Title: Logique et raisonnement scientifique
1Logique et raisonnement scientifique
- cours transversal
- Collège Doctoral
- Pr. Alain Lecomte
26- Faut-il brûler la logique classique?
- 6-1. Les logiques modales
3C. I. Lewis, 1918 les  paradoxes de
limplication matérielle
- (1)
- (2)
- ad impossibile sequitur quodlibet
- Ex si  leau bout à 100 est vraie, alors il
est vrai que  si Charlemagne fut empereur, alors
leau bout à 100 - Distinguer une  implication stricte dune
implication matérielle?
4Implication stricte
- P implique strictement Q si et seulement sil est
impossible que P soit vrai sans que Q le soit - Fait intervenir la notion de modalité
5 une idée pas neuve
- Aristote, Premiers Analytiques
- cf. discussion sur laporie de Diodore Kronos (J.
Vuillemin, 1984)
6Aporie de Diodore - 1
- A le passé est irrévocable,
- B si q suit nécessairement de p, alors sil
nest pas possible que q, il nest pas possible
que p - C il y a des possibles qui ne se réaliseront
jamais, - D de ce qui se réalise il na jamais été vrai
quil ne se réalisera pas, - E de ce qui ne se réalise pas et ne se
réalisera jamais, il a été vrai (à quelque
moment) quil ne se réalisera jamais
7Aporie de Diodore - 1
- A le passé est irrévocable,
- B si q suit nécessairement de p, alors sil
nest pas possible que q, il nest pas possible
que p - C il y a des possibles qui ne se réaliseront
jamais, - D de ce qui se réalise il na jamais été vrai
quil ne se réalisera pas, - E de ce qui ne se réalise pas et ne se
réalisera jamais, il a été vrai (à quelque
moment) quil ne se réalisera jamais
- Pp ? ?M?Pp
- L(p ? q)?(?Mq ? ?Mp)
- ?(Mp ? p ? Fp)
- p ? ?P?Fp
- ?p ? ?Fp ? P?Fp
8Aporie de Diodore - 2
- toute thèse étant nécessaire (axiome de
nécessitation), on a L(p ? ?P?Fp) (par D) - ?p ? ?Fp ? P?Fp (par E)
- P?Fp ? ?M?P?Fp (par A)
- ?p ? ?Fp ? ?M?P?Fp par transitivité (syllogisme)
- L(p ? ?P?Fp) ? (?M?P?Fp ? ?Mp) (par B)
- ?M?P?Fp ? ?Mp (par modus ponens appliqué à 1 et
5) - ?p ? ?Fp ? ?Mp (par 4, 6 et transitivité)
- Mp ? p ? Fp (contraposition de 7), autrement
dit ?C.
9Intérêt des logiques modales
- Introduire
- le temps dans la logique (logique temporelle)
sous laspect dopérateurs tels que P et F (passé
et futur), - les considérations de contingence et de nécessité
(logique aléthique), - celles de permission et dobligation (logique
déontique) - les notions de savoir et de croyance (logiques
épistémiques et doxastiques).
10opérateurs
- logique aléthique le nécessaire est le dual du
possible - logique déontique lobligatoire est le dual du
permis - logique de la prouvabilité le prouvable est le
dual du  consistant avec - ?p ? ???p
11Premières approches Lewis et Langford, 1932
- Présentation à la Hilbert
12Lapproche syntaxique (2)
- Interprétation  naturelleÂ
- ?p  il est nécessaire que pÂ
- La logique modale (propositionnelle) est une
extension du calcul propositionnel - Toute logique modale doit contenir comme
théorèmes au minimum toutes les tautologies du
CP, - Comme il existe une procédure pour les déterminer
(décidabilité), on peut admettre que chaque
tautologie du CP est prise comme axiome
13Lapproche syntaxique (3)
- axiomes  propres , permettant de manipuler
 ? - Axiomes CP toute formule ayant la forme dune
tautologie - Axiome K ?(???) ? (??? ??)
- Règles modus ponens
- ? ???
- ?
- nécessitation ?
- ??
14Lapproche syntaxique (4)
- Règles dérivées
- Théorème ?(???) ? ??
