Title: Logique et raisonnement scientifique
1Logique et raisonnement scientifique
- cours transversal
- Collège Doctoral
- Pr. Alain Lecomte
27- La logique intuitionniste
- de Heyting et Kripke à la correspondance de
Curry-Howard
3Système déductif (déduction naturelle)
- ? de ?, A -- B
- on peut déduireÂ
- ? -- A ? B
- A, B -- A ? B
- A -- A ? B
- B -- A ? B
- A, A ? B -- B
- (modus ponens)
- A ? B -- A
- A ? B -- B
- de ?, A -- C et
- ?, B -- C
- on peut déduireÂ
- ?, A ? B -- C
4arbres
Introduction de ?
Élimination de ?
Ax
A ? B
A
B
B
x
A ? B
5arbres
Introduction de ?
Élimination de ?
A B
A ? B
A ? B
A ? B
A B
6arbres
Introduction de ?
Élimination de ?
By
Ax
A B
A ? B
C
C
A ? B
A ? B
x,y
C
7Système déductif (déduction naturelle)
- de ?, A -- B et ?, A -- ?B on peut déduireÂ
- ? -- ?A (red. Ã labsurde)
- de ? -- ?(x), où x est libre et napparaît pas
dans ?, on peut déduire ? -- ?x ?(x) - ?(t) -- ?x ?(x)
- ?A, A -- B
- ?x ?(x) -- ?(t)
- de ?, ?(x) -- C, où x est libre et napparaît
pas dans ?, on peut déduire ?, ?x ?(x) -- C
8Modèle de Kripke
- On définit une structure comme un triplet (e0, K,
?) où K est un ensemble, e0 un élément de K et ?
une relation réflexive et transitive (un
préordre) sur K - Soit P un ensemble de variables
propositionnelles, un modèle intuitionniste sur
(e0, K, ?) est une fonction ? - ? P?K ? V, F
- telle que
- Si ?(p, h) V et si h ? h, alors ?(p, h) V
9interprétation
- Linterprétation quon peut donner est celle dun
mathématicien idéalisé dont on modélise
lactivité mentale. Celle-ci se structure sous la
forme de suites détats, pouvant se représenter a
priori comme un arbre. K est donc lensemble des
états de la connaissance et e0 est létat
initial. La relation est simplement un
ordonnancement des états. - On fait lhypothèse dune croissance monotone des
connaissances, de sorte que si deux états h et h
sont tels que h?h et si Sh et Sh désignent les
ensembles de propositions connues dans les états
respectifs h et h, alors Sh ? Sh
10Valeur de vérité dune formule
- Comme dans le cas de la logique propositionnelle
classique, on peut étendre la définition de ?,
initialement définie seulement sur les
propositions atomiques, Ã toute formule
propositionnelle, au moyen de la définition
récursive suivante - a) ?(A?B,h) V ssi ?(A,h) ?(B,h) V
- b) ?(A?B,h) V ssi ?(A,h) V ou ?(B,h) V
- c) ?(A?B,h) V ssi pour tout h tel que h?h,
- ?(A,h) F ou ?(B,h) V
- d) ?(?A,h) V ssi pour tout h tel que h?h,
?(A,h) F
11commentaires
- (a) et (b) ne sont pas étonnants je connais A?B
dans un état h si et seulement si, dans cet état,
je connais à la fois A et B, idem pour A?B - (c) signifie que A?B est connu dans un certain
état si et seulement si dans cet état et dans
tout état futur, on ne pourra pas connaître A
sans connaître B - (d) signifie que la négation de A est vraie dans
un état si dans cet état et tous les états
futurs, A est faux - On peut vérifier facilement que la propriété de
monotonie vraie pour les atomes lest encore pour
les formules quelconques - Si ?(A, h) V alors pour tout h tel que h?h,
?(A, h) V
12remarque
- Les états peuvent aussi sinterpréter comme des
mondes possibles et la relation ? comme relation
daccessibilité sur ces mondes on obtient alors
un plongement dans une logique modale. - Nous reviendrons plus loin sur ce point il
sagira de la logique modale S4.
13Lensemble K(la formule ??? est vraie à e0)
e8
e9
?
?
?
?
?
?
e10
e6
e5
?
?
?
?
?
e7
e3
e4
?
?
?
e1
?
e2
e0
(Le fait quune variable propositionnelle ?
figure à côté du nom dun état signifie que dans
cet état, ? est vraie. Par défaut, ? est fausse).
14Remarque
- La représentation précédente de la relation ?
était un arbre, or une relation réflexive et
transitive ne définit pas toujours un arbre! Un
arbre est défini par une relation R
antisymétrique stricte vérifiant - Il nexiste pas de h tel que hRe0
- Pour tout h?e0, il existe h unique tel que hRh
- Pour tout h, e0Rh, où R est la fermeture
transitive et réflexive de R - Une structure (e0, K, ?) sera appelée une
structure arborescente si et seulement si il
existe un arbre (e0, K, R) et que ? R - Nous nous limiterons aux structures arborescentes
parce que nous pourrons démontrer plus tard que
tout modèle peut être remplacé par un modèle
arborescent équivalent.
