcément une hiérarchie des besoins le
salaire, autant que le prestige, ou la
reconnaissance ! - Quest-ce quun  besoin organique pour un
chômeur et pour un ouvrier fier de son métier ? - Comment traduire des besoins individuels en
termes collectifs et sociaux ?
29Des besoins liés à sa nature
-  adamique (ADAM) besoins physiologiques
(échapper aux maux du milieu (échapper à la mort,
à la douleur, à la faim, à la privation
sexuelle...) - Et à sa nature  abrahamique (ABRAHAM)
besoins de se réaliser (aspiration à s'épanouir,
s'accomplir en travaillant et en réalisant,
instinct d'exploration, d'innovation)
30L'expérience (Motivation to work, 1959)
- 200 ingénieurs et employés interviewés, dans un
échantillon d'entreprises industrielles, Ã
Pittsburgh. - Méthode originale enquêter sur les
circonstances professionnelles qui ont augmenté,
ou diminué la satisfaction au travail
( Indiquez-moi l'événement, ou la situation, qui
vous a procuré du plaisir, ou qui fut un moment
heureux, et l'événement, la situation qui vous a
mécontenté ? )
31Comment comprendre ces résultats ?
Linterprétation de Herzberg
- 5 facteurs de satisfaction, liés au travail
lui-même, aux succès dans sa réalisation, ou à la
réussite professionnelle. - Les moments de déplaisir non pas le travail,
mais les conditions de ce travail (la
supervision, la sécurité, la politique de
l'entreprise, etc.) - Ces éléments de déplaisir, s'ils s'améliorent, ne
provoqueront pas pour autant une satisfaction au
travail ils limiteront au mieux
l'insatisfaction ! Le plaisir se loge ailleurs
dans la satisfaction de se réaliser au travail.
32D'où le message de Herzberg aux employeurs
- Certes, améliorez  l'ambiance au travail
(salaires et conditions de travail) pour
satisfaire la nature adamique de l'homme - Mais noubliez pas que l'essentiel, ce sont  les
valorisants (le degré d'initiative dans le
travail, les compétences plurielles à mobiliser,
le besoin de s'accomplir, etc.), pour satisfaire
sa nature abrahamique ! - Et surtout l'homme a besoin de satisfaire ces
deux types de besoins !
335.3. LES APPORTS DE DOUGLAS McGREGOR ou
lindividu comme un potentiel
- (cf. The Human Side of Enterprise, 1960, trad. La
dimension humaine de lentreprise, 1971) - Chaque acte dune direction dentreprise repose
sur des géné-ralisations, et des hypothèses,
cest-à -dire sur une théorie concernant  la
nature et le comportement humains.Â
34La théorie X, en usage chez les directeurs, dit
McGregor, sappuie sur trois assomptionsÂ
-  Lindividu moyen éprouve une aversion innée
pour le travail, quil fera tout pour éviter  -  A cause de cette aversion à légard du travail,
les individus doivent être contraints, contrôlés,
dirigés, menacés de sanctions, si lon veut
quils fournissent les efforts nécessaires à la
réalisation des objectifs organisationnels  -  Lindividu moyen préfère être dirigé, désire
éviter les responsabilités, a relativement peu
dambition, recherche la sécurité avant tout .
35Dès lors que peuvent faire ces managers ?
- Utiliser la  manière forte , basée sur la
 contrainte et la  menace , ou la  manière
douce , privilégiant la  tolérance et la
 satisfaction des revendications - Mais aucune ne marche ! La 1 gt résistance,
sabotage, syndicalisme, et la 2 gt abdication de
lautorité du manager... - Que faire ?
36Réponse de McGregor passer à la théorie Y !
- Pour la théorie Y lindividu nest ni passif ni
fuyant. Au contraire, il est un potentiel de
motivation, de possibilités de progrès, de
capacité dassumer des responsabilités et
daptitude à orienter son comportement vers les
finalités de lentreprise - Le défi du dirigeant moderne 1) faire prendre
conscience au salarié de ses richesses cachées et
lui offrir la possibilité de les exprimer dans
lentreprise, en tablant sur la satisfaction de
ses besoins destime et de réalisation de soi
376. Lécole socio-technique du Tavistock Institute
(Londres, années 60)
- Une enquête dans deux mines de charbon même
technologie, même gisement, mais une productivité
différente ! - Pourquoi ? Deux systèmes sociaux totalement
différentsÂ
38Socio-technique ?
- Car lentreprise est un système
- un ensemble déléments en interdépendance
- un système ET social, ET technique ( système
socio-technique ) - Et à la fois ouvert sur son environnement et
capable de penser son organisation interne
39Conclusions de lécole sociotechnique
- - La variable organisationnelle est une
variable-clé (pas seulement le facteur technique
ou humain!) - - Lorganisation est un système ouvert, qui
échange avec son environnement - - Les directions doivent donc gérer, à la fois
le système  interne , et ses relations avec
lenvironnement externe (marché,
technologies, etc.) car les deux sont reliés