Title: Conduites addictives et personnes
1Conduites addictives et personnes âgées
Les questions posées par la consommation dalcool
chez les personnes âgées F PAILLE Nancy
2- Le thème Personnes âgées et alcool a fait
lobjet dune mise au point conjointe SFA SFGG - Texte court
- Alcoologie Addictologie 2014 36(1) 61-72
- http//www.sfalcoologie.asso.fr/download/SFA_R2013
-SeniorsTC.pdf
3Les conduites addictives sont un problème majeur
de santé publique en France. Lalcool et le
tabac sont responsables respectivement de 49.000
et 79.000 décès par an, les drogues illicites de
1.600 morts, soit au total plus dun décès sur
5. Le coût social de ces conduites est également
majeur. Le tout récent rapport Kopp vient de le
chiffrer à près de 250 milliards deuros 120
milliards pour lalcool, autant pour le tabac et
8,7 milliards pour les drogues illicites.
4Chez les personnes âgées, les conduites
addictives ne sont pas rares Elles concernent
dabord les médicaments et en particulier les
anxiolytiques et les hypnotiques, benzodiazépines
pour la plupart. 20 des 10 millions de
personnes âgées consommeraient de façon chronique
ces classes médicamenteuses. Cette consommation
prédomine chez les femmes et augmente avec
lâge. La moitié des personnes est traitée plus
de 2 ans.
5Chez les personnes âgées, les conduites
addictives ne sont pas rares Le tabac est une
substance qui reste également très consommée bien
que la consommation quotidienne samenuise
nettement avec lâge.
6Chez les personnes âgées, les conduites
addictives ne sont pas rares Le jeu
pathologique, il népargne pas les séniors. Les
rares chiffres disponibles sont similaires à ceux
des adultes - 0,9 des personnes
présenteraient un risque modéré - 0,4 seraient
des joueurs excessifs. Les personnes âgées ont
du temps, sont considérées comme ayant des moyens
financiers et sont de ce fait spécifiquement
ciblées par les structures de jeu.
7Chez les personnes âgées, les conduites
addictives ne sont pas rares La consommation
dalcool des personnes âgées est plus importante
quon ne le pense Le mésusage dalcool est très
sous-estimé La question des représentations Dev
ant les symptômes présentés, tout le monde pense
à dautres pathologies quà lalcool
(vieillissement, démence, autres pathologies) gt
Très sous-diagnostiqué
8Et pourtant
9Et pourtant
10- Epidémiologie
- Peu de données spécifiques.
- A domicile 1 à 22
- A lhôpital hospitalisations motivées par
- des pbs liés à lalcool 11 après 65 ans,
- 6 après 75 (INSERM, expertise collective)
- 6 à 9 des aînés identifiés comme
- alcoolo-dépendants
- En EHPAD 0 à 70 ... (20 à 40 le plus
souvent)
11- Etude Lorraine
- Recherche systématique de la consommation
dalcool des personnes nouvellement incluses dans
8 réseaux gérontologiques. - 1241 questionnaires
- Résultats
- Age, sexe, situation matrimoniale
- - Age moyen 80,7 ans /- 7,6
- - Femme 65,5
- - Situation matrimoniale 57,1 vivent
- seuls
12- 2/3 ne consomment pas dalcool
- 27 sont des hommes et 73 sont des femmes
- 1/3 consomme
- 50 des consommateurs sont des femmes
- La consommation moyenne est de 10 verres par
semaine (Max 98 v/s) - Parmi les consommateurs 13,6 ont un mésusage
selon les seuils retenus en France - Moyenne des verres consommés par semaine (v/s)
- - Seuils en France 37,4 v/sem
- - Seuils de lAGS 25,2 v/sem
13- Y a-t-il une consommation considérée comme à
faible risque chez les personnes âgées ? - Les seuils considérés comme acceptables en
France chez ladulte - - 21 verres / semaine pour les hommes
- 14 verres / semaine pour les femmes
- 4 verres par occasion
- Pas dalcool dans certaines situations à
- risque (conduite auto, machines)
- Pas dalcool avec certains médicaments
Les seuils chez la personne âgée pas plus
de 7 verres / semaine (1 verre / jour)
14Un verre standard ou Unité Alcool Internationale
(UIA) 10 grammes dalcool pur
- Ne pas oublier que
- ? les verres sont plus remplis chez soi ou chez
les amis - ? une cannette de 50 cl de bière forte à 7,9
délivre 3 - verres standard.
15Risque de mésusage Interactions Produit (P) x
Individu (I) x Environnement (E)
I Facteurs Individuels (de vulnérabilité et de
résistance)
E Facteurs d Environnement
16Quest-ce quune personne âgée ?