15commentaires
- Selon Kripke (1963), les états sont des instants
auxquels on dispose de plus ou moins
dinformation. Si à un instant h, on dispose
dassez dinformation pour prouver A, alors on
dit que ?(A, h) V, si nous navons pas assez
dinformation, on dit que ?(A, h) F. - Si ?(A, h) V, on dit que A a été vérifié au
temps h, si ?(A, h) F, que A na pas été
vérifié au temps h. - Bien noter que ?(A, h) F ne signifie pas que A
a été prouvé faux au temps h, mais seulement que
A na pas (encore) été prouvé au temps h.
16Commentaires (suite)
- Dans ce modèle, le passage de e0 à e2 indique que
nous avons gagné assez dinformation pour pouvoir
affirmer R, en plus de P, - Apparemment, le passage de e1 Ã e4 ne fait gagner
aucune information (même ensemble de propositions
vraies P et Q), il y a cependant un gain
dinformation qui réside en ceci que de e1 on
peut passer à e3, alors que de e4, on ne le peut
plus, donc linformation acquise est celle qui
exclut R.
P,Q
P,Q,R
e3
e4
P,R
P,Q
e2
e1
P
e0
17Commentaires -3
- Il est préférable de ne pas interpréter V et F
comme vrai et faux , par exemple asserter
intuitionnistiquement ?A Ã h ne signifie pas
que A est faux à linstant h , mais que nous
naurons jamais aucune preuve de A Ã partir de
linstant h - De même, asserterintuitionnistiquement que A?B
à h ne signifie pas que A est faux ou B est vrai
à h, mais que dans toute situation future (après
h), chaque fois que nous aurons une preuve de A,
alors nous aurons aussi une preuve de B.
18Formule valide
- Une formule A est dite valide si et seulement si
?(A, e0) V pour tout modèle ? sur une structure
(e0, K, ?) - Un modèle ? sur une structure (e0, K, ?) tel que
?(A, e0) F est appelé un contre-modèle de A
19Exemples de contre-modèles
- Dans ce modèle ?, on a
- ?(P,e1) V
- et ?(P,e0) F,
- Donc ?(P? ?P,e0) F
- (P est faux en e0 par hypothèse, mais ?P est
également faux (non V) en e0 car il sera faux en
e1)
P
e1
e0
Ceci est donc un contre-modèle de P? ?P (le
tiers-exclu)
20Commentaire 1
- Nous trouvons ainsi immédiatement un
contre-modèle du tiers-exclu, ce qui signifie que
celui-ci nest pas valide en logique
intuitionniste - Nous ne sommes pas surpris vu que nous savons que
la perspective initiale de Brouwer (fondateur de
lintuitionnisme) était justement de bannir une
telle loi du raisonnement mathématique - Intuitivement à linstant e0, nous navons pas
encore prouvé P, nous ne pouvons pas non plus
asserter ?P puisquil reste la possibilité que
nous gagnions plus tard assez dinformation pour
aller vers e1 et ainsi pouvoir asserter P.
21Commentaire 2
- Cette même structure permet de réfuter
- ? ?P ? P
- En effet ?(??P ? P,e0) F pour les raisons
suivantes - ?(??P,e0) V puisque ?(?P,e0) ?(?P,e1) F
- Mais ?(P,e0) F,
- donc ?(??P ? P,e0) F
22Exercices
- Prouver que la structure suivante réfute
- ?(P?Q)? ?P ? ?Q
- (P ? Q) ? (Q ? P)
Q
P
23 - Trouver une structure permettant de réfuter
- (?P? ?Q) ? (Q ? P)
- Trouver une structure permettant de réfuter
- (P ? Q) ? (?P ? Q)
- Trouver une structure permettant de réfuter
- ?P ? ??P
24Extension à la logique des prédicats
- Une structure quantificationnelle est une
structure (e0, K, ?) munie dune fonction ?
définie sur K telle que pour tout h?K, ?(h) soit
un ensemble non vide et que - Si h ? h, alors ?(h) ? ?(h)
- Un modèle quantificationnel sur une structure
quantificationnelle (e0, K, ?) est une fonction
? à deux arguments telle que - Si Pn est une lettre de prédicat darité n et si
h ?K, si n0, ?(Pn ,h) V ou F, si n?1, ?(Pn ,h)
est un sous-ensemble de ?(h)n - Pour n0, si h?h et si ?(Pn ,h)V, alors ?(Pn
,h)V et si n?1 et h?h, alors ?(Pn ,h) ? ?(Pn
,h)
25Univers et quantificateurs
- On prend pour univers U défini par
- U
- Si P est de la forme Pn(x1, , xn) avec n?1, si
a1, , an sont des éléments de U assignés
respectivement à x1, , xn, on a - ?(Pn(x1, , xn), h) V ssi (a1, , an)??(Pn, h)
- ?((?y)A(x1, , xn,y), h) V pour lassignation
de a1, , an à x1, , xn ssi il existe b??(h) tel
que ?(A(x1, , xn,y), h) V pour lassignation
de a1, , an à x1, , xn et de b à y, - ?((?y)A(x1, , xn,y), h) V pour lassignation
de a1,, an à x1,,xn ssi pour tout h tel que
h?h, pour tout b??(h), - ?(A(x1,, xn,y), h) V pour lassignation de
a1, , an à x1, , xn et de b à y
26commentaire
- Asserter intuitionnistiquement que
- Pour tout x, A(x)
- Cest dire que pour tout x quon pourra choisir
dans un état futur, on pourra vérifier A(x) (on
aura une preuve de A(x)).