- Preuve
- (???) ? ? - axiome CP -
- ?((???) ? ?) - nécessitation -
- ?((???) ? ?) ? (?(???) ? ??) - axiome K -
- ?(???) ? ?? - modus ponens
15Lapproche syntaxique (5)
- Règles dérivées
- Théorème ?(???) ? (??? ??)
- Preuve ?
- ?(???) ? ?? - th1-
- ?(???) ? ?? - th1-
- ?(???) ? (?????) - règle du CP -
- ?
- ? ? (? ? (???)) - axiome CP -
- ?? ? ?(? ? (???)) - ltvérifier!gt -
- ?(? ? (???)) ? (?? ? ?(???)) - axiome K -
- ?? ? (?? ? ?(???))
- ?? ? ?? ? ?(???)
16Lapproche syntaxique (6)
- Théorème de la déduction
- Théorème si ?1,?2 ?n,? ? alors ?1,?2 ?n
??? - Preuve
- Supposons ?1,?2 ?n,? ?, alors ? dérivable Ã
partir de ?1,?2 ?n,? et de théorèmes ?1, ?m en
utilisant seulement la règle de modus ponens (cf.
restriction sur nécessitation), donc ?1,
?m,?1,?2 ?n,? ? dans le CP, doù par le
théorème de la déduction dans CP ?1?(? (?m
? (?1 ? (?2 ? (?n ? (? ? ?)))))). Cette
formule est une tautologie de CP, donc un axiome
1 de K. Puisque ?1, ?m sont des théorèmes dans
K, on obtient par MP ?1 ? (?2 ? (?n ? (? ?
?))). En utilisant encore MP ?1,?2 ?n ??? -
17Lapproche syntaxique (7)
- Problèmes avec lapproche syntaxique
- il est  facile dimaginer toutes sortes de
systèmes daxiomes du genre - ????, ??? ?? ?, ??? ? ?, etc.
- mais quel sens cela a-t-il véritablement?
- (insuffisance de notre intuition)
- ? Besoin dune approche sémantique
18Sémantique de la logique modale
- Sémantique dite  de KripkeÂ
- Deux notions-clés
- Monde possible
- Relation daccessibilité
19La théorie des mondes possibles
20Semantic frame
- Un  frame F est un couple (W, ?) où
- W un ensemble non vide (de  mondes
possibles ) - ? une relation binaire sur W
- Un modèle (de Kripke) sur F est un couple (F, V)
où - F est un  frameÂ
- V est une application de p1, p2, , pn ? W dans
0,1 (Ã chaque lettre propositionnelle et chaque
monde possible une valeur de vérité)
21Sémantique (3)
- Si dans le modèle M, V(p, w) 1
- (p une lettre propositionnelle, w un monde), on
écrit - VM,w(p) 1 ou
- M,w p ou encore w M p
- On étend V à toute formule au moyen de
- VM,w(???) 1 ssi VM,w(?) VM,w(?) 1
- VM,w(???) 0 ssi VM,w(?) VM,w(?) 0
- VM,w(??) 1 ssi VM,w(?) 0
- VM,w(?) 1 ssi pour tout w tel que w?w,
VM,w(?) 1
22Sémantique (4)
- ? ? ?
- (? découle sémantiquement de lensemble de
prémisses ?) - On définira ? ? par
- Â pour tout M et tout w, si w ? pour tout ?
dans ?, alors w ? - ie si, quel que soit le modèle M, tout monde
possible pour M qui admet toutes les formules de
? vraies, admet aussi ? pour vraie, - alors on dit que ? est une conséquence de ?
23Correction de la sémantique par rapport à K
- Si K?, alors ?
- Dém par récurrence sur la longueur de la
dérivation. Cas de base ? est un axiome, alors
on vérifie que ? est bien vraie quel que soit le
modèle M. - Hyp de récurrence vrai pour une dérivation de
longueur ? n. - Soit une dérivation de longueur n1, supposons
que son dernier pas soit une application de la
règle de nécessitation, alors cela signifie que ?
est obtenue par cette règle au moyen dune
formule p de longueur de dérivation ? n et que ?
?p. Supposons que ? ?p. alors il existerait un
monde w tel que w ? ?p. Donc il existerait un
monde w tel que w?w et w ? p et on aurait ?
p, ce qui est contradictoire avec lhypothèse de
récurrence.
