Title: Enseignement bivectoriel en contexte multilingue au Cameroun
1Enseignement bivectoriel en contexte multilingue
au Cameroun
- Par
- Dr. Etienne SADEMBOUO
- Université de Yaoundé1 et Centre ANACLAC
CAMEROUN.
2Introduction
- Motivation
- La question de départ
3Motivation et question de départ
MOTIVATION Lexpérience dutilisation de 2
langues dans une même classe comme vecteur
denseignement au niveau de léducation de base
(école primaire) et au niveau du premier cycle du
secondaire dans des écoles pilotes au Cameroun a
été motivée par . La situation multilingue et
multiculturelle du pays . Le respect des droits
linguistiques des communautés. LA QUESTION DE
DEPART Elle fut celle de savoir comment
promouvoir (dans un contexte multilingue comme le
nôtre et où prévaut un système éducatif post
colonial monolingue en langue étrangère, langue
officielle) . Une éducation qui tiendrait compte
de toute la diversité linguistique environnante .
Et qui donne à tous des chances égales de réussir
dans lacquisition de la lecture, de lécriture
et des connaissances de base indispensables à
tout développement et à lépanouissance de tout
un chacun.
4PLAN
- Brève description du contexte de lexpérience
denseignement bivectoriel - Lenseignement bivectoriel à travers les modèles
PROPELCA. - Lenseignement bivectoriel structure léducation
- - Les contenus en langue maternelle
- - Les contenus en langues officielles
- Les défis ou les facteurs favorables à
lenseignement bivectoriel
5Le contexte de lexpérience camerounaise
denseignement bivectoriel
- Notre expérience se situe dans un contexte de
fragmentation linguistique, de multilinguisme et
de diversité culturelle. - Elle sappuie sur une initiative
denseignement bilingue (langue maternelle/langue
officielle) conduite par une équipe de chercheurs
au cours des 20 dernières années, alors que les
langues maternelles africaines, au Cameroun, sont
absentes du système éducatif de façon générale.
6- 1.1. Le double héritage linguistique du Cameroun
- . Il est constitué de
- - Plus de 248 langues locales distinctes, dune
part (Breton et Bikia, 1993) - - et dautre part de 2 langues étrangères, le
français et langlais (langues reçues de
léducation coloniale et établies respectivement
dans la partie orientale et la partie occidentale
du pays, alors placé sous mandat français et
anglais, comme langues déducation et de
communication officielle). - . Sagissant des langues locales, définies
chacune comme un ensemble de dialectes entre
lesquels lintercompréhension est satisfaisante
(Sadembouo, 2001). - - certaines sont linguistiquement proches
- - beaucop dautres sont plutôt très éloignées
3 des 4 grandes familles des langues dAfrique
établies par Greenberg (1963) se retrouvent au
Cameroun. - . Ces langues nont pas la même envergure
- - ni sur le plan de leur extension géographique
- - ni sur le plan démographique
- - ni sur le plan du développement de leur forme
écrite. - . Lexode rural et le déplacement des
populations des zones sahéliennes et arides vers
des régions fertiles renforcent la complexité de
la situation linguistique. - . Les langues locales sont absentes du système
éducatif au regard des programmes officiels.
7- 1.2. Le Débat sur la question dEnseignement des
langues nationales - .
- Face à cette complexité, les éducateurs, les
communicateurs et les aménageurs linguistes ne
peuvent que se demander - - Comment organiser la communication et
lanimation des groupes de manière à atteindre
tout le monde? - - Comment promouvoir une éducation de qualité
et accessible même aux plus défavorisés? - - Quelle éducation promouvoir, quelle(s)
langue(s) enseigner et en quelle(s) langue(s)
enseigner pour réaliser léquité souhaitée par
tous, garante de la paix et de la cohabitation
harmonieuse dans la diversité? - . Ces questions on fait lobejt de débats au
cours des années 70. - - Pour les chercheurs-éducateurs, lintégration
des langues locales dans le système éducatif
savère incontournable à terme. - - De ces réflexions naît à lUniversité de
Yaoundé le projet de Recherche Oprétaionnelle
Pour lEnseignement des langues au cameroun
(PROPELCA). - . Après 15 ans dexpérimentation réunie,
lapproche PROPELCA qui sappuie sur le
trilinguisme extensif developpé par Tadadjeu
Maurice (1990), est adopté comme un programme
généralisable lors des Etats Généraux de
lEducation en 1995.
