Title: LOMBALGIE
1LOMBALGIE
2- Monsieur K.M. est né dans le JURA en 1974
- Dans ses antécédents , on note
- Une entorse de la cheville droite et du poignet
gauche - Une septoplastie
- Une appendicectomie
- Il a obtenu son BEP de comptabilité ,mais ne
trouvant pas d'emploi, il travaille comme
intérimaire dans la métallurgie et le BTP (1
déception) - A l'âge de 26 ans ,il est embauché comme mouleur
dans une fonderie d'aluminium en équipe de jour.
3- Au bout d'un an , il fait un stage pour être
cariste et désire transporter le métal en fusion
car il sera mieux rémunéré et mieux reconnu. - Le poste lui est refusé car il est trop jeune (2
déception) - Un an plus tard il est nommé en maintenance après
une formation. - Le médecin du travail note une surcharge
pondérale - 101 kg pour 1m85 ,et une faiblesse de la paroi
abdominale (facteur de risque de lombalgie)
4- Par ailleurs, il est arbitre de foot, vit chez
ses parents, et n'a pas d'autre activité
physique. - Le 10/07/02, il est victime d'un choc lombaire
avec son chariot, est transporté à l'hôpital, et
une déclaration d'AT est faite. - Le bilan est négatif (radiographie simple normal,
examen neurologique normal) - Il n'a pas d'arrêt maladie, reprend son travail
pendant 8 jours ,puis part en vacances.
5- CREDOC
- 70 des personnes en âge de travailler ont
souffert au moins une fois de lombalgie, dont le
tiers a bénéficié d'un arrêt de travail - CREDES
- La fréquence des lombalgies a triplé en France
entre 1982 et 1992. - Les lombalgies représentent la première cause
d'invalidité au travail chez les moins de 45 ans
et la première cause d'arrêt de travail.
6- Dans le cadre des accidents du travail, (selon
statistiques de la CNAMTS) - 100 000 AT avec arrêt par an
- 13 de lensemble des AT avec arrêt de travail
-
- une perte annuelle de 3,6 millions de journées de
travail - un coût annuel estimé à 450 millions deuros
7- Classification
- on distingue trois"profils évolutifs".
- La lombalgie aigue ? Durée maximum de quatre
semaines. Il faut évaluer la douleur et le
handicap fonctionnel (échelles EVA ,EIFFEL..) - ?Le traitement doit être efficace pour
permettre une reprise rapide des activités
?Limiter l'arrêt de travail et le repos - ?Inciter à poursuivre les activités
quotidiennes. -
8- A son retour, il souffre à nouveau du dos,est
hospitalisé et bénéficie alors d'un arrêt maladie
jusqu'au 19 /09/02. - Le bilan hospitalier (radiographies standards,
PL, IRM) est pauvre ne notant qu'une légère
protrusion discale L4 L5 et un aspect
discrètement trapézoïdal de D12. - Il vient voir le médecin du travail en visite de
préreprise le 17/09/02 .Il porte une ceinture de
maintien lombaire, bénéficie de séances de
rééducation mais les arrête à cause de la
douleur. Il marche avec difficulté et ne supporte
pas la voiture. - Il demande une rechute en AT qui est refusée par
le médecin conseil le 04/02/03 -
9- La lombalgie sub aigue
- ?Introduire la kinésithérapie ?Rassurer et
inciter à poursuivre les activités
quotidiennes. ?Etape charnière. Il faut éviter
le passage à la chronicité.
10- Il consulte deux rhumatologues qui évoquent une
fibromyalgie, demandent une reprise des activités
extra professionnelles et prescrivent un
traitement par anti dépresseurs tricycliques. - Un avis psychiatrique est demandé
- " pas d'élément dépressif notoire, peut
reprendre son travail ". - Les arrêts maladie sont poursuivis et indemnisés
en maladie jusqu'au 01/03/03, avec accord de
reprise à temps partiel thérapeutique - Une expertise du 19/04/03 confirme lavis du
médecin conseil et refuse la rechute en AT du
30/08/02 -
11- La lombalgie chronique
- La douleur persiste plus de trois mois.
- Ceci concerne environ 5 des lombalgiques.
- C'est une forme évolutive grave du fait du
retentissement social,professionnel et
économique. - Pas de traitement validé spécifique à ce jour
- Léchelle DRAD permet dévaluer la qualité de vie
des lombalgiques chroniques.
12- Depuis le mois d'Août 2002, il est venu voir le
médecin du travail quatre fois .Il est
insomniaque, prend de l'IMOVANE,dit "qu'il aime
son travail et qu'on a besoin de lui pour former
d'autres caristes, car c'est lui qui connaît
mieux le travail". - M.K se présente,donc, le 25/02/03 en visite de
préreprise . - Il se plaint toujours de lombalgies importantes,
boite, porte - sa ceinture de maintien.Il présente un vitiligo.
- Son épouse laide pour les gestes de la vie
quotidienne. - Il est insomniaque malgré les somnifères.
- Lexamen neurologique et le testing musculaire
sont - normaux mais la flexion antérieure et la latéro
flexion sont - impossibles.
-
13- Après contact avec le chef d'entreprise, la
reprise se fait à - l'essai à mi temps un mois, le matin à son poste
antérieur. - Mais après 3 jours de travail,nouvel arrêt avec
- hospitalisation pour douleurs violentes puis
reprise 4 jours - puis de nouveau hospitalisation.
- Un dossier COTOREP est établi début avril 2003
- Le 20/05/03 reprise à mi-temps thérapeutique avec
poste aménagé - 2 heures le matin et 2 heures l'après midi
- Limitation des efforts de manutention
- Poste de cariste polyvalent.