24Liens entre propriétés de ? et formules vraies
dans une logique modale
- Supposons que nous prenions comme axiome
supplémentaire, la formule - ?? ? ?
- Quelle est sa signification en termes de
 frame ou de  relation daccessibilité ?
25 - Si ? est vraie dans tout monde accessible au
monde actuel w0, alors ? est vraie dans ce monde
actuel - Autrement dit w0 fait partie de ces mondes
accessibles à partir de lui-même - w0 ? w0
- Autrement dit ? est réflexive
26?? ? ?
w0
??
27?? ? ?
?
w2
?
w1
?
w3
w0
?
w7
?
w4
?
w6
w5
?
28?? ? ?
?
w2
?
w1
?
w3
w0
??
?
w7
?
w4
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w6
w5
?
29?? ? ?
?
w2
?
w1
?
w3
w0
??
?
w7
?
w4
?
w6
w5
?
30Propriétés de ? et formules vraies
- Idem pour
- ?? ? ???
- Si ? est vraie dans tout monde accessible au
monde actuel w0, alors cest le cas également de
?? - Pour que ?? soit vraie dans tout monde w
accessible à w0, il faut que ? soit vraie dans
tout monde accessible à tout monde w accessible Ã
w0. - Donc la formule exprime le fait que si ? est
vraie dans tout monde accessible à w0, alors elle
est encore vraie dans tout monde accessible Ã
tout monde accessible à w0.
31 - ceci est assuré si
- ? est transitive
32?? ? ???
w0
??
33?? ? ???
?
w2
?
w1
?
w3
w0
?
w7
?
w4
?
w6
w5
?
34?? ? ???
?? ? ?
w0
?
w6
w5
?
35?? ? ???
??? ?
w0
??
w6
w5
??
36?? ? ???
??? ?
w0
?
?
w6
?
w5
?
?
?
37?? ? ???
??? ?
w0
?
?
?
w6
?
w5
?
?
?
?
38 39 - Sil existe un monde possible accessible au monde
actuel où ?? est vraie, alors ? est vraie dans le
monde actuel - Soit w1 ce monde, dire que ?? est vraie dans w1,
cest dire que ? est vraie dans tout monde
possible accessible à w1 - Si on veut que toujours en ce cas, ? soit vraie
dans w0, il suffit que w0 soit toujours
accessible à w1 - Et ce, quel que soit le monde w1 accessible à w0
- Donc que ? soit symétrique
40Caractérisation dun frame
- ? caractérise une propriété de ? si et seulement
si tout frame ltW, ?gt ayant cette propriété admet
? comme formule vraie - une relation ? est dite euclidienne si et
seulement si - ?x?y?z x ? y ? x ? z ? y ? z
41Caractérisation (2)
- ?? ?? (axiome T) caractérise les frames réflexifs
- ?? ? ??? (axiome 4) caractérise les frames
transitifs - ??? ? ? (axiome B) caractérise les frames
symétriques - ?? ? ??? (axiome 5) caractérise les frames
euclidiens
42Différentes logiques
- On a vu K (pas de propriété particulière de ?)
(logique modale minimale) - K ?? ? ? logique T
- T ?? ? ??? logique S4
- S4 ?? ? ??? logique S5
- si on ajoute ? ? ?? collapsus (retour à CP)
43complétude
- Chacune de ces logiques est complète par rapport
à son cadre - Propriété du modèle fini
- Un système S possède cette propriété si et
seulement sil existe une sémantique pour S telle
que, pour toute formule qui peut être rendue
fausse sur un certain modèle, elle peut
nécessairement lêtre aussi sur un modèle fini. - Les systèmes modaux possèdent la propriété du
modèle fini
44Une conséquence décidabilité
- K, T, S4, S5
- Axiomatisables ? on peut énumérer les déductions
possibles D1, D2, Dn, . - Complètes ? si ? non démontrable, alors ? a un
contre-modèle - Pté modèle fini ? se contenter de contre-modèles
finis ? on peut énumérer les modèles finis M1,
M2, , Mk, - faire suite alternée D1, M1, D2, M2, . Dn, Mn,
. - tôt ou tard soit une preuve de ?, soit un
contre-modèle de ?