8- 1.3. La leçon des pratiques orales plurilingues
de la population - . A côté des débats, la pratique orale des
langues par la population semble suggérer la voie
à suivre à lécole. - - La majorité des camerounais nest ni
monolingue en langue officielle, ni bilingue en
langue officielles - - La plupart est plurilingue les gens
manifestent plusieurs formes de plurilinguisme,
notamment à lOral. - . Types de combinaison de langues dans le
plurilinguisme de la population - - Langue locale maternelle (LM) langue
officielle familière (LO1) - - Langue maternelle langue officielle 1
langue officielle 2 (LO2) - - Langue officielle 1 langue officielle 2
- - Langue maternelle 2è langue africaine
langue officielle 1 - - Langue maternelle langue officielle 1
langue officielle 2è 2è langue africaine. - . Lextension de ces pratiques orales au système
déducation formelle et non-formelle donne aux
modèles plurilingues PROPELCA une base
scientifique valable.
9- 1.4. Les résultats du dévéloppement des modèles
dapplication généralisables PROPELCA - La recherche sur lintégration des langues
nationales et officielles dans le système
éducatif va aboutir au développement de 4 modèles
qui mis ensemble débouchent sur le trilinguisme
extensif. -
- . Le modèle 1 se rapporte au bilinguisme
officiel au secondaire. - - Cest lenseignement du français et de
langlais - - Cest aussi leur utilisation comme vecteur
denseignement. -
- . Le modèle 2 se rapporte au bilinguisme
identitaire au primaire. - - Cest lenseignement de la langue maternelle
et en langue maternelle - - Cest aussi lenseignement oral, puis écrit
de la langue officielle famillière 1 et enfin
lenseignement en cette langue -
- . Le modèle 3 se rapporte à lenseignement de 2
langues nationales dont la langue maternelle et
une 2è langue africaine de grande extension et
douverture culturelle. -
- . Le modèle 4 se rapporte à lenseignement oral
en langue maternelle et le renforcement de la
pratique orale de celle-ci.
102- Lenseignement bivectoriel à travers les
modèles PROPELCA
- 2.0. Définition
- 2.1. Pratique denseignement bivectoriel au
préscolaire primaire - 2.2. Pratique denseignement bivectoriel au
secondaire
11- 2.0. Définition
- Par enseignement bivectoriel, il faut entendre
- lutilisation dans une même classe de 2 langues
pour lenseignement des contenus des programmes. - 2.1. Pratiques denseignement bivectoriel au
préscolaire Primaire - 2 facteurs favorables
- Le bilinguisme du maître
- - Il a fait ses études en LO1
- - Il est formé /recyclé à la lecture/écriture de
sa LM qui est aussi celle des élèves - La quasi homogénéité de la classe 80 à 100
de la classe pratiquent la même langue maternelle
que le maître. - Quelle langue pour quel contenu au préscolaire
(Là où ce niveau existe) - - Le maître utilise la LM pour conduire tous les
enseignements/les cours chants, récitations,
coloriage, graphisme, éducation à
lenvironnement, jeux, sport, etc. - - Le maître introduit la pratique orale de la
LO1 comme objet à travers des dialogues, en 2e
année ( la fin du cycle ). - - Cest la préparartion à lenseignement
bivectoriel - Quelle langue pour quel contenu au primaire?
- . La LM est enseignée comme matière et vise
- - La compréhension et lélocution en LM
(renforcement) - - Linitiation à la lecture et à lécriture de
la LM - . La LM est utilisée comme medium principal pour
lenseignement des différentes disciplines - - Calcul, hygiène, moral, chants, récits
12- 2.2. Pratique denseignement bivectoriel au
secondaire - Les 2 langues officielles
- - Recours à 2 enseignants distincts (même si
chacun peut posséder une connaissance appréciable
de lautre langue) - - La LO1 est enseignée comme matière
- - La LO1 est le vecteur denseignement de
presque toutes les disciplines - - La LO2 est enseignée comme matière
compréhension, élocution, lecture, écriture - - La LO2 est utilisé comme vecteur
denseignement d1 discipline au choix de
létablissement, à partir de la 3e année. - Lexpérience de léquipe PROPELCA ici sest
limitée à lutilisation de la LO2 pour
lenseignement de léducation à la citoyenneté
(civisme, institutions républicaines, droits
humains, etc.) - Les 2 langues africaines
- - Recours à 2 enseignants distincts spécialisés.