17- Quest-ce quune personne âgée ?
- Nombreuses définitions
- Retraite, biologie, sociologie, gériatrie
- Age 65 ans
- Degré dautonomie
- (autonomes, fragiles , dépendantes)
- Fragilité mal définie
- gt recours à laide dautrui ou facteur(s) de
risque de dépendance - Population très hétérogène
18- Evolution de la consommation dalcool avec lâge
- k Fréquence de conso régulière, quotidienne (vin)
facteurs culturels générationnels - Si livresse nest pas considérée comme
classique dans ces tranches dâge, le binge
drinking nest pas exceptionnel et ne doit pas
être sous-estimé - m Consommation moyenne
- k Non consommateurs
- 10 adultes g 40 après 65 ans
- de femmes. Gros consommateurs DCD
19Evolution de la consommation en fonction de lâge
20- Pourquoi les PA boivent-elles ?
- Des bénéfices
- 2/3 boivent depuis longtemps
- 1/3 ont une alcoolisation tardive
- - Solitude
- - Perte de statut social
- - Pertes affectives
- - Maladies - Angoisse de la mort
- - Perte du sens de la vie
- - Conditions de vie défavorables
- - Sentiment dinutilité
- - Dépression
21Pourquoi rechercher la consommation dalcool des
personnes âgées ? et des
dommages Lalcool pose des problèmes spécifiques
chez les PA fragilité, polypathologie,
polymédication
22Décès attribuables à lalcool chez les plus de 65
ans (2009)
Causes de décès Hommes Femmes Total
Maladies CV 8 174 2 588 10 762
Cancers 6 847 2 628 9 475
Maladies digestives 2 223 966 3189
Causes externes 2 128 1 905 4033
Autres maladies 1 341 159 1500
Inconnues, mal spécifiées 407 197 604
Total 21 120 8 443 29 563
23- Lalcool est plus toxique chez les sujets âgés
- Modifications physiologiques
- - augmentation du taux dalcoolémie pour une
- même dose / adulte,
- - plus grande sensibilité aux effets toxiques
- Interactions avec les médicaments
- Augmentation du risque de morbi-mortalité
- Globalement, moins de problèmes liés à lalcool
que chez les adultes (les plus gros consommateurs
sont décédés) - Mais les risques sont plus importants que chez
ladulte pour une même quantité consommée - Diminution de la qualité de vie
24- Les complications
- Augmentation du risque de perte des capacités
fonctionnelles - Conso chronique risque sur ADL, IADL si
conso gt 14 unités. - Conso aiguë gt 4 U pour H et gt 3 U pour F
(IADL) idem - gt lalcool est un facteur de risque pour les
activités de la vie courante les fines et les
liées à laspect cognitif.
25Les complications Effets aigus - Ivresses -
Chutes et complications traumatiques -
Accidents - Etats confusionnels - Troubles
comportementaux - Troubles CV (rythme) si conso
massive Sous diagnostic
26- Les complications
- Retentissement gériatrique de la consommation
dalcool - Chutes
- Troubles cognitifs / Syndromes démentiels
- Syndromes confusionnels
- Dénutrition
- Interactions alcool et médicaments
- Troubles psychiatriques anxiété,
- dépression, suicide
- Conséquences psycho-sociales
- Perte dautonomie
- Altération de la qualité de vie
27Vulnérabilité particulière des PA gt Proposer
des recommandations adaptées au grand âge, plus
faibles que pour les adultes
Les seuils chez la personne âgée pas plus
de 7 verres / semaine (1 verre / jour) 2 verres
par occasion
28Pourquoi les soignants / aidants sous-estiment
cette question qui est insuffisamment repérée
? Le poids des représentations sociales A quoi
bon à son âge ? Les stéréotypes négatifs
dominent les perceptions du grand âge maladie,
handicap, déclin mental, sénilité, solitude,
dépression Assimilation vieillesse et maladie Ex
demande à des jeunes de 10 à 13 ans leurs
perceptions de grandir et vieillir . Grandi
r évolution psychique Vieillir déclin
corporel Vieux nest pas un terme chronologique,
mais souvent synonyme de mauvaise santé
29- Le poids des représentations sociales
- Les représentations sociales modulent les
attitudes des soignants, aidants Ceci peut
amener à proposer des traitements différents ou
refuser certains traitements - Persistance de résistances liées à la perception
que la société a de la vieillesse et de
lefficacité perçue de la prévention à un âge
avancé - A quoi bon faire de la prévention après 65, 75
ans ? - Pourquoi ne pas les laisser en paix ?