45discussion (1)
- ?? ? ?
- modalités ontiques
- sil est nécessaire que ?, alors ?
- modalités épistémiques
- sil est su que ?, alors ?
- mais
- sil est cru que ?, alors ?
- modalités déontiques
- sil est obligatoire que ?, alors ?
46discussion (2)
- ?? ? ???
- modalités ontiques
- la nécessité de la nécessité la nécessité
(clôture) - modalités épistémiques
- sil est su que ?, alors il est su quil est su
que ? ? (conscience du savoir) - si je crois que ?, alors je crois que je le
crois? - plutôt je sais que je le crois
- modalités déontiques
- sil est obligatoire que ?, alors il est
obligatoire que cela soit obligatoire
47discussion (3)
- ?? ? ???
- modalités ontiques
- la possibilité est toujours nécessaire
- modalités épistémiques
- si jignore que non- ?,alors je sais que je
lignore - modalités déontiques
- sil est permis que ?, alors il est obligatoire
que cela soit permis
48Problèmes de la logique déontique
- O? ? O(? ? ?)
- Est-ce que, si je dois payer mes impôts avant le
15 mars, je dois payer mes impôts ou regarder
passer lIsère ? - Pb avec K O(???) ? (O?? O?)
-
- Sil est obligatoire dacheter son billet pour
aller à Nantes, si je dois aller à Nantes, je
dois acheter mon billet - mais si je ny vais pas?
49Logique épistémique (1)
- ?
- K?
- toute vérité (logique) est connue!
- (omniscience)
- Axiome K si x sait que A ? B alors sil sait A,
il sait B ( distribution ) - Connaissance x sait que ? ? ?
- Modus ponens
50Logique épistémique (2)
- 4Â Ki? ? Ki Ki ?
- Axiome de lintrospection positive
- 5 ?Ki? ? Ki? Ki?
- Axiome de lintrospection négative
- B ?Ki?Ki? ? ? ???
51Logique épistémique (3)
- Mondes possibles
- un agent i sait une chose dans un monde actuel w0
si et seulement si cette chose est vraie dans
tous les mondes que i peut se représenter Ã
partir de ce monde actuel, autrement dit les
mondes alternatifs quil peut concevoir en
laissant fixes par ailleurs toutes les autres
connaissances quil possède, y compris bien sûr
celle des lois de la logique.
52Problèmes de la logique épistémique
- Le paradoxe de la connaissabilité (Fitch, 1963)
- Sil existe une vérité inconnue, alors le fait
que ce soit une vérité inconnue est lui-même
inconnaissable! - donc si on admet que toute vérité peut-être
connue, il nexiste pas de vérité inconnue! - ou si toutes les vérités sont connaissables
elles sont toutes connues!
53La preuve
- 1) admettons (KP) ?p (p ? ?Kp)
- (toute vérité peut être connue)
- supposons que nous soyons non omniscient
- (NonO) ?p (p ??Kp)
- (il y a une vérité non connue)
- donc, soit p telle que p ??Kp
- (KP) (p ??Kp) ? ?K(p ??Kp)
- (MP) ?K(p ??Kp)
54La preuve
- mais
- 2) on a prouvé (A) K(p ? q) ? Kp ? Kq
- on a laxiome K (B) Kp ? p
- supposons K(p ??Kp), (hyp. abs.) alors
- par (A) Kp ?K?Kp
- par (B) Kp ? ?Kp contradiction
- donc ?K(p ??Kp)
- donc ??K(p ??Kp) nécessitation
- donc ??K(p ??Kp)
55La preuve
- donc une contradiction découle de (KP) (NonO)
- Si on veut que toute vérité soit connaissable, il
faut nier que lon soit non omniscient - ??p (p ??Kp) doù il découle ?p ?(p ??Kp)
cest-à -dire ?p ??(p ?Kp) doù ?p (p ? Kp) - (toute vérité est connue)
56Solution  intuitionnisteÂ
- en logique intuitionniste, lélimination de la
double-négation nest pas valide, - ??(p ?Kp) /gt (p ? Kp)
- nous avons ?p ?(p ??Kp)
- nous navons pas de moyen de trouver une vérité p
que nous ne connaissons pas ! (car alors, on la
connaîtrait !)