14- Cet aménagement n'ayant pas pu se réaliser,il
sera occupé au nettoyage et à la gestion du stock
de moules (nouvelle déception) - Huit jours plus tard, nouvel arrêt maladie.
- Consultation dans un service de neurochirurgie
auprès du - Professeur X.. "Pour trouver ce que j'ai"
- Bilan raideur rachidienne sans déficit
neurologique. - IRM inchangée. EMG normal.
- Une infiltration est proposée sans résultat.
- Septembre 2003 nouvel essai de reprise à temps
plein - qui se solde par un échec avec nouvelle
hospitalisation et - nouvel arrêt qui durera plus d'un an.
15- En Septembre 2004 Le TASS déboute l'assuré, qui
avait fait appel pour une reconnaissance en AT. - Le 13/10/04 Le médecin conseil considère que
l'état est - stabilisé, et propose une invalidité catégorie 1
à compter - du 01/01/05
- M.K est vu en visite de pré reprise le 21/12/04 .
- Il est suivi par le centre anti douleur, une
électrothérapie in - situ est prévue.
- Le 03/01/05 il reprend son travail à un poste
adapté en - maintenance poste à mi-temps, assis / debout ,
de câblage sans port de charges, sans déplacement
important.
16. PROBLEME MEDICOTECHNIQUE
- Prévention primaire
- - Facteurs professionnels
- Manutention de charges
- Limites"légales" de poids de charge(Code du
travail) - 55kg pour l'homme et 25 kg pour la femme
- Norme AFNOR X35-109
- 30 kg pour l'homme et 15 kg pour la femme
- Le poids de la charge n'est pas le seul élément à
prendre en compte
17- D'autres cofacteurs sont à analyser
- Encombrement du poste de travail
- Longueur des déplacements
- Préhension de la charge
- Risque de chute
- Brutalité des efforts
- Isolement du salarié
- Manque de moyens d'aide à la manutention ou
moyens inadaptés - Fréquence des manutentions,durée et conditions de
récupération - Méconnaissance des tâches et manque de formation
18- Posture et mouvements Flexion antérieure du
tronc - Torsion fréquente du tronc
- Posture prolongée.
- Vibrations corps entier
- Les vibrations de basse fréquence semblent être
les plus dangereuses ( de 2 à 10 Hz ). - Facteurs psychosociaux
- Monotonie des tâches
- Forte demande psychologique
- Insatisfaction personnelle
- Faible autonomie décisionnelle
- Faible soutien social
- Peu de reconnaissance
19FACTEURS PERSONNELS Surcharge pondérale, Sédentari
té, antécédents personnels profil psychologique..
20- QUE POUVONS NOUS FAIRE?
- Prévenir les risques liés à l'activité
physique Intervention possible des IPRP pour
- Réduire la contrainte par la mécanisation
ou par la réduction du poids des charges, des
distances, et des fréquences de portage. -
Aménager le poste de travail meilleure posture
(hauteur de travail, respect des zones
atteintes) - Former et informer les salariés
? formation gestes et postures ? école du
dos
21- Prévenir les atteintes liées aux vibrations ?
Réduire les vibrations à la source ( sols ,
engins) ? Diminuer la transmission des
vibrations aux opérateurs (pneus souples, sièges
suspendus) ? Optimiser la posture pour diminuer
la pression intra discale ( sièges adaptés ) - Directive européenne 2002/44/CE concernant les
vibrations "valeur d'action" et "valeur plafond"
22- Prévenir les risques psychosociaux et
organisationnels ?Agir sur l'organisation du
travail (réduire les à-coups de production, les
contraintes de temps)
23- Prévention secondaire
- ? Reprise du travail avec aménagement de
poste ? Proposition dune formation
professionnelle adaptée ? Inciter le salarié à
agir sur les facteurs personnels
(exercice physique, perte de poids)
24- M.K est reconnu travailleur handicapé catégorie B
par la COTOREP - Il est en invalidité catégorie 1
- Une formation à un autre emploi prise en charge
- par l'AGEFIPH est prévue .
- A l'heure actuelle M.K. travaille toujours à mi
temps , tout - se passe à peu près bien malgré quelques
plaintes . - Il nest pas retourné au centre
anti-douleur,mais est - reparti en vacances!!
-
25III. PROBLEME MEDICOLEGAL
La lombalgie est souvent déclarée en accident de
travail si elle survient brutalement suite à un
traumatisme ou à un faux mouvement. Les deux
tableaux de maladie professionnelle (97 et 98
pour le régime général , 57 et 57 bis pour le
régime agricole) ne concernent pas les
lombalgies Une demande de reconnaissance en MP
auprès du CRRMP peut être faite si la maladie a
entraîné une IPP supérieure à 25 (4alinéa,
article L461-1 code SS art R 461-8 les MP INRS)
26IV. PROBLEME MEDICO SOCIAL
- Aptitude
- ?Pas de sélection à l'embauche non éthique et
inefficace - ? Adapter au coup par coup selon poste de
travail - ? Prise en charge précoce pour prévenir
inaptitude et rejet du monde du travail - Invalidité et handicap
- ? Dossier COTOREP - reconnaissance
travailleur handicapé - permettre un
reclassement professionnel? Demande d
invalidité .
27COMMENTAIRES
- Poste ne correspondant pas à ses études
- Non reconnaissance en AT donc litige
- Prise en charge période sub-aiguë peut être pas
suffisante pour prévenir la chronicité - Discordance clinique et imagerie difficilement
compréhensible pour M.K. ce qui a multiplié les
avis et les hospitalisations - Par contre contact avec entreprise maintenu ce
qui a sans doute permis son retour à l'emploi - Mais ce sujet est jeune et le problème est loin
d'être résolu.