- - La LM est enseignée et utilisée comme moyen
dinculturation la pensée et la vie
traditionnelle/endogène dans tous ses aspects. - - Auto-alphabétisation pour ceux qui ne
pratiquent pas la LM à lécrit. - - La 2e langue africaine est introduite et
enseignée comme matière compréhension,
élocation, lecture, écriture. - - Elle est utilisée pour enseigner la
civilisation quelle véhicule, la culture du
peuple concerné, ouverture/découverte qui
favorise la cohabitation dans la diversité.
133. Lenseignement bivectoriel structure de
léducation
- 3.0. Les implications dun vecteur
- 3.1. Le contenu des enseignements en langue
maternelle - 3.2. Le contenu des enseignements en langues
officielles - 3.3. Les domaines de spécialisation de chaque
langue
143.0. Les implications dun vecteur Quand une
langue devient vecteur denseignement il ya
nécessairement un contenu qui est lié à lemploi
de ladite langue dans le processus daquisition
des connaissances préconisées dans le programme
scolaire. 3.1. Le contenu des enseignements en
langue maternelle. La langue maternelle est
medium déducation dans les disciplines
suivantes - les jeux, le graphisme, le
coloriage - léducation sensorielle -
léducation à lenvironnement - les principes de
lecture et décriture - le calcul et les
mathématiques de base - les sciences
dobservation - la culture et la civilisation
des peuples
153.2. Le contenu des enseignement en langues
officielles - les langues officielles servent de
medium pour la plupart des disciplines indiquées
ci-dessus à un niveau déducation supérieure dans
chaque cas. - Les L.O. servent de médium pour
lenseignement - des mathématiques - de la
technologie - de la géographie - des sciences
approfondies de la vie et de la terre 3.3. Les
domaines de specialisation de chaque langue - A
partir de la description des contenus par langue
on se rend compte que chacune a ses
spécificités - La LM (et la 2e LA) a pour
domaine de spécialisation comme vecteur - les
contenus culturels et endogènes - les contenus
scientifiques du niveau fondamental - les
connaissances de base pour lacquisition des
savoir-faire nouveaux - La L.O. (et la LO2) a
pour domaine de spécialisation en tant que
vecteur - les contenus scientifiques du niveau
supérieur - les contenus technologiques
exogènes - les contenus douverture à une
culture mondiale
164. Les conditions favorables à lenseignement
bivectoriel
174.0. Un défi La généralisation de lenseignement
bivectoriel au Cameroun reste un défi dans la
mesure où notre expérience PROPELCA est encore
limitée à des écoles pilotes, soit environ 300,
éparpillées dans lensemble des 10 provinces du
pays, encadrant plus de 3 000 élèves au
secondaire et 36 000 au primaire 1983/1984). Les
facteurs qui favoriseront la généralisation
sont 4.1. Le recyclage des maîtres en service et
la formation professionnelle des futures
enseignants dans les écoles de formation 4.2. La
collaboration de ladministration locale dans la
planification des affectations des enseignants
la stabilité des maîtres recyclés. 4.3. La
décentralisation effective de léducation,
favorable à lapplication de lenseignement
bilingue LM/LO1 4.4. La motivation individuelle
des enseignants et lengagement participatif des
communautés linguistiques concernées 4.5. Le
développement de matériels didactiques de
qualité, adéquats et accessibles, et la promotion
dun réel environnement lettré 4.6. La
standardisation des langues peu ou pas encore
écrites et la modernisation des langues 4.7.
Lengagement sans équivoque de lEtat par une
définition claire et explicite de sa politique
linguistique et laffectation des budgets
conséquents
18CONCLUSION
- leducation en contexte multilingue ne saurait
être monolingue - lenseignement bivectoriel par lusage de la
langue maternelle de lapprenant et de sa langue
officielle famillière ( celle de la région de
lécole) favorise le bon épanouissement de cet
apprenant. - La fonction vectorielle de la L.M. est
linculturation, lendogenie, celle des langues
officielles, louverturelle mondiale, lexogenie. - La décentralisation, lengagement de la
collectivité locale et lengagement sans
équivoque de lEtat favoriseront la
généralisation de lenseignement bivectoriel.
19- Je vous remercie
- Etienne SADEMBOUO
- Université de Yaoundé I et
- Centre ANACLAC de Linguistique
- Appliquée
- B.P. 2905 Yaoundé/ Cameroun
- Tél. 00237 231 91 43
- 00237 961 07 67
- Email nacalco_at_camnet.cm