57Deux conceptions du savoir
- Une conception  réalisteÂ
- Les  vérités sont dans le monde et elles sont
à connaître. A un certain moment, certaines sont
connues et dautres non (paradigme de la
 découverte ) - Le réaliste est classique
- Une conception  anti-réaliste ou
 constructiviste - Il ny a pas de vérité en dehors du sujet
connaissant. Toute vérité est une construction,
donc par définition, on les connaît toutes ! - Lanti-réaliste est intuitionniste
58Les problèmes de la connaissance partagée
paradoxe de Conway
- 5 enfants jouent, à qui on a demandé de surtout
ne pas se salir, mais 3 dentre eux ont reçu sans
sen rendre compte de la boue sur le front. On
suppose quils sont très intelligents (!) et ne
répondent que quand on leur pose une question. - Le père arrive et dit une première fois au
moins lun de vous a de la boue sur le front,
est-ce que chacun de vous peut me dire sil a de
la boue sur le front? - Ils répondent tous non , évidemment
- Le père redit exactement la même chose même
réponse - Puis le père redit encore une fois la même chose
et là , chaque enfant sali est capable de donner
la bonne réponse - Pourquoi?
59paradoxe de Conway (solution)
- Par récurrence sur le nombre k denfants ayant de
la boue sur le front - k 1 lenfant qui a de la boue voit bien que
les autres nen ont pas, il en déduit que cest
lui qui sest sali - Hypothèse de récurrence sil y a k enfants
salis, alors chaque enfant sali donne la bonne
réponse à la kème formulation de la question - Induction imaginons quil y ait k1 enfants avec
de la boue sur le front, si à la kème formulation
de la question, tout le monde répond toujours
non , cest, daprès lhypothèse de récurrence
que le nombre denfants ayant de la boue sur le
front est supérieur à k. Comme chaque enfant sale
voit bien quil y en a exactement k autres que
lui qui ont également de la boue sur le front, il
en déduit que lui aussi a de la boue sur le front.
60Pourquoi ce paradoxe a-t-il un lien avec la
circularité?
- Ce qui est bizarre
- Le fait que répéter plusieurs fois de suite la
même information change la situation! - Imaginons kgt1 en ce cas, chaque enfant sait
quau moins un enfant a de la boue sur le front,
on pourrait dire inutile donc de le leur dire
, or le fait de dire cette information change
les choses - Quel est donc le statut de cette information qui
est dite ?
61Information partagée
- En la disant, linformation est rendue publique,
elle devient partagée - Autre exemple jouer aux cartes avec jeu Ã
découvert et jouer aux cartes avec jeu caché mais
en trichant et en regardant le jeu de son voisin - Premier cas le joueur A connaît le jeu du joueur
B mais le joueur B le sait et le joueur A sait
que le joueur B sait quil le connaît, et ainsi
de suite! - Linformation est publique, ou partagée
- (le joueur A sait que le joueur B sait que le
joueur A connaît son jeu etc.) - Deuxième cas le joueur B ne sait pas que le
joueur A connaît son jeu et le joueur A sait que
le joueur B ne sait pas quil connaît son jeu - Linformation est privée
62Formaliser la connaissance partagée
- Que signifie le fait quun groupe dagents
connaît ? ? - DG? le groupe G a la connaissance
 distribuée de ?. Si quelquun connaissait
tout ce que les membres de G connaissent, alors
il connaîtrait ?. - SG? quelquun dans G connaît ? .
- EG? tout le monde dans G connaît ? .
- EGk? EG1? EG?Â
- EGk1? EGEGk?.
- CG? ? est  connaissance partagée dans GÂ
CG? EG? ? EG2? ? ? EGk? ?
63Alice et Bob
- Considérons par exemple le cas où k 2,
- Considérons létat de connaissance dun enfant.