27Contre-modèles en logique prédicative
- Il est possible de montrer au moyen dun
contre-modèle que la formule suivante nest pas
valide en logique des prédicats intuitionniste
28Contre-modèle
- Nous avons
- ?(P(x),e0) ?(P(x),e1) V pour lassignation
de a à x, mais ?(P(x),e0) ?(P(x),e1) F pour
lassignation de b à x. - De plus, ?(Q,e0) F et ?(Q,e1) V,
- Doù ?((?x)(P(x)?Q),e0) V, alors que
?((?x)P(x)?Q,e0) F - (dans e0, on ne peut choisir que a comme
assignation à x, et dans ce cas, P(x) est
vérifiée donc aussi P(x)?Q. Dans e1, on peut
choisir a ou b, pour a, P(x) est encore vérifiée,
pour b, P(x) ne lest pas, mais Q lest, en
revanche pour que (?x)P(x) soit vérifié en e0, il
faudrait que P(x) soit vérifié et en a à e0 et en
a et en b à e1, ce qui nest pas le cas, quant Ã
Q, elle nest pas vérifiée en e0, donc
?((?x)P(x)?Q,e0) F.)
a,b
P(a), Q
e1
e0
a P(a)
29interprétation
- Kripke suggère linterprétation suivante
- Supposons que a et b soient les entiers 0 et 1,
que R soit le dernier théorème de Fermat (avant
quil ne soit démontré!), que Q soit R??R. Soit V
contenant 0 et contenant 1 si Q est vraie, soit x
une variable sur V. Soit P(x) lassertion x0. - Dans létat e0, on peut asserter V ?0, 1 et
1?V ssi Q est vraie, donc on peut asserter
(?x)(P(x)?Q), mais tant quon na pas atteint e1
(où soit le théorème de Fermat a été démontré
soit sa négation la été), on ne peut pas
asserter (?x)P(x)?Q.
30Remarque
- Cest bien sûr le fait que ?(h) puisse varier qui
est responsable de ce fait, car dans tout modèle
où ?(h) est constant, la formule est vraie! - ?(h) est lensemble des individus connus pour
être dans notre univers sur la base de notre
information à linstant h (par exemple, dans le
cas précédent, 1 nappartenait à lunivers que
lorsquon avait pu décider quelle proposition
était vraie, du théorème de Fermat ou de sa
négation) - Noter que pour prouver lexistence dun x dans D
tel que P(x), on aura du dabord trouver un
élément x dont on a une preuve quil est bien
dans D (cf. la condition b? ?(h) dans la
clause concernant lexistentielle)
31Logique intuitionniste et logique modale
- déjà Gödel (1933)
- possibilité dimmerger LI dans S4
- On peut associer à toute formule ? du CP une
formule ? modalisée telle que - ? démontrable dans LI ssi ? démontrable dans S4
- mais pas linverse!
32Une autre sémantique
- Une sémantique des preuves
- Une preuve de ? ? ? est une construction
associant à toute preuve de ? une preuve de ? - Une preuve de ? ? ? est un couple formé dune
preuve de ? et dune preuve de ? - Une preuve de ? ? ? est une fonction qui associe
1 Ã toute preuve de ? et associe 2 Ã toute preuve
de ?
33Retour sur limplication
- Une preuve de ? ? ? est une construction
associant à toute preuve de ? une preuve de ? - élimination de ? à partir dune preuve (?) de ?
? ? et dune preuve (?) de ?, on obtient une
preuve de ? ?(?) application - introduction de ? étant donnée une preuve (?)
de ?, obtenue au moyen dune hypothèse ? associée
à la variable x, on obtient une preuve de ? ? ?,
notée ?x.?
34arbres
Introduction de ?
Élimination de ?
Ax
A ? B
A
B
B
x
A ? B
35arbres
Introduction de ?
Élimination de ?
A xx
A ? B ?
A ?
B ?(?)
B ?
x
A ? B ?x. ?
36?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- ?x.?y.u(x)(y)(a)(b)
37?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- ?x.?y.u(x)(y)(a)(b)
38?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- ?y.u(a)(y)(b)
39?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- ?y.u(a)(y)(b)
40?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- u(a)(b)
41?-calcul
- variables ?-termes
- si x et y ?-termes, x(y) ?-terme
- si y ?-terme et x variable, ?x.y ?-terme
- typage
- u(a)(b)
42Curry-Howard
- déduction
- ? - élimination
- ? - introduction
- hypothèse
- hypothèse déchargée
- normalisation
- l-terme
- application
- abstraction
- variable
- Variable liée
- b-réduction
-