- Approche considérée comme intrusive pour la PA
- On nen parle pas
- Ou, à linverse, attitude directive voire
punitive mal acceptée
30- Le poids des représentations sociales
- Quune personne âgée, parfois très âgée, a
fortiori une femme, boive trop est difficile à
concevoir et à accepter. - gt les symptômes observés sont rapportés à
dautres pathologies - Le dernier plaisir ou le refus dintervenir
- A cet âge, il ny a plus beaucoup de risques
- Cest un des derniers plaisirs
- On ne va pas lembêter avec cela
- Il(elle) va mal réagir
- beaucoup de bonnes raisons de laisser faire
31Le poids des représentations sociales Les PA
souffrent de leur situation / de ne pas pouvoir
en parler Les pbs liés à lalcool passent
inaperçus au domicile - parce les PA sont plus
isolées - parce que lentourage est apparemment
moins sensible aux dommages causés par lalcool
ou sen alarme moins facilement que pour des plus
jeunes où la pression sociale joue
favorablement Nombre de facteurs favorisant
lalcoolisation sont considérés comme normaux
par lentourage, y compris professionnels, comme
dus à lâge et ne pouvant faire lobjet dune
action (dépression, insomnie, troubles cognitifs)
32- Représentations et freins à la prise en charge
- Et pourtant
- La réalité est toute autre
- Espérance de vie
- La quantité de vie
- A 65 ans F 22,4 ans / H 17,9 ans
- A 75 ans F 13,9 ans / H 11 ans
- La qualité de vie
- Chez les personnes âgées, la QV prend rapidement
plus dimportance que le nombre dannées à vivre - Lespérance de vie en bonne santé
33- Représentations et freins à la prise en charge
- Conséquences majeures
- - Mortalité
- - Morbidité
- - Perte dautonomie (maintien à domicile)
- - Qualité de vie
-
- De nombreux travaux montrent que des actions de
prévention adaptées, y compris à un âge avancé (gt
75 ans), sont suivies de bénéfices pour leur
santé et QV - Le sous repérage
- Le sous traitement
- sont une vraie perte de chance
34- Pourquoi les soignants et les aidants
sous-estiment cette question qui est
insuffisamment repérée ? - De bonne raisons de ne pas aborder la question
on ny pense pas, cest trop tard, dernier
plaisir, pas dintérêt, ne sais pas comment
faire - Symptômes attribués à dautres causes
- La difficulté est autant dans la tête du soignant
/ aidant que dans celle du patient. - Plus le soignant est à laise avec cette
pathologie et plus la rencontre a des chances de
bien se passer.
35Quels messages de prévention ? Proposer des
recommandations adaptées au grand âge - 7
verres / semaine - 2 verres / occasion
36- Quelle formation des intervenants ?
- Changer les représentations
- Oser aborder la question de lalcool avec une
personne âgée - Lalerte
37(No Transcript)
38Les recommandations SFA / SFGG 1. La
consommation dalcool des personnes âgées
fragiles est plus importante quon ne le
pense. 2. Les soignants et les aidants
sous-estiment cette question . Pb des
représentations . Symptômes attribués à dautres
causes 3. Cette consommation pose des problèmes
spécifiques du fait de la fragilité, de la
polypathologie, de la polymédication 30.000
décès chez les de 65 ans
39Les recommandations SFA / SFGG 4. Complications
aiguës chutes, traumatismes, confusions,
troubles comportementaux 5. Retentissement
chronique aggravation de tous les grands
syndromes gériatriques augmente la perte
dautonomie 6. Repérage le plus simple et le
plus direct poser la question (CDA) Lintégrer
dans lEGS
40Les recommandations SFA / SFGG 7. Traitement Obj
ectifs . Pour les PA non dépendantes
réduction de la consommation . Pour les PA
dépendantes, lobjectif à encourager
abstinence. La réduction de consommation et donc
des dommages peut être une alternative
réaliste 8. Traitement efficacité des
interventions brèves, notamment en soins
primaires, pour les PA non dépendantes
41Les recommandations SFA / SFGG 9. Abstinence
id adulte avec quelques spécificités liées .
à la fragilité des PA (sevrage) . à lâge, aux
handicaps approche pluri-disciplinaire
intégrant des soins gériatriques lutte contre
lisolement, cadre de soins adapté à
lâge 10. Résultats les PA bénéficient autant
que les jeunes dun traitement. Résultats même
meilleurs à long terme sur labstinence 11. Les
messages de prévention Proposer des
recommandations adaptées au grand âge 7 verres
/ semaine - 2 à 3 verres / occasion