Prouvons que, avant que le père parle,
EGk-1? est le cas, mais pas EGk?. - Alice et Bob sont les deux seuls enfants qui ont
de la boue sur le front. - Chaque enfant voit au moins un enfant qui a de la
boue sur le front, donc EG?. - Toutefois, Alice voit un seul enfant ayant de la
boue sur le front. Elle peut très bien supposer
quil est le seul à avoir de la boue sur le
front, auquel cas, elle pense que Bob ne sait pas
quun enfant a de la boue sur le front. - Autrement dit, elle ne sait pas que Bob sait
quau moins un enfant a de la boue sur le front, - ce qui signifie quon na pas EG2?.
64suite
- Or, dans le cas présent, il faut quelle sache
que Bob sache aussi quil y a au moins un enfant
qui a de la boue sur le front pour quelle puisse
déduire quelle en a nécessairement. - Autrement dit, EG? ne suffit pas, mais
EG2? suffirait. - Or pour être sûr que tout le monde (même Bob, du
point de vue dAlice) sait quau moins un enfant
a de la boue sur le front, il suffit quune
personne extérieure le dise. - Autrement dit, lénoncé du père a cette fonction.
- Dès que le père a parlé, les enfants ont une
connaissance partagée de ce fait quand le père
énonce ?, les enfants savent que ? (autrement
dit EG?) et que le père a énoncé ? donc
chaque enfant sait aussi que les enfants savent
que ? (EG2?). Donc, quand le père énonce ?,
chaque enfant sait que ?, que EG? et que EG2?,
donc on a EG3?. Et ainsi de suite
65Un énoncé  point fixeÂ
- Si on identifie  le père énonce ? et EG(? ?
 le père énonce ? ), on a -  le père énonce ? EG(? ?  le père énonce
? ) - EG(? ? EG(? ?  le père énonce ? ))
- EG(? ? EG(? ? EG(? ?  le père énonce
? ))) etc. - une solution de léquation ? EG(???)
- ou encoreÂ
-  le père énonce ? EG(?) ? EG2? ? EG3? ? ?
EGk? ? . - Or, il sagit là exactement de lopérateur de
connaissance partagée.
66Information partagée (2)
- Comment représenter linformation partagée?
- Supposons que A, B et C acquièrent à partir dun
évènement e la connaissance partagée dun fait ?,
alors on a simultanément - e ? (lévènement e est tel que ? soit vrai)
- e A sait e (lévènement e est tel que A sait
que e) - e B sait e id
- e C sait e id
67Information partagée (3)
- On peut donc caractériser un évènement minimal e
comme le plus petit supportant tous ces faits,
dun point de vue ensembliste - e ?, A sait e, B sait e, C sait e
- Ce qui donne une structure circulaire
68Information partagée (4)
- e ?, A sait e, B sait e, C sait e
- e ?, A sait ?, A sait e, B sait e, C sait e
, B sait e, C sait e - e ?, A sait ?, A sait e, B sait e, C sait e
, B sait ?, A sait e, B sait e, C sait e , C
sait ?, A sait e, B sait e, C sait e - etc.
69e
A sait
?
B sait
C sait
70Les tableaux
- Chaque monde est représenté par un tableau à deux
colonnes - Dans lune on met ce qui est vrai en ce monde
- Dans lautre on met ce qui est faux en ce monde
- Dès quune proposition vient sinscrire dans les
deux colonnes dun même tableau on a une
contradiction
71S4 ?(p ? q) ? ?(?p ? ?q)
- Supposons que cela soit faux
- Alors il existe un monde w où elle est fausse,
cest-à -dire où ?(p ? q) est vrai mais ?(?p ? ?q)
faux, - Si ?(?p ? ?q) est faux dans w, alors il existe un
monde w accessible à w où ?p ? ?q est faux,
cest-à -dire où ?p est vrai mais ?q faux, - Si ?q est faux dans w alors il existe un monde
w accessible à w où q est faux, - Comme laccessibilité est transitive, w est
accessible à w, donc p ? q y est vrai, de même
que p puisque w est accessible à w, doù q
devrait y être vrai, or il est faux
72S4 ?(p ? q) ? ?(?p ? ?q)
w
?w
V
F
V
F
(1) ?(p ? q) ? ?(? p ? ?q)
V
F
(8) q
73Logiques temporelles
- A. N. Prior, 1967 Past, Tense and Future
- G se traduit par  il sera toujours le casÂ
- H  il a été toujours le casÂ
- FÂ Â il sera au moins une fois le casÂ
- P  il a été au moins une fois le casÂ
74Sémantique des logiques temporelles
- un couple (T, lt) (au lieu de (W, ?)) où T est un
ensemble non vide dinstants et où  lt est la
relation dantériorité entre instants
75Axiomes courants
- CPÂ toutes les tautologies du CP
- K1Â G(???)? (G??G?)
- K2Â H(???)? (H??H?)
- Axiome 3Â PG???, FH???
76Sémantique - 2
- T une suite totalement ordonnée, sans origine ni
fin? - Au minimum un  ordre linéaire strictÂ
- R est transitive
- R est irréflexive
- R est faiblement connexe
77Sémantique - 2
- Au minimum un  ordre linéaire strictÂ
- R est transitive
- G? ? GG?, et H? ? HH?
- R est irréflexive
- ???
- R est faiblement connexe
- ???
78Sémantique - 3
- Des propriétés plus faibles
- Une relation R est dite non branchante vers le
futur si et seulement si - Une relation R est dite non branchante vers le
passé si et seulement siÂ
79Sémantique - 3
- Des propriétés plus faibles
- Une relation R est dite non branchante vers le
futur si et seulement si - Fp ? G(p ? Pp ? Fp),
- Une relation R est dite non branchante vers le
passé si et seulement si - Pp ? H(p ? Pp ? Fp)
- Densité du temps
- GG? ? G?, et HH? ? H?.
80le temps branchant
- On peut combiner des modalités
- Par exemple ?, ? et G, H (il sera toujours le cas
que, il a été toujours le cas que, avec leurs
duales F - il sera au moins une fois que - et P
il a été au moins une fois que -) - Admettons que les mondes possibles aient un axe
temporel commun - VM,w,t(??) 1 ssi pour tout w tel que wRw
VM,w,t(?) 1 - VM,w,t(G?) 1 ssi pour tout t tel que tltt
VM,w,t(?) 1 - Mais laccessibilité entre les mondes change avec
le temps! - VM,w,t(??) 1 ssi pour tout w tel que wRtw
VM,w,t(?) 1
81représentation du temps branchant
- Idée wRtw ssi w et w ont eu la même
 histoire jusquà t - t0 t1 t2 t3 t4
82formalisation des contrefactuels
- Si Pierre était venu, il aurait rencontré Marie
- p Pierre vient
- q Pierre rencontre Marie
- P(?p??(p ? Fq))
- Il a été une fois dans le passé un monde où p
était faux et où dans tous les mondes alternatifs
possibles à ce monde où p était vrai, il allait
être le cas au moins une fois dans le futur que q
83Pas si simple
- P(?p??(p ? Fq))
- P(?p??((p ? r) ? Fq))
- Alors sil est vrai que
- Si Pierre était venu il aurait rencontré Marie
- est-il vrai que
- Si Pierre était venu et en venant sétait tué
sur la route, il aurait rencontré Marie ?
84Pas si simple
- Si Pierre était venu, toutes choses étant égales
par ailleurs, il aurait rencontré Marie - ?(p ? q) ?  q est vrai dans tous les mondes
alternatifs où p est vrai , - ?(p ? q)  q est vrai dans tous les mondes
alternatifs où p est vrai, tout autre état de
choses demeurant constant - --gt introduction dune relation de similarité
entre les mondes
85Temps branchant suite -
- Une représentation très  réaliste du temps
les mondes existeraient indépendamment - des histoires parallèles
- cf. Many-Worlds Interpretation of Quantum
Mechanics, Everett, 1957 - chaque fois quune expérience quantique a lieu,
avec différents résultats (cf. fentes de Young),
tous les résultats sont obtenus, chacun dans un
monde différent, même si nous ne sommes avertis
que du monde comportant le résultat que nous
avons vu !!!
86Autres conceptions du temps
- Clausewitz  en raison de leurs conséquences,
les évènements possibles doivent être jugés comme
réels - tout possible se réalise, soit dans le présent,
soit dans le futur - un changement dans la conception de la liberté?
- lavenir un point fixe à déterminer?
87L'irréel n'a pas d'être, le réel ne cesse jamais